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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 09:34

Chaque mois les médias nous fournissent les chiffres du chômage, mais le plus important est ailleurs. Pour que les citoyens comprennent la situation il faudrait qu'ils diffusent l'évolution du rapport entre le nombre d'actifs (qui cotisent) et le nombre d'inactifs, chômeurs, retraités... (qui ont droit à des prestations).

Explication :

La France connaît un important problème de déséquilibre démographique. Notre pays comptait 42 millions d'habitants en 1910 et seulement 40,5 millions en 1946. Entre les deux il y avait eu les 2 guerres mondiales et la baisse de la natalité.

Puis il y eut « les 30 glorieuses », le « baby-boom ». Notre pays était revenu à 42 millions d'habitants en 1950 et à 51 millions en 1970 soit 9 millions en plus en 20 ans. Il y eut jusqu'à 850.000 naissances par an avec un taux de natalité de 20,9 pour 1000 habitants entre 1946 et 1950.

Puis la natalité à commencer à baisser à partir de 1965 mais surtout à compter de 1972. Depuis le début des années 90 on est tombé à moins de 750.000 naissances annuelles et un taux de natalité de 12,7 pour 1000 habitants soit presque la moitié moins par rapport à la période d'après guerre.

Conséquences :

La génération du baby-boom d'après guerre arrive en retraite depuis 2005 et cela encore pour une vingtaine d'années. Alors que la génération qui parvient sur le marché du travail est celle de classes plus creuses. Cela aurait dû permettre une baisse du chômage et ce n'est pas le cas. Parce que l'économie française est devenue globalement moins compétitive que beaucoup d'autres et à l'heure de la mondialisation, on en subit les effets de plein fouet.

La conséquence est qu'en France le nombre d'inactifs s'accroît vite et en a encore pour pas mal d'années à augmenter alors que le nombre d'actifs stagne ou régresse. Les plus de 65 ans représentaient 11,4 % de la population française en 1950, 16% en l'an 2000 et on prévoit 23% pour 2030 et 26% pour 2050. Le résultat qui n'est pas diffusé est que le rapport actifs/inactifs se dégrade et n'a pas fini de se dégrader.

Cette situation était connue depuis longtemps mais le propre des politiques est de gérer le court terme. Qui ne se souvient des « éléphants » du parti socialiste qui étaient tous en tête des manifestations contre la retraite à 62 ans il y a peu d'années alors que tous les autres pays d'Europe étaient déjà à 65 ans minimum !

Sur l'imprévoyance des politiques, on peut citer un extraordinaire exemple :

l'exemple des cheminots :

A la SNCF, par suite d'une diminution importante des effectifs ces dernières décennies et d'un âge de départ à la retraite avantageux, il s'est trouvé plus de retraités que d'actifs parmi les cheminots. Comment payer ces retraites ? Et ce bien sûr d'autant que les cheminots ont la capacité de bloquer l'économie nationale !

En même temps s'est trouvée une caisse de retraite avec des excédents : la CNRACL (Caisse de retraite des agents des Collectivités locales), parce que par suite de la régionalisation, de la décentralisation, du développement de la coopération intercommunale ... les effectifs augmentaient vite et avec des recrutements relativement jeunes.

Alors nos gros futés de responsables politiques (d'un bord comme d'un autre) n'ont rien trouvé de mieux depuis une trentaine d'années que de puiser dans la caisse CNRACL pour alimenter la caisse des cheminots.

Laquelle CNRACL a augmenté ses taux de cotisations et les collectivités territoriales de voter des impôts supplémentaires. Tous les citoyens qui paient de la taxe d'habitation, du foncier etc ne se doutent pas qu'une partie de leurs impôts alimente la caisse de retraite des cheminots. Mais que se passera-t-il quand les gros bataillons des agents des collectivités locales arriveront à la retraite ?

Tout cela pour attirer l'attention sur le problème du déséquilibre actifs/inactifs qui conditionne en grande partie la compétitivité du pays.

