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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 13:29

L’Arbia et l’Arno N° 707

 

L’Arbia est une rivière toscane de 57 kms de longueur affluent de l’Ombrone, fleuve côtier de 161 kms qui se jette dans la mer Tyrrhénienne (en fait, la Méditerranée) après avoir arrosé Grosetto. L’Ombrone donna son nom à un département français dont le chef-lieu fut Sienne et dont l’existence fut brève (du 30 mai 1808 au 30 mai 1814) (voir notes 21 et 22 http://jean.delisle.over-blog.com/article-l-italie-sous-napoleon-1er.61707999.html).

L’Arbia fut le théâtre le 4 septembre 1260 d’une terrible bataille entre les Siennois gibelins et les Florentins guelfes (voir note 706) et il fut dit et écrit que l’Arbia fut rougie par le sang des nombreuses victimes. Il en est ainsi au chant X de l’Enfer de la Divine Comédie où Dante et Virgile rencontrent Farinata degli Uberti (chef des Gibelins florentins alliés aux Siennois) et Dante lui parle « du massacre et de l’horreur qui teignirent de rouge le cours de l’Arbia » . De même dans « Une année à Florence » (texte de 1851) Alexandre Dumas écrit : « la perte de la bataille de Monte Aperto est restée pour Florence un de ces grands désastres dont le souvenir se perpétue à travers les âges. Après cinq siècles et demi, le Florentin montre encore avec tristesse aux voyageurs le lieu du combat, et cherche dans les eaux de l’Arbia cette teinte rougeâtre que leur avait donnée le sang de ses ancêtres. »

La rivière Arbia a donné son nom sur son flanc sud a un lieu-dit nommé Arbia (fraction de la commune Asciano) qui se distingue par la présence d’une colonne dédiée à Napoléon Bonaparte.

 

L’Arno, pour sa part, prend sa source au mont Falterona à 1654 mètres d’altitude, contourne par le sud le mont Pratomagno et arrose différentes villes dont Florence et Pise avant de se jeter dans la mer, après une course de 241 kms. Voir carte en illustration, emprunt au net. L’Arno, l’Ombrone et leurs affluents descendent de la chaîne des Apennins, longue montagne qui s’étend sur 1200 kms, au centre de l’Italie en parallèle à la fois à l’Adriatique et à la Méditerranée.

Le relief et la géographie déterminent dans la Toscane un réseau hydrographique favorable aux crues catastrophiques. Parmi les plus dévastatrices, il faut citer la crue du 4 novembre 1333 (décrite par un marchand florentin nommé Giovanni Villani) et celle du 4 novembre 1966. En 1966, la crue (voir en illustration le niveau atteint par la crue dans un village toscan, emprunt au net) fit d’énormes ravages en Toscane et particulièrement à Florence où on compta 34 victimes, 15.000 voitures détruites, 6000 boutiques ravagées, 2 millions de livres anciens détruits ou endommagés, le fond étrusque du musée archéologique national détruit et parmi les principales œuvres :

* »la dernière cène », grand tableau de 6 mètres sur 2,61 de Giorgio Vasari (1511/1574) ; à ne pas confondre avec le tableau de Léonard de Vinci. Ce tableau put être restauré et remis à sa place dans la basilique Santa Croce de Florence le 4 novembre 2016 en présence du premier ministre italien de l’époque (Matéo Renzi).

*les portes de bronze du baptistère Saint Jean Baptiste et spécialement le panneau situé à l’est (œuvre principalement de Lorenzo Ghiberti) et qui fut dénommé « porte du paradis » par Michel Ange ; et dont Giorgio Vasari a dit qu’elle était : « la plus belle œuvre qui se soit jamais vue au monde ».

Ce baptistère fut construit à cheval sur le onzième et douzième siècles à l’emplacement d’une ancienne église, elle-même à l’emplacement d’un temple romain. C’est dans ce baptistère que fut baptisé Dante (1265-1321) et que l’on trouve le tombeau du pape Jean XXIII (celui mort le 22 décembre 1419, et non le Jean XXIII décédé le 3 juin 1963 et inhumé à Saint Pierre de Rome : de quoi papoter sur la papauté !) ; tombeau financé par les Médicis et œuvre de Donatello.

Cette porte du Paradis (dont les sculptures représentent des scènes de l’Ancien Testament), restaurée, se trouve depuis au musée « dell’Opera del Duomo » (musée de l’œuvre de la cathédrale), tandis qu’une copie remplace maintenant l’original au baptistère.

En 1966, des volontaires vinrent de tous les coins du monde à Florence pour aider à dégager, à reconstruire, à restaurer. Les Italiens appelèrent ces volontaires : « gli Angeli del fango » ce qui peut se traduire par : « les anges de la boue ». En 2016, pour le cinquantenaire de l’événement, une cérémonie particulière se déroula à Florence pour rendre hommage à ces « anges de la boue » dont ceux encore vivants furent invités à Florence.

J.D. 31 août 2021

hauteur de l'inondation du 4 novembre 1966 en Toscane et cours de l'Arno
hauteur de l'inondation du 4 novembre 1966 en Toscane et cours de l'Arno

hauteur de l'inondation du 4 novembre 1966 en Toscane et cours de l'Arno

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