Réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France en 1860 (1)
Voici l'en-tête du traité du 24 mars 1860entre l'empereur Napoléon III et le roi Victor Emmanuel II. Comme vous pouvez le constater, ce traité concerne la réunion, et non l'annexion, le rattachement ou la cession de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France. Chacun sait que ce qui est appelé « Savoie » avant 1860 représente la Savoie et la Haute-Savoie d'aujourd'hui. Dans les documents de l'époque la Savoie est d'ailleurs encore souvent appelée « le Duché de Savoie », même si les ducs de Savoie sont devenus rois dès 1713. Nice et sa région avaient été annexés à la maison de Savoie, par Amédée VII dit le comte Rouge, en 1388, avait reçu le titre de comté de Nice en 1526. Monaco était devenue indépendante en 1489. Le titre de comté a officiellement disparu en 1860, mais n'était plus utilisé à Turin, de fait, depuis le début du XIXe siècle. Nous allons donc parler de la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France.
Plan de l'exposé
I)les causes des événements
II)les événements eux-mêmes
III)leurs conséquences
et si il reste du temps : causes lointaines et pour terminer hommage particulier à Garibaldi
I)Les causes
Tout le monde connait les célèbres panneaux de la SNCF : « attention danger, un train peut en cacher un autre ». Cet avis me paraît particulièrement convenir aux événements qui ont amené la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France.
Voici une carte d'Italie au début des années 1850. Elle nous montre :
1- que la Savoie et Nice appartenaient au royaume de Sardaigne. Ce royaume avait sa capitale à Turin et était en fait plus le royaume du Piémont, mais son nom officiel était royaume de Sardaigne.
2- que l'Italie était divisée en 10 états distincts, avec chacun son souverain, sa législation, sa monnaie et même sa langue puisqu'à l'époque en Italie on parlait le vénitien, le lombard, le toscan, le sarde, le sicilien, le calabrais etc. l'Italie étant plus réduite que la France en superficie, à la même échelle, imaginez la France divisée entre 15 états!
Voici la liste de ces 10 états : le royaume de Sardaigne, le royaume lombard-vénitien, le royaume de Naples et de Sicile, les états de l'Eglise, le duché de Parme, le duché de Modène, le grand duché de Toscane, le duché de Massa, le duché de Lucques et Saint Marin.
3- que l'Eglise, le Vatican possédait encore un important territoire qui était administré par un cardinal-légat représentant le Pape et qui se comportait comme un souverain vis-à-vis de ce territoire.
4- enfin que la partie la plus peuplée et la plus riche d'Italie, la Lombardie et la Vénétie qui constituaient le royaume lombard-vénitien, avaient été annexées par
l'Autriche, la première fois en 1714. Cette région représentait le tiers de la population italienne.
Cette situation résultait des décisions du congrès réuni à Vienne à partir de novembre 1814, en rappelant que la première abdication de Napoléon 1er est du 6 avril 1814 et la bataille de Waterloo
du 18 juin 1815. Avec ce congrès, les vainqueurs (principalement l'Autriche, la Russie, la Prusse et bien sûr l'Angleterre) voulaient :
*se répartir les dépouilles de l'empire napoléonien,
*ramener autant que faire se peut l'Europe à l'état où elle était avant la révolution française
*arrêter la diffusion en Europe des idées de la révolution et des philosophes.
L'acte final du congrès de Vienne prévoyait qu'aucune modification territoriale ne pouvait plus intervenir en Europe sans l'accord des puissances signataires au congrès de Vienne. Une autre clause stipulait qu'aucun membre de la famille Bonaparte ne pouvait plus remettre les pieds sur le territoire français. (C'est Louis Philippe qui autorisa le retour des Bonaparte en France le 27 septembre 1847). Voici une caricature de l'époque représentant les souverains se partageant l'empire de Napoléon, et une carte de l'Europe après le congrès de Vienne . Cette carte montre que l'Autriche s'était taillée la part du lion. Elle avait été représentée au Congrès de vienne par Metternich, excellent diplomate qui a dû dépasser tous les autres de plusieurs coudées. Non seulement l'Autriche s'était agrandie mais avait placé ses pions en Italie comme Marie-Louise, ex- épouse de Napoléon, fille de l'empereur d'Autriche et qui avait hérité du duché de Parme. A titre de parenthèses, Parme est vraiment une très belle ville qui mérite un détour et qui possède un musée « Maria-Louisa » avec de nombreux souvenirs non seulement de Marie-Louise mais aussi de Napoléon et du roi de Rome.
Cela consacra pour près d'un demi siècle l'existence d'une Europe des têtes couronnées et d'une Europe chrétienne, et figée aux décisions du congrès de Vienne. Cette situation reçue le nom de « Concert européen ». Cela s'était fait au détriment des peuples, des nationalités, de la démocratie et de la France.
Depuis la chute de Rome en 476, il n'y avait plus d'unité italienne. Il y avait eu des splendeurs en Italie : la République de Venise, celle de Gênes, la Toscane des Médicis, le royaume de Naples etc, mais pas d'unité. Il avait existé un empire germanique appelé « Saint Empire Romain Germanique » fondé le 2 février 962 et qui prit fin en août 1806 par la volonté de Napoléon 1er. Ces empereurs germaniques s'auto-proclamaient aussi « rois d'Italie ». Mais cela n'avait aucune réalité pratique. Voici par exemple une carte montrant le morcellement de l'Italie du XIe au XIIIe siècles
Par contre Bonaparte/Napoléon 1er avait réorganisé complètement l'Italie en la divisant en 3 parties principales :
*une partie importante allant jusqu'au sud de Rome directement annexée par la France, avec cependant une enclave : le duché de Lucques (Lucca) donné à Elisa une des soeurs de Napoléon.
*le royaume de Naples confié à Murat marié à Caroline Bonaparte, une des soeurs de Napoléon (il avait le sens de la famille!)
*et enfin, il avait créé une république cisalpine le 27 juin 1797, qui s'était transformée en république italienne le 26 janvier 1802 puis en royaume d'Italie le 17 mars 1805, dont voici la carte. Napoléon s'était fait couronner roi d'Italie le 28 mai 1805 (après avoir été sacré empereur des français le 2 décembre 1804). Il prit son beau-fils Eugène de Beauharnais comme vice-roi d'Italie.
Pour la petite histoire, Napoléon fut sacré roi d'Italie avec la couronne de fer des rois lombards. Voici cette couronne. Comme vous pouvez le voir elle n'a rien d'une couronne en fer. Cette appellation lui vient d'une mauvaise traduction en français. Elle aurait du être appelée « couronne du fer ». Au quatrième siècle, Hélène, la mère de l'empereur Constantin prétendit avoir retrouvé la croix du Christ et au siècle suivant, l'empereur byzantin Théodoric fit don d'un clou de la crucifixion à un roi lombard, et ce clou fut intégré dans la couronne. Cette couronne servit pour le couronnement de 9 rois lombards du cinquième au huitième siècle, dont pour le couronnement de Charlemagne comme roi des Lombards le 5 juin 774 (après avoir été couronné roi des Francs en 768 et avant de devenir empereur d'Occident à Rome que le 25 décembre 800), et pour le couronnement de 9 empereurs du St Empire Romain Germanique dont Charles Quint le 24 février 1530 à Bologne . Cette couronne fut donc sur la tête de Charlemagne, de Charles Quint et pour rester dans les Charles, sur la tête du fils de Charles Bonaparte. Cette couronne est conservée dans le trésor de la cathédrale de Monza à une quinzaine de kms au nord de Milan.
