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1 juillet 2020 3 01 /07 /juillet /2020 10:44

Les Gracques N°646

 

Des voyageurs venus à Aix-les-Bains (Savoie) dans les siècles passés, comme J.B. Cabias en 1623, Samuel Guichenon en 1660 ou Albanis Beaumont en 1802, firent état d’un tombeau en pierre retrouvé à Aix dans la zone de Lafin, proche du lac et portant l’inscription : « Opimius Consul ». Voir fiche N°199 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/10/opimius-consul-et-ponce-pilate-n-199.html.

Ce consul se chargea de l’élimination des frères Gracchus (appelés « Les Gracques »).

Tibérius Sempronius Gracchus et son frère Caius Sempronius Gracchus étaient les fils d’un Tibérius Sempronius Gracchus qui avait été sénateur en -177 et en -163. Leur mère Cornélia Africana était la fille de Scipion dit l’Africain pour avoir vaincu Hannibal à la bataille de Zama en -202. Ils avaient une sœur (Sempronia) qui fut mariée avec Scipion Émilien dit le second Africain.

Tibérius et Caius furent tous deux tribuns de la Plèbe.

Au début du cinquième siècle avant notre ère, à Rome, le peuple s’était soulevé contre les patriciens (nobles) qui cumulaient pouvoir et richesse. Le peuple avait obtenu la création de 2 tribuns inviolables, chargés de défendre les intérêts du peuple devant le Sénat, les Consuls…

Les deux premiers tribuns furent élus par le peuple réuni en assemblée en -493. Le nombre de tribuns passa à 5 en -470 puis à 10 en -457. Lorsque l’empire remplaça la République en -27, il y eut toujours des tribuns de la Plèbe mais ils furent nommés par le Sénat sur proposition de l’empereur.

Les frères Gracchus firent voter une loi pour prendre de la terre aux riches et la donner aux pauvres. Mais dans les possesseurs, il y avait tous les Sénateurs ! Ce fut une lutte à mort contre les Gracques qui furent assassinés l’un (Caius en -121) après l’autre (Tibérius en-133).

Cette histoire fut racontée par le menu par un auteur savoyard : César de Saint Réal qui publia en 1674 : « la conjuration des Gracques ». Voici un extrait du texte de César de Saint Réal :

« C’était un ancien usage parmi les Romains, lorsqu’ils avaient vaincu quelques peuples voisins, de leur ôter une partie de leurs terres, dont une moitié se vendait pour indemniser la République des frais de la guerre, et l’autre moitié se réunissait au domaine public, et se donnait sous une très petite redevance annuelle, aux pauvres citoyens qui n’avaient point de biens ni d’héritage….

L’avarice des riches ne laissa pas régner longtemps cette coutume sans chercher à lui donner atteinte ; et l’avidité de posséder plus de biens fit que, prétextant le bien public et le profit du domaine, ils haussèrent les censes et les redevances, et les haussèrent si fort et si excessivement, que les pauvres ne pouvaient faire la condition aussi bonne….Les riches ne pouvant contenir leur avarice trouvèrent le secret de se servir de personnes empruntées, pour prendre sous leurs noms toutes les terres à rente ; et cette adresse ne pouvait pas manquer de réussir, puisqu’ils prenaient soin de gagner les commissaires par des présents, ou par des services ; et ainsi leurs personnes supposées étaient toujours préférées aux autres…

...les généraux romains avaient grand tort, lorsqu’ils animaient les soldats à combattre, de leur représenter qu’ils combattaient pour la conservation de leurs dieux domestiques et de la sépulture de leurs ancêtres, puisque pas un d’eux n’avait ni maisons, ni dieux domestiques, et qu’ils étaient dans l’ignorance totale du lieu qui couvrait les cendres de leurs pères. On vous appelle, ajouta-t-il les maîtres de la terre. Quels maîtres ! Qui n’en possèdent pas un pouce dont ils puissent disposer un moment, et dont il leur soit permis de se faire une hutte ! Et cela tandis que tant d’autres, sans fatigue et sans travail, jouissent, contre toute sorte de lois, d’une quantité prodigieuse de biens et d’héritages que la seule avarice et leur avidité leur ont procurés ! »...

« Rien cependant ne prouva mieux l’injustice de ceux qui avaient excité le dernier désordre, que les sentiments de vengeance qu’ils firent paraître après la mort même du tribun (il s’agit de Tibérius Gracchus) ; car , outre qu’ils firent jeter son corps dans la rivière (Le Tibre), avec tous les autres qui avaient été tués..., ils firent mourir, sans procédure, plusieurs de ses amis, parmi lesquels fut Diophanes le rhétoricien, et un Caius Billius qu’ils enfermèrent cruellement dans un tonneau avec des serpents et des vipères…. ».

Comme quoi, il n’y a rien de nouveau sous le soleil !

On trouvera en illustration une sculpture représentant Cornélia avec ses 2 fils (Tibérius et Caius), œuvre du sculpteur Jules Cavelier (1814/1894) conservée au musée d’Orsay, emprunt au net.

J.D. 1er juillet 2020

 

Cornélia et ses deux fils

Cornélia et ses deux fils

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