J.D. 31 octobre 2014

Ajout du 1er novembre 2014 : Je serais curieux de voir, si cette statistique existait, le nombre réel d'heures de travail effectuées en France chaque année, rapporté à la population, et ce dans le cadre de comparaisons internationales. Parce qu'entre l'âge moyen d'entrée sur le marché du travail, l'âge moyen de départ en retraite, les 35 heures, l'absentéisme (pour maladies, accidents, maternité, ou temps passé en prison...) les congés payés, les congés de formation, les congés sabbatiques, parentaux, pour événements familiaux, les jours fériés... les heures de délégations syndicales (délégués syndicaux, délégués du personnel, comités d'entreprises, comités d'hygiène et de sécurité, sans oublier les détachements complets pour s'occuper des syndicats comme c'est le cas à l'éducation nationale ou à la SNCF...), les périodes de chômage....

En 1965, un économiste connu à l'époque (Jean Fourastié 1907/1990) avait publié : « Les 40.000 heures ». Il pensait que les progrès de la productivité se poursuivant, en moyenne, au cours d'une vie professionnelle on ne travaillerait plus que 40.000 heures.

Je ne suis pas certain que tous les actifs de ce pays parviennent à travailler seulement 40.000 heures. Ce serait bien si tous les autres pays étaient à la même enseigne !

caricature publiée sur le journal en ligne de Riposte Laïque (16 janvier 2017)

caricature publiée sur le journal en ligne de Riposte Laïque (16 janvier 2017)

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 17:14

La Caroline du Nord est l'un des 50 Etats des Etats-Unis d'Amérique. Elle rejoignit l'Union le 21 novembre 1789 ce qui en fit (à l'époque) le douzième Etat Uni.

*GEOGRAPHIE :

*La Caroline du Nord est située sur la côte Est des Etats-Unis. Elle est bordée au Nord par la Virginie (Virginia) à l'Est par l'Océan Atlantique, au Sud par la Caroline du Sud (South Carolina) et la Géorgie (Georgia) et à l'Ouest par le Tennessee dont elle est séparée par la montagne des Appalaches dont le point culminant (Mount Mitchell est à 2037 mètres).

*Elle est située entre 34 et 36 degrés de latitude ce qui la met à la hauteur du Maroc.

*D'Est en Ouest, dans sa plus grande dimension, la Caroline du Nord s'étend sur 770 kms et possède 484 kms de côtes sur l'Atantique non compris les côtes des nombreuses îles, à l'Est de la Caroline, qui forment un chapelet appelé « Outer Banks ». Ces îles sont reliées entre-elles et avec le continent soit par des ponts soit par navires. Il y a encore un autre chapelet d'îles tout à fait au sud de la Caroline du Nord.

*Ma fille (Claire) et son mari (Vincent) vivent en Caroline du Nord depuis 16 ans. M'y rendant chaque année pour des séjours entre 3 et 6 semaines depuis 15 ans, j'ai eu l'occasion de remarquer que toutes ces îles sont presque à raz des flots. Les nombreuses habitations sont construites sur pilotis. Le rez de chaussée inoccupé sert de parking et les voitures sont évacuées avec leurs propriétaires sur le continent en cas de tempêtes. Les eaux envahissent mais n'occasionnent pas de dégâts. Quand on voit les reportages en France sur les inondations de plus en plus à répétition, qui font souvent beaucoup de dégâts, je me demande pourquoi dans ces zones inondables ne pas avoir adopté la technique de construction sur pilotis ?

*Au total, la Caroline du Nord couvre une superficie de 139.509 kms2 soit environ l'équivalent du quart de la France.

*La Caroline du Nord possède 59.000 kms cumulés de cours d'eau et 1500 lacs de 10 acres ou plus (environ 5 hectares)

HISTOIRE :

Le peuplement de la Caroline du Nord remonte à plus de 12.000 ans.
La découverte de la région fut faite par des Européens (Espagnols) en 1512. En 1562 une colonie française qui s'était installée en Caroline du Sud fut massacrée par les Espagnols en 1565. Ce n'est vraiment qu'à partir de 1663 que les Anglais peuplèrent la région. Une immigration écossaise se développa à partir de 1730. La Caroline du Nord prit part à la guerre d'indépendance contre les Anglais (1775/1783), puis à la guerre de Sécession (que les Américains appellent « guerre civile »), de 1861 à 1865, au côté des Sudistes. Dans de nombreuses communes de Caroline du Nord il existe encore des monuments à la gloire des sudistes où des musées comme le musée d'Histoire de Ra
leigh.