L'existence de ce royaume d'Italie donna des idées d'unification à de nombreux italiens et entraina la formation de mouvements la plupart occultes comme les Carbonari ou comme le mouvement « jeune Italie » fondé par le patriote Mazzini. Plusieurs révoltes populaires pour renverser les têtes couronnées en place furent vite matées. Pour la petite histoire, en 1831, un certain Charles Louis Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III), âgé de 23 ans et qui avait adhéré aux carbonari, prend part à un soulèvement en Romagne (région autour de Ravenne). Son frère aîné est décédé en Romagne durant ces événements. Devant l'échec de plusieurs mouvements, les patriotes italiens arrivèrent à la conclusion que l'unité italienne ne pouvait se réaliser qu'à partir d'un royaume existant et placèrent leurs espoirs dans le royaume de Sardaigne, bien qu'un certain nombre comme Garibaldi ou Mazzini auraient préféré un régime républicain. Le 4 mars 1848; le roi Charles-Albert avait publié le « Statut fondamental » qui transformait la royauté de type absolu en royauté parlementaire. Le royaume du Piémont fut à l'époque en avance sur les autres royaumes d'Italie ce qui explique aussi le ralliement des progressistes. Parmi les patriotes célèbres figura le compositeur Guiseppe Verdi. Comme le montre cet ancien dessin,les Italiens utilisèrent le nom de Verdi pour écrire partout sur les murs Viva Verdi, ce qui signifiait pour eux : Viva Vittorio Emmanuelle Re D'Italia.
La révolution de février 1848 en France qui mit fin à la royauté et la démission de Metternich à Vienne suite à des révoltes populaires en Autriche, encouragea des soulèvements en Italie :
Le 17 mars 1848, les habitants de Venise chassèrent les soldats autrichiens et proclamèrent le 22 mars la « République de Saint Marc ». La ville fut reprise par les Autrichiens le 24 août 1849.
Le 18 mars 1848, les habitants de Milan se révoltèrent contre l'occupation et parvinrent à chasser les soldats autrichiens de la ville le 22 mars.
A Turin c'était Charles-Albert qui était roi de Sardaigne. Voici un beau portrait de Charles-Albert. Lorsqu'il eut connaissance des révoltes contre l'Autriche, il pénétra en Lombardie avec son armée qui fut accueillie triomphalement à Milan le 25 mars 1848. Voici un tableau de l'époque montrant l'entrée triomphale de l'armée piémontaise en Lombardie.
Mais les Autrichiens ne l'entendaient pas de cette oreille et mobilisèrent d'importantes troupes. Il y eut 2 batailles en 1848, dont la bataille de Custozza (près de Verone) le 25 juillet 1848 qui fut un désastre pour l'armée de Charles-Albert. L'armée autrichienne était commandée par le vieux Maréchal Radetzky qui avait combattu Napoléon 1er et qui avait alors 82 ans. C'est pour ce maréchal autrichien que Johann Strauss père composa la fameuse « marche de Radetzky », et qu'en 1932 Joseph Roth écrivit son roman « la marche de Radetzky » qui devint un téléfilm.
Il y eut une trêve puis les combats reprirent en 1849 avec une bataille le 23 mars 1849 à Novare (à une cinquantaine de kms à l'ouest de Milan). 40.000 piémontais affrontèrent 60.000 autrichiens qui disposaient en outre de 120 canons. Les pauvres Pîémontais furent démontés, complètement. Le lendemain le roi Charles-Albert abdiquait en faveur de son fils qui devint roi de Sardaigne sous le nom de Victor Emmanuel II.
Le nouveau roi dût commencer par négocier avec les Autrichiens qui imposèrent la loi du vainqueur. Il dût aussi faire face à un soulèvement de la population de la Ligurie (région autour de
Gênes). La république de Gênes avait été proclamée en 1099 et avait pris fin avec l'invasion des troupes françaises en 1797. Le congrès de Vienne attribua la Ligurie au royaume de Sardaigne
contre l'avis des populations. Les habitants pensèrent profiter de la défaite des Piémontais pour retrouver leur indépendance et se soulevèrent contre le royaume de Sardaigne. V.E. II qualifia
les Gênois « de vile et infecte race de canailles » ! Avec la bénédiction des Autrichiens, Victor Emmanuel II envoya des troupes, de l'artillerie et organisa contre les rebelles de
Gênes la même répression que les Autrichiens organisèrent contre les rebelles de Venise ou de Milan. Comme quoi dans notre petite espèce humaine il est difficile de faire le tri entre « le
bon, la brute et le truand ».
Le 4 novembre 1852, Victor-Emmanuel II appelait Camillo Benzo comte de Cavour à la présidence du conseil du royaume de Sardaigne. Ce Cavour était un patriote italien convaincu, un royaliste, mais aussi un anti-clérical. Voici une représentation de Victor Emmanuel II et de Cavour, et une autre représentation de Victor Emmanuel II.
V.E. II comme Cavour se rendirent compte que l'armée piémontaise seule ne parviendrait jamais à vaincre l'empire d'Autriche. Ils se cherchèrent un allié. Pour des raisons autant géographiques que politiques, un seul allié était possible : la France. La cour de Turin commença par envoyer dans les bras de Napoléon III une très belle comtesse italienne : Virginia di Castiglione. Voici une représentation de Napoléon III et voici le portrait de la Comtessede Castiglione. Cavour profita d'un congrès tenu à Paris début 1856 (pour régler la fin de la guerre de Crimée), pour amener la Castiglione à Paris où elle arriva le 5 janvier 1856. Le personnel diplomatique de Turin en poste à Paris se chargea de la mettre en rapport avec Napoléon III et une « collaboration horizontale » de la comtesse avec l'empereur prépara une collaboration diplomatique et militaire de la France avec le royaume de Sardaigne.
Début 1858, il y eut à Paris un attentat contre Napoléon et Eugénie un soir qu'ils se rendaient à l'opéra. Les conjurés furent arrêtés, leur chef était un Italien nommé Orsini. La cour, Napoléon en tête, en profitèrent pour accuser le royaume de Sardaigne d'avoir armé les assassins. Pour toutes les cours européennes, le torchon brûlait entre Napoléon et Victor-Emmanuel. Mais pendant le même temps, Napoléon III envoyait un homme de confiance à Turin, son propre médecin, un nommé Louis Conneau (cela ne s'invente pas!). Ce Conneau rencontrait Cavour et lui faisait connaître les dates de séjour de l'Empereur à Plombières. Cavour vint rencontrer secrètement Napoléon III à Plombières-les-Bains (dans les Vosges, à une vingtaine de kms au sud d'Epinal) les 20 et 21 juillet 1858. Il en résultat un accord sur une aide de la France pour chasser les Autrichiens de l'Italie contre la réunion de la Savoie et de Nice à la France. L'idée n'était pas nouvelle . Elle avait germé la première fois sous Henri IV mais son assassinat par Ravaillac en 1610, avait mis fin au projet. Puis en 1735, un ministre de Louis XV (Germain Louis Chauvelin) avait lui aussi envisagé un tel accord.
