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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 17:21

Cette expression de « Grande Grèce » se rapporte aux colonies grecques hors de la Grèce proprement dite. Mais selon les auteurs, on ne trouve pas le même champ géographique. Pour les uns ce sont les implantations en Italie du sud, pour d'autres celles sur l'actuelle côte turque (qui furent à l'origine des guerres « médiques » entre Perses et Grecs au début du cinquième siècle avant notre ère), etc.

Le concept qui me paraît le plus simple et le plus opérationnel est de considérer que firent partie de la « Grande Grèce » toutes les implantations grecques hors de la Grèce elle-même.

On trouvera en annexe une carte de cette Grande Grèce que j'ai empruntée à Wikipédia. L'auteure s'appelle Christine Moulin, il s'agit d'une Française installée en Grèce depuis une trentaine d'années. D'après ce que j'ai vu sur internet, elle organise des voyages à la demande. Voir son site : http://contact@decouvrirlagrece.com

(publicité gratuite)

Cette carte illustre très bien la rivalité qu'il y eut entre Phéniciens et Grecs pour la conquête de la Méditerranée occidentale. Ils se firent la guerre jusqu'à ce que le Raminagrobis Romain, qu'ils n'avaient pas vu venir, les mette d'accord en les croquant l'un et l'autre, comme la belette et le petit lapin de la fable. Voir la fiche N°269 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/01/l-invasion-des-peuples-de-la-mer-n-269.html

Il convient d'ajouter que les différentes cités grecques se firent, elles aussi, souvent la guerre et que ces implantations extérieures de colonies renforçaient leur pouvoir à l'intérieur de la mère-patrie.

Les Grecs, comme les Égyptiens et les Romains furent de grands bâtisseurs et laissèrent d'importants monuments dans beaucoup de leurs colonies. Le résultat est qu'aujourd'hui on trouve plus de monuments grecs hors de Grèce que dans la Grèce elle-même et en outre, des monuments parmi les mieux conservés.

Parmi toutes ces réalisations fabuleuses, je vais en citer deux : Paestum, à une centaine de kms au sud de Naples et Agrigente sur la côte sud de la Sicile.

Paestum :

Le site de Paestum, sur le territoire actuel de Cappacio Paestum en Campanie, a été fondé sous le nom de Poseidonia vers l'an 600 avant notre ère par des Grecs de la cité de Sybaris : cité grecque elle-même fondée vers l'an 720 avant notre ère dans le golfe de Tarente. Sybaris se trouve aujourd'hui sur le territoire de la commune de Cassano all'Ionio, ville de Calabre sur le golfe de Tarente.

Les Lucaniens se sont emparés de la cité au quatrième siècle avant notre ère. La Lucanie, antique région, était à cheval sur les actuelles régions italiennes de Campanie (capitale Naples), et de Basilicate (capitale Potenza). Ils donnèrent à la ville le nom de Paeston.

Les Romains ont pris la cité en l'an 273 avant notre ère et l'ont appelé : Paestum.

La cité a alors suivi le sort de Rome. Son déclin commença lors d'une épidémie de malaria au quatrième siècle de notre ère et la ville fut détruite par les Sarrasins vers l'an 877.

Elle disparut complètement et fut redécouverte en 1748 à l'occasion de travaux. Le site fut classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998.

Le site s'étend sur 120 hectares dont seulement 25 ont été fouillés. Il comprend des antiquités de la période romaine (amphithéâtre, forum…), de la période des Lucaniens (une enceinte de 4,75 kms de long), mais surtout de la période grecque parmi lesquelles 3 temples majeurs.

Les découvreurs du XVIIIe siècle leur ont donné des noms en fonction de vocations supposées, mais qui n'ont pas été confirmées par les études plus récentes, mais ces noms du XVIIIe ont néanmoins subsisté.

Temple dédié à Héra :

Ce temple de style dorique fut construit vers l'an 550 avant notre ère. Il fut baptisé du nom de « Basilique » au XVIIIe siècle mais était dédié à Héra, qui dans la mythologie grecque était la fille de Cronos et de Rhéa et par conséquent la sœur de Zeus dont elle fut également l'épouse.

Ce temple mesure 24,35 mètres sur 54. Il possède 18 colonnes de chaque côté et 9 colonnes sur les faces avant et arrière. Ces colonnes ont 4,68 mètres de hauteur.

Temple dédié à Athéna :

Ce temple fut appelé « temple de Cérès » au XVIIIe siècle.

