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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 09:08

 

 

Aujourd'hui, (samedi 30 mars 2013 à 8,30 heures du matin), où je suis (à Saint Jean d'Arvey en Savoie), il pleut à « pisse cochons » depuis la nuit de jeudi à vendredi et la neige est annoncée demain, jour de Pâques, à 600 mètres d'altitude, ce qui va probablement me concerner.

Ainsi on aura un temps d'hiver le jour où l'on passe en  horaire «  d'été » et alors qu'on est officiellement au printemps. De quoi en avoir un moral de fin d'automne !

J'ai le souvenir d'avoir lu à l'école (il y a dans les 60 ans) une lettre que Madame de Sévigné écrivait à Madame de Grignan où elle disait « il n'y a plus de saison » ! Comme quoi...

Mais rassurez-vous braves gens, le pingouin est venu nous dire qu'il savait où il allait et que tout allait bientôt aller mieux !

Alors que la veille :

*on annonçait la poursuite de la progression du chômage, que le pouvoir d'achat des Français avait diminué en 2012 pour la première fois depuis 1984 (mais qui c'est donc qui était Président en 1984?)

*que le député socialiste de Paris Pascal Cherki déclarait (je cite ce qui est paru sur le journal en ligne du Point) : « Quand on est président de la France, on est pas conseiller général de canton, on prend la mesure de la situation et on change de braquet. François Hollande n'a pas été élu pour conduire le peuple français sur le chemin sans fin de l'austérité et de la rigueur. Ce n'est pas cela le rêve français ».

*le même jour (toujours d'après le journal en ligne du Point) Montebourg disait au sombre Ayrault : « tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes, tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame des Landes ».

*toujours le 27 mars, Sarkozy qui était à Bruxelles pour remettre la légion d'honneur à un ministre belge, en profitait pour lancer des allusions perfides accompagnées d'éclats de rire complices du public belge

*la télévision russe (pro-russia T.V.) pour son émission hebdomadaire en langue française consacrait un long développement à la manifestation contre le projet de loi appelé « mariage pour tous » (Hollande qui ne s'est jamais marié a bonne mine de promouvoir le mariage pour tous!). Dans cette émission la présentatrice parle un moment du « gouvernement français incapable et devenu illégitime » (parce qu'ayant perdu la confiance de plus des 2/3 des Français).

Le dimanche d'avant (24 mars 2013)

*il y a eu la manifestation monstre contre le « mariage pour tous »

*il y a eu la charge inhabituelle par sa virulence du parti de gauche contre le gouvernement

*il y a eu la claque électorale du P.S. à une législative partielle dans l'Oise. Cinquième échec (sur 5) pour le P.S. aux législatives partielles depuis les élections générales de 2012.

 

L'intervention télévisée de Hollande avait été bien « préparée » !

J.D. 30 mars 2013

Mitterrand le 30 avril 1981. A l'arrière plan, Hollande et Royal. Déjà à l'affût?Photo publiée dans Le Point du 18 décembre 2014 page 235

Mitterrand le 30 avril 1981. A l'arrière plan, Hollande et Royal. Déjà à l'affût?Photo publiée dans Le Point du 18 décembre 2014 page 235

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 16:37

 

 

Dans les débuts de l'histoire de la Rome antique, après la guerre entre les Romains et les Sabins pour la possession des femmes (c'est le fameux « enlèvement des Sabines ») ; et selon la légende, le peuple sabin se divisa en plusieurs rameaux (Voir Theodor Mommsen, « Histoire romaine », livre premier, chapitre VIII).
L'un de ces rameaux suivit le taureau et s'installa dans les montagnes entre Rome et l'Adriatique (Massif des Abruzzes) ainsi que dans les plaines à l'est de ce massif et constitua le peuple des Samnites.

Un autre groupe suivit un oiseau, le pic, et fonda le peuple des Picentins dans l'actuelle région d'Ancône sur l'Adriatique ; un troisième groupe suivit le loup (hirpus) et devint les Hirpins dans le pays de Bénévent (au Nord-est de Naples) ; enfin une partie resta sabine tout simplement dans le Latium (région autour de Rome) où elle se trouvait avant la fondation de Rome. Cette dernière partie fut la première soumise et intégrée à Rome au terme de plusieurs guerres (Voir Tite-Live « histoire romaine » livres I à III).

Les Samnites conservèrent longtemps leur langue, leur croyances, leur organisation et durant plusieurs siècles, ce fut une lutte impitoyable entre la louve romaine et le taureau sabellique. Les Romains s'étaient battus pour les femmes, ils firent la guerre pour la terre. Symboliquement n'est-ce d'ailleurs pas un peu la même chose ? La terre féconde, la terre nourricière, etc.

L'organisation samnite était très décentralisée, celle de Rome, centralisée, disciplinée, autoritaire. Si le taureau est plus fort que le loup, les loups peuvent attaquer en meute !

La guerre commença en -343 et ne se termina vraiment que par l'extermination des Samnites sous Sylla dans les années -70 soit une guerre de presque 300 ans. Un historien (Mommsen, "histoire romaine", livre IV, chapitre IX) écrivit : « le dictateur (Sylla) avait déclaré que Rome n'aurait point de repos tant que subsisterait le peuple samnite et qu'il fallait que son nom fut désormais effacé de la terre... nous le voyons encore entreprendre en personne une campagne de dévastation.. . Et changer en désert un pays florissant et peuplé qui ne s'en relèvera jamais ». Les Samnites disparurent et Mommsen d'écrire : « On éprouve un sentiment de tristesse en parlant de ces peuples, dont le nom nous arrive comme le son des cloches d'une ville engloutie sous les flots » : belle image !

Voici quelles furent les principales étapes de cette guerre :

Après avoir suivi le taureau, les Samnites avaient fondé plusieurs cités qui avaient prospéré. Pour faire face à la croissance de leurs besoins, ils s'étaient étendus vers le sud, s 'emparant de presque toute la partie sud de l'Italie, menaçant de ce fait différents peuples et surtout les cités grecques qui s'étaient implantées sur le littoral de l'Italie du sud et spécialement sur le golfe de Tarente.

Pendant le même temps, les Romains qui faisaient face aux Samnites en Italie centrale s'étaient eux aussi développés, s'emparant d'abord du Latium, élargissant leur territoire au détriment de différents peuples puis se retournant contre les Etrusques au nord avec notamment la prise de la ville de Veies en -396. Ainsi, de fait, Romains et Samnites s'étaient livrés à de grandes manœuvres ; les Samnites contournant les Romains par le sud tandis que les Romains les contournaient par le nord. Chacun profitait de ses annexions pour accroître son territoire, ses ressources et enrôler de nouveaux soldats dans les cités annexées.

Les Romains avaient formé une ligue des cités latines, les Samnites une confédération des cités samnites.

La guerre qui éclata en -343 a été décrite par plusieurs auteurs (Tite-Live, Appien, Denys d'Halicarnasse) mais avec d'importantes contradictions. Il semble cependant que ce soit la louve qui ait attaqué le taureau. Les Samnites auraient laissé 40.000 hommes sur le terrain. Ils durent abandonner aux Romains la cité de Capoue qui figurait parmi les plus riches et les plus raffinées d'Italie. Après les mouvements d'expansion des Romains et des Samnites, quelques cités grecques (Naples, Pompéï, Herculanum...) avaient pu sauvegarder leur indépendance. En -327, les Romains voulurent s'emparer de ces villes. Les Samnites estimèrent qu'il y avait rupture de l'équilibre des forces et envoyèrent une armée au secours de ces cités. Mais les villes concernées trouvèrent plus sage de se ranger du côté du plus fort et aidèrent les Romains à battre ceux qui étaient venus les secourir. Sympa !

Forts de leur nouvelle victoire, les Romains portent la guerre dans le Samnium (pays des Samnites). Dans les défilés de Caudium, comme dans les meilleurs films d'Indiens, les Samnites obstruèrent la sortie et l'entrée du défilé et pilonnèrent les soldats romains du haut des falaises. Les Romains qui se rendirent furent contraints de défiler sous le joug. Ce fut le célèbre épisode des « fourches caudines ».

Trop crédules ou trop bons, les Samnites libérèrent leurs prisonniers. La louve romaine en profita aussitôt pour mobiliser de nouvelles troupes et repartir en guerre contre le taureau sabellique.

Plusieurs traités se succédèrent, très vite violés. En -310, les Etrusques se joignirent aux Samnites, mais vite vaincus, ils signèrent une paix séparée laissant le taureau seul face à la louve romaine. De guerre de vingt ans en guerre de dix ans, on parvient en -280, année du débarquement de Pyrrhus avec ses phalanges et des éléphants. Les Samnites furent en tête de la ligue anti-romaine. Une nouvelle fois, les Etrusques seront les premiers à signer une paix séparée avec les Romains. Et une nouvelle fois les Samnites seront vaincus.

On retrouve encore les Samnites aux côtés des Carthaginois et d'Hannibal contre Rome, avec la fin que l'on sait. Puis le taureau sabellique prendra encore la tête de la révolte des cités italiques contre Rome au moment de la guerre sociale dans les années -91 à -88. Toujours vaincus, les Samnites comme le taureau leur symbole finiront seuls dans l'arène de l'histoire, abandonnés de tous au terme d'une agonie de près de 3 siècles.

Ainsi, les Samnites auront combattu Rome avant les Carthaginois, avec les Carthaginois et bien après eux, mais si l'Histoire a retenu le nom de Carthage et celui d'Hannibal, qui se souvient aujourd'hui du nom des Samnites peuple valeureux et symbole premier de la lutte contre Rome ?

