Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 20:48

C'est le cinquième siècle avant notre ère, en Grèce, qui fut appelé « le siècle de Périclès » par les Historiens. Mais cette période est non seulement celle de Périclès, Athénien célèbre (-495/-429), elle est aussi celle de beaucoup d'hommes encore aujourd'hui connus par l'espèce humaine toute entière, comme :

*les philosophes Socrate (-470/-399), Anaxagore (-496/-428), Protagoras (-495/-411), Zénon d'Elée (-489/-460)

*les historiens Hérodote (-484/-425), Thucidide (-470/-395)

*les tragédiens Euripide (-480/-406), Eschyle (-526/-456), Sophocle (-497/-406)

*les sculpteurs Phidias (-490/-430), Myron (-485/-420), Polyclète (-480/-410)

*Ictinos et Callicratès architectes du Parthénon construit vers -449/-438

sans compter les personnages à cheval sur sixième/cinquième siècle comme Pythagore ou Héraclite ou à cheval sur le cinquième et le quatrième siècle comme Platon, Démocrite, Gorgias, Xénophon, Aristophane...

Autant de génies en si peu de temps sur une population relativement peu nombreuse voilà qui est surprenant.

Le contexte: Dans l'histoire des sociétés humaines, certaines s'organisèrent très tôt en Etats-nations où un grand nombre d'individus avaient le même pouvoir politique, juridique, militaire... Souvent, ces collectivités avaient la même langue, la même religion, les mêmes coutumes. L'Egypte est l'exemple type de ce genre d'organisations.

Ailleurs ce furent des cités-Etats qui virent le jour. Ce fut le cas en Grèce. Chaque cité avait son propre mode d'organisation politique, ses propres lois, son armée etc. Certaines de ces cités-Etats grecques furent célèbres dans l'antiquité comme Athènes, Sparte, Corinthe, Delphes, Thèbes (ne pas confondre la Thèbes grecque avec la Thèbes égyptienne) etc. Chacune voulant agrandir son territoire et son pouvoir il y eut de nombreuses guerres entre ces cités dont certaines sont encore connues comme la guerre du Péloponnèse qui dura une trentaine d'années (de -431 à -404) et opposa la ligue de Délos dominée par Athènes et la ligue du Péloponnèse conduite par Sparte. Si ils étaient souvent en rivalité les Grecs avaient cependant des points communs : la langue, l'écriture (dérivée du phénicien au début du huitième siècle avant notre ère), la religion, si bien que malgré leurs conflits ils s'identifiaient comme Grecs. Pour eux, ceux qui n'étaient pas Grecs étaient « barbares ». Les Romains reprendront ce concept à leur compte. Les jeux créés à Olympie à partir de -776 sont un symbole de cette unité des Grecs.

Principalement à partir du huitième siècle avant note ère, des cités grecques fondèrent des colonies, d'une part dans le bassin occidental de la Méditerranée (surtout dans le sud de l'Italie et en Sicile) où elles avaient été précédées de plusieurs siècles par les Phéniciens (ce qui entraîna des guerres entre Grecs et Phéniciens) et d'autre part sur la côte orientale de la mer Egée (actuelles côtes de la Turquie). Les principales de ces cités sur la côte turque furent Ephèse, Halicarnasse, Didymes, Milet, Phocée Priène, etc. Certaines de ces colonies fondèrent à leur tour d'autres colonies. C'est le cas par exemple de la cité de Phocée qui fut à l'origine de la fondation de Marseille en l'an -600 (d'où le surnom de « cité phocéenne »), ou d'Empurias en Espagne.

Les cités grecques rivales surent cependant s'unir dans des périodes critiques. Ce fut le cas dans la légendaire guerre de Troie (située au début du douzième siècle avant notre ère) où toutes les cités grecques envoyèrent des contingents pour récupérer la belle Hélène, épouse de Ménélas roi de Sparte, qui avait été enlevée par Pâris et emmenée à Troie. En voyant Hélène arriver à Troie, Cassandre aurait pu dire : « elle s'amène hélas! », ce qui pourrait aussi s'écrire : « elle s'amène Hellas ».

On ne sait pas si cette guerre a réellement existé mais son histoire fait partie de l'histoire de la Grèce. Au cinquième siècle avant notre ère, toutes les cités honoraient leurs ancêtres supposés dans la guerre de Troie, beaucoup de personnages de la guerre de Troie avaient leur statue, il y avait un temple à Hélène, le tombeau d'Achille etc.

A l'est des cités grecques de la côte égéenne d'importants bouleversements s'opérèrent au sixième siècle avant notre ère. Le Perse Cyrus le Grand, après une guerre déclenchée en -553 avec les Mèdes, s'empara de leur royaume puis entreprit une politique de conquêtes impressionnantes : la Lydie, l'Ionie (région des cités grecques de la côte égéenne), l'empire babylonien, la Mésopotamie, la Syrie, la Phénicie, la Palestine.

Cyrus le Grand mourut en -529. Huit ans plus tard, Darius s'emparait du pouvoir dans l'empire constitué par Cyrus.