Cérès, déesse romaine correspond à la Déméter grecque. Elle est aussi dans la mythologie grecque fille de Chronos et de Rhéa. De son frère (Zeus), elle eut une fille : Perséphone (Proserpine pour les Romains). Déméter était la déesse de la terre et aussi celle des mystères d'Eleusis.

Athéna, fille de Zeus, était la déesse de la guerre (la Minerve des Romains) son symbole était la chouette. C'est en son honneur que la capitale des Grecs doit son nom d'Athènes.

Ce temple fut construit vers l'an 500 avant notre ère mélangeant les styles dorique et ionique. Il comporte 13 colonnes sur les côtés et 6 sur les faces avant et arrière.

Second temple à Héra :

ce temple construit vers l'an 450 avant notre ère fut appelé de Poseidon au XVIIIe siècle en référence au nom premier de la cité (Poseidonia). Au vingtième siècle il fut attribué à Héra, ce qui est contesté dans les textes les plus récents. Il serait en effet surprenant que la déesse Héra ait eu 2 temples dans la même cité. Une dédicace à Poseidon semble plus logique. D'autres auteurs récents attribuent ce temple à Zeus. Avoir dans la même cité un temple à Héra et un à Zeus a aussi sa logique.

Poseidon, le Neptune des Romains, est le dieu de la mer. Son symbole est le trident. Il est lui aussi fils de Chronos et de Rhéa et frère aîné de Zeus.

Zeus était le maître des Dieux, l'équivalent du Jupiter romain et d'Amon-Ré en Égypte. Les humains l'ont imaginé grand séducteur autant de déesses que de femmes. Son symbole est souvent la foudre.

Ce temple a 24,30 mètres sur 59,90 avec un fronton dorique, 14 colonnes de chaque côté et 6 sur les façades avant et arrière.

Le musée :

Situé de l'autre côté de la route et à mi-chemin entre l'amphithéâtre et le temple dit de Cérès, un musée a été inauguré en novembre 1952. Il fut agrandi en 1966 puis en 1970. Aujourd'hui il présente sur 3 étages toutes les découvertes effectuées lors des diverses campagnes de fouilles, ce qui illustre à la fois l'histoire de la cité mais de façon plus générale l'art grec.

Agrigente :

Le site d'Agrigente est situé presque au milieu de la côte sud de la Sicile.

La cité a été fondée vers l'an 580 avant notre ère par les Grecs de la cité de Gela, située aussi sur la côte sud de Sicile (à environ 75 kms à l'est d'Agrigente) et elle-même fondée vers l'an 690 avant notre ère par les Grecs de l'île de Rhodes. Akrakas fut le premier nom donné à la cité par les Grecs.

Cette cité connut un développement très important, ce qu'il reste des ruines grecques a reçu le nom de « Vallée des Temples » et a été classé au patrimoine de l'Unesco en 1997.

Comme tout le reste de la Sicile, les habitants de cette cité virent les combats à répétition entre Grecs et Phéniciens représentés par Carthage, puis entre Romains et Carthaginois, sans oublier les guerres entre les différentes cités grecques !

Après la première guerre punique (de -264 à -240), Rome annexa la Sicile. Ils donnèrent à Akrakas le nom d'Agigentum.

Après la chute de l'empire romain d'Occident, en l'an 476, la Sicile fut prise par les Byzantins (Empire romain d'Orient) en l'an 535, puis par les Arabes au IXe siècle. Ils donnèrent à la ville le nom de Girgenti.

Il y eut ensuite les Normands à partir de 1087, les Espagnols (dynastie d'Aragon) à compter de 1282, puis le royaume de Naples et des deux Siciles (en 1442)… Même les souverains de la Maison de Savoie eurent le titre de rois de Sicile de 1713 à 1720.

Enfin l'expédition de Garibaldi et de ses chemises rouges en 1860 permit de réunir la Sicile au nouveau royaume d'Italie.

Des nombreux monuments construits par les Grecs à Agrigente aux VIe et Ve siècles avant notre ère, il ne reste de traces que de 9 d'entre eux, mais une partie du site antique est encore enfoui sous les maisons et cultures de l'actuelle ville d'Agrigente. La muraille qui ceinturait la ville grecque mesurait 12 kms de long. Parmi les temples dont il reste traces, citons :

le temple de la Concorde : construit vers l'an 430 avant notre ère, de style dorique et comportant 34 colonnes. Il fut transformé en basilique chrétienne en l'an 579 et cela le sauva probablement de la destruction. En outre il fut l'objet d'une restauration en 1748, et c'est le restaurateur de l'époque qui lui donna son nom de temple de la Concorde mais on ne sait pas à quelle divinité il était dédié. Il avait 17 mètres sur 38 environ. Il est le seul temple d'Agrigente à peu près conservé.

