Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 16:44

Gallipoli N°596

 

 

 

Il ne faut pas confondre la ville italienne de Gallipoli et la ville turque du même nom.

 

La Gallipoli turque : Cette ville qui a aujourd'hui dans les 33.500 habitants est située sur la rive nord du détroit des Dardanelles qui fait communiquer la mer de Marmara avec la mer Égée c'est-à-dire avec la Méditerranée et plus globalement la mer Noire à la Méditerranée via le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Les Grecs l'avaient appelée « Kallipolis » (la belle ville). Les Ottomans s'en emparèrent en 1354 et l'appelèrent Galibolu.

Lorsque la première guerre mondiale éclata, la zone appartenait encore à l'empire Ottoman et celui-ci s'était allié avec l'empire Allemand et l'empire d'Autriche-Hongrie.

*Les États-majors anglais et français décidèrent en 1915 d'un débarquement à Gallipoli pour prendre l'ennemi à revers et pour faciliter les liaisons avec la Russie via la mer Noire. L'idée était peut-être bonne mais l'application fut désastreuse. Les Turcs avaient miné le détroit et leur artillerie disposée sur les 2 berges des Dardanelles fit un carnage. Une tentative de débarquement se solda par un échec et les États-majors mirent fin à l'expédition début janvier 1916 après de lourdes pertes en bâtiments et surtout en vies humaines. Y perdirent la vie : 34.000 Britanniques, 10.000 Français, 9.000 Australiens, 3.000 Néo-Zélandais, sans compter 8000 disparus, 125.000 blessés et ceux qui moururent de typhoïde ou de dysenterie ! Quel bilan !

Pour les Turcs ce fut une grande victoire qu'ils célèbrent encore chaque année le 25 avril. Un jeune capitaine s'y distingua particulièrement ; son nom : Mustapha Kemal.

*En 1366, l'empire byzantin était menacé au sud par l'empire Ottoman, au nord par les Bulgares. Jean V Paléologue (1332/1391) régnait alors comme empereur. Par sa mère Anne de Savoie il était le petit-fils du comte de Savoie Amédée V. En Savoie régnait le comte Amédée VI dit le comte Verd (que j'écris avec un « d » selon l’orthographe en usage au temps du comte) qui était lui aussi un petit-fils d'Amédée V. Ils étaient donc cousins par alliance. Il monta une expédition et vola au secours de Byzance (Constantinople). Plus efficace ou plus chanceux que les États-majors franco-anglais de 1915, il s'empara de Gallipoli ; à Turin devant la mairie figure une grande sculpture qui représente le comte Verd terrassant 2 Turcs. Voir illustration sur fiche N°66 http://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-de-la-maison-de-savoie-59295182.html. Entre-temps Jean V Paléologue avait été fait prisonnier par les Bulgares. Amédée VI passa en Bulgarie et parvint à faire libérer Jean V qui put reprendre son trône à Byzance. Voici le récit de cette expédition fait par Marie-José dernière reine d'Italie (inhumée à l'abbaye d'Hautecombe en Savoie en 2001) dans son histoire de la Maison de Savoie tome I chapitre IX (éditions Albin Michel 1956) :

« Sur-le-champ, Amédée jure de délivrer son cousin, et d'assiéger Gallipoli, important port stratégique sur le détroit des Dardanelles, qui domine l'entrée de la mer de Marmara, et où les Turcs entassaient le butin pris aux chrétiens.

Le 22 août, Amédée VI s'élança à l'assaut de la ville. Durant toute la journée, les croisés du Comte Vert se battirent héroïquement, essayant avec leurs échelles d'escalader les hautes murailles de la citadelle. Plusieurs de ses preux chevaliers moururent à la tâche, parmi lesquels Roland de Vaissy, Simon de Saint-Amour, Gérard Maréchal et Jean d'Yverdon. Dans la nuit, les Turcs, craignant une attaque plus forte des Savoyards, quittèrent la ville. Le lendemain, le comte Vert entrait librement dans Gallipoli, établissait une garnison dans la citadelle et y faisait hisser l'étendard à la croix blanche…. Sans s'attarder, Amédée VI partit délivrer son cousin, dirigeant maintenant contre les Bulgares les forces destinées à arrêter l'invasion turque... » A la suite de ce texte, Marie-José publia un poème de l'abbé Delbène d'Hautecombe, contemporain et ami de Ronsard, à la gloire d'Amédée VI. Sur cette Marie-José voir la note N°204 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/11/marie-jose-la-reine-de-mai-n-204.html.