J.D. 29 mars 2013

 

 

La récapitulation des notes de ce blog, par thème, se trouve sur la fiche N° 76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

 

guerrier Samnite au musée du Louvre

guerrier Samnite au musée du Louvre

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 20:06

Josephine.jpg

 

Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie, plus connue sous le nom de Joséphine, naquit à la Martinique le 23 juin 1763. Elle se maria en France (à Noisy-le-Grand) le 13 décembre 1779 avec le vicomte Alexandre de Beauharnais qui était alors sous-lieutenant. Elle en eut 2 enfants nés à Paris : Eugène le 3 septembre 1781 et Hortense le 10 avril 1783. Joséphine retourna à la Martinique en 1788, mais revint à Paris en 1790, la révolution française avait gagné la Martinique.

En 1789, Alexandre de Beauharnais fut représentant de la noblesse aux Etats Généraux, puis élu à l'Assemblée Constituante dont il devint le président en 1791 après avoir rejoint le groupe des Jacobins.

Après la fin de l'Assemblée Constituante, le 1er octobre 1791, Alexandre réintégra l'armée. En 1793 il fut général de division à l'armée du Rhin. Il lui fut reproché la perte de Mayence en juillet 1793. Arrêté en janvier 1794, il fut emprisonné à la prison des Carmes. Condamné par le tribunal révolutionnaire, il fut guillotiné le 23 juillet 1794.

Joséphine de son côté fut emprisonnée à la même prison le 21 avril 1794 jusqu'au 6 août. En prison elle fit la connaissance de Thérésa Cabarrus (Madame Tallien), elle aussi emprisonnée. C'est pour éviter qu'elle soit guillotinée que son amant Tallien, jacobin proche de Danton et président de la Convention, participe au 9 thermidor (26 juillet 1794) qui permettra d'éliminer Robespierre, Saint Just etc. Pendant que leurs parents étaient en prison, Eugène de Beauharnais « travaillait chez un menuisier pour gagner sa nourriture, tandis qu'Hortense était chez une lingère , où, par pitié, on lui en accordait autant ».

Joséphine fut la maîtresse de Hoche (connu aussi à la prison des Carmes) puis de Barras, l'homme fort du Directoire jusqu'à ce que le dit Barras s'en dé...barasse en la mettant dans les bras du jeune Bonaparte déjà célèbre. Le mariage de Joséphine et de Napoléon fut célébré le 8 mars 1796. Joséphine devint impératrice lorsque Napoléon devint empereur en 1804 puis reine d'Italie lorsque le même Napoléon devint roi d'Italie en 1805.

Ne parvenant pas à donner d'héritier à Napoléon, Joséphine fut contrainte au divorce le 14 décembre 1809.

Elle vint séjourner à Aix-les-Bains en 1810 (pour ne pas être présente à Paris lors de l'arrivée de Marie-Louise) du 15 juin jusqu'au 25 août. Elle séjourna à la villa Chevalley où elle retrouva sa fille Hortense arrivée à Aix le 27 juillet 1810. Joséphine reviendra à Aix fin septembre 1812.

L'illustration jointe représente Joséphine durant son séjour de 1810, dans l'escalier du château du marquis d'Aix, accompagnée de son chien Askim. Le château fut racheté au marquis par la municipalité d'Aix le 14 septembre 1866 pour devenir la mairie d'Aix.

L'illustration est extraite de : « Album de voyage de l'Impératrice Joséphine en Savoie et en Suisse en 1810 » édité par la « Société des Amis de Malmaison ». C'est en 1910 que l'impératrice Eugénie offrit à la Malmaison un recueil de 33 dessins à la mine de plomb relatifs à ce voyage de Joséphine un siècle plus tôt.

Aucun de ces dessins n'est signé et les historiens se sont mis l'esprit à la torture pour en deviner l'auteur. Certains les ont attribués à Hortense qui était une excellente dessinatrice. D'autres dont l'avis semble avoir prévalu, ont attribué ces dessins à Lancelot-Théodore Turpin de Crissé, chambellan de Joséphine.

Sur le témoignage de la comtesse de Kielmansegge, dame de compagnie de Joséphine, les historiens ont classé Turpin de Crissé au nombre des amants de Joséphine. L'un d'eux écrivant même : « Le valet de carreau fit alors une impériale levée ». Pour le premier de l'an 1811, Turpin de Crissé avait offert à Joséphine un jeu de cartes dont il avait lui-même peint les personnages. Joséphine était en dame de cœur, et Turpin de Crissé s'était représenté en valet de carreau.

Cela n'empêcha pas, lorsque l'occasion s'en présenta, que le chambellan passe à l'ennemi et un historien d'écrire : « Au moment où l'issue de la campagne de France paraît fatale, Turpin se retrouve légitimiste et conspire avec une partie de la maison de sa protectrice en faveur des alliés et des Bourbons ».

J.D. 26 mars 2013

La récapitulation par thèmes des notes de ce blog se trouve sur la fiche N° 76.

 

 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 17:33

 

 

L'art du poison semble être une spécialité féminine car plusieurs femmes s'illustrèrent dans ce domaine au cours de l'Histoire telle la Voisin à Paris au XVIIe siècle. Mais être empoisonneuse sous le règne de Néron est évidemment l'optimum : plein emploi garanti !

Néron qui régna de 54 à 68 fut le cinquième empereur de la Rome antique. Il vint au pouvoir après Octave (plus connu sous le nom d'Auguste), Tibère, Caligula et Claude. Les deux principales sources d'informations sur Néron sont Suétone (Vies des douze Césars, livre VI) et Tacite (Annales livres XII à XV).

Suétone naquit vers l'an 70 et mourut vers l'an 130. Il fut responsable de la correspondance de l'empereur Hadrien après avoir été responsable des archives et documentation de Rome ainsi que de la bibliothèque.

Tacite naquit vers l'an 58 et mourut vers l'an 120. Gendre de Lucius Agricola (général romain qui s'est surtout illustré par la conquête de la « Bretagne », appelée aujourd'hui « Grande-Bretagne »), il fut successivement prêteur, consul, sénateur puis gouverneur de la province d'Asie sous les règnes des empereurs de Vespasien à Trajan.

Tous deux furent donc particulièrement bien placés pour avoir accès aux sources d'informations officielles. Certains auteurs leur reprochent un certain parti-pris. A la tribune de l'ONU, Khrouchtchev déclara un jour : « personne n'est neutre, sauf Dieu et Dieu n'existe pas ».je lui laisse la responsabilité de son appréciation sur Dieu, par contre il a probablement raison en ce qui concerne la neutralité. Cependant le cas de Néron est tellement caricatural, que même si les auteurs en ont rajouté, ils sont peut-être encore en dessous de la réalité.

Néron naquit le 15 décembre de l'an 37. Il est le fils de Gnaeus Domitius Ahénobarbus (petit-fils de Marc-Antoine) et d'Agrippine, sœur de l'empereur Caligula, arrière petite-fille de l'empereur Auguste et nièce de l'empereur Claude. Voir sur mon blog les fiches 33 et 34 relatives aux Julio-Claudiens.

Selon Suétone, Caligula entretint des relations incestueuses avec toutes ses sœurs dont Agrippine (Vies des douze Césars livre IV, en XXIV).

Claude né à Lyon en 10 avant notre ère, devint empereur après l'assassinat de Caligula le 24 janvier de l'an 41. Il avait eu Plautia pour première épouse, dont il avait eu un enfant mort en bas âge. Remarié avec Paetina en 28, il en avait eu une fille (Antonia), Remarié une nouvelle fois avec Messaline en 38 il en avait eu 2 enfants : Octavie (en 40) et Britannicus né le 12 février 41. Messaline fut exécutée en 48 pour avoir comploté contre Claude. Agrippine se mit alors sur les rangs pour épouser Claude qui était son oncle (le frère de son père).

En premières noces, Agrippine avait été mariée avec Domitius Ahénobarbus dont elle avait eu un fils : Néron. Après la mort de ce premier mari (en janvier 40), elle se remaria avec un très riche romain qui mourut fort opportunément pour laisser sa fortune à Agrippine. Agrippine parvint à évincer les prétendantes et à se marier avec Claude le 1er janvier 49. Il fallut une décision spéciale du Sénat de Rome pour autoriser ce mariage d'un oncle avec sa nièce.