Le temple de Zeus : construit vers -480, de 112 mètres sur 56 avec des colonnes de 20 mètres de haut aurait été le monument le plus important d'Agrigente, mais il fut détruit par les Carthaginois en -406.

le temple d'Héra : construit vers -450, de 17 mètres sur 38 avec 13 colonnes de côté et 6 de face. Détruit par les carthaginois en -406. Quelques colonnes ont pu être redressées.

Le temple de Castor et Pollux de la moitié du cinquième siècle (avant notre ère) de 14 mètres sur 32 environ avec 13 colonnes de côté et 6 de face. Il reste 3 colonnes debout. Dans la mythologie grecque, les jumeaux Castor et Pollux étaient les enfants de Zeus et de Léda reine de Sparte et par conséquent les frères de la belle Hélène.

Le temple d'Héraclès : construit vers l'an -500, il possédait 38 colonnes dont 8 furent relevées en 1924. Héraclès (Hercule pour les Romains) était fils de Zeus et d'Alcmène épouse du roi de Tirynthe (ville de Grèce en Argolide). Héraclès ou Hercule est surtout connu pour la légende des 12 travaux.

Le temple d'Athéna : construit au début du Ve siècle (avant notre ère) mesurait 15 mètres sur 35 environ avec 6 colonnes par 13

le temple à Déméter : construit vers -480/-470, mesurait 13 mètres sur 30 environ

le temple d'Héphaïstos : construit vers -430, mesurait 17 mètres sur 35 avec 6 colonnes sur 13. Héphaïstos (Vulcain pour les Romains) était le fils d'Héra seule ou d'Héra et de Zeus selon les versions. Il est le maître des forges.

Agrigente a aussi son musée archéologique qui rassemble nombre des découvertes effectuées sur le site.

En conclusion et pour employer la terminologie d'un célèbre guide touristique, les sites de Paestum et d'Agrigente méritent plus qu'un détour, carrément un voyage.

J.D. 20 juillet 2016

carte de l'expansion grecque et phénicienne

carte de l'expansion grecque et phénicienne

temples de Paestum, de haut en bas : Basilique ou Héra, Athéna ou Cérès, Héra ou Poseidon, photos Michèle Delisle avril 2002, et temple de la Concorde à Agrigente, photo J.D. 10 juillet 1973
temples de Paestum, de haut en bas : Basilique ou Héra, Athéna ou Cérès, Héra ou Poseidon, photos Michèle Delisle avril 2002, et temple de la Concorde à Agrigente, photo J.D. 10 juillet 1973

temples de Paestum, de haut en bas : Basilique ou Héra, Athéna ou Cérès, Héra ou Poseidon, photos Michèle Delisle avril 2002, et temple de la Concorde à Agrigente, photo J.D. 10 juillet 1973

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 11:49

 

Légions contre Phalanges ou les éléphants ça trompe

 

 

 

Les Romains

Au quatrième siècle avant notre ère, les Romains sont très loin d'avoir terminé la conquête de l'Italie. Même leurs possessions en Italie centrale ne sont pas encore assurées.

Mais autour des années 300 avant notre ère, les combats des Romains contre les autres peuples de l'Italie centrale se sont multipliés. Les Romains connurent quelques échecs mais beaucoup plus de victoires contre les Etrusques, les Samnites, les Ombriens, les Marses, les Herniques, les Eques … Ils créèrent des colonies, annexèrent des cités.... Voir Tite-Live, « Histoire romaine », livres IX et X.

Les Grecs

Les Grecs, eux, avaient commencé à s'implanter en Italie dès la fin du VIIIe siècle avant notre ère dans 3 régions principales :

*En Sicile où ils multiplièrent les implantations (Messine, Syracuse, Géla, Sélinonte, Segeste, Agrigente, Megara)

*Dans le sud de l'Italie, d'une part sur le golfe de Tarente (Tarente, Crotone, Metaponte, Sibari) et d'autre part dans la pointe sud de la Calabre (Locres, Reggio)

*dans la région du Vésuve (Naples, Cumes, Ischia, Pouzzoles, Herculanum, Paestum).