On peut signaler au passage que les souverains de la dynastie Savoie participèrent à toutes les actions de défense de la chrétienté : les comtes de Savoie furent quasiment de toutes les croisades ; Amédée V libéra l'île de Rhodes assiégée par les musulmans (et FERT devint la devise de la Savoie, il s'agit des 4 premières lettres d'une phrase latine qui signifie : « son courage a sauvé Rhodes »), Amédée VI guerroya en Turquie, voir ci-dessus ; le duc de Savoie Amédée VIII créa depuis Thonon (au château de Ripaille) l'ordre de Saint Maurice le 16 octobre 1434, que le pape Grégoire XIII fusionna le 16 septembre 1572 avec l'ordre de Saint Lazare (l'ordre de Saint Maurice et Lazare existe toujours); en 1571, le duc de Savoie Emmanuel-Philibert envoya 4 galères aux armes de la Savoie participer à la bataille de Lépante où la flotte chrétienne détruisit la flotte musulmane ; le duc de Savoie Amédée VIII devint même pape sous le nom de Félix V (voir fiche N°285 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/05/felix-V-le-pape-aux-3.000-bulles-n-285.html). La croix blanche dans les armoiries de la Savoie fut d'abord celle des Hospitaliers chevaliers de Saint Jean de Jérusalem; sans oublier le prince Eugène de Savoie (1663/1736) qui, à la tête des armées impériales, fila des triquées aux armées musulmanes dans tout l'est de l'Europe. Les souverains de Savoie financèrent la construction d'églises, d'Ordres religieux… Dans ce contexte, l'article 1 du « Code Civil pour les États de S.M. le roi de Sardaigne » (dont l'édition française fut imprimée à Chambéry en 1838 à l'imprimerie Puthod place Saint Léger) est ainsi libellé : « La religion catholique, apostolique et romaine est la seule religion de l'état ».

Difficile de s'intéresser à l'histoire de la Maison de Savoie sans prendre en compte les liens de cette dynastie avec la chrétienté.

 

La Gallipoli italienne : Cette ville qui a aujourd'hui dans les 20.500 habitants est située dans la région des Pouilles, dans le talon de la botte italienne, sur la côte du golfe de Tarente, à 39 kms au sud-ouest de Lecce. Elle doit aussi son nom aux Grecs et avec la même signification que la ville turque. Elle comprend 2 parties, l'ancienne ville sur une île et la nouvelle ville sur le continent, les deux sont reliées par un pont.

Selon la légende, la ville aurait été fondée par Idoménée roi de Crète, personnage de la guerre de Troie (voir fiche N° ...3 http://jean.delisle.over-blog.com/article-guerre-de-troie-partie-1-55734368.html) petit-fils de Minos, lui même fils de Zeus et d'Europe (fille d'Agénor roi de Phénicie), ce qui fait du fondateur (légendaire) de la Gallipoli italienne l'arrière petit-fils de Zeus et d'Europe ! Belle carte de visite !

La cité s'allia avec Pyrrhus en -265 contre les Romains : mauvais choix ! Conquise par les Romains, elle suivit le sort de Rome, puis, avec la chute de l'empire romain d'Occident, fut conquise successivement par les Vandales (en 460), les Ostrogoths (en 542), les Byzantins, les musulmans (de 915 à 945), à nouveau les Byzantins, les Normands, Charles 1er d'Anjou (en 1268) , la principauté de Tarente (en 1309), les Vénitiens (en 1484), le royaume de Naples (en 1734), celui des Deux-Siciles, …. puis l'Italie.

La ville est très touristique avec de grandes plages de sable, un château du XVe siècle construit sur une base romaine puis byzantine, des palais, des musées, une fontaine réalisée en 1650 et appelée « hellénistique », des pressoirs à huile du temps des lampes à huile, la cathédrale consacrée à Sainte Agathe (Sant'Agata). Originaire de Catane en Sicile, Agathe fut martyrisée en 251 à l'âge de 20 ans. Parmi les tortures qu'elle subit, elle eut les seins arrachés. Elle est souvent représentée tenant un plateau portant 2 seins.

En illustration, une vue de la vieille ville de Gallipoli, (on distingue le pont à droite) emprunt au net.

J.D. 5 décembre 2019

 

Gallipoli N°596
Partager cet article
Repost0

commentaires