POPULATION, DIVISIONS ADMINISTRATIVES ET ORGANISATION POLITIQUE:

*La Caroline du Nord compte 9.848.060 habitants (chiffre de 2013) répartis en 100 comtés ou en 9 villes majeures (dont Raleigh la capitale) et plus de 500 petites villes.

*Dans le nom des comtés on en trouve que 5 « francophones » : Martin, Beaufort, Gaston, Macon et Granville.

*On trouve un comté « Scotland » et un « Montgomery » liés à l'immigration écossaise. Chaque année à Laurinburg (comté Scotland) se déroulent d'ailleurs des fêtes écossaises (voir illustration sur note N°82).

*Il y a également un comté nommé Dare en référence à Virginia Dare (voir note N°59)

*A Washington , la Caroline du Nord a 13 délégués à la Chambre des Représentants et 2 au Sénat (voir note N°135)

*Localement la Caroline du Nord a un parlement composé de 120 membres pour la Chambre des Représentants et 50 pour le Sénat avec un gouverneur élu par la population comme les juges...

ECONOMIE :

De tradition, la Caroline du Nord était une terre agricole principalement pour le coton, le tabac et le maïs. Dans le reste des Etats-Unis, les habitants de la Caroline du Nord étaient d'ailleurs appelés « redneck » (traduction littérale : cou rouge, c'est-à-dire « paysan» employé dans un sens péjoratif). Et avec les industries de transformation qui ont subi les effets de la mondialisation.

De la façon dont je perçois les choses, la Caroline du Nord a eu la chance d'être en récession avant les autres c'est-à-dire lorsque l'ensemble de l'Amérique était encore en expansion. L'Etat fédéral a accordé des aides fiscales pour inciter des implantations en Caroline du Nord. En outre 3 villes (Raleigh, Durham et Chapel Hill) se sont associées pour créer un « triangle de recherches » dans lequel se sont implantées de grandes sociétés (IBM, Nortel, American Air Lines, Cisco etc). Pendant que d'autres se spécialisaient dans l'accueil de congrès (Charlotte) les activités sportives (golf, équitation...) Pinehurst etc

La Caroline du Nord possède 2 aéroports internationaux (Raleigh et Charlotte) et une vingtaine d'universités.

Le résultat du dynamisme local est que la Caroline du Nord a gagné 2 millions d'habitants entre 2000 et 2013.

L'actuel gouverneur de Caroline du Nord a autorisé les compagnies pétrolières a prospecter et à exploiter le gaz de schiste. Un comité local s'est constitué pour s'opposer à cette exploitation au nom de la défense des nappes phréatiques de l'atmosphère etc. Une manifestation a eu lieu à Durham (à Central Park) le samedi 11 octobre 2014. Il devait y avoir 150 personnes sur les 10 millions d'habitants de la Caroline !

SYMBOLES :

Chaque Etat aux Etats-Unis possède un drapeau, une devise, un oiseau symbole et une fleur symbole.

Le drapeau : Le drapeau de la Caroline du Nord comprend 3 parties : Une bande verticale bleue sur le tiers gauche du drapeau avec en haut « May 20th 1775 » (le 20 mai 1775 est le jour de la déclaration d'intention d'indépendance en Caroline du Nord), en bas : « April 12th 1776 » (le 12 avril 1776 fut adoptée une résolution permettant aux délégués de la Caroline du Nord de voter l'indépendance au congrès continental). Entre les deux dates les lettres N et C (North Carolina) encadrant une étoile blanche à 5 pointes. Le drapeau est complété à droite par 2 bandes horizontales : rouge en haut et blanche en bas.

La devise : Officiellement la devise est : « Esse quam videri » (être plutôt que paraître) mais cette devise primitive n'est pas utilisée, on voit partout, y compris sur toutes les plaques d'immatriculation des voitures : « First in Flight » (premier en vol) en référence à l'exploit des frères Wright (Wilbur né en 1867 et Orville né en 1871) qui, le 17 décembre 1903 effectuèrent le premier vol motorisé en Caroline du Nord à Kitty Hawk où un monument rappelle leur exploit.

Ce premier vol motorisé dans l'espace dura 12 secondes. Moins de 66 ans plus tard, la main de l'homme mettait le pied sur la lune (le 21 juillet 1969)!

