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26 janvier 2019 6 26 /01 /janvier /2019 18:11

La mort de Joachim Murat N° 514

 

Le 8 octobre 1815, Joachim Murat et 30 de ses partisans débarquaient à Pizzo en Calabre avec l'espoir de reconquérir le royaume de Naples dont Murat avait été le roi du 1er août 1808 au 2 mai 1815. Sur les pièces de monnaies émises durant le règne de Murat, le royaume est d'ailleurs appelé « royaume des Deux Siciles » (Regno delle due Sicilie).

Pizzo est une ville située sur la côte ouest de la Calabre à l'endroit le plus resserré de la pointe de la botte italienne. La ville a aujourd'hui dans les 10.000 habitants ; elle possède une forteresse dont une partie fut construite dans les années 1300 et le reste entre 1481 et 1485. Elle fit partie d'un ensemble de forteresses réalisées pour s'opposer aux razzias des barbaresques.

Murat espérait le soutien de la population calabraise, il n'en fut rien, lui et ses compagnons furent arrêtés. Murat fut emprisonné dans la forteresse qui depuis s'appelle « forteresse Murat ». Elle fut endommagée par un tremblement de terre en 1783. Elle est devenue la propriété de la ville de Pizzo en 1884 et elle a fait l'objet d'une restauration récente.

Dès le 13 octobre 1815 un tribunal aux ordres du roi Ferdinand 1er de Bourbon (1751/1825, roi de 1759 à sa mort sauf interruption durant le règne de Joseph Bonaparte d'abord puis de Joachim Murat pour remplacer Joseph Bonaparte devenu roi d'Espagne) prononçait la peine de mort contre Murat, sans avocat, sans même que Murat soit entendu et le jour même, à 16 heures, il était fusillé dans la cour de la forteresse. Il fut inhumé dans l'église San Giorgio à Pizzo.

Mais, après l'exécution, le pire restait à venir. On en a le récit dans « la salle d'armes », ouvrage publié en 1838 où d'Alexandre Dumas consacre un long développement à Murat. Voici le texte de Dumas :

« Les soldats ramassèrent le cadavre, le couchèrent sur le lit où, dix minutes auparavant, il était assis, et le capitaine mit une garde à la porte.

Le soir un homme se présenta pour entrer dans la chambre mortuaire : la sentinelle lui en refusa l'entrée ; mais cet homme demanda à parler au commandant du château. Conduit devant lui, il montra un ordre. Le commandant le lut avec une surprise mêlée de dégoût ; puis, la lecture achevée , il le conduisit jusqu'à la porte qu'on lui avait refusée.

Laissez passer le seigneur Luidgi, dit-il à la sentinelle. La sentinelle présenta les armes à son commandant. Luidgi entra.

Dix minutes s'étaient à peine écoulées, lorsqu'il sortit tenant à la main un mouchoir ensanglanté : dans ce mouchoir était un objet que la sentinelle ne put reconnaître.

Une heure après, un menuisier apporta le cercueil qui devait renfermer les restes du roi. L'ouvrier entra dans la chambre ; mais presque aussitôt il appela la sentinelle avec un accent indicible d'effroi. Le soldat entrebâilla la porte pour regarder ce qui avait pu causer la terreur de cet homme. Le menuisier lui montra du doigt un cadavre sans tête.

A la mort du roi Ferdinand on retrouva dans une armoire secrète de sa chambre à coucher cette tête conservée dans de l'esprit de vin.

Huit jours après l'exécution du Pizzo, chacun avait reçu sa récompense : Trenta Capelli (commandant de la gendarmerie de Cosenza qui avait arrêté Murat et sa suite le 8 octobre 1815), était fait colonel, le général Nunziante (qui commanda l'exécution le 13 octobre) était créé marquis, et Luidgi était mort empoisonné ».

 

Joachim Murat :

Il naquit dans le Lot le 25 mars 1767 dans une commune alors appelée « La Bastide-Fortunière » qui prit le nom de La Bastide-Murat par décret impérial du 15 avril 1852. Un descendant de Murat lui aussi prénommé Joachim en fut le maire de 1860 à 1865. Cette commune a aujourd'hui dans les 1.000 habitants.

Promis d'abord à l'état ecclésiastique, il l'abandonna vite pour une carrière militaire d'abord comme chasseur puis dans la cavalerie ; Il prit part à la répression de la tentative royaliste du 13 vendémiaire (5 octobre 1795) puis devint l'aide de camp de Bonaparte lors de la première campagne d'Italie. Dès le 10 mai 1796, il était nommé général de brigade. Il accompagna Bonaparte en Égypte, participa aux principales batailles et rentra en France en même temps que Napoléon. Il fut nommé général de division le 25 juillet 1799 et participa activement au coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799). Le 18 janvier 1800, il épousa Caroline Bonaparte (1782/1839) et devint ainsi le beau-frère de Napoléon. Murat et Caroline eurent 4 enfants (2 garçons et 2 filles).

Le 19 mai 1804, Murat reçut le titre de Maréchal d'empire. En mars 1805, Joachim et Caroline occupèrent le palais de l’Élysée qui avait été construit en 1720 et que Louis XV avait donné à la Pompadour.

Le 27 décembre 1805, Murat reçut le titre de Grand Duc de Berg et de Clèves. Avec Caroline ils partirent s'installer à Dusseldorf en Allemagne (aujourd'hui dans la Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Le 1er août 1808, Murat devint roi de Naples. Il arriva à Naples le 6 septembre et Caroline le 25 septembre. Elle devenait reine à la place de Caroline d'Autriche (sœur de Marie-Antoinette et grand-mère de Marie-Louise).

Murat participa à de nombreuses campagnes où il se distingua partout, y compris durant la campagne de Russie en 1812 mais, ses relations avec son beau-frère Napoléon se distendirent. Pour essayer de sauver son trône, Murat tenta dès la fin de 1813 un rapprochement avec l'Autriche mais sans succès. On connaît la fin. Caroline mourut à Florence où elle est inhumée dans l'église de la Toussaint (Ognissanti).

On trouvera en illustration une partie de la statue de Murat sur la façade du palais royal à Naples, ainsi qu'un portrait de Caroline Bonaparte avec l'une de ses filles, peint par Elisabeth Vigée-Lebrun en 1807 (conservé au château de Versailles) ; emprunt au net (wikimedia.org/windex)

J.D. 26 janvier 2019

Caroline Bonaparte et Joachim Murat
Caroline Bonaparte et Joachim Murat

Caroline Bonaparte et Joachim Murat

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