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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 17:21

Cette expression de « Grande Grèce » se rapporte aux colonies grecques hors de la Grèce proprement dite. Mais selon les auteurs, on ne trouve pas le même champ géographique. Pour les uns ce sont les implantations en Italie du sud, pour d'autres celles sur l'actuelle côte turque (qui furent à l'origine des guerres « médiques » entre Perses et Grecs au début du cinquième siècle avant notre ère), etc.

Le concept qui me paraît le plus simple et le plus opérationnel est de considérer que firent partie de la « Grande Grèce » toutes les implantations grecques hors de la Grèce elle-même.

On trouvera en annexe une carte de cette Grande Grèce que j'ai empruntée à Wikipédia. L'auteure s'appelle Christine Moulin, il s'agit d'une Française installée en Grèce depuis une trentaine d'années. D'après ce que j'ai vu sur internet, elle organise des voyages à la demande. Voir son site : http://contact@decouvrirlagrece.com

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Cette carte illustre très bien la rivalité qu'il y eut entre Phéniciens et Grecs pour la conquête de la Méditerranée occidentale. Ils se firent la guerre jusqu'à ce que le Raminagrobis Romain, qu'ils n'avaient pas vu venir, les mette d'accord en les croquant l'un et l'autre, comme la belette et le petit lapin de la fable. Voir la fiche N°269 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/01/l-invasion-des-peuples-de-la-mer-n-269.html

Il convient d'ajouter que les différentes cités grecques se firent, elles aussi, souvent la guerre et que ces implantations extérieures de colonies renforçaient leur pouvoir à l'intérieur de la mère-patrie.

Les Grecs, comme les Égyptiens et les Romains furent de grands bâtisseurs et laissèrent d'importants monuments dans beaucoup de leurs colonies. Le résultat est qu'aujourd'hui on trouve plus de monuments grecs hors de Grèce que dans la Grèce elle-même et en outre, des monuments parmi les mieux conservés.

Parmi toutes ces réalisations fabuleuses, je vais en citer deux : Paestum, à une centaine de kms au sud de Naples et Agrigente sur la côte sud de la Sicile.

Paestum :

Le site de Paestum, sur le territoire actuel de Cappacio Paestum en Campanie, a été fondé sous le nom de Poseidonia vers l'an 600 avant notre ère par des Grecs de la cité de Sybaris : cité grecque elle-même fondée vers l'an 720 avant notre ère dans le golfe de Tarente. Sybaris se trouve aujourd'hui sur le territoire de la commune de Cassano all'Ionio, ville de Calabre sur le golfe de Tarente.

Les Lucaniens se sont emparés de la cité au quatrième siècle avant notre ère. La Lucanie, antique région, était à cheval sur les actuelles régions italiennes de Campanie (capitale Naples), et de Basilicate (capitale Potenza). Ils donnèrent à la ville le nom de Paeston.

Les Romains ont pris la cité en l'an 273 avant notre ère et l'ont appelé : Paestum.

La cité a alors suivi le sort de Rome. Son déclin commença lors d'une épidémie de malaria au quatrième siècle de notre ère et la ville fut détruite par les Sarrasins vers l'an 877.

Elle disparut complètement et fut redécouverte en 1748 à l'occasion de travaux. Le site fut classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998.

Le site s'étend sur 120 hectares dont seulement 25 ont été fouillés. Il comprend des antiquités de la période romaine (amphithéâtre, forum…), de la période des Lucaniens (une enceinte de 4,75 kms de long), mais surtout de la période grecque parmi lesquelles 3 temples majeurs.

Les découvreurs du XVIIIe siècle leur ont donné des noms en fonction de vocations supposées, mais qui n'ont pas été confirmées par les études plus récentes, mais ces noms du XVIIIe ont néanmoins subsisté.

Temple dédié à Héra :

Ce temple de style dorique fut construit vers l'an 550 avant notre ère. Il fut baptisé du nom de « Basilique » au XVIIIe siècle mais était dédié à Héra, qui dans la mythologie grecque était la fille de Cronos et de Rhéa et par conséquent la sœur de Zeus dont elle fut également l'épouse.

