Philosophes grecs et Occident N°719
(extraits d’articles glanés sur internet)
*Caton l’Ancien (-234/-149 ; censeur, sénateur.. .) :
C'est alors que Caton visite Athènes pour empêcher que les Athéniens n'écoutent les propositions du roi séleucide et qu'il adresse un discours en latin à la population de la capitale grecque. Caton avait probablement des notions de grec puisque, selon Plutarque, il étudia cette langue dans sa jeunesse à Tarente, où il noua une grande amitié avec le philosophe grec Néarque. Selon Aurélius Victor, il reçut des leçons de grec d'Ennius pendant sa préture en Sardaigne.
*Cicéron (-106/-43 ; sénateur, orateur…)
Orateur remarquable, il publie une abondante production considérée comme un modèle de l’expression latine classique, et dont une grande partie nous est parvenue. Il consacre sa période d’inactivité politique à la rédaction d’ouvrages sur la rhétorique et à l’adaptation en latin des théories philosophiques grecques. En partie perdus pendant le Moyen Âge, ses ouvrages connaissent un regain d’intérêt durant la renaissance carolingienne puis la renaissance italienne et l'époque classique. En revanche, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, il n'est considéré que comme un simple compilateur des philosophes grecs. Plus positivement Pierre Grimal considère qu'il a été un intermédiaire précieux qui nous a transmis une partie de la philosophie grecque.
*Virgile (-70/-19 ; poète latin) :
Il fait des études approfondies dans les domaines les plus divers, lettres, philosophie, droit, médecine, mathématiques, d’abord à Crémone, puis à Milan, ensuite à Rome, et enfin à Naples, ville de culture grecque où il suit les cours de professeurs de rhétorique et de philosophie grecque, notamment de maîtres prestigieux comme Siron et Philodème, l’un et l’autre de sensibilité épicurienne.
*Hadrien (76/138 ; empereur de 117 à138)
Durant ses études le jeune Hadrien fut passionné par la langue et la civilisation grecques au point qu’il fut surnommé « Graeculus » (petit Grec).
Devenu empereur, Hadrien n’abandonna pas pour autant sa passion pour le Grèce. Il effectua un séjour à Athènes en l’an 112 et fit reconstruire la bibliothèque de cette ville.
En 2017 pour les 1900 ans de son arrivée au pouvoir, le musée archéologique d’Athènes organisa une exposition sur le thème : « Hadrien et Athènes ». Voici un extrait d’article paru le 22 décembre 2017 sur le journal en ligne de « Connaissances des Arts » :
« Amoureux des Arts et des Lettres, ce César grec, surnommée graeculus (« le petit Grec ») dans le monde romain, s’efforça de restaurer la religion grecque comme il renforça l’étude de la philosophie et de la poésie helléniques ». L'amant d'Hadrien, Antinoüs était d'ailleurs Grec.
*Marc-Aurèle (121/180 ; empereur de 161 à 180)
Très attaché à la philosophie et, plus largement, à la culture, il a défini un traitement fixe pour les rhéteurs et les philosophes, et créé quatre chaires d’enseignement pour les grandes écoles philosophiques de l’époque : le Portique stoïcien, l’Académie platonicienne, le Lycée aristotélicien, et le Jardin épicurien.
*Boèce :
Boèce naît à Rome en 480. Il appartient à la gens Anicii, chrétienne depuis environ un siècle, et dont est issu l'empereur Olybrius. Son père, Flavius Manlius Boetius, est nommé consul en 487 et meurt peu après. Boèce est ensuite élevé par Quintus Aurelius Symmaque dont il épouse la fille, Rusticiana. Il passe son enfance à Rome pendant le règne d'Odoacre, et reçoit une bonne éducation, notamment en grec. Il devient un ami intime de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, et est nommé consul en 510. Ses travaux sont consacrés à traduire en latin les œuvres complètes d'Aristote avec commentaire, ainsi que celles de Platon, puis d'effectuer une « restauration de leurs idées en une unique harmonie ». Mais il n'a le temps d'effectuer qu'une petite partie de ce programme : il a traduit ainsi l’Organon d'Aristote accompagné de gloses grecques, ainsi que l’Isagogè de Porphyre de Tyr, une introduction à la logique aristotélicienne, rédigeant chaque fois un double commentaire sur le modèle de ceux des écoles d'Alexandrie et d'Athènes1,2. Boèce compose également de nombreuses œuvres de logique, notamment le traité De divisione (c.515-520), une Introductio ad syllogismos cathegoricos (523), un traité De topicis differentiis (523), un autre traité De hypotheticis syllogismis, et le commentaire in Topica Ciceronis soulignant les différences entre les topiques de Cicéron et ceux d'Aristote.