Cette rencontre secrète fut suivie d'un traité d'alliance en bonne due forme en date du 10 décembre 1858. La rencontre de Plombières ne fut révélée au public qu'en 1883, c'est-à-dire bien après la mort de Napoléon III (1873) et de Cavour (1861). Quant au contenu de cette rencontre, il ne fut révélé qu'en 1928, lors du dépouillement des archives personnelles de Cavour. Le traité d'alliance de décembre 1858 fut donc une surprise pour toutes las capitales européennes.
Napoléon III soutenait le « concert européen » en ce qui concerne la défense des têtes couronnées et le caractère chrétien de l'Europe. Par contre, toute sa politique de 1848 à 1870 eut pour objectif de remettre en cause l'aspect territorial du congrès de Vienne. Cela explique probablement son engagement aux côtés du royaume de Sardaigne. Son ancienne appartenance aux carbonari pesa peut-être aussi dans la décision.
La cour à Turin multiplia alors les provocations contre l'Autriche qui déclara la guerre au royaume de Sardaigne le 29 avril 1859. La France de son côté déclara la guerre à l'Autriche le 3 mai 1859. L'Autriche envoya d'importantes troupes avec consignes de conquérir tout le Piémont avant l'arrivée des troupes françaises. Mais la résistance pièmontaise d'une part et l'arrivée rapide des troupes françaises par un débarquement à Gênes et par le col du Mont Cenis empêchèrent la conquête du Piémont par les Autrichiens. Les troupes avaient pu prendre le train jusqu'à St Jean de Maurienne, franchir le Mont Cenis à pied et reprendre le train de l'autre côté à Suse. Ce fut probablement une des premières utilisations du chemin de fer à des fins militaires. Napoléon III et Mac Mahon étaient arrivés par Gênes le 14 mai. Voici un dessin montrant l'entrée des troupes françaises à Turin en mai 1859, ainsi qu'une carte des opérations militaires.
Pendant plus d'un mois, il y eut de nombreuses bataillesdont voici les principales :
le 20 mai 1859 à Montebello,
le 26 mai à Varèse
le 27 mai à San Fermo,
les 30 et 31 mai à Palestro,
le 3 juin à Turbigo
le 4 juin à Magenta
le 8 juin à Marignan
le 15 juin à Treponti
le 24 juin à Solferino et San Martino ( ce fut un même front juste au sud du lac de Garde)
Ces combats mirent aux prises 350.000 soldats, plus 30.000 cavaliers et 1200 canons.
Les batailles commencèrent en Piémont mais eurent lieu pour l'essentiel en Lombardie. Elles se déplacèrent vers l'est au fur et à mesure que les Autrichiens reculaient. Ce fut un vrai carnage, rien qu'à la bataille de Solférino, il y eut 17.000 tués côté français et 22.000 côté autrichien, sans compter 36.000 blessés. A la bataille de Magenta, les Autrichiens eurent 10.000 tués etc. C'est à la suite de la bataille de Solférino que le Suisse Henri Dunant créa la Croix Rouge pour secourir les blessés sur les champs de bataille. Voici plusieurs tableaux de l'époque montrant les batailles de Palestro, San Martino, Magenta et Napoléon visitant les blessés à Solférino. Voici également une plaquette de timbres éditée par la poste française en novembre 2009, au profit de la croix-rouge et sur laquelle la bataille de Solférino figure en illustration. Pour la petite histoire, les troupes piémontaises à San Martino étaient commandées par le général Mollard d'Albens en Savoie
Napoléon III et V.E. II étaient entrés triomphalement à Milan le 8 juin.
Le 11 juillet, sans consulter ses alliés, Napoléon III rencontrait l'empereur autrichien François Joseph à Villafranca (près de Verone) et signait avec lui un armistice. Les Italiens qui voulaient continuer contre les Autrichiens étaient furieux. Les Piémontais, là, ne furent pas démontés, mais complètement … remontés contre Napoléon III. Dès le lendemain de l'entrevue de Villafranca, Cavour démissionnait avec fracas. Napoléon III qui n'avait pas tenu sa promesse de libérer toute l'Italie du Nord renonçait à la Savoie et à Nice.
Le 10 novembre 1859 un traité était signé à Zurich entre la France et l'Autriche, qui permettait au royaume de Sardaigne de récupérer la Lombardie.
Plus fort avec la Lombardie, le royaume de Sardaigne poursuivait la conquête de l'Italiequi fut terminée en une dizaine d'années comme le montre cette carte. Rome fut le dernier territoire annexé au nouveau royaume car Napoléon III défendait les Etats du Pape et des troupes françaises protégèrent Rome jusqu'à la chute de Napoléon III. La conquête fut facilitée par le soulèvement des populations qui chassèrent le Grand-Duc de Toscane, l 'Archiduchesse de Parme, le Duc de Modène et le Cardinal-Légat de Bologne, ainsi que par l'expédition dans le sud de l'Italie de Garibaldi et de ses chemises rouges.
Mais dès le 18 février 1861, un parlement italien était réuni à Turin et le 17 mars de la même année, V.E. II était proclamé roi d'Italie « par la grâce de Dieu et la volonté de la nation ». Cavour que l'on peut considérer comme le principal artisan de l'unité italienne, n'eut guère le temps de profiter du résultat de sa politique car il décéda le 6 juin 1861, à l'âge de 50 ans. La capitale de l'Italie passa de Turin à Florence en 1866 puis à Rome en 1871. Le toscan devint la langue italienne, la lire, créée au moyen-âge, comme monnaie par la république de Gênes devint la monnaie nationale italienne, tandis que le drapeau vert blanc rouge qui avait été créé le 7 janvier 1797 pour la république cispadine, devint le drapeau national italien. Mais ce n'est que le 12 octobre 1946 que « Fratelli d'Italia » chant créé en 1847 par 2 Gênois devint l'hymne national italien en remplacement de « Marcia Reale » qui était l'hymne du royaume d'Italie.
II) La réunion à la France
Le 16 janvier 1860, Cavour était revenu au pouvoir et le 12 mars 1860 était signé à Turin une nouvelle convention sur la réunion de la Savoie et de Nice à la France, en échange de la reconnaissance par la France du rattachement de l'Italie centrale au royaume de Sardaigne. Puis, un traité Franco Sarde du 24 mars 1860 confirmait la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France. Voici les principales dispositions de ce traité:
*Le roi de Sardaigne consent à la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, les populations seront consultées. On note que c'est seulement une partie de l'ancien comté de Nice qui fut réunie à la France en 1860. Cette cartemontre qu'il fallut attendre 1947 pour la réunion complète de l'ancien comté.
*le roi de Sardaigne renonce pour lui et ses descendants à tous ses droits et titres sur les territoires concernés et ce au profit de l'empereur Napoléon III.