Une fois dans la place, Agrippine fit adopter son fils Néron par Claude (le 25 février 50), puis fit épouser à Néron, Octavie fille de Claude et de Messaline, en 53. Ainsi Néron beau-fils de l'empereur Claude par le mariage de sa mère devint aussi le gendre de l'empereur par son mariage avec Octavie. Cela le mettait sur un pied d'égalité avec Britannicus pour succéder à Claude. Tout cela effectué, Claude devenait inutile aux projets d'Agrippine. La première, elle utilisa les services de Locuste. Voici ce qu'écrit Tacite : « Agrippine, résolue depuis longtemps au crime, pressée de saisir l'occasion et ne manquant pas d'instruments, délibéra sur la nature du poison.... On choisit une femme habile en cet art, nommée Locusta, condamnée depuis peu pour empoisonnement, et qui fut longtemps un instrument de pouvoir. Le poison fut préparé par le talent de cette femme (le 13 octobre 54) et donné par l'eunuque Halotus, dont la fonction était de servir les mets et de les goûter. Tous les détails devinrent si publics que les historiens du temps nous ont appris que le poison fut mis dans un succulent plat de cèpes... Agrippine feignant d'être vaincue par la douleur et de chercher des consolations, serrait Britannicus dans ses bras, l'appelait la vivante image de son père, et, par mille artifices, l'empêchait de sortir de son appartement. Elle retint de même ses sœurs Antonia et Octavie. Des gardes avaient fermé par ses ordres toutes les avenues du palais, et elle publiait à chaque instant que la santé du prince (Claude) était meilleure, afin d'entretenir l'espérance des soldats et d'attendre le moment favorable... ». (Annales livre XII en LXVI et LXVII)

Agrippine put ainsi faire proclamer son fils Néron empereur par les soldats. En même temps elle pensait assurer son pouvoir. Ce fut le cas au début du règne de Néron mais lorsque celui-ci commença à écarter sa mère pour gouverner seul, elle eut même une relation incestueuse avec Néron pour conserver son pouvoir (Suétone, Vies des douze Césars livre VI en XXVIII). Agrippine qui avait eu des relations avec son frère, qui avait épousé son oncle, puis l'avait empoisonné n'en était plus à cela près ! En Egypte sous la XIXe dynastie, Ramsès II avait bien eu deux de ses filles dans ses grandes épouses royales ! Cela devait faire partie du programme « mariage pour tous » Quand on supprime les limites, où s'arrête-t-on ?

Malgré cet inceste avec sa mère, Néron finit par vouloir la noyer, mais comme le coup échoua car elle savait nager, il envoya des soldats pour la poignarder. Elle présenta son ventre aux soldats en disant « frappez là ». Elle voulait dire « punissez ce ventre pour avoir porter un tel monstre ».

Néron fut responsable de la mort d'une grande quantité de gens. Il en empoisonna avec les préparations de Locuste, ce fut le cas de Britannicus qui mourut d'un poison foudroyant la veille de sa majorité. D'autres furent contraints de se suicider sur ordre ce qui fut le cas entre autres de Pétrone, de Lucain ou de Sénèque qui avait été le précepteur de Néron. D'aucuns furent massacrés, ou livrés aux lions, ce qui fut le cas de chrétiens et même de sénateurs. Octavie fille de Claude et de Messaline et épouse de Néron fut massacrée ainsi que sa sœur Antonia fille de Claude et de Paetina. Néron tua Popée, qu'il avait épousée après Octavie, de coups de pieds dans le ventre alors qu'elle était enceinte.....

Il en fit tellement en matière de crimes et de débauche que les légions se soulevèrent. Julius Vindex, gaulois d'origine qui commandait les légions romaines de la gaule lyonnaise fut le premier à prendre la tête de la révolte, bientôt suivi par Galba et les légions d'Espagne et d'autres. Le Sénat le déclara ennemi public.

Par un curieux paradoxe, Locuste ne put rien pour aider Néron à quitter la vie. Lorsque Néron s'enfuit en juin 68, ses gardes l'avaient déjà abandonné et pillé, emportant notamment le coffret contenant les précieuses préparations de Locuste.
Néron avait choisi de se suicider mais ne parvenait pas à s'y résoudre. Lorsque le pas des chevaux des légionnaires qui venaient l'arrêter se fit entendre, le 9 juin 68, il fallut qu'Epaphrodite (un de ses esclaves affranchis) lui enfonce un poignard dans la gorge pour que Néron, après quatorze de règne, se décide à passer de vie à trépas.

Si Locuste peut être considérée comme la « mère » de toutes les empoisonneuses, Néron, lui, serait plutôt le « saint patron » d'autres cercles, si l'on ose écrire. En effet, si Néron eut des relations avec de nombreuses femmes y compris celles qu'il viola (dont des vestales), il en eut aussi avec des hommes. Il fit même émasculer son esclave Sporus qu'il prétendit transformer en femme, qu'il appelait Sabina et qu'il embrassait en public.

Dans les domaines du vice et de la cruauté, il faut dire que devenant empereur après Tibère, Caligula et Claude, il fallut une imagination particulièrement fertile à Néron pour innover !

J.D. 25 mars 2013

 

 

La récapitulation des notes de ce blog par thèmes se trouve sur la fiche N° 76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html
tête de Néron au musée national de Rome

tête de Néron au musée national de Rome

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 15:17

 

 

 

La Vallée d'Aoste (Valle d'Aosta) est située au nord-ouest de l'Italie et occupe la haute vallée de la Doire baltée, dominée principalement par le Mont Blanc (4810 mètres), le Mont Rose (4637 mètres), le Cervin (4478 mètres), le Grand Paradis (4061 mètres), la tête du Ruitor (3486 mètres).... Elle occupe une superficie de 3264 km2 répartie en 74 communes. La Vallée d'Aoste est frontalière avec la Suisse romande (Martigny et le Valais par le Grand Saint Bernard, col et tunnel mis en circulation le 19 mars 1964), avec Chamonix et la Haute-Savoie (par le tunnel du Mont Blanc, ouvert le 19 juillet 1965), et avec la Savoie (par le col du petit Saint Bernard et la Tarentaise). Au dernier recensement la population de la Vallée d'Aoste est proche de 130.000 habitants.

Avant l'arrivée des Romains, cette vallée fut occupée par les « Salasses », peuple probablement d'origine ligure auquel s'ajouta une invasion celtique. Comme beaucoup d'autres peuples, les Salasses s'opposèrent à la domination de Rome et après plus d'un siècle de résistance avec des fortunes diverses, ils furent soumis en -25 sous le règne d'Auguste. La population salasse fut vendue comme esclaves et remplacée par un peuplement de vétérans de l'armée romaine (des prétoriens). Auguste lança la construction d'une ville qui prit le nom d'Augusta Praetoria Salassorum, qui par évolution est devenu Aosta. En même temps, la construction d'une autre ville était lancée de ce côté-ci des Alpes et prenait le nom de Vicus Augustus, devenu aujourd'hui Aoste dans le département de l'Isère. En 2014, on célébrera les 2000 ans de la mort d'Auguste le premier empereur romain (décédé le 19 août 14). Ces 2 villes d'Aoste qui doivent leur fondation et leur nom à Auguste célébreront peut-être de manière particulière cet anniversaire.

Après les Romains, la vallée d'Aoste passa sous la domination des Francs, puis de l'empire carolingien, du royaume de Provence en 879, du royaume de Bourgogne en 904 et enfin devint comté en 1032 revenant à Humbert aux Blanches Mains fondateur de la dynastie de la Maison de Savoie.

Un édit du duc de Savoie Emmanuel-Philibert en date du 22 septembre 1561, dit édit de Rivoli, imposa l'usage de la langue française en remplacement du latin (ou de ses dérivés avec le temps) dans la partie savoyarde du duché et dans le Val d'Aoste. C'est ainsi que le Val d'Aoste devint zone francophone. Cela prenait la suite d'une ordonnance de François 1er, d'Août 1539, dite ordonnance de Villers-Cotterêts qui imposa l'usage de la langue française à tout le royaume ; ce qui s'appliqua à la Savoie, alors occupée par la France.

Du 11 septembre 1802 au 11 avril 1814, la Vallée d'Aoste devint un arrondissement du département français de La Doire. Voir sur mon blog la fiche N° 22 (l'Italie sous Napoléon 1er). Puis, comme la Savoie, la Vallée d'Aoste revint au royaume de Sardaigne. Dans l'évolution de l'histoire de la Maison de Savoie, la partie se trouvant de ce côté-ci des Alpes ne cessa de se réduire depuis le traité de Lyon en 1601 (voir sur mon blog l'histoire de la Maison de Savoie, fiche N°66) tandis que s'étendait la partie italienne. Cependant la partie savoyarde restante ajoutée à la Vallée d'Aoste constituait encore une masse suffisante pour que le français resta encore une des langues officielles du royaume de Sardaigne.

Il n'en alla plus de même lors de la Réunion de la Savoie à la France et de la proclamation du royaume d'Italie le 17 mars 1861.

85.000 Valdôtains francophones furent noyés parmi 20 millions d'Italiens. Dès le 10 août 1860 un décret imposa l'italien comme langue d'enseignement dans les écoles du Val d'Aoste. Sur la situation du Val d'Aoste après la réunion de la savoie à la France, on peut consulter l'excellent article signé Joseph-César Perrin, publié par la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie dans "l'histoire en Savoie" N°18 de 2009, pages 139 à 165. Puis vint Mussolini qui interdit carrément l'usage du français dans cette partie du territoire.

Des Valdôtains participèrent à la résistance anti-fascistes et furent même signataires de la « déclaration de Chivasso » (manifeste de la résistance italienne) le 19 décembre 1943. Cette déclaration prévoyait entre autres l'extension des libertés régionales. En Italie, le référendum du 2 juin 1946 mit fin à la royauté et élit une assemblée constituante. La République italienne fut proclamée officiellement le 18 juin et la Constituante commençait ses travaux le 25 juin. En vertu de la déclaration de Chivasso, des représentants de la vallée d'Aoste négocièrent avec l'assemblée constituante et obtinrent par la loi constitutionnelle N°4 du 26 février 1948 (publiée au B.O. N°59 du 10 mars 1948) le statut de région autonome avec 2 langues officielles : l'italien et le français.