Cette présence grecque à l'extérieur fut appelée « la Grande Grèce ».

Ces colonies restaient en contact avec les cités-mères qui les avaient créées, et par ce biais, la multiplication des victoires romaines finit par attirer l'attention des Grecs qui comprirent que l'expansion romaine risquait à terme de menacer leurs colonies. Ces implantations grecques avaient d'abord été des comptoirs commerciaux, mais avaient pris une importance stratégique dans le cadre d'une lutte de plusieurs siècles pour le contrôle de la Méditerranée occidentale entre Grecs, Phéniciens (représentés surtout par Carthage), Etrusques …

Les Tarentins

Ce furent les Tarentins les premiers qui appelèrent la mère-patrie au secours. Tarente avait été fondée en -706 par les Grecs de Sparte (aujourd'hui, la ville de Tarente est jumelée avec Sparte, ville reconstruite à partir de 1864). En -282, les Romains avaient envoyé une ambassade à Tarente. Selon Denys d'Halicarnasse, les Tarentins auraient insulté les envoyés de Rome, le chef de la délégation romaine (Pestinius) reçut même des excréments sur ses vêtements. Lorsque, de retour à Rome, ces envoyés racontèrent devant le Sénat comment ils avaient été humiliés par les Tarentins, le Sénat décida immédiatement la guerre.

Les Tarentins, qui se doutaient du résultat de leur comportement, envoyèrent une ambassade à Pyrrhus roi d'Epire qui de son temps était considéré comme le général grec le plus habile.

Pyrrhus

Pyrrhus, né en -319, pensait descendre d'Achille, le héros grec de la guerre de Troie (dont l'histoire est située 9 siècles avant Pyrrhus). Beaucoup d'auteurs ont d'ailleurs plutôt comparé Pyrrhus à Achille qu'à Alexandre le Grand. L'Epire constituait à l'époque une partie nord-ouest de la Grèce y compris l'actuelle Albanie. Pyrrhus avait déjà conquis une grande partie de la Grèce, mais avait été chassé de la Macédoine et de la Thessalie par suite de multiples jeux de trahisons. Plutarque écrit (« vie de Pyrrhus » en 12) : « On voit par là que les rois n'ont pas à accuser les gens du peuple de changer de camp suivant leur intérêt, car ils ne font en cela qu'imiter les rois eux-mêmes, qui sont des maîtres en fait de mauvaise foi et de trahison, et qui sont persuadés que l'on réussit d'autant mieux qu'on pratique moins la justice ». Parlant des princes qui gouvernent les peuples, Plutarque ajoute : « Ils ne cessent de se faire la guerre , parce que l'esprit de jalousie et de complot est dans leur nature. Guerre et paix ne sont pour eux que des mots dont ils se servent indifféremment, comme de monnaies, en vue de leur intérêt et non de la justice ».

Au moment où l'ambassade de Tarente débarqua, Pyrrhus qui venait de subir un grave échec avait besoin de se « refaire ». Il décida donc de partir en guerre contre les Romains. Cette guerre fut décrite par plusieurs auteurs antiques :

Les sources

*Appien d'Alexandrie qui naquit vers 95 et mourut vers 165. Il écrivit une « histoire romaine » en 24 livres. Le livre correspondait au contenu d'un rouleau de papyrus dont se servaient les auteurs pour écrire. Mais sur les 24 livres d'Appien, 14 furent perdus dont celui concernant la guerre entre Pyrrhus et les Romains. Néanmoins, Appien est cité par d'autres auteurs

*Florus, historien romain qui naquit vers 70 et mourut vers 140. Il écrivit un « abrégé de l'histoire romaine » en 4 livres. Cela va de la fondation de Rome à l'an 9 de notre ère. La guerre entre Pyrrhus et les Romains est décrite vers la fin du livre I

*Eutrope, historien romain du quatrième siècle de notre ère qui écrivit lui aussi un « abrégé de l'histoire romaine » en 10 livres, qui va de la fondation de Rome à l'empereur Jovien (an 364). Il est question de Pyrrhus et des Romains au livre II

*Plutarquehistorien grec né vers 46 et mort vers l'an 125. Il écrivit des biographies sur beaucoup d'hommes célèbres connus de son temps, dont une « vie de Pyrrhus ». Sur Pyrrhus, c'est le texte le plus complet qui nous soit parvenu.