*participation de la France à la dette publique de la Sardaigne pour des contrats passés ou des travaux entrepris. Contrairement aux sentiments des Savoyards, le royaume de Sardaigne avait investi massivement en Savoie entre 1815 et 1860 : endiguement de l'Isère, endiguement de l'Arve, création du réseau ferroviaire jusqu'à St Jean de Maurienne et raccordement au réseau français par le pont de Culoz franchissant le Rhône, création de plusieurs ponts dont le Pont de la Caille, construction du palais de justice de Chambéry, reconstruction de l'abbaye d'Hautecombe, création de la liaison Aix-Lyon par bateaux à vapeur, réaménagement de l'ancienne voie romaine franchissant la montagne de l'Epine, une première extension aux thermes d'Aix inaugurée ne 1834 et une seconde en cours en 1860, mise en chantier du tunnel ferroviaire du Fréjus en cours en 1860 ...
*garanties assurées aux fonctionnaires en poste
*les habitants de Savoie et de l'arrondissement de Nice conservent la faculté durant un an de transporter leur domicile en Italie en conservant la nationalité sarde. Ils peuvent conserver leurs immeubles en France.
Ce traité court-circuita un vote prévu le 25 mars pour l'élection des députés savoyards au parlement de Turin. L'élection prévue de 18 députés eut quand même lieu. Furent élus 16 partisans de la réunion à la France, un haut-savoyard partisan de la réunion à la Suisse et un député qui n'avait pas fait connaître son choix. 15 des 18 élus firent immédiatement connaître qu'ils n'iraient pas siéger à Turin.
Dans le royaume sarde, seuls participaient aux élections les citoyens qui justifiaient d'un minimum de fortune (suffrage censitaire). En France le suffrage universel avait été institué par un décret du 5 mars 1848. Pour autant que l'on puisse appeler « universel » un système qui exclut la moitié du corps électoral (les femmes). Pour la consultation d'avril 1860, la participation aux élections fut étendue à tous les citoyens, mais pas encore aux citoyennes! En 1860, le droit sarde était encore plus en retard que le droit français sur l'égalité hommes/femmes. Aussi les femmes furent très favorables à la réunion à la France. Des comités féminins pour la réunion à la France s'étaient constitués dans plusieurs villes de Savoie. A Entremont-le-Vieux en Chartreuse, des femmes organisèrent même un vote féminin qui donna 450 oui sur 450 votantes. Ce vote ne fut bien sûr pas pris en compte dans les résultats officiels, mais l'impératrice Eugénie fut tenue au courant de cette consultation.
Comme il n'existait pas de fichiers électoraux de l'ensemble des citoyens, les autorités se servirent des fichiers paroissiaux.
Figurèrent sur les listes électorales les citoyens de sexe masculin d'au moins 21 ans, ayant au minimum 6 mois de résidence dans leur commune, et jouissant de leurs droits civils. Le suffrage universel fit passer le nombre d'électeurs en Savoie de 20.000 environ à 135.000 (non compris les militaires)
Il y eut 2 votes séparés, un pour les civils, un pour les militaires
Voici le résultat de la consultation :
A Nice, vote le dimanche 15 avril 1860 et le lundi 16. Vote civil: inscrits : 30706, votants : 25933, pour : 25.743, contre 160, 30 nuls
vote militaire: 1912 votants 1648 pour et 194 contre
En Savoie vote les 22/23 avril 1860 : vote civil: inscrits : 135449, votants : 130.839, pour 130.533, contre 235, nuls 71,
vote militaire: votants :6349, pour 6033, contre 282, nuls 34.
et voici le résultat électoral que tout le monde attendait ce soir, celui de St Jean d'Arvey : 262 votants, 1 non et 261 oui.
Voici la représentation d'un bulletin de vote « OUI »
Les historiens aujourd'hui pensent généralement devant ces résultats qu'il y eut du « bourrage d'urnes » Au XIXe siècle on savait déjà faire! Ainsi le 21 avril 1860, un journal piémontais (Le Campanile) affirmait qu'à Nice même, il y eut 6800 votes oui pour 4300 votants!.
Il faut se rappeler par exemple qu'en février/mars 1860, 99 communes du Chablais et du Faucigny (correspondant grosso modo aux arrondissements de Thonon et de Bonneville) avaient demandé leur rattachement à la Suisse et qu'en décembre 1859 s'était constitué en Savoie un comité patriotique « antiannexionniste ». Dans le Chablais et le Faucigny, une pétition rassemblant 13 651 signatures demandait le rattachement à la Suisse. Il faut dire que Genève occupée à partir de 1798 par les troupes françaises était devenue capitale du département du Léman dont le Chablais et le Faucigny faisaient partie. Ce département du Léman qui avait reçu le N° 99 parmi les départements français comprenait les arrondissements de Genève, Thonon, et Bonneville. 35.000 protestants avaient été « noyés » parmi 171.000 catholiques. Mais en 1860 le problème était différent, c'est une partie de la Haute-Savoie qui aurait été « noyée » dans l'ensemble suisse à majorité germaphone et surtout protestante. On comprend que le clergé haut-savoyard a dû faire du zèle.
Il y eut donc probablement plus d'opposants que ne le laissait penser le résultat officiel. Si le bourrage permit d'améliorer les résultats il semble cependant qu'une majorité de citoyens voulait la réunion à la France. Voici par exemple ce qu'écrivit Léon Brunier député de la Maurienne en 1848 :
« ce qui constitue principalement la nationalité d'un peuple, c'est la langue, la position géographique; ce sont les relations de commerce et d'intérêt, les alliances de famille, les souvenirs historiques, enfin les rapports de tous les jours. Or tout cela nous l'avons en commun avec la France et nullement avec l'Italie. Nous ne parlons que la langue française, nous ne connaissons pas d'autre littérature que la littérature française; nous ne lisons que les journaux français; notre éducation se fait avec les classiques français ; sous le rapport intellectuel nous ne pouvons recevoir nos inspirations que de la France ». Nous avons un autre témoignage analogue qui date de 1858, dans une correspondance d'Hermione Quinet (épouse d'Edgar Quinet écrivain et historien). Voici ce qu'elle écrivait : « Pendant notre séjour à Amphion nous pressentions déjà l'annexion...On y étudiait que l'Histoire de France, la littérature française; tous les journaux étaient en français. Le moindre fait arrivé de France y était aussitôt connu, tandis qu'on ignorait complètement ce qui se passait à Turin. Le lien avec le Piémont n'avait aucune raison d'être... La partie la plus éclairée de la Savoie eût désiré l'annexion à la Suisse, mais l'intérêt du terroir et le catholicisme la poussait dans les bras de la France; »
En 1848, un député de la Tarentaise (Jean-Antoine Jacquemoud) écrivait quant à lui :
« Ah! Cette soeur qui nous est chère. De tous nos voeux nous l'appelons. Nos coeurs vont où va notre Isère, et le penchant de nos vallons. ».
Tout était dit.
Il faut en outre rappeler :
*que le 21 octobre 1792, après l'invasion de la Savoie par les troupes révolutionnaires, les délégués des 658 communes de Savoie se réunirent dans la cathédrale de Chambéry et 583 d'entre-eux (88,6%) se prononcèrent pour la réunion à la France. Cela fut suivi, en 1796, d'un traité par lequel, le royaume de Sardaigne cédait formellement la Savoie au Directoire.