En -500, les Grecs de l'Ionie, emmenés par Aristagoras tyran de Milet, se soulevaient contre la domination perse. Des émissaires furent envoyés à Athènes et Sparte pour demander de l'aide. Un contingent d'Athéniens débarqua et détruisit la ville perse de Sardes. Darius reprit de contrôle des cités grecques de l'Ionie et prépara une grande expédition pour aller châtier les Grecs. Cette expédition est connue sous le nom de première guerre médique.

Une partie de l'armée perse débarqua sur la plage de Marathon en septembre -490, pendant que les navires poursuivaient leur route vers Athènes avec l'espoir de prendre la ville. Ce fut la célèbre bataille de Marathon où 9.000 soldats d'Athènes et 1.000 soldats de Platées (autre cité grecque) furent vainqueurs d'une armée perse pourtant beaucoup plus nombreuse, mais les Grecs étaient plus disciplinés et mieux armés. C'est là que se situe l'épisode du soldat athénien Euclès courant jusqu'à Athènes (42kms) pour prévenir de la victoire sur les Perses, pendant qu'un autre soldat nommé Philippidès courait d'Athènes à Sparte (240 kms) pour prévenir les Spartiates du débarquement des Perses.

A Marathon, sitôt les Perses rejetés à la mer (ou tués), le stratège athénien Miltiade qui commandait, fait gagner Athènes aux troupes qui parviennent dans la ville avant le débarquement de la flotte perse, laquelle voyant qu'elle arrive trop tard renonce. C'est la fin de la première guerre médique. L'armée de secours envoyée par les Spartiates arrive la guerre terminée.

Cette victoire renforce considérablement le prestige d'Athènes qui en profite pour étendre son influence en Grèce

A Athènes, l'élu archonte Thémistocle fait construire une flotte de 200 trières pour pouvoir s'opposer à un nouveau débarquement éventuel des Perses.

Darius mourut en -486. A sa suite son fils Xerxès reprend le projet de châtier les Grecs, il rassemble une formidable armée en recrutant dans son immense empire et repart envahir la Grèce en -480. Les Perses sont vainqueurs du roi Léonidas et de ses 300 Spartiates au défilé des Thermopyles en juillet -480 et parviennent à s'emparer d'Athènes mais ils sont vaincus à la bataille navale de Salamine le 29 septembre -480. Les Perses sont aussi vaincus sur terre à la bataille de Platée et à nouveau sur mer au cap Mycale où toute leur flotte est détruite. Ce qu'il reste de l'armée perse s'enfuit. C'est la fin des guerres médiques qui pour les Perses auront plutôt été des guerres merdiques. A Platée, les soldats d'Athènes furent commandés par Aristide qui fut brillant !

Cette victoire des Grecs unis contre les Perses eut un retentissement considérable comparable à leur victoire légendaire lors de la guerre de Troie. Certains historiens font partir la naissance du monde occidental de ces guerres médiques. Cela eut une profonde influence sur la production artistique et littéraire de la Grèce du cinquième siècle et explique probablement l'importance de cette période. Eschyle par exemple fit partie des combattants à la bataille de Marathon et à celle de Salamine et ce n'est pas un hasard si c'est après les guerres médiques que les tragédiens grecs produisirent un grand nombre d'œuvres ayant la guerre de Troie comme thème. Ils firent naturellement le rapprochement entre la guerre de Troie et les guerres médiques comme symbole des guerres entre Orient et Occident. Socrate affirme que les guerres qui opposent Orient et Occident sont de nature différente aux guerres internes à chaque camp (ce qui est rapporté par Platon dans « La République »).

Périclès: Il naquit à Athènes en -495. Il commença à s'intéresser à la politique dès -470 et devint chef du parti démocrate d'Athènes en -461.

Après les guerres médiques, Aristide était parvenu à unir un certain nombre de cités grecques dans une ligue qui prit le nom de ligue de Délos. Athènes imposa un tribut à ces cités pour financer une future guerre éventuelle avec les Perses. Le trésor ainsi constitué fut d'abord gardé dans l'île de Délos puis les Athéniens transférèrent le trésor à Athènes en -454, ce qui mécontentera un certain nombre de cités alliées d'Athènes. A partir de -443, Périclès sera réélu chaque année « stratège d'Athènes ». Il sera l'artisan de l'impérialisme d'Athènes et utilisera le trésor de Délos pour financer les grandes constructions d'Athènes dont l'Acropole. Le mécontentement des cités alliées entraîna des révoltes que Périclès fit réprimer. Les alliés étaient devenus des sujets. Certaines cités s'allièrent à Sparte et ce fut l'origine de la guerre du Péloponnèse commencée en -431. Sparte finit par l'emporter, mais il faut préciser qu'en -429 une épidémie (peut-être la peste) toucha Athènes et fit de nombreuses victimes y compris dans les rangs de l'armée athénienne. Périclès lui-même fut victime de cette épidémie et ceux qui prirent la suite à Athènes n'avaient pas son génie et cette guerre entraîna le déclin d'Athènes. Sparte ne fut guère plus heureuse car la guerre l'avait épuisée et la cité ne put prendre le pas sur les autres cités grecques.

J.D. 10 novembre 2012

 

fronton du Parthénon à Athènes, photo Michèle Delisle mars 2000

fronton du Parthénon à Athènes, photo Michèle Delisle mars 2000

Partager cet article
Repost0

commentaires