*L’école de Chartres :
L'École de Chartres ou École de la cathédrale de Chartres ou académie chartraine connaît sa renommée à partir du XIe siècle grâce à son fondateur Fulbert de Chartres. Elle atteint son apogée au XIIè siècle, sous l’impulsion de plusieurs philosophes et théologiens, auteurs d’études philosophiques savantes basées sur Platon menées principalement par Yves de Chartres, Bernard de Chartres, Gilbert de la Porrée, Thierry de Chartres, Guillaume de Conches, Jean de Salisbury (qui avait étudié à Chartres) et Bernard Sylvestre. Cette fameuse École de Chartres connaîtra son apogée un siècle plus tard, avec les philosophes Yves de Chartres, Gilbert de la Porrée, Guillaume de Conches, en rapprochant notamment la philosophie de Platon et la pensée chrétienne.
Aristote et Pythagore sont d’ailleurs représentés dans les sculptures du douzième siècle sur le porche royal (ouest) de la cathédrale de Chartres.
*Jacques de Venise :
Jacques de Venise (fl. deuxième quart du xiie siècle - mort après 1147) est un clerc et canoniste vénitien surtout connu pour ses traductions d'Aristote, dans l'important mouvement de traductions latines de l'époque. Sept siècles après Boèce, il est l'un des premiers à traduire les œuvres du « Philosophe » directement du grec au latin.
*Jean de Salisbury : (1115/1180), évêque de Chartres de 1176 à 1180
Il est un des hommes de son temps qui connurent le mieux l’Antiquité et l'ancienne culture classique gréco-romaine. Son principal ouvrage, très célèbre au Moyen Âge et un des premiers livres imprimés, est intitulé : « Policraticus, de Nugis curialium et vestigiis philosophorum » une sorte d’encyclopédie morale, en huit livres, où l’auteur, avec plus d’érudition que de grâce, oppose aux frivolités du monde et de la cour les solides enseignements de la philosophie.
*Albert le Grand (1200/1280) :
Homme de grande culture, il laisse une œuvre scientifique d’une grande ampleur, particulièrement brillante dans le domaine des sciences naturelles. Il répand également, comme Boèce et Jacques de Venise, des textes d'Aristote en Occident et laisse une somme de théologie servant de modèle à la Somme théologique de Thomas d’Aquin.
*Saint Thomas d’Aquin (1228/1274) :
Fit de nombreux commentaires sur l’œuvre d’Aristote.
*Léonardo Bruni (1370/1444)
Chancelier Florentin né à Arezzo. Traduisit : Aristote, Plutarque, Démosthène, Platon et Eschyle.
*Lorenzo Valla (1407/1457)
secrétaire pontifical, traduisit Hérodote et Thucydide
*Jacques Amyot (1519/1593)
évêque d’Auxerre, traduisit Plutarque, Héliodore et Diodore de Sicile
*Carlo Sigonio (1523/1584)
professeur à l’université de Bologne, traduisit Aristote.
*la Renaissance :
En fait, l'Antiquité était loin d'être inconnue au Moyen Âge: une partie de la culture antique était conservée dès le haut Moyen Âge grâce à Boèce, Isidore de Séville, Bède le Vénérable et, à l'époque carolingienne Paul Diacre et Alcuin… ; Platon était déjà connu à la cour de Charlemagne ; vers le milieu du IXe siècle, on connaissait, pour l'Antiquité grecque Aristote(la Logique), Platon (le Timée) ; l'essentiel des œuvres d'Aristote ainsi qu'un grand nombre d'œuvres d'autres auteurs grecs parmi lesquels Euclide, Ptolémée, Galien, Hippocrate, Jean Damascène étaient déjà traduites au XIIe siècle en latin, au cours de ce que l'on appelle la Renaissance du XIIe siècle.
Commentaires : les citations ci-dessus montrent que « l’Occident » avait connaissance de la philosophie grecque dès le temps de la Rome antique et que cela continua durant le Moyen Âge et ensuite. La fable selon laquelle ce furent les Arabes qui transmirent le savoir des Grecs à l’Occident à partir d’Averroès (né à Cordou en 1126) est donc un des plus grands canulars de l’Histoire. Pour plus d’informations voir : »Aristote au Mont Saint-Michel » de Sylvain Gouguenheim, éditions du Seuil mars 2008.
En illustration : statue de Saint Fulbert érigée près de la cathédrale de Chartres en 1997.
J.D. 13 janvier 2022