Bien sûr, les médias, radios, journaux puis télévisions donnèrent un avantage incontestable à la langue italienne qui s'est imposée dans la vallée d'Aoste comme langue de conversation courante. Néanmoins, tous les actes publics sont publiés dans les 2 langues et le français est désormais enseigné dans toutes les écoles de la vallée d'Aoste. L'ouverture des tunnels en 1964 et 1965 vers la Suisse romande et la France a probablement participé à assurer un minimum de survie à la langue française dans la vallée d'Aoste en facilitant les communications.
Cette semaine (du 18 au 23 mars 2013), l'Université de la Vallée d'Aoste à Aoste organise d'ailleurs la « semaine de la francophonie ». C'est un signe.

J.D. 20 mars 2013

 

ajout du 21 juin 2019 : Le 27 janvier 1945, Charles de Gaulle alors président du GPRF (Gouvernement Provisoire de la République Française) donnait un ordre de Mission à un médecin d'Annecy (Henri Voisin né à Tours le 4 décembre 1896 et qui avait été membre des FFL : Forces Françaises Libres, pour tenter de rattacher le Val d'Aoste à la République Française).

Henri Voisin, avec un grade de lieutenant-colonel, passait alors dans le Val d'Aoste accompagné de plusieurs membres des Services secrets français. Il y avait à ce moment là, une majorité de Valdotains favorables à une réunion du Val d'Aoste à la France. Avec l'appui de Francophiles, un Comité Valdôtain de Libération voyait rapidement le jour. Une pétition signée par 22.000 Valdôtains demandait l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Le 29 avril, un détachement français de l'Armée des Alpes passait en Val d'Aoste.

Le 18 mai 1945 un grand rassemblement à Aoste qui « compte près de 20.000 manifestants » (sur une population du Val d'Aoste d'alors 90.000 habitants) réclame le référendum d'autodétermination. Une date est même retenue : le mercredi 23 mai 1945, des bulletins de vote imprimés….

Mais les Britanniques et les Américains sont contre un rattachement du Val d'Aoste à la France. Le Président Truman adresse un ultimatum à De Gaulle et des blindés américains interviennent à Aoste pour disperser la foule.

En France même, Georges Bidault ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire et Maurice Couve de Murville alors ambassadeur en Italie sont contre la récupération du Val d'Aoste par la France.

De Gaulle cède devant l'ultimatum américain et met fin à la mission le 10 juin 1945.

Des habitants du Val d'Aoste qui avaient pris fait et cause pour la France reprocheront à la France son abandon après les avoir « mouillés ».

 

ajout effectué à partir d'un article paru dans « Histoires de Savoie » (magazine trimestriel publié à Ayse en Haute-Savoie) numéro de mars 2019 pages 53 à 89.

 

 

Arc d'Auguste à Aoste, photo J.D. 16 mars 2013

Arc d'Auguste à Aoste, photo J.D. 16 mars 2013

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14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 10:54

« Pendant que j'étais très jeune, on m'a occupé à garder les plus jeunes. Plus tard, on m'a habitué aux travaux de la campagne, ce qui m'a été d'un grand avantage car, par la suite et sans peine, je pouvais faire n'importe quel travail ; par là j'ai de bonne heure pris l'habitude, l'intérêt et l'attachement au travail, de manière que je me trouvais très heureux, bonne santé et pas d'ambition.

Voilà ce que, chaque jour, père et mère devraient laisser en héritage à leurs enfants : Amour de Dieu et du travail. Aujourd'hui, nous élevons de petits monsieurs de campagne ! A peine si nous osons les faire travailler. Aussi plus tard, ils se figurent d'être exempts de travail. Ils n'osent ni se courber ni se salir, ils se figurent d'être dans ce monde uniquement pour boire, manger et se pavaner. Voilà en partie notre jeunesse ! Sont-ils plus robustes pour cela ? Non, au contraire ! Les maladies les accablent, maux de dents, maux de tête, maux de toutes espèces. Voilà le partage du paresseux ! ….

 Pendant l'hiver 1858-1859, j'ai fait l'école au village de La Combaz (sur le territoire de Valmeinier en Maurienne, au sud de cette commune, à 1617 mètres d'altitude) chez Joseph Albrieux. J'ai gagné pendant cet hiver 15 quartes de seigle (la quarte dont il est question vaut environ 23 litres) pour quatre mois, ce qui pouvait me faire environ 0,20 à 0,23 franc par jour, car j'ai remis ce seigle à Benoîte Troccaz pour intérêts en retard ; elle me l'a estimé à 28 francs. Cependant, malgré ce salaire, je commençais l'école à la pointe du jour, après avoir fait le voyage des Combes (autre hameau de Valmeinier au nord de la commune, à 1327 mètres d'altitude) à La Combaz. A midi, j'allais manger un morceau à la Ville-Dessus (qui correspond à l'actuel chef-lieu à 1500 mètres d'altitude), pour continuer ma classe jusqu'à la nuit close, et me rendre ensuite jusqu'aux Combes. Il fallait continuer ainsi toute la semaine, vu qu'en cette époque il n'y avait pas de jeudis pour les instituteurs. Ma classe était passablement nombreuse : 20 à 25 élèves ; et installée dans une écurie. Et malgré cela, je me trouvais encore heureux : bonne santé, bon courage, content de faire l'école sans m'inquiéter du peu que je gagnais, heureux dans mon indigence, vu que j'étais obligé d'emprunter une montre pour être à l'heure pour ma classe. Nos jeunes gens de ce temps (du temps où il écrit c'est à dire vers 1900) auront peine à croire qu'un jeune homme de cet âge puisse se résigner à ce genre de vie, eux qui prétendraient mener une vie de rentier sans se soucier de leur avenir qui ne pourra pas manquer d'être malheureux. A chacun ce qu'il mérite ».

Le texte ci-dessus a été écrit par Isaïe-Marcellin Thomasset né le 28 septembre 1838, troisième enfant d'une famille de onze, à Valmeinier, village de Maurienne en Savoie et décédé le 19 juin 1903. Il fut paysan, soldat et maître d'école savoyard. Il commença à écrire le journal de sa vie le 15 février 1900 sur un cahier d'écolier qui fut retrouvé et publié dans la série « Carnets de Vie » par La Fontaine de Siloé en mai 2005.

Le jugement qu'il porte sur la jeunesse de son temps n'est pas très positif, mais les jeunes des années 1900 ont eu, sur les générations suivantes, probablement le même jugement que celui qu'Isaïe-Marcellin Thomasset porta sur eux. Alors la critique de la jeunesse est-elle une fatalité, une habitude ou bien y a-t-il en fonction des circonstances économiques et sociales des contextes particuliers qui forment des jeunesses particulières ? Et peut-on mettre toute une génération dans le même panier ?
A chacun de répondre. Mais les jeunes qu'il critique c'est la génération de mes grands-parents, et je suis né en 1939. Curieuse réflexion quand même !

J.D. 14 mars 2013

 

  La liste des notes de ce blog, récapitulées par thème, se trouve à la fiche N° 76 et la liste des illustrations sur la fiche N°219

motif à Turin (Torino) via Cernaia, photo J.D. 6 juin 2015

motif à Turin (Torino) via Cernaia, photo J.D. 6 juin 2015

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 16:24

Alexandre Dumas a consacré un assez long développement à la Cité des Papes au moment de la Révolution française. C'est dans « Les Blancs et les Bleus », œuvre de 1867/1868, dans la troisième partie intitulée « le 18 fructidor » (4 septembre 1797, jour d'un coup d'Etat d'une partie du Directoire conduite par Barras contre l'autre partie jugée trop favorable aux royalistes. Ceux qui furent arrêtés furent déportés en Guyane, chapitres IX à XI. Ce texte présente de l'intérêt non seulement pour l'histoire d'Avignon, mais comme témoin des comportements humains dans les périodes troublées : pas très rassurant ! Mais hélas... Je ne sais pas si les Avignonnais connaissent ce texte, mais le voici ; (le texte de Dumas est en italique, les compléments entre-parenthèses et en écriture droite sont des ajouts que j'ai mis pour expliciter certains points du texte de Dumas) :

 

« Pour ceux qui connaissent Avignon, il y avait alors, et il y a encore aujourd'hui, il y a toujours eu deux villes dans la ville : la ville romaine, la ville française.

La ville romaine, avec son magnifique palais des Papes, ses cent églises plus somptueuses les unes que les autres, ses cloches innombrables, toujours prêtes à sonner le tocsin de l'incendie ou le glas du meurtre.

La ville française, avec son Rhône, ses ouvriers en soieries, et son transit croisé qui va du nord au sud, de l'ouest à l'est, de Lyon à Marseille, de Nîmes à Turin ; la ville française était la ville damnée, la ville envieuse d'avoir un roi, jalouse d'obtenir des libertés, et qui frémissait de se sentir terre esclave, terre ayant le clergé pour seigneur.

Le clergé, non pas le clergé tel qu'il a été de tout temps dans l'Eglise gallicane, et tel que nous le connaissons aujourd'hui, pieux, tolérant, austère aux devoirs, prompt à la charité, vivant dans le monde pour le consoler et l'édifier sans se mêler à ses joies ni à ses passions, mais le clergé tel que l'avaient fait l'intrigue, l'ambition et la cupidité, c'est-à-dire ces abbés de cour rivaux des abbés romains, oisifs, élégants, hardis, rois de la mode, autocrates des salons et coureurs de ruelles. Voulez-vous un type de ces abbés-là ? Prenez l'abbé Maury, orgueilleux comme un duc, insolent comme un laquais, fils d'un cordonnier, et plus aristocrate qu'un fils de grand seigneur.