Ce temple mesure 24,35 mètres sur 54. Il possède 18 colonnes de chaque côté et 9 colonnes sur les faces avant et arrière. Ces colonnes ont 4,68 mètres de hauteur.

Temple dédié à Athéna :

Ce temple fut appelé « temple de Cérès » au XVIIIe siècle.

Cérès, déesse romaine correspond à la Déméter grecque. Elle est aussi dans la mythologie grecque fille de Chronos et de Rhéa. De son frère (Zeus), elle eut une fille : Perséphone (Proserpine pour les Romains). Déméter était la déesse de la terre et aussi celle des mystères d'Eleusis.

Athéna, fille de Zeus, était la déesse de la guerre (la Minerve des Romains) son symbole était la chouette. C'est en son honneur que la capitale des Grecs doit son nom d'Athènes.

Ce temple fut construit vers l'an 500 avant notre ère mélangeant les styles dorique et ionique. Il comporte 13 colonnes sur les côtés et 6 sur les faces avant et arrière.

Second temple à Héra :

ce temple construit vers l'an 450 avant notre ère fut appelé de Poseidon au XVIIIe siècle en référence au nom premier de la cité (Poseidonia). Au vingtième siècle il fut attribué à Héra, ce qui est contesté dans les textes les plus récents. Il serait en effet surprenant que la déesse Héra ait eu 2 temples dans la même cité. Une dédicace à Poseidon semble plus logique. D'autres auteurs récents attribuent ce temple à Zeus. Avoir dans la même cité un temple à Héra et un à Zeus a aussi sa logique.

Poseidon, le Neptune des Romains, est le dieu de la mer. Son symbole est le trident. Il est lui aussi fils de Chronos et de Rhéa et frère aîné de Zeus.

Zeus était le maître des Dieux, l'équivalent du Jupiter romain et d'Amon-Ré en Égypte. Les humains l'ont imaginé grand séducteur autant de déesses que de femmes. Son symbole est souvent la foudre.

Ce temple a 24,30 mètres sur 59,90 avec un fronton dorique, 14 colonnes de chaque côté et 6 sur les façades avant et arrière.

Le musée :

Situé de l'autre côté de la route et à mi-chemin entre l'amphithéâtre et le temple dit de Cérès, un musée a été inauguré en novembre 1952. Il fut agrandi en 1966 puis en 1970. Aujourd'hui il présente sur 3 étages toutes les découvertes effectuées lors des diverses campagnes de fouilles, ce qui illustre à la fois l'histoire de la cité mais de façon plus générale l'art grec.

Agrigente :

Le site d'Agrigente est situé presque au milieu de la côte sud de la Sicile.

La cité a été fondée vers l'an 580 avant notre ère par les Grecs de la cité de Gela, située aussi sur la côte sud de Sicile (à environ 75 kms à l'est d'Agrigente) et elle-même fondée vers l'an 690 avant notre ère par les Grecs de l'île de Rhodes. Akrakas fut le premier nom donné à la cité par les Grecs.

Cette cité connut un développement très important, ce qu'il reste des ruines grecques a reçu le nom de « Vallée des Temples » et a été classé au patrimoine de l'Unesco en 1997.

Comme tout le reste de la Sicile, les habitants de cette cité virent les combats à répétition entre Grecs et Phéniciens représentés par Carthage, puis entre Romains et Carthaginois, sans oublier les guerres entre les différentes cités grecques !

Après la première guerre punique (de -264 à -240), Rome annexa la Sicile. Ils donnèrent à Akrakas le nom d'Agigentum.

Après la chute de l'empire romain d'Occident, en l'an 476, la Sicile fut prise par les Byzantins (Empire romain d'Orient) en l'an 535, puis par les Arabes au IXe siècle. Ils donnèrent à la ville le nom de Girgenti.