*que 24.000 savoyards furent soldats dans la « grande armée », que 800 furent officiers et que 23 atteignirent le grade de général. Malgré les pertes, les Savoyards comme beaucoup de Français gardaient de cette période où la France domina l'Europe, un souvenir nostalgique. En 1857, Napoléon III avait créé la médaille de « Ste Hélène » qui avait été distribuée aux « vieux de la vieille », les anciens de la grande armée. Les Savoyards décorés de Ste Hélène furent utilisés en 1860, pour prêcher la réunion à la France
*Qu'il fallait 40 heures à une diligence pour aller de Chambéry à Turin dans la première moitié du XIXe siècle, et encore à condition que la route ne soit pas bloquée par la neige! Le tunnel du Fréjus permettant la liaison ferrée entre la Savoie et Turin ne fut inaugurée que le 17 septembre 1871, alors que le pont ferroviaire de Culoz permettant la liaison avec la France avait été mis en service le 2 septembre 1858.
*Que la Savoie avait été occupée à plusieurs reprises par les troupes françaises ce qui fut le cas
-de 1536 à 1559 sous François 1er et c'est un édit de François 1er en date du 6 janvier 1539 qui imposa l'usage du français en Savoie et que cela facilita probablement grandement la réunion de 1860.
-en 1600/1601 sous Henri IV,
-en 1630/1631 sous Louis XIII
-de 1690 à 1696 et de 1703 à 1713 sous Louis XIV
*Que durant la période d'annexion (1792/1815), la Savoie et Nice avaient été relativement prospères en participant à un marché comprenant la France et ses annexions dont Genève et une partie de l'Italie. Le retour au royaume de Sardaigne vit aussi le retour des frontières avec la France et avec la Suisse, le rétablissement des douanes et des droits sur le transit des marchandises ce qui fut un handicap pour les affaires. En 1848, le député Léon Brunier rédigea un mémoire de 16 pages récapitulant tous les effets négatifs, pour l'économie savoyarde, du rétablissement des frontières avec la France et la Suisse. Le retour au droit et à l'organisation sardes fut également vécu comme une régression par la population. Même le système décimal fut aboli fin 1814 et ne fut rétabli que 31 ans plus tard. Voici le récit d'un voyageur lors de son passage à la frontière des Echelles le 3 juillet 1824.
*Le comté de Nice avait également été occupé par la France de 1691 à 1697 et de 1707 à 1713.
Il convient pour comprendre le résultat d'ajouter plusieurs considérations :
*de nombreux savoyards vivaient en France, dont 50.000 pour la seule ville de Paris (à la même époque, Chambéry avait 19.000 habitants), cela créait des liens. Ces savoyards expatriés militaient de leur côté. Ainsi le 19 mars 1848, le gouvernement provisoire à Paris, représenté par Lamartine, Ministre des Affaires étrangères, recevait une délégation de Savoyards de Paris demandant la réunion de la Savoie à la France.
*Une bonne partie de l'élite savoyarde, dont beaucoup d'anciens de la grande armée, quitta la Savoie pour la France au moment du retour au royaume sarde en 1815, ce qui fut un handicap supplémentaire pour la Savoie.
*En 1848, pour financer la guerre contre l'Autriche, le gouvernement sarde avait lancé un « emprunt forcé » qui avait été très mal ressenti par les Savoyards, et renforça leur sentiment qu'ils fournissaient plus au royaume de Sardaigne qu'ils n'en recevaient. Ils supportaient également mal la présence des carabiniers piémontais.
Voici une caricature de l'époque montrant une vache tarine préférant aller pâturer en France qu'en Italie. (sur cette caricature, c'est le roi Charles-Albert qui essaie de retenir la vache savoyarde)
*Ce furent les autorités françaises et non sardes qui organisèrent la consultation.
*La cour de Turin avait la réputation d'être anti-cléricale. Cavour avait fait voter des lois abolissant tous les privilèges de l'Eglise, entraînant l'expulsion des Jésuites et la saisie des biens de certaines congrégations (les contemplatives). Cavour affirmait par ailleurs haut et fort vouloir récupérer les Etats du Pape en Italie . Le clergé vit donc d'un bon oeil la réunion à l'empire très chrétien de Napoléon III. Le dimanche, les bureaux de vote ouvrirent à 8 heures. Dans beaucoup de paroisses les curés avancèrent l'heure de la messe à 7 heures et c'est un peu partout qu'au sortir de la messe, les paroissiens se rendirent en cortège dans les bureaux de vote, fanfares et drapeaux français en tête.
*Par accord secret avec Cavour, Napoléon III avait obtenu que les troupes de retour d'Italie puissent stationner en Savoie et à Nice pendant la consultation sur la réunion à la France.
*Le 1er avril 1860 le roi Victor Emmanuel avait proclamé officiellement qu'il libérait les Savoyards et les Niçois de leur serment de fidélité envers sa dynastie.
*Le 7 avril 1860 les autorités françaises avaient fait savoir qu'elles s'engageaient à laisser une zone franche autour de Genève et à maintenir la cour d'appel à Chambéry (c'est l'ancien Sénat de Savoie qui était devenu Cour d'Appel suite à un édit du 4 mars 1848). Cela rallia probablement un certain nombre d'opposants.
*Une délégation savoyarde avait été reçue à Paris par l'empereur et l'impératrice le 21 mars. Cette délégation demandait que l'unité de la Savoie soit conservée. Voici une illustration de cette rencontre
A la suite de cette consultation, il y eut successivement :
Une ratification par le Parlement de Turin le 29 mai 1860, où il y eut 229 pour et seulement 33 contre. La cour de Turin avait bien abandonné la Savoie et Nice. Voici une caricature de l'époque (parue dans le Charivari, un journal turinois) où l'on voit l'Italie répondre « j'ai bien autre chose à faire pour le moment »
Une ratification par le Sénat de l'empire le 12 juin 1860 avec 126 oui sur 126 votants.
La prise de possession officielle par les Autorités françaises le 14 juin 1860 à midi.Voici une illustration montrant la signature au château de Chambéry du procès-verbal de remise de la Savoie le 14 juin 1860. C'est donc cette date du 14 juin 1860 qu'il convient de retenir comme date réelle de réunion de la Savoie et de Nice à la France. Nice fut rattaché au département des Alpes maritimes et la Savoie divisée en 2 départements. Voici une carte de la Savoie en 1848. Comme le montre cette carte, la Savoie était divisée en 7 arrondissements et c'est une partie de l'actuel arrondissement d'Albertville qui s'appelait « Haute-Savoie », tandis que l'arrondissement de Chambéry s'appelait la Savoie d'où souvent son appellation, à l'époque de « Savoie propre » à l'intérieur de la grande Savoie.. A la tête de chaque arrondissement, il y avait un intendant nommé par Turin; les intendants nommaient les syndics chargés d'administrer les communes. Le tout était chapeauté par un gouverneur représentant le Roi, qui résidait au château de Chambéry et qui était assisté d'un intendant général. Voici la France accueillant ses nouveaux enfants (caricature)
Fin août début septembre 1860, l'empereur et l'impératrice vinrent faire un voyage officiel dans les nouveaux territoires réunis à la France. L'accueil des populations fut partout très enthousiaste. Pour la petite histoire, lors de son passage à Thonon, Napoléon III signa un décret faisant remise de toutes les amendes prononcées à l'encontre des habitants de la Savoie, de la Haute-Savoie et des Alpes-Maritimes par le gouvernement sarde et non encore acquittées. Voici une illustration d'époque montrant Napoléon III et Victor Emmanuel II sous « l'Italie reconnaissante ». D'autres furent plus critiques, telle cette caricature montrant Napoléon III enlevant la Savoie et Nice à l'Italie.