Nous avons dit : Avignon, ville romaine ; ajoutons : Avignon ville de haines. Le cœur de l'enfant, pur partout ailleurs de mauvaises passions, naissait là plein de haines héréditaires, léguées de père en fils depuis huit cents ans (on ne sait pas à quoi correspond cette référence à 800 ans de Dumas ; les papes ne sont arrivés en Avignon qu'en 1309), et, après une vie haineuse, léguait à son tour l'héritage diabolique à ses enfants. Dans une pareille ville, il fallait prendre un parti et, selon l'importance de sa position, jouer un rôle dans ce parti.

Le comte de Fargas était royaliste avant d'habiter Avignon ; en arrivant à Avignon, pour se mettre au niveau, il dut devenir fanatique. Dès lors, on le compta comme un des chefs royalistes et comme un des étendards religieux. C'était nous le répétons en 87 (1787), c'est-à-dire à l'aurore de notre indépendance. Aussi, au premier cri de liberté que poussa la France, la ville française se leva-t-elle, pleine de joie et d'espérance. Le moment était enfin venu pour elle de contester plus haut la concession faite par une jeune reine mineure pour racheter ses crimes, d'une ville, d'une province, et, avec elle, d'un demi-million d'âmes. De quel droit ces âmes avaient-elles été vendues pour toujours à un maître étranger ? (il s'agit de Jeanne 1ère, reine de Naples et comtesse de Provence qui vendit la ville d'Avignon au pape Clément VI en 1348. Avignon et le Comtat Venaissin ne furent réunis à la France qu'en 1791. Cette Jeanne fut mariée 4 fois. Son premier mari fut assassiné et Jeanne fut soupçonnée d'être à l'origine du meurtre pour récupérer le pouvoir que son mari lui ôtait. D'où l'allusion de Dumas disant qu'elle avait vendu Avignon pour racheter ses crimes. Jeanne était la fille de Charles III d'Anjou. Un Charles d'Anjou avait hérité de la Provence par son mariage avec Béatrice de Provence fille de Béatrice de Savoie et de Raimond Béranger comte de Provence).

La France allait se réunir au Champ-de-Mars dans l'embrasement fraternel de la Fédération. Paris tout entier avait travaillé à préparer cette immense terrasse, où soixante-sept ans après ce baiser fraternel donné, il vient de convoquer l'Europe entière à l'Exposition universelle, c'est-à-dire au triomphe de la paix et de l'industrie sur la guerre. Avignon seul était excepté de cette grande agape ; Avignon seul ne devait point avoir part à la communion universelle ; Avignon, lui aussi, n'était-il donc pas la France ? (la fête de la Fédération eut lieu à Paris au Champ-de-Mars le 14 juillet 1790 pour célébrer le premier anniversaire de la prise de la Bastille. Il y eut au même endroit une exposition universelle en 1867, soit 77 ans plus tard et non 67, mais Dumas n'était pas comptable).

On nomma des députés ; ces députés se rendirent chez le légat (le représentant du Pape, on est en 1790) et lui donnèrent vingt-quatre heures pour quitter la ville. Pendant la nuit, le parti romain, pour se venger, ayant le comte de Fargas à sa tête, s'amusa à pendre à une potence un mannequin portant la cocarde tricolore.

On dirige le Rhône, on canalise la Durance, on met des digues aux âpres torrents qui, au moment de la fonte des neiges se précipitent en avalanches liquides des sommets du mont Ventoux, mais ce flot terrible, ce flot vivant, ce torrent humain qui bondit sur la pente rapide des rues d'Avignon, une fois lâché, une fois bondissant, le ciel lui-même n'a point essayé de l'arrêter.

A la vue de ce mannequin aux couleurs nationales se balançant au bout d'une corde, la ville française se souleva de ses fondements en poussant des cris de rage. Le comte de Fargas qui connaissait ses Avignonnais, s'était retiré, la nuit même de la belle expédition dont il avait été le chef, chez un de ses amis, habitant la vallée de Vaucluse. Quatre des siens, soupçonnés à juste titre d'avoir fait partie de la bande qui avait arboré le mannequin, furent arrachés de leurs maisons et pendus à sa place. On prit de force, pour cette exécution, des cordes chez un brave homme nommé Lescuyer, qui dans le parti royaliste fut à tort accusé de les avoir offertes. Cela se passait le 11 juin 1790.

La ville française tout entière écrivit à l'Assemblée nationale qu'elle se donnait à la France, et avec elle son Rhône, son commerce, le Midi, la moitié de la Provence. L'Assemblée nationale était dans un de ses jours de réaction ; elle ne voulait pas se brouiller avec Rome, elle ménageait le roi (la chute de la royauté française ne date que du 10 août 1792, jour de la prise des Tuileries); elle ajourna l'affaire.

Dès lors, le mouvement patriote d'Avignon était une révolte, et le pape était en droit de punir et de réprimer. Le pape Pie VI ordonna d'annuler tout ce qui s'était fait dans le Comtat Venaissin, de rétablir le privilège des nobles et du clergé et de relever l'inquisition dans toute sa rigueur. Le comte de Fargas rentra triomphant à Avignon, et non seulement ne cacha plus que c'était lui qui avait arboré le mannequin à la cocarde tricolore, mais encore il s'en vanta. Personne n'osa rien dire. Les décrets pontificaux furent affichés.

Un homme, un seul, en plein jour, à la face de tous, alla droit à la muraille où était affiché le décret et l'en arracha. Il se nommait Lescuyer. C'était le même qui avait déjà été accusé d'avoir fourni des cordes pour pendre les royalistes. On se rappelle qu'il avait été accusé à tort. Celui-ci n'était point un jeune homme, il n'était donc point emporté par la fougue de l'âge. Non, c'était presque un vieillard, qui n'était pas même du pays. Il était français, picard, ardent et réfléchi à la fois. C'était un ancien notaire établi depuis longtemps à Avignon. Ce fut un crime dont l'Avignon romain tressaillit, un crime si grand que la statue de la Vierge en pleura.

Vous le voyez, Avignon, c'est déjà l'Italie ; il lui faut à tout prix des miracles, et, si le ciel n'en fait pas, il se trouve quelqu'un pour en inventer. Ce fut dans l'église des Cordeliers que le miracle se fit. La foule y accourut.

Un bruit se répandit, qui mit le comble à l'émotion. Un grand coffre bien fermé avait été transporté par la ville. Ce coffre avait excité la curiosité des Avignonnais. Que pouvait-il contenir ? Deux heures après, ce n'était plus un coffre dont il était question, c'était dix-huit malles se rendant au Rhône. Quant aux objets que contenaient ces malles, un portefaix l'avait révélé, c'étaient les effets du mont-de-piété, que le parti français emportait avec lui en s'exilant d'Avignon. Les effets du mont-de-piété ! C'est-à-dire la dépouille des pauvres ! Plus une ville est misérable, plus le mont-de-piété est riche. Peu de monts-de-piété pourraient se vanter d'être aussi riches que l'était celui d'Avignon. Ce n'était plus une affaire d'opinion, c'était un vol, un vol infâme. Blancs et bleus, c'est-à-dire patriotes et royalistes, coururent à l'église des Cordeliers, non pas pour voir le miracle, mais criant qu'il fallait que la municipalité leur rendît compte.

M. de Fargas était naturellement à la tête de ceux qui criaient le plus fort. Or Lescuyer, l'homme aux cordes, le patriote qui avait arraché les décrets du Saint-Père, l'ancien notaire picard, était le secrétaire de la municipalité ; son nom fut jeté à la foule, comme ayant non seulement commis les méfaits ci-dessus, mais encore comme ayant signé l'ordre au gardien du mont-de-piété de laisser enlever les effets. On envoya quatre hommes pour prendre Lescuyer et l'amener à l'église. On le trouva dans la rue, se rendant tranquillement à la municipalité. Les quatre hommes se ruèrent sur lui et le traînèrent avec des cris féroces dans l'église.

Arrivé là, Lescuyer comprit, aux yeux flamboyants qui se fixaient sur lui, aux poings tendus qui le menaçaient, aux cris qui demandaient sa mort, Lescuyer comprit qu'il était dans un de ces cercles de l'enfer oublié par Dante. La seule idée qui lui vint fut que cette haine soulevée contre lui avait pour cause les cordes prises de force dans sa boutique et la lacération des affiches pontificales.

Il monta à la chaire, comptant s'en faire une tribune, et, de la voix d'un homme qui non seulement croit n'avoir aucun reproche à se faire, mais qui encore, est prêt à recommencer : Citoyens, dit-il, j'ai cru la révolution nécessaire , je me suis comporté en conséquence.

Les blancs comprirent que si Lescuyer, à qui ils voulaient mal de mort, s'expliquait, Lescuyer était sauvé. Ce n'était point cela qu'il leur fallait. Obéissant à un signe du comte de Fargas, ils se jetèrent sur lui, l'arrachèrent de la tribune, le poussèrent au milieu de la meute aboyante qui l'entraîna vers l'autel, en proférant cette espèce de cri terrible qui tient du sifflement du serpent et du rugissement du tigre, ce meurtrier Zou ! zou ! zou ! particulier à la populace avignonnaise.

Lescuyer connaissait ce cri sinistre ! Il essaya de se réfugier au pied de l'autel. Il y tomba. Un ouvrier matelassier, armé d'un gourdin, venait de lui asséner un si rude coup sur la tête que le bâton s'était brisé en deux morceaux.