Il y eut ensuite les Normands à partir de 1087, les Espagnols (dynastie d'Aragon) à compter de 1282, puis le royaume de Naples et des deux Siciles (en 1442)… Même les souverains de la Maison de Savoie eurent le titre de rois de Sicile de 1713 à 1720.

Enfin l'expédition de Garibaldi et de ses chemises rouges en 1860 permit de réunir la Sicile au nouveau royaume d'Italie.

Des nombreux monuments construits par les Grecs à Agrigente aux VIe et Ve siècles avant notre ère, il ne reste de traces que de 9 d'entre eux, mais une partie du site antique est encore enfoui sous les maisons et cultures de l'actuelle ville d'Agrigente. La muraille qui ceinturait la ville grecque mesurait 12 kms de long. Parmi les temples dont il reste traces, citons :

le temple de la Concorde : construit vers l'an 430 avant notre ère, de style dorique et comportant 34 colonnes. Il fut transformé en basilique chrétienne en l'an 579 et cela le sauva probablement de la destruction. En outre il fut l'objet d'une restauration en 1748, et c'est le restaurateur de l'époque qui lui donna son nom de temple de la Concorde mais on ne sait pas à quelle divinité il était dédié. Il avait 17 mètres sur 38 environ. Il est le seul temple d'Agrigente à peu près conservé.

Le temple de Zeus : construit vers -480, de 112 mètres sur 56 avec des colonnes de 20 mètres de haut aurait été le monument le plus important d'Agrigente, mais il fut détruit par les Carthaginois en -406.

le temple d'Héra : construit vers -450, de 17 mètres sur 38 avec 13 colonnes de côté et 6 de face. Détruit par les carthaginois en -406. Quelques colonnes ont pu être redressées.

Le temple de Castor et Pollux de la moitié du cinquième siècle (avant notre ère) de 14 mètres sur 32 environ avec 13 colonnes de côté et 6 de face. Il reste 3 colonnes debout. Dans la mythologie grecque, les jumeaux Castor et Pollux étaient les enfants de Zeus et de Léda reine de Sparte et par conséquent les frères de la belle Hélène.

Le temple d'Héraclès : construit vers l'an -500, il possédait 38 colonnes dont 8 furent relevées en 1924. Héraclès (Hercule pour les Romains) était fils de Zeus et d'Alcmène épouse du roi de Tirynthe (ville de Grèce en Argolide). Héraclès ou Hercule est surtout connu pour la légende des 12 travaux.

Le temple d'Athéna : construit au début du Ve siècle (avant notre ère) mesurait 15 mètres sur 35 environ avec 6 colonnes par 13

le temple à Déméter : construit vers -480/-470, mesurait 13 mètres sur 30 environ

le temple d'Héphaïstos : construit vers -430, mesurait 17 mètres sur 35 avec 6 colonnes sur 13. Héphaïstos (Vulcain pour les Romains) était le fils d'Héra seule ou d'Héra et de Zeus selon les versions. Il est le maître des forges.

Agrigente a aussi son musée archéologique qui rassemble nombre des découvertes effectuées sur le site.

En conclusion et pour employer la terminologie d'un célèbre guide touristique, les sites de Paestum et d'Agrigente méritent plus qu'un détour, carrément un voyage.

J.D. 20 juillet 2016

carte de l'expansion grecque et phénicienne

carte de l'expansion grecque et phénicienne

temples de Paestum, de haut en bas : Basilique ou Héra, Athéna ou Cérès, Héra ou Poseidon, photos Michèle Delisle avril 2002, et temple de la Concorde à Agrigente, photo J.D. 10 juillet 1973
temples de Paestum, de haut en bas : Basilique ou Héra, Athéna ou Cérès, Héra ou Poseidon, photos Michèle Delisle avril 2002, et temple de la Concorde à Agrigente, photo J.D. 10 juillet 1973

temples de Paestum, de haut en bas : Basilique ou Héra, Athéna ou Cérès, Héra ou Poseidon, photos Michèle Delisle avril 2002, et temple de la Concorde à Agrigente, photo J.D. 10 juillet 1973

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