Si le royaume de Sardaigne avait fait son deuil de la Savoie et de Nice, le résultat de la consultation entraîna quelques dépits comme le montre cet article publié le 22 juin 1860 dans « l'indépendant » (journal du val d'Aoste) : « Il nous a été bien pénible de voir la joie manifestée par la Savoie, le jour de son entrée définitive dans la famille française. Nos frères d'outre-monts, unis à nous par une affection huit fois séculaire, se sont séparés de leurs cadets, sans verser une larme, sans pousser un soupir... La résignation dans les Savoisiens ne nous aurait pas étonnés; ils ont été vendus, il fallait obéir. Mais se détacher du Piémont avec tant de joie, embrasser la France avec tant de bonheur ; voilà ce qui impressionne bien péniblement ». Le Val d'Aoste représentait 85.000 francophones. Le français était devenu la langue officielle du Val d'Aoste suite à un édit du 22 septembre 1561 du duc de Savoie Emmanuel Philibert. Avec les 5 à 600.000 habitants de la Savoie, le Val d'Aoste constituaient un nombre important de francophones dans le royaume de Sardaigne, et le français était une des 2 langues officielles du royaume de Sardaigne. Sans la Savoie, les 85.000 valdotains furent noyés parmi 20 millions d'italiens et dès le 10 août 1860, un décret imposa en Val d'Aoste, l'italien comme langue d'enseignement dans les écoles. Dans le Piémont à l'époque on parlait le Pïémontais lui-même divisé en plusieurs dialectes dont le principal était le « turinois », langue plus proche de l'italien que du français
Les modifications territoriales qui découlèrent des événements de 1859/1860 furent contraire au traité de Vienne de 1815. Malgré cela les autres puissances européennes n'intervinrent pas, probablement pour les raisons suivantes :
*La guerre de Crimée en 1854/1855 avait divisé les alliés de 1815,
*Les négociations entre Napoléon III et Cavour restèrent à l'époque secrètes. Voici un récapitulatif chronologique des événements. Il montre qu'entre la première entrevue à Plombières et la réunion à la France tout fut réglé en moins de 2 ans. La rapidité d'exécution de l'opération en assura aussi probablement le succès.
*C'est l'Autriche qui prit l'initiative de déclarer la guerre,
*Truquée ou pas, l'adhésion massive des populations, pour la réunion à la France, en Savoie et à Nice et pour l'unité italienne de l'autre côté des Alpes, légitima l'opération.
*Si la France seule contre toute l'Europe avait été vaincue en 1815, les idées de la révolution continuaient de faire leur chemin spécialement en ce qui concerne le droit des peuples. C'est ainsi qu'au début de la guerre entre l'Autriche et les troupes franco-sardes, en Angleterre, lord Palmerston (1er ministre de 1855 à 1858 et de 1859 à 1865) déclara : « Si les conséquences de l'agression autrichienne étaient qu'elle se verrait forcée à se retirer jusqu'au nord des Alpes et à rendre l'Italie aux Italiens, tout bon esprit éprouvera le sentiment que parfois, le mal engendre le bien, et nous allons nous féliciter du résultat ».
Cette déclaration de Palmerston est révélatrice : c'est Cavour et son compère Napoléon III qui furent à l'origine des choses, mais ils manigancèrent si bien que l'idée s'imposa jusque dans la tête d'un premier ministre anglais que c'était l'empire autrichien l'agresseur! Ce sentiment était probablement partagé par beaucoup d'européens. Joli coup.
Pour la petite histoire, ce même Palmerston déclara à propos de Napoléon III : »La tête de Napoléon III ressemble à une garenne, les idées s'y reproduisent continuellement comme les lapins ».
III) Les conséquences
Il y eut à tout ceci 3 conséquences principales :
L'unité de l'Italie : très bien
La réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France : très bien
Mais aussi et c'est quelques fois oublié : l'affaiblissement de l'Autriche parce qu'elle avait perdu beaucoup de soldats, de chevaux, de canons dans les batailles, et parce qu'en cédant la Lombardie, elle perdait une zone peuplée c'est-à-dire une zone de recrutement de soldats (un recensement de 1857 donnait 245.000 habitants à la seule ville de Milan, ce qui pour l'époque était beaucoup).
Le congrès de Vienne en 1815 avait laissé 2 puissances principales dans l'espace germanique : l'Autriche au sud, la Prusse au nord.
Tout le monde connait ce proverbe africain : « il ne peut pas y avoir plusieurs crocodiles dans le même marigot ». Or dans le marigot germanique, il y avait 2 crocodiles, c'était un de trop. Pendant que la France et l'Autriche s'affrontaient en Italie, au dessus, le crocodile prussien se léchait les babines, attendant l'heure du festin.
Le 24 septembre 1862, Guillaume 1er nommait le célèbre Bismarck comme président du conseil prussien
Le 16 juin 1866, la Prusse déclarait la guerre à l'Autriche. L'Italie s'alliait à la Prusse.
L'armée Autrichienne fut complètement défaite à Sadowa, ville située dans l'actuelle république tchèque, le 3 juillet 1866. 206.000 soldats autrichiens affrontèrent 221.000 prussiens qui en outre
avaient plus de canons. Les Autrichiens eurent 13.660 tués, 8.440 blessés, 22.000 prisonniers et perdirent en outre 6000 chevaux et 116 canons. Un traité fut signé à Prague le 23 août 1866. La
Prusse avait écrasé l'Autriche sur le champ de bataille, elle l'écrasa dans la négociation. L'Autriche dut céder plusieurs territoires à la Prusse, accorder l'autonomie à la Hongrie et céder la
Vénétie au nouveau royaume d'Italie. Le démantèlement de l'Autriche assurait l'hégémonie de la Prusse sur l'espace germanique.
Si vous connaissez le proverbe africain sur les crocodiles et les marigots, vous connaissez aussi la fable de La Fontaine : « Le chat, la belette et le petit lapin ». une belette et un lapin se disputent un terrier, le chat les met d'accord en les croquant tous les deux. Et bien c'est ce qui s'est passé. Le Raminagrobis prussien après avoir plumé l'aigle autrichien en guise de hors-d'oeuvre, se choisit du coq au vin comme plat de résistance. Du coq gaulois bien entendu, mijoté au vin français, toujours bien entendu. En outre, la firme Krupp avait mis au point un nouveau type de canons beaucoup plus performants que les canons français, il fallait bien les essayer! Ce fut la guerre de 1870. Entre les opérations en Italie en 1859, l'expédition au Mexique de 1861 à 1867, et la guerre de Crimée en 1854/1855 (où l'armée farnçaise avait perdu 95.000 soldats en grande partie à cause du choléra et du typhus), la France avait subit d'importantes pertes et avait surtout pris du retard dans la politique d'armements, car ces guerres au loin avaient coûté très chères. Et voici le résultat :
2 septembre 1870 : capitulation de Sedan, 86.000 soldats se rendirent aux Prussiens
4 septembre 1870 : abdication de Napoléon III
27 octobre 1870 : capitulation de Bazaine à Metz : 173.000 soldats se rendent aux Prussiens qui s'emparent en outre de 1700 pièces d'artillerie. Voici un dessin de l'époque montrant la charge de la cavalerie à Gravelotte.Où ça tombait comme à Gravelotte!