*Denys d'Halicarnasse, historien grec qui vécut de -60 à l'an 8. Il écrivit « Les antiquités romaines » en 20 livres, ce récit va de l'invasion gauloise (en -290) au début de la première guerre punique (-264). Ce texte est en grande partie perdu. La partie concernant Pyrrhus et les Romains se trouvait aux livres XIX et XX. Par contre est conservé un texte de cet auteur intitulé « Les Vertus, les Vices et les Ambassades » où il est question de Pyrrhus.

*Diodore de Sicile,historien grec du premier siècle avant notre ère, écrivit une « bibliothèque historique » en 40 livres dont 15 subsistent. Pyrrhus est traité au livre XXI

*Tite-Live, historien romain, est le contemporain parfait d'Auguste premier empereur romain qui vécut de -63 à +14, alors que Tite-Live vécut de -59 à +17. Il écrivit toute l'histoire de Rome depuis la fondation de la cité jusqu'à l'an -9 : « Histoire romaine ». Il pensait probablement aller jusqu'à la mort d'Auguste mais n'en eut pas le temps. Son œuvre comprenait 142 livres dont seuls 35 nous sont parvenus, soit à peine le quart. La partie restante, aux publications de GF Flammarion, représente 7 livres de plus de 500 pages chacun ! Cela donne une idée de l'œuvre gigantesque de Tite-Live mais aussi de l'histoire romaine qui est aussi une partie de l'histoire du monde occidental. Le texte concernant Pyrrhus, chez Tite-Live, fait partie des livres perdus.

La première bataille (en-280)

Pour parer au plus pressé, Pyrrhus commença par envoyer à Tarente un de ses lieutenants (Cinéas) avec 3.000 soldats, puis prépara une expédition beaucoup plus importante.

Selon Plutarque (vie de Pyrrhus en 15), Pyrrhus embarqua au printemps de l'an -280 avec 20.000 phalangistes, 3.000 cavaliers, 2.000 archers, 500 frondeurs et 20 éléphants. La flotte fut prise par une tempête, mais tous les navires finirent par arriver à Tarente.

On méditera au passage sur la marine qui, il y a 23 siècles, avait la capacité d'embarquer, d'acheminer et de débarquer une telle armée. Et quand on pense que le musée national de la Marine à Paris (au Trocadéro) fait commencer l'histoire de la marine à Christophe Colomb !

Pyrrhus recruta sur place des soldats dans les cités grecques d'Italie et spécialement à Tarente. Les Romains mis au courant de l'arrivée des Grecs envoyèrent leur armée commandée par le consul Laevinius. La première bataille eut lieu à Héraclée (aujourd'hui cité de Policoro) sur le côté ouest du golfe de Tarente à 4 kms à l'intérieur des terres. La bataille demeura indécise durant plusieurs heures puis Pyrrhus fit donner les éléphants. Les Romains n'en avaient jamais vus. Ces chars d'assaut semèrent la panique dans les rangs romains surtout parmi la cavalerie. Ainsi Florus écrit : « leur odeur inconnue (il s'agit des éléphants), leur cri aigu épouvantèrent les chevaux qui, croyant ces ennemis nouveaux plus redoutables qu'ils n'étaient en effet, causèrent par leur fuite, (il s'agit de la fuite de la cavalerie), une vaste et sanglante déroute ». Selon Denys d'Halicarnasse, cette première bataille fit 15.000 morts côté Romains et 13.000 dans le camp des Grecs et de leurs alliés. Pyrrhus resté maître du terrain s'empara du camp des Romains et put s'approcher à 55 kms de Rome. Pour l'essentiel, l'armée romaine avait été mise en déroute mais non détruite. C'est ce qui fut appelé « une victoire à la Pyrrhus ».

La seconde bataille (été -279)

Après cette victoire Pyrrhus reçut le renfort de plusieurs peuples italiques (Samnites, Lucaniens...). Malgré cela il comprit qu'il ne pourrait s'emparer de Rome, il envoya alors son conseiller Cinéas en ambassade à Rome. Celui-ci fut reçu par le Sénat romain qui semblait hésiter sur la conduite à tenir. Alors un citoyen romain nommé Appius Claudius qui avait été consul en -307 et en -296, mais qui était devenu aveugle se fit emmener au Sénat pour haranguer les Sénateurs. Il leur rappela qu'au temps des victoires d'Alexandre-le-Grand, les sénateurs romains se vantaient qu'ils auraient vaincu Alexandre-le-Grand si il était venu en Italie. L'argument fit mouche, les sénateurs firent savoir à Cinéas qu'ils ne traiteraient avec Pyrrhus que lorsque lui et tous ses soldats auraient quitté l'Italie.