Alors, on se précipita sur ce pauvre corps, et, avec ce mélange de férocité et de gaieté particulier aux gens du Midi, les hommes, en chantant, se mirent à lui danser sur le ventre, tandis que les femmes, afin qu'il expiât les blasphèmes qu'il avait prononcés, lui découpaient ou plutôt lui festonnaient les lèvres avec leurs ciseaux. De tout ce groupe effroyable sortait un cri, ou plutôt un râle. Ce râle disait : Au nom du ciel ! Au nom de la Vierge, au nom de l'humanité ! Tuez-moi tout de suite !

Ce râle fut entendu. D'un commun accord, les assistants s'éloignèrent. On laissa le malheureux, défiguré, sanglant, savourer son agonie. Elle dura cinq heures, pendant lesquelles, au milieu des éclats de rire, des insultes et des railleries de la foule, ce pauvre corps palpita sur les marches de l'autel. Voilà comme on tue à Avignon. Attendez, et tout à l'heure vous verrez qu'il y a une autre façon encore.

En ce moment, et comme Lescuyer agonisait, un homme du parti français eut l'idée d'aller au mont-de-piété – chose par où il eût fallu commencer -, afin de s'informer si le vol était réel. Tout y était en bon état, il n'en était pas sorti une balle d'effets.

Dès lors, ce n'était plus comme complice d'un vol que Lescuyer venait d'être si cruellement assassiné, c' était comme patriote.

Il y avait en ce moment à Avignon un homme qui disposait de ce dernier parti qui dans les révolutions n'est ni blanc ni bleu, mais couleur de sang. Tous ces terribles meneurs du Midi ont conquis une si fatale célébrité qu'il suffit de les nommer pour que chacun, même parmi les moins lettrés, les connaisse. C'était le fameux Jourdan. Vantard et menteur, il avait fait croire aux gens du peuple que c'était lui qui avait coupé le cou du gouverneur de la Bastille, aussi l'appelait-on Jourdan Coupe-Tête. Ce n'était pas son nom. Il s'appelait Mathieu Jouve ; il n'était pas provençal, il était du Puy-en-Velay. Il avait d'abord été muletier sur ces âpres hauteurs qui entourent sa ville natale, puis soldat sans guerre – la guerre l'eût peut-être rendu plus humain – puis cabaretier à Paris. A Avignon, il était marchand de garance.

Il réunit trois cents hommes, s'empara des portes de la ville, y laissa la moitié de sa troupe, et avec le reste marcha sur l'église des Cordeliers, précédé de deux pièces d'artillerie. Il mit les canons en batterie devant l'église, et tira à tout hasard. Les assassins se dispersèrent comme une volée d'oiseaux effarouchés, se sauvant les uns par la fenêtre, les autres par la sacristie, et laissant quelques morts sur les degrés de l'église. Jourdan et ses hommes enjambèrent par-dessus les cadavres et entrèrent dans le saint lieu.

Il ne restait que la statue de la Vierge et le malheureux Lescuyer. Il respirait encore, et, comme on lui demanda quel était son assassin, il nomma non pas ceux qui l'avaient frappé, mais celui qui avait donné l'ordre de le frapper. Celui qui en avait donné l'ordre, c'était, on se le rappelle, le comte de Fargas.

Jourdan et ses hommes se gardèrent bien d'achever le moribond, son agonie était un suprême moyen d'excitation. Ils prirent ce reste de vivant, ces trois quarts de cadavre, et l'emportèrent saignant, pantelant, râlant. Ils criaient : Fargas ! Fargas ! Il nous faut Fargas !

Chacun fuyait à cette vue, fermant portes et fenêtres. Au bout d'une heure, Jourdan et ses trois cents hommes étaient maîtres de la ville. Lescuyer mourut sans que l'on s'aperçut même qu'il rendait le dernier soupir. Peu importait on n'avait plus besoin de son agonie.

Jourdan profita de la terreur qu'il inspirait et, pour assurer la victoire à son parti, il arrêta ou fit arrêter quatre-vingts personnes à peu près, assassins ou prétendus assassins de Lescuyer, par conséquent complice de Fargas. Quant à celui-ci, il n'était point encore arrêté, mais on était sûr qu'il le serait, toutes les portes de la ville étant scrupuleusement gardées, et le comte de Fargas étant connu de toute cette populace qui les gardait.

Sur les quatre-vingts personnes arrêtées, trente peut-être n'avaient pas mis les pieds dans l'église, mais, quand on trouve une bonne occasion de se défaire de ses ennemis, il est sage d'en profiter : les bonnes occasions sont rares. Ces quatre-vingts personnes furent entassées dans la tour Trouillas.

C'était dans cette tour que l'Inquisition donnait la torture à ses prisonniers. Aujourd'hui encore on y voit, le long des murailles, la grasse suie qui montait avec la flamme du bûcher où se consumaient les chairs humaines. Aujourd'hui encore, on vous montre le mobilier de la torture précieusement conservé : la chaudière, le four, les chevalets, les chaînes, les oubliettes, et jusqu'aux vieux ossements, rien y manque. (Dumas écrit en 1867, cette tour se trouve à l'angle nord-est de l'ensemble du palais des papes, elle est maintenant occupée par les archives départementales du Vaucluse)

Ce fut dans cette tour, bâtie par Clément VI (qui fut pape de 1342 à 1352), que l'on enferma les quatre-vingts prisonniers. Ces quatre-vingts prisonniers enfermés dans la tour Trouillas, on en était bien embarrassé. Par qui les faire juger ? Il n'y avait de tribunaux légalement organisés que les tribunaux du pape.

Faire tuer ces malheureux comme ils avaient tué Lescuyer ? Nous avons dit qu'il y en avait un tiers, ou moitié peut-être, qui non seulement n'avaient point pris part à l'assassinat, mais qui même n'avaient pas mis le pied dans l'église. Les faire tuer, c'était le seul moyen : la tuerie passerait sur le compte des représailles.

Mais, pour tuer ces quatre-vingts personnes, il fallait un certain nombre de bourreaux. Une espèce de tribunal improvisé par Jourdan siégeait dans une des salles du palais. Il y avait un greffier, nommé Raphel ; un président, moitié italien, moitié français, orateur en patois populaire, nommé Barbe-Savournin de la Roua ; puis trois ou quatre pauvres diables, un boulanger, un charcutier ; les noms se perdent dans l'infinité des conditions. C'étaient ceux-là qui criaient : Il faut les tuer tous ; s'il s'en sauvait un seul, il servirait de témoin !

Les tueurs manquaient. A peine avait-on sous la main une vingtaine d'hommes dans la cour, tous appartenant au petit peuple d'Avignon. Un perruquier, un cordonnier pour femmes, un savetier, un maçon, un menuisier, tous armés à peine, au hasard, l'un d'un sabre, l'autre d'une baïonnette, celui-ci d'une barre de fer, celui-là d'un morceau de bois durci au feu. Tous refroidis par une fine pluie d'octobre ; il était difficile de faire de ces gens là des assassins.

Bon ! Rien est-il difficile au diable ? Il y a, en ces sortes d'événements, une heure où il semble que la Providence abandonne la partie. Alors, c'est le tour de Satan.

Satan entra en personne dans cette cour froide et boueuse, il avait revêtu l'apparence, la forme, la figure d'un apothicaire du pays, nommé Mende ; il dressa une table éclairée par deux lanternes ; sur cette table il déposa des verres, des cruches, des brocs, des bouteilles. Quel était l'infernal breuvage renfermé dans ces mystérieux récipients ? On l'ignore, mais l'effet en est bien connu. Tous ceux qui burent de la liqueur diabolique se sentirent pris soudain d'une rage fiévreuse, d'un besoin de meurtre et de sang. Dès lors, on n'eut plus qu'à leur montrer la porte, ils se ruèrent dans les cachots.

Le massacre dura toute la nuit ; toute la nuit, des cris, des plaintes, des râles de mort furent entendus dans les ténèbres. On tua tout, on égorgea tout, hommes et femmes ; ce fut long ; les tueurs, nous l'avons dit, étaient ivres et mal armés ; cependant ils y arrivèrent. A mesure qu'on tuait, on jetait morts, blessés, cadavres et mourants dans la cour Trouillas ; ils tombaient de soixante pieds de haut (soit un peu plus de 18 mètres); les hommes furent jetés d'abord, les femmes ensuite. A neuf heures du matin, après douze heures de massacres, une voix criait encore du fond de ce sépulcre : Par grâce, venez m'achever, je ne puis mourir !

Un homme, l'armurier Bouffier, se pencha dans le trou, les autres n'osèrent.
Qui crie donc ? Demandèrent-ils.

C'est Lami, répondit Bouffier en se rejetant en arrière.

Eh bien, demandèrent les assassins, qu'as-tu vu au fond ?

Une drôle de marmelade, dit-il, tout pêle-mêle des hommes et des femmes, des prêtres et des jolies filles, c'est à crever de rire.

En ce moment, on entendit à la fois des cris de triomphe et de douleur, le nom de Fargas était répété par cent bouches. C'était en effet le comte que l'on amenait à Jourdan Coupe-Tête. On venait de le découvrir, caché dans un tombereau de l'hôtel du Palais-Royal. Il était à moitié nu et déjà tellement couvert de sang qu'on ne savait pas si, au moment où on le lâcherait, il n'allait pas tomber mort.