18 janvier 1871 proclamation de l'Empire allemand à Versailles dans la galerie des glaces. Le roi de Prusse devient empereur (Kaiser en allemand). Pauvre Louis XIV, il a dû s'en retourner dans son tombeau à la basilique St Denis.
28 janvier 1871 : capitulation de Paris. Napoléon 1er avait été ramené de Sainte Hélène et transféré aux Invalides le 15 décembre 1840, lui aussi a dû se retourner dans son tombeau.
10 mai 1871 : traité de Francfort, la France cède l'Alsace et la Lorraine au nouvel empire germanique qui s'assure en même temps l'hégémonie sur l'Europe continentale.
Revenons à notre case départ. Lorsqu'à Plombières-les-Bains en 1858, Napoléon III promet son aide à Cavour pour taper sur les Autrichiens, il n'avait pas compris qu'un ennemi pouvait en cacher un autre et que l'ennemi autrichien cachait le prussien autrement plus dangereux. A Napoléon III, cela lui a coûté sa couronne. Si Napoléon III avait une femme « d'Eugénie », lui en a manqué sérieusement de génie sur ce coup! Il n'aurait pas dû laisser l'Autriche seule face à la Prusse en 1866. La Prusse pouvait vaincre l'Autriche d'abord, la France ensuite mais pas les 2 ensemble.
On pourrait s'arrêter là, mais aussi poursuivre un peu au jeu des événements qui s'enchaînent. Au début du XXe siècle, beaucoup d'Etats-Majors en Europe souhaitaient la guerre.
*Les Prussiens en faisant la guerre à l'Autriche s'étaient agrandis et idem en faisant la guerre à la France. Dieu que la guerre était belle!,
*L'Autriche humiliée par la France d'abord, par la Prusse ensuite avait besoin de se refaire une santé,
*La Russie poussait ses pions depuis la Grande Catherine c'est-à-dire depuis un siècle dans les Balkans (région de l'Europe comprise entre l'Adriatique et la mer Noire et qui comprend l'Albanie, la Grèce, la Bulgarie ainsi qu'une partie de la Roumanie, de la Turquie et de l'ex Yougoslavie, dont la Serbie). La Russie avait été stoppée net dans ses grandes manoeuvres par la guerre de Crimée qui l'opposa à la France, à l'Angleterre à l'empire Ottoman, ainsi qu'au royaume de Sardaigne qui avait rejoint la coalition. Cette guerre se déroula de mars 1854 à octobre 1855. C'est à cette occasion qu'eurent lieu les batailles de l'Alma avec ses zouaves, de Malakoff, de Sébastopol etc. Napoléon III avait suivi l'Angleterre, cela avait été pour lui l'occasion de diviser les alliés de 1815.
*En France il y avait aussi un parti de la guerre, parmi les politiques qui voulaient récupérer l'Alsace et la Lorraine et aussi surtout parmi les militaires. Ils avaient été humiliés 3 fois : avec l'affaire Dreyfus, avec la guerre de 1870 et avec l'expédition au Mexique commencée en 1861 et dont ils étaient revenus en 1867, comme les chiens, la tête basse et je ne dis pas le reste, et ce malgré la bravoure restée légendaire de 60 légionnaires face à 2.000 soldats mexicains le 30 avril 1863 à Camerone.
Aussi, lorsque le 28 juin 1914, un anarchiste serbe assassine à Sarajevo (en Bosnie) l'archiduc d'Autriche François Ferdinand et son épouse, après la gesticulation diplomatique d'usage, l'Autriche déclare la guerre à la Serbie, qui paraissait une proie à sa portée, le 28 juillet 1914, la Russie à l'Autriche le 29 juillet, l'Empire germanique à la Russie le 1er août puis à la France le 3 août... et ce fut la boucherie que l'on sait. Le Tsar de Russie comme Napoléon III ne comprit pas qu'un ennemi pouvait en cacher un autre, il déclara la guerre à l'Autriche mais dut la faire à la Prusse et cela lui coûta non seulement son trône mais la vie ainsi qu'à toute sa famille.
Pour beaucoup d'historiens, les conditions imposées à l'Allemagne après la première guerre mondiale amenèrent la seconde. En 1919, Henri Barbusse, (écrivain et journaliste) déclarait : « dans 20 ans il y aura une nouvelle guerre qui finira de ruiner le vieux monde en hommes et en argent »!
On ira pas jusqu'à prétendre que l'expédition de Napoléon III en Italie en 1859 est responsable de la seconde guerre mondiale, mais en matière d'histoire, rien n'est sans cause, rien n'est gratuit et tout se paie et hélas souvent au prix fort;
Les causes plus lointaines
Revenons maintenant, si l'on veut, en arrière pour comprendre le cheminement des choses.
En l'an 443, les Romains avaient laissé les Burgondes s'installer dans l'est de la France. Ce sont ces Burgondes qui ont donné son nom à la Bourgogne. Malgré la chute de Rome et la fin de l'empire romain d'occident en 476, les Burgondes prospérèrent, devinrent royaume de Bourgogne et n'eurent de cesse d'agrandir leur territoire. Voici le royaume de Bourgogne auVIe siècle. Mais à côté les Francs prospéraient aussi et en vertu du principe des crocodiles et des marigots, ils se firent la guerre. Les Burgondes furent vaincus. Un peu plus tard, Charlemagne en reconstituant un empire les mit d'accord. Voici l'empire de Charlemagne. Mais après Charlemagne, ses petits-fils se partagèrent son empire et les différentes parties se firent la guerre. C'est toujours ainsi. Après la mort d'Alexandre le Grand en 323 avant notre ère, ses généraux se partagèrent son empire et immédiatement se firent la guerre jusqu'à ce que les Romains les mettent tous d'accord. La Bourgogne se trouva divisée en 2 parties : une Bourgogne franque et une germanique. La Savoie fit partie de la Bourgogne germanique. Et c'est à Conrad empereur du St Empire romain germanique qu'Humbert aux blanches mains, premier comte de Savoie doit son titre de Comte en 1034. C'est à Sigismond autre empereur germanique que les comtes de Savoie doivent d'être devenus ducs en 1416.