Une seconde bataille eut lieu à Ausculum dans les Pouilles (Aujourd'hui Ascoli di Satriano à une trentaine de kms au sud de Foggia). Une nouvelle fois la bataille fut longtemps indécise. Pyrrhus fit donner les éléphants, mais voilà ce qu'écrit Florus : « Caius Minucius, hastaire de la quatrième légion (de hasta : lance), en coupant la trompe de l'un des éléphants, avait montré que ces animaux pouvaient mourir. Dès lors on les accabla aussi de traits, et des torches enflammées lancées contre les tours (il s'agit des tours situées sur le dos des éléphants) couvrirent les bataillons ennemis tout entiers de débris enflammés... Le carnage ne se termina pas avant que la nuit séparât les combattants, et que le roi lui-même(il s'agit de Pyrrhus) le dernier à finir avec une blessure à l'épaule, fut emporté par ses gardes sur son bouclier».

Chaque camp revendiqua la victoire. Selon Denys d'Halicarnasse, cette bataille fit 15.000 morts aussi bien du côté des Romains que du côté des Grecs et de leurs alliés. Voici sur cette bataille le commentaire de Plutarque : « Pyrrhus, dit-on répondit à l'un de ceux qui le félicitaient : si nous remportons encore une victoire sur les Romains, nous serons complètement perdus. C'est qu'il avait laissé sur les champs de bataille une grande partie des troupes qu'il avait amenées, et presque tous ses amis et ses généraux. Il n'en avait pas d'autres à faire venir, et il voyait faiblir le zèle de ses alliés d'Italie, tandis que le camp des Romains se remplissait vite et abondamment comme à une source intarissable située dans le pays même... »

70 ans après Pyrrhus, Hannibal connaîtra le même problème.

La Sicile (-278/-276)

Pyrrhus ne savait plus trop quoi faire lorsqu'il reçut des délégations venant d'Agrigente et de Syracuse. Les Carthaginois étaient en train de conquérir toute la Sicile et les cités grecques appelaient Pyrrhus au secours. Embarassé en Italie, il embarqua pour la Sicile durant l'été -278 et fut vainqueur des Carthaginois. Mais une fois maître de la Sicile, il se comporta en tyran. Les cités qui l'avaient fait venir se révoltèrent contre lui et Pyrrhus revint en Italie après avoir recruté des mercenaires en Sicile pour compléter son armée. En quittant la Sicile, Pyrrhus aurait dit : Quel champ clos, mes amis, nous laissons aux Carthaginois et aux Romains » Mais profitant de l'absence de Pyrrhus, les Romains avaient réglé le sort des alliés de Pyrrhus en Italie.

La troisième bataille (printemps -275)

La dernière bataille eut lieu à Bénévent (Benevento à une centaine de kms au nord-est de Naples). Là, les éléphants effrayés par les Romains firent volte-face et semèrent le carnage dans les rangs de l'armée de Pyrrhus qui apprit à ses dépens que « les éléphants ça trompe ». Les Romains taillèrent en pièces l'armée de Pyrrhus qui parvint à s'enfuir et s'embarqua avec quelques débris de son armée pour retourner en Epire.

La fin de l'histoire

revenu en Grèce, Pyrrhus au lieu de se tenir tranquille, repartit dans de nouvelles aventures guerrières, mais fut tué à Argos dans le Péloponnèse en -272.

Aussitôt Pyrrhus parti de Sicile, les Carthaginois revinrent conquérir les territoires perdus, mais lorsqu'ils apprirent que Pyrrhus qui les avait vaincus, avait été battu par les Romains, les Carthaginois comprirent qu'ils n'étaient plus les seuls maîtres dans la Méditerranée occidentale, la guerre entre Rome et Carthage était devenue inévitable (voir sur mon blog, le texte consacré à Hannibal http://jean.delisle.over-blog.com/article-hannibal-1-texte-59402856.html).

J.D. 21 mai 2011

 

 

 

la légion défend encore la France en 2015, caricature Riposte Laïque du 24 mai 2015

la légion défend encore la France en 2015, caricature Riposte Laïque du 24 mai 2015

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