Les bourreaux que l'on eût crus lassés, n'étaient qu'ivres. De même que la vue du vin semble rendre des forces à l'ivrogne, l'odeur du sang semble rendre des forces à l'assassin.

Tous ces égorgeurs, qui étaient couchés dans la cour, à moitié endormis, ouvrirent les yeux et se soulevèrent au nom de Fargas. Celui-ci loin d'être mort , n'était atteint que de quelques légères blessures, mais à peine se trouva-t-il au milieu de ces cannibales qu'il jugea sa mort inévitable, et, n'ayant plus qu'une idée, celle de la rendre la plus prompte et la moins douloureuse possible, il se jeta sur celui qui se trouvait le plus proche de lui, tenant un couteau nu à la main, et le mordit si cruellement à la joue que celui-ci ne pensa qu'à une chose, à se débarrasser d'une cruelle douleur. Instinctivement, il étendit donc le bras devant lui, le couteau rencontra la poitrine du comte et s'y enfonça jusqu'au manche. Le comte tomba sans pousser un cri ; il était mort.

Alors, ce que l'on avait pu faire sur le vivant, on le fit sur le cadavre ; chacun se jeta sur lui, voulant avoir un lambeau de sa chair.

Quand les hommes en sont là, il y a bien peu de différence entre eux et ces naturels de la Nouvelle-Calédonie qui vivent de chair humaine. (c'est écrit en 1867)

On alluma un bûcher et l'on y jeta le corps de Fargas, et, comme si aucun nouveau dieu ni aucune nouvelle déesse ne pouvait être glorifié sans un sacrifice humain, la Liberté de la ville pontificale eut à la fois, le même jour, son martyr patriote dans Lescuyer, et son martyr royaliste dans Fargas. »

 

« Les Blancs et les Bleus » de 1867 est le premier volume d'une trilogie consacrée par Dumas à la Révolution et au premier empire : « Les compagnons de Jéhu » publié en 1856, mais qui dans les faits historiques suit « Les Blancs et les Bleus », enfin « Le chevalier de Saint Hermine » que Dumas était en train d'écrire lorsque la mort le trouva le 5 décembre 1870. Le manuscrit retrouvé au début du XXIe siècle fut édité en 2005. Ces romans historiques d'Alexandre Dumas sont beaucoup moins connus que d'autres. Il faut dire qu'ils couvrent une période très contrastée, où il y eut le meilleur comme le pire. Il n'y eut pas qu'en Avignon que des massacres abominables se commirent durant la Révolution : Paris, Nantes, Lyon , Marseille, Toulon etc etc Pour le lecteur remuer ce genre de passé n'est pas forcément très glorieux. Ceci explique peut-être le moindre succès.

J.D. 9 mars 2013

 

La récapitulation des fiches de ce blog, par thème, se trouve sur la fiche N° 76  http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.htlm

 

 

 

 

 

 

 

 

la tour Trouillas (tour carrée sur la vue) en 1958

la tour Trouillas (tour carrée sur la vue) en 1958

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 16:58

 

 

Voici ce qu'écrivait Theodor Mommsen, historien allemand (30.11.1817/1.11.1903, prix Nobel de littérature en 1902), dans son « Histoire romaine » livre quatrième, chapitre XI, sous le titre : « Déconfiture publique au-dedans et au-dehors » :

« La République romaine à ses débuts, c'était la cité avec son peuple libre, se donnant ses magistrats et ses lois , conduite par ces mêmes magistrats-rois qui la consultent, sans jamais sortir des barrières légales : autour de la cité, gravitaient, dans leur double orbite, les fédérés italiques, avec leur système de cités particulières, libres aussi, pareilles et apparentées de race à la ville de Rome ; et les alliés extra-italiques, composés des villes franches de la Grèce, des peuples et des souverainetés barbares, sous la tutelle plutôt que sous la domination de Rome. Résultat dernier et fatal de la Révolution, auquel, il faut le dire, les deux partis conservateurs et démocrates ont travaillé de part et d'autre, et comme d'entente ; au commencement de l'ère présente, l'édifice vénérable, ébranlé et lézardé en bien des endroits, était debout encore ; à la fin de la période, il n'en reste plus pierre sur pierre. Aujourd'hui le détenteur du pouvoir est ou un monarque, ou une oligarchie fermée, de nobles aujourd'hui, demain de riches. Le peuple a perdu la part qu'il avait au gouvernement. Les magistrats ne sont plus que des instruments passifs dans la main du maître. La cité de Rome s'est brisée sous l'effort d'un accroissement contraire à sa nature. La fédération italique s'est absorbée dans la cité romaine. La fédération extra-italique, en pleine voie de transformation, tombe dans la sujétion absolue. Tout le système politique enfin gît à terre : rien n'en reste, qu'une masse confuse d'éléments plus ou moins disparates. L'anarchie est imminente, et l'Etat, au-dedans et au-dehors, s'en va en pleine dissolution.

Le courant emporte toutes choses vers le despotisme : on ne dispute plus que sur le point de savoir qui sera le despote, ou d'un seul homme, ou de la petite coterie des grandes familles ou d'un sénat de financiers. Et sur cette route même, on descend la pente ordinaire. S'il est dans l'Etat libre un principe fondamental, c'est celui d'un utile contrepoids des forces contraires, réagissant immédiatement les unes sur les autres : ce principe, tous les partis l'ont perdu de vue : en haut comme en bas, on combat pour le pouvoir, avec le bâton des assommeurs d'abord, puis bientôt avec l'épée....
La pire amertume de ces temps amers, pour le patriote clairvoyant, c'est que tout espoir, tout effort était défendu à ses aspirations. Le soleil de la liberté descendait à l'horizon, emportant à jamais ses dons fécondants : et le crépuscule s'étendait sur ce monde, si brillant naguère. Catastrophe accidentelle, dira-t-on ! Pas le moins du monde : amour de la patrie, génie, rien n'y pouvait : la République périssait par les vieilles maladies du corps social, et surtout par la chute des classes moyennes, que le prolétariat servile avait supplantées. Le plus habile des hommes d'Etat de Rome ressemblait à ce médecin, qui se demande à l'heure douloureuse lequel vaut mieux de prolonger l'agonie du mourant, ou d'en finir de suite avec elle....

Tout ce qu'on pouvait faire à Rome, c'était d'attendre, se demandant combien de temps la République continuerait à ne savoir ni vivre ni mourir ; si à la fin, elle trouverait dans quelque puissant génie son maître, et peut-être son second fondateur ; ou si elle s'abîmerait à sa dernière heure dans sa décrépitude et sa misère. »

 

Ce texte de Mommsen, chacun l'a compris, est relatif à la fin de la République romaine. République qui a duré 482 années (de -509 à -27), succédant à la royauté et précédent l'Empire.

L'Histoire, parait-il, n'est qu'un perpétuel recommencement. Si l'on sortait certaines phrases de Mommsen de leur contexte, on s'y croirait !

J.D. 3 mars 2013

César à Saint Apollinaire (au sud de Ravenne) photo Michèle Delisle juin 1992

César à Saint Apollinaire (au sud de Ravenne) photo Michèle Delisle juin 1992

organisation de la société romaine sous la République

organisation de la société romaine sous la République

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 19:33

grenadiers.jpg

 

 

en haut : photo du 25 juin 2011 : des soldats du Royal 22e Régiment à l'occasion d'une relève de la garde dans la forteresse de Québec. Au centre, mon petit-fils Romain et un bouc de l'Himalaya offert au régiment par la reine d'Angleterre. Leurs bonnets ressemblent à ceux des grenadiers à pied de la garde du premier empire français.
 

 

en dessous : photo du 12 février 2013, les piliers d'entrée de ma maison à Saint Jean d'Arvey Savoie

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 20:57

 

Voici un texte qui me parait intéressant sur la Révolution française. Il est d'Alexandre Dumas ; extrait de son roman historique « Les Blancs et les Bleus » publié en 1867 en feuilleton et en 1868 en livre.

Ces extraits se trouvent dans la partie 2 de l’œuvre, intitulée « le 13 vendémiaire », à partir du chapitre 1, le texte de Dumas est en italique, le reste constitue des précisions que j'ai ajoutées pour éclairer le texte de Dumas :

« ...ces deux terribles et cependant inévitables années 1794 et 1795...la Révolution avait dévoré ses enfants. Voyons à l’œuvre cette terrible marâtre.

Le 5 avril 1794, les cordeliers ont été exécutés.

Danton, Camille Desmoulins, Basire, Chabot, Lacroix, Hérault de Séchelles, et le pauvre poète martyr Fabre d'Eglantine, l'auteur de la plus populaire de nos chansons populaires : il pleut, il pleut bergère, sont morts ensemble, sur le même échafaud, où les ont poussés Robespierre, Saint-Just, Merlin (de Douai), Couthon, Collot d'Herbois, Fouché (de Nantes) et Vadier.

Puis est arrivé le jour des jacobins.

Vadier, Tallien, Billaud, Fréron accusent Robespierre d'avoir usurpé la dictature, et Robespierre, la mâchoire brisée d'un coup de pistolet (coup de pistolet attribué au gendarme Merda), Saint-Just, la tête haute, Couthon, les deux jambes broyées, Lebas, leurs amis enfin, tous ensemble, au nombre de vingt-deux, sont exécutés le lendemain de cette tumultueuse journée qui, dans l'histoire, porte la date fatale du 9-Thermidor (27 juillet 1794).