Après la chute de l 'empire romain, lentement mais sûrement se constituèrent en Europe des Etats-Nations, l'Espagne au sud, l'Angleterre au nord, l'empire germanique à l'est et la France au milieu. Chacun cherchant à agrandir son territoire, et la France se trouvant au centre du dispositif, les zones frontières de la France devinrent l'un des champs habituel de batailles de l'Europe. Regardez par exemple sur Internet l'histoire de Dunkerque. Cette ville fut anglaise, espagnole, autrichienne, hollandaise, française etc Elle changea même plusieurs fois de nationalité la même année Ce fut par exemple Louis XIV qui imposa l'usage du français à Dunkerque en mai 1665.
Durant 6 siècles, de Philippe Auguste à Napoléon 1er, il y eut une succession de coalitions de l'Europe habituellement contre la France avec par exemple 3 coalitions sous Louis XIV, 7 coalitions de 1792 à 1815, sans oublier au début du XVIe siècle une coalition suscitée par le pape Jules II contre la France de Louis XII,etc.
En même temps, l'Italie toujours divisée fut considérée par les autres puissances européennes comme un bien vacant et sans maître et devint aussi un des lieux de batailles privilégié de l'Europe. La Savoie se trouvait à la fois zone frontière et voie d'accès vers l'Italie, en outre vassale de l'empire germanique, elle fut constamment envahie et occupée, que ce soit par les Espagnols de 1743 à 1749 ou par les troupes françaises; celles de Charles VIII, de Louis XII, de François 1er, d'Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV, de Louis XV, de la révolution, de Napoléon. C'est à cause de ces invasions incessantes que la maison de Savoie transféra sa capitale de Chambéry à Turin en 1562. Ce transfert de l'autre côté des Alpes portait probablement en germes les événements qui eurent lieu 3 siècles plus tard.
La maison de Savoie compta 19 comtes dont le dernier devint duc, 15 ducs dont le dernier devint roi de Sicile en décembre 1713, puis changea son titre en roi de Sardaigne en septembre 1714, et le huitième et dernier roi de Sardaigne devint roi d'Italie comme nous l'avons vu en 1861. L'histoire de la Savoie fut liée à celle de la maison de Savoie pendant près de 8 siècles et celle du comté de Nice pendant 5 siècles et en ayant connu durant ces 5 siècles quasiment la même histoire (invasions, occupations..;) que la Savoie. C'est lorsqu'ils devinrent rois d'Italie que les souverains de Savoie perdirent la Savoie berceau de leur dynastie. Cela montre encore que l'histoire de la réunion de la Savoie et de Nice à la France est indissociable de l'histoire de l'unité italienne;
La réunion à la France en même temps que l'unité de l'Italie amenèrent la tranquillité en Savoie. Pour résumer sur les rapports entre la Savoie et la France, il y eut des occupations, la plus longue sous François 1er dura 23 ans, une annexion par la révolution française qui dura également 23 ans et enfin la réunion à la France depuis le 14 juin 1860.
Qui aujourd'hui contesterait l'unité de l'Italie et la réunion de la Savoie et de Nice à la France? et quel Français pourrait imaginer maintenant la France sans le Mont Blanc, sans les lacs savoyards, sans les centrales hydro-électriques sans les stations de ski, sans les stations thermales, sans les fromages savoyards et sans la partie la plus célèbre de la Côte d'Azur ?
Hommage à Garibaldi
Pour terminer, je voudrais rendre un hommage particulier à Guiseppe Garibaldi qui fut non seulement un grand patriote italien mais aussi un ami de la France, ce que beaucoup de Français ignorent. En 1870, Garibaldi recruta des volontaires et vint combattre les Prussiens aux côtés des Français. Voici un dessin montrant des volontaires garibaldiens. Les troupes de Garibaldi passèrent à Chambéry. Après l'abdication de Napoléon III, la République avait été proclamée et un appel aux volontaires lancé. Des volontaires savoyards se joignirent aux troupes de Garibaldi et tous rejoignirent l'armée des Vosges car Léon Gambetta (alors Ministre de la guerre dans le gouvernement provisoire) en avait confié le commandement à Garibaldi et les 25 et 26 septembre 1870, parmi ses faits d'armes, il libéra Dijon occupé par les Prussiens. En 1970 la poste italienne édita un timbre commémoratif représentant Garibaldi à Dijon. Lors des élections législatives du 8 février 1871, Garibaldi qui n'était pas candidat, fut élu député à Paris, à Nice, à Alger et dans la Côte d'Or. Mais il refusa ces mandats et retourna en Italie. En 1914, son fils Ricciotti créa la légion garibaldienne pour combattre les Allemands avec les Français. Parmi 6 petits-fils de Garibaldi qui combattirent dans cette légion, 2 sont morts pour la France à la bataille d'Argonne en 1915. Heureusement, à Chambéry, il y a une rue Garibaldi.
Voici un beau portrait de Garibaldi.
Nota : la plupart des documents présentés proviennent d'études et
documents publiés par la Sté Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie.
J.D. Octobre 2009, dernière mise à jour : 31 juillet 2010..
Ce texte a fait l'objet d'une conférence à Saint Jean d'Arvey Savoie le 26 mars 2010 et à Bessans Savoie le 5 août 2010
Liste des annexes
1- en-tête du traité du 24 mars 1860 dit traité de Turin
2- carte de l'Italie dans les années 1850
3- liste des Etats de l'Italie dans les années 1850
4- caricature des souverains européens se partageant l'empire de Napoléon 1er
5- carte de l'Europe après le congrès de Vienne en 1815
6- carte de l'Italie du XIe au XIIIe siècles
7- carte du royaume d'Italie créé par Napoléon en 1805
8- couronne de fer des rois lombards
9- partisans italiens écrivant « VIVA VERDI »
10- portrait de Charles-Albert
11- tableau de l'entrée des troupes sardes en Lombardie en 1848
12- portraits de Victor-Emmanuel II et de Cavour
13- Victor-Emmanuel II à cheval
14- Napoléon III à cheval
15- portrait de la comtesse Virginia di Castiglione
16- entrée des troupes françaises à Turin en mai 1859
17- liste des principales batailles de la campagne d'Italie en 1859
18- carte des opérations militaires en 1859
19 à 21 – tableaux des batailles de Palestro, San Martino et Magenta
22- Napoléon III visitant les blessés à Solférino
23- plaquette de timbres avec la bataille de Solférino
24- carte de l'unité italienne
25- principales dispositions du traité de Turin
26- carte du rattachement de l'ancien Comté de Nice à la France
27- résultats de la consultation des populations
28- résultats pour St Jean d'Arvey
29- bulletin de vote « OUI »
30- relation d'un passage à la douane des Echelles le 3.7.1824
31- caricature d'une vache tarine préférant brouter en France
32- tableau d'une délégation savoyarde reçue par Napoléon III
33- caricature montrant l'Italie se désintéressant de la Savoie
34- signature au Château de Chambéry du procès-verbal de remise
35- carte de la Savoie en 1848
36- caricature montrant la France accueillant ses nouveaux enfants
37- dessin montrant Napoléon III et Victor Emmanuel II sous l'Italie reconnaissante
38- caricature montrant Napoléon III enlevant la Savoie et Nice
39- rappel chronologique des événements
40- charge de la cavalerie à Gravelotte
41- carte du royaume de Bourgogne au VIe siècle
42- carte de l'empire carolingien
43- volontaires garibaldiens
44- portrait de Garibaldi
45- chant des Allobroges
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