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6 octobre 2021 3 06 /10 /octobre /2021 08:48

Dante, Dumas et la langue italienne N°711

 

L’unité de l’Italie s’est effectuée à partir du dix-neuvième siècle autour du royaume de Sardaigne.

Ce royaume dirigé par les descendants de la Maison de Savoie qui avaient transféré leur capitale à Turin en 1562, comprenait : La Sardaigne (Cagliari), la Ligurie (Gênes), le Piémont (Turin), le Val d’Aoste (Aoste) puis le duché de Savoie (Chambéry) et le comté de Nice qui furent cédés à la France en juin 1860. Sur ce noyau primitif, furent agglomérés :

*en juillet 1859 : la Lombardie (Milan)

*en mars 1860 : l’Émilie-Romagne (Bologne) et la Toscane (Florence)

*en octobre 1860 : la Sicile (Palerme), la Calabre (Catanzaro), la Basilicate (Potenza), la Pouille (Bari), la Campanie (Naples), la Molise (Campobasso) et les Abruzzes (L’Aquila).

*en novembre 1860 : les Marches (Ancône) et l’Ombrie (Pérouse)

*en octobre 1866 : la Vénétie (Venise) et le Frioul (Trieste)

*en octobre 1870 : le Latium (Rome)

*en 1919 : Le Trentin-Haut-Adige (Trente) et la Vénétie-Julienne (Trieste)

L’unité de l’Italie était faite (le royaume d’Italie avait été proclamé le 17 mars 1861), il restait à effectuer l’unité des Italiens. Du vénitien au sicilien, en passant par le lombard, le piémontais, le toscan, le calabrais… de nombreuses langues étaient parlées en Italie. Le toscan avait été utilisé pour l’écriture de la Divine Comédie de Dante, du Canzoniere de Pétrarque et du Decameron de Boccace, sans oublier que la Toscane fut la terre natale de Léonard de Vinci, Michel-Ange, Donatello, Sandro Botticelli, Giorgio Vasari, Filippo Brunelleschi, Masaccio, Giotto, Piero della Francesca, Fra Filippo Lippi, Cimabue, Fra Angelico, Lorenzo Ghiberti, Domenico Ghirlandaio, Paolo Uccello... Il fut choisi comme langue nationale italienne. J’ai déjà traité ce sujet dans ce blog ; voir note N° 146  http://jean.delisle.over-blog.com/2013/12/dante-n-146.html etc.

Sur ce thème j’ai trouvé d’intéressants points de vue d’Alexandre Dumas (dans « une année à Florence »). En voici des extraits :

« ...enfin, nous avons dit comment, Guelfe par naissance, Dante devint Gibelin par proscription et poète par vengeance. Aussi, lorsqu’il eut arrêté dans son esprit l’œuvre de sa haine, son premier soin fut-il, en regardant autour de lui, de chercher dans quel idiome il la formulerait pour la rendre éternelle. Il comprit que le latin était une langue morte comme la société qui lui avait donné naissance ; le provençal, une langue mourante qui ne survivrait pas à la nationalité du midi ; et le français, une langue naissante et bégayée à peine, qui avait besoin de plusieurs siècles encore pour arriver à sa maturité ; tandis que l’italien, bâtard, vivace et populaire, né de la civilisation et allaité par la barbarie, n’avait besoin que d’être reconnu par un roi pour porter un jour la couronne. Dès lors son choix fut arrêté, et, s’éloignant des traces de son maître Brunetto Latini, qui avait écrit son Trésor en latin, il se mit, architecte sublime, à tailler lui-même les pierres dont il voulait bâtir le monument gigantesque auquel il força le ciel et la terre de mettre la main.

C’est qu’effectivement la Divine Comédie embrase tout ; c’est le résumé des sciences découvertes et le rêve des choses inconnues. Lorsque la terre manque aux pieds de l’homme, les ailes du poète l’enlèvent au ciel ; et l’on ne sait, en lisant ce merveilleux poème, qu’admirer le plus, ou de ce que l’esprit sait ou de ce que l’imagination devine. Dante est le moyen-âge fait poète….

Florence, injuste envers le vivant, fut pieuse envers le mort…

En 1519, elle adressa une demande à Léon X, et parmi les signatures des pétitionnaires, on lit cette apostille : Moi, Michel-Ange, sculpteur, je supplie votre Sainteté, pour la même cause, m’offrant de faire au divin poète une sculpture convenable et dans un lieu honorable de cette ville. Léon X refusa ; c’eût cependant été une belle chose que le tombeau de l’auteur de la Divine Comédie, par le peintre du Jugement dernier….

Il existe encore à Florence des descendants de Dante...je les trouvais bien descendus ».

Ce texte de Dumas fut publié en 1851, donc avant que le toscan ne devienne langue nationale en Italie, mais l’on voit que Dumas le considérait déjà comme la langue italienne ; constat intéressant !

On trouvera en illustration (emprunts au net) le cénotaphe de Dante dans l’église Sainte Croix (Santa Croce) de Florence (dans le bas-côté droit entre la seconde et la troisième travée) ; ainsi qu’une statue de Dante sur la place Santa Croce de Florence.

J.D. 5 octobre 2021

 

Dante, Dumas et la langue italienne N°711
Dante, Dumas et la langue italienne N°711
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