Le 10 thermidor, la Révolution vivait toujours, parce que la Révolution était immortelle, et qu'il n'appartient pas à un parti qui s'élève ou qui tombe de la tuer ; la Révolution vivait toujours, mais la République était morte !

Avec Robespierre et Saint-Just, la République a été décapitée...

Le lendemain et le surlendemain, quatre-vingt-deux jacobins suivirent Robespierre, Saint-Just et leurs amis sur la place de la Révolution. (c'est là que se trouvait la guillotine, aujourd'hui place de la Concorde)...

Le 17 mai 1795, un décret fermait définitivement la salle des Jacobins, berceau de la Révolution, soutien de la République. (créé en 1789, le club des Jacobins s'était installé dans l'ancien couvent des Jacobins rue Saint Honoré. Ce couvent appartenait à l'ordre des Dominicains , dont le premier établissement à Paris était situé rue Saint Jacques, ce qui fait qu'indirectement les terribles révolutionnaires jacobins devaient leur nom à ...Saint Jacques !)

Fouquier-Tinville, l'accusateur public, le collègue de la hache du bourreau, qui n'était pas plus coupable qu'elle, puisqu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres du Tribunal révolutionnaire, comme la hache lui avait obéi à lui-même, Fouquier-Tinville est guillotiné avec quinze juges ou jurés du Tribunal révolutionnaire.

Pour que la réaction soit complète, l'exécution a lieu en place de Grève.
L'ingénieuse invention de M. Guillotin a repris sa première place : seulement, les gibets ont disparu : l'égalité de la mort est consacrée.
(la guillotine fonctionna en France pour la première fois le 25 avril 1792 place de Grève, actuelle place de l'Hôtel de Ville, avant d'être déplacée place du Carrousel puis place de la Révolution, où furent exécutés Louis XVI, Marie Antoinette, Danton, Robespierre etc).

Le 1er prairial (il s'agit du premier prairial an III, c'est-à-dire du 20 mai 1795), Paris s'aperçoit que décidément il meurt de faim. La famine pousse les faubourgs sur la Convention. Hâves, déguenillés, affamés, ils envahissent la salle des séances ; le député Féraud est tué en voulant défendre le président Boissy d'Anglas.

Vu le trouble que cet événement a porté dans l'assemblée, Boissy d'Anglas s'est couvert.
On lui présente la tête de Féraud au bout d'une pique. Il se découvre pieusement, salue et remet son chapeau sur sa tête.

Seulement, pendant ce salut, de demi-révolutionnaire qu'il était, Boissy d'Anglas est devenu à moitié royaliste....

...Fréron (né à Paris en 1754, d'abord journaliste, ce Fréron fut élu député de Paris à la Convention le 14 septembre 1792, il siégea avec les Montagnards) ne savait pas s'arrêter dans sa cruauté, ne sachant point s'arrêter dans sa faiblesse. Envoyé à Marseille (il agissait comme député de la Convention « représentant du peuple en mission », il représentait en fait le Tribunal révolutionnaire qui avait été institué le 10 mars 1793) , il en fut l'épouvante. Carrier avait noyé à Nantes, Collot d'Herbois avait fusillé à Lyon ; à Marseille, Fréron fit mieux : il mitrailla.

Un jour qu'il supposait, après une décharge d'artillerie, que quelques-uns des condamnés s'étaient laissés tomber en même temps que ceux qui avaient été atteints et contrefaisaient les morts, le temps lui manquant pour passer, avant la nuit, la revue des survivants, il cria :

Que ceux qui ne sont pas morts se relèvent, la patrie leur pardonne.
Les malheureux qui étaient restés sains et saufs crurent à cette parole et se relevèrent.
Feu ! Cria Fréron.

Et l'artillerie recommença ; seulement, cette fois, la besogne était bien faite, personne ne se releva plus.....(cela se passa fin octobre 1793, en bas de la Canebière. Fin décembre 1793, le même Fréron organisait les massacres à Toulon).

Quand il revint à Paris, Paris avait fait un pas vers la clémence ; l'ami de Robespierre se fit son ennemi, le jacobin fit un pas en arrière et se trouva être cordelier. Il flairait le 9-Thermidor...

...Elle (il s'agit de la Convention qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795. C'est durant cette période que se situe « la Terreur » qui fit selon les estimations 200.000 morts en France dont 40.000 par la guillotine) avait été mère cruelle.

Elle avait dévoré les girondins, les cordeliers et les jacobins, c'est-à-dire les plus éloquents, les plus énergiques, les plus intelligents de ses enfants.
Mais elle a été fille dévouée.

Elle a combattu à la fois, et avec succès, les ennemis du dehors et les ennemis du dedans.
Elle a maintenu l'unité et l'indivisibilité de la France.

Elle a mis quatorze armées sur pied ; elle les a mal nourries, c'est vrai ; mal habillées, c'est vrai ; mal chaussées, c'est vrai ; plus mal payées encore. Qu'importe ! Ces quatorze armées ont non seulement partout repoussé l'ennemi hors de la frontière, mais elles ont pris le comté de Nice, la Savoie, fait une pointe en Espagne et mis la main sur la Hollande.

Elle a créé le grand-livre de la dette nationale , l'Institut, l'Ecole polytechnique, l'Ecole normale, le musée du Louvre et le Conservatoire des arts et métiers.(Dumas fait plusieurs oublis dont le principal est l'instauration du système métrique).
Elle a rendu huit mille trois cent soixante-dix décrets, la plupart révolutionnaires.

Elle a donné aux hommes et aux choses un caractère excessif. La grandeur était gigantesque, le courage téméraire, le stoïcisme impassible.

Jamais plus froid dédain n'a été professé pour le bourreau, jamais le sang n'a été répandu avec moins de remords.

Veut-on savoir pendant ces deux ans (en fait 3), c'est-à-dire de 1793 à 1795, combien il y a eu de partis en France ?

Il y en a eu trente-trois. Veut-on connaître les noms donnés à chacun d'eux ? :

Ministériels -Partisans de la vie civile – Chevaliers du poignard – Hommes du 10 août -Septembriseurs -Girondins -Brissotins -Fédéralistes -Hommes d'Etat -Hommes du 31 Mai -Modérés -Suspects -Hommes de la plaine -Crapauds du Marais -Montagnards.
Voilà pour 1793 seulement. Passons à 1794 et à 1795 :

Alarmistes -Apitoyeurs -Avilisseurs -Endormeurs -Emissaires de Pitt et Cobourg -Muscadins -Hébertistes -Sans-culottes -Contre-révolutionnaires -Habitants de la crête -Terroristes -Maratistes -Egorgeurs -Buveurs de sang -Thermidoriens -Patriotes de 1789 -Compagnons de Jéhu -Chouans. …

...La Révolution ne pouvait être bien défendue que par ceux qui l'avaient faite, et qui avaient intérêt à la perpétuer. Or quels étaient ceux-là ?

Les conventionnels qui avaient aboli la constitution féodale le 14 juillet et le 4 août 1789 ; qui avaient renversé le trône le 10 août 1792 ; qui, le 21 janvier (1793) avaient fait tomber la tête du roi ; et qui, du 21 janvier jusqu'au jour où l'on était arrivé, avaient lutté contre l'Europe, avaient lassé la Prusse et l'Espagne, au point de leur faire demander la paix, et avaient repoussé l'Autriche au-delà de nos frontières....

...Ainsi, cette grande Convention nationale de France, qui avait renversé une monarchie de huit siècles, qui avait fait chanceler tous les trônes, qui avait fait trembler l'Europe, qui avait chassé les Anglais de la Hollande, les Prussiens et les Autrichiens de la Champagne et de l'Alsace ; repoussé l'Espagne à soixante lieues au-delà des Pyrénées ; écrasé deux Vendées, cette grande Convention nationale de France qui venait de réunir à la France Nice, la Savoie, la Belgique et le Luxembourg ; dont les armées, débordant sur l'Europe, avaient franchi le Rhin comme un ruisseau et menaçaient de poursuivre jusqu'à Vienne l'aigle de la maison de Habsbourg, la Convention ne possédait plus à Paris que le cours de la Seine, de la rue Dauphine à la rue du Bac, et, de l'autre côté de la rivière (en fait du fleuve la Seine) que le terrain compris entre la place de la Révolution et la place des Victoires, n'ayant pour la défendre contre tout Paris que cinq mille hommes et un général à peu près inconnu »

La scène ci-dessus se passe la veille du 13 vendémiaire, c'est-à-dire le 4 octobre 1795. La convention est face à une insurrection de grande ampleur conduite par les royalistes qui sont quasiment maîtres de Paris. Le général inconnu dont il est question est Napoléon Bonaparte, que Barras va chercher pour sauver la Convention.

Bonaparte envoie Murat récupérer des canons grâce auxquels il va foudroyer la noblesse sur le parvis de l'église Saint Roch, sauvant ainsi la Convention, mais l'on connaît la suite. Quelques jours plus tard, la Convention fait place au Directoire dominé par Barras. Pour prix de ses services, Bonaparte est nommé général en chef de l'armée d'Italie où il accumule les victoires avant de partir pour l'Egypte et d'en revenir pour le coup d'Etat du 18 brumaire qui renversa le Directoire pour le Consulat avec comme premier consul....Bonaparte.

« Le changement c'est maintenant » pourrait être le slogan de toutes les révolutions. Mais ce slogan ne dit pas si le changement va être en mieux ou en pire !

J.D. 24 février 2013

assignat révolutionnaire de 1795 ou 1796

assignat révolutionnaire de 1795 ou 1796

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