L'oiseau: L'oiseau symbole de la Caroline du Nord est le cardinal : un oiseau rouge qui est également le symbole de 6 autres Etats des Etats-Unis (Virginia, Kentucky, Ohio, Indiana, Illinois et West-Virginia)

La fleur : la fleur de la Caroline du Nord s'appelle « Dogwood » (fleur de cornouiller). Ce symbole n'est partagée que par la Virginie.

J.D. 27 octobre 2014

références :

article N°59: http://jean.delisle.over-blog.com/article-virginia-dare-walter-raleigh-elisabeth-tudor-et-la-virginie-10263331

article N°82 : http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-deux-diane-114214150.html

article N°135 : http://jean.delisle.over-blog.com/la-constitution-américaine-n-135.html

les frères Wright, photo publiée dans le mensuel "Our State" de septembre 2014 et carte Caroline du Nord
les frères Wright, photo publiée dans le mensuel "Our State" de septembre 2014 et carte Caroline du Nord

les frères Wright, photo publiée dans le mensuel "Our State" de septembre 2014 et carte Caroline du Nord

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 19:27

Ces deux personnages de l'antiquité, quoique n'ayant pas vécu à la même époque, ont au moins un point commun : selon les légendes, ils sont morts exilés en Gaule, dans le territoire des Allobroges.

LUCIUS OPIMIUS Consul :

Ce Romain est le fils de Quintus Opimius qui fut consul en -154.

Lucius Opimius fut lui-même préteur en -125 puis consul en -121.

Il prit une part active dans la lutte contre les Gracques (Tiberius Sempronius Gracchus et son frère Caius Sempronius Gracchus). Les 2 frères avaient fait voter en -133 une loi agraire (Rogatio Sempronia) pour une redistribution des terres agricoles afin de prendre aux plus riches pour donner aux plus pauvres. Ils s'étaient attirés la haine des riches parmi lesquels beaucoup de sénateurs. En outre Caius voulait faire reconstruire Carthage qui avait été complètement démolie après la troisième et dernière guerre punique.

Mis en accusation les frères Gracchus mobilisèrent leurs partisans. Opimius devenu consul en -121 se chargea de la répression. Les 2 frères et 3.000 de leurs partisans furent tués.

Lucius Opimius fut lui-même mis en accusation en -120, mais acquitté parce qu'il avait reçu du Sénat l'ordre de rétablir l'ordre. Voir « C. Gracchus » de Plutarque (historien grec à cheval sur le premier et le second siècle de notre ère, auteur de nombreuses biographies).

Le temple de la Concorde, élevé à Rome au dessous du Capitole, ayant été détruit à l'occasion des combats contre Caius Gracchus et ses partisans, Opimius fit reconstruire ce temple qui avait été élevé en -367 pour sceller l'entente entre Patriciens et Plébéiens

Opimius fut à nouveau mis en accusation en -109 pour s'être laissé corrompre par Jugurtha roi de Numidie (ancien Etat situé sur le territoire de l'actuelle Tunisie). Voir Salluste (historien latin du premier siècle avant notre ère) dans « Guerre de Jugurtha » chapitre XVI.

Opimius fut condamné à l'exil. Historiquement on ne sait ensuite plus rien de lui.

Cependant, J.B. Cabias en 1623 (dans « Les Merveilles des bains d'Aix en Savoie »), Samuel Guichenon en 1660 (dans « Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie ») et Albanis Beaumont en 1802 (dans « Description des Alpes Grecques et Cottiennes ») disent tous 3 qu'un tombeau portant le nom d'Opimius et la mention « Consul » fut retrouvé sur le territoire de la ville d'Aix-les-Bains dans la zone de Lafin qui avait été le premier site d'implantation des Romains dans la région du lac du Bourget en rappelant que c'est en -121 que les Romains fit la conquête de l'Allobrogie.

Albanis Beaumont fournit même le dessin de ce tombeau.

Alors les auteurs ont-ils eu beaucoup d'imagination ou Opimius exilé vint-il dans une des nouvelles terres conquises par les Romains ?

PONCE PILATE :

Ponce Pilate (Pontius Pilatus) est surtout connu par le récit des évangélistes. Il en est question dans l'évangile de Saint Mathieu en 27, de saint Marc en 15, de saint Luc en 23 et de Saint Jean en 18/19.

Rappel très succinct des faits selon l'évangile de Jean en 11 :

« A la vue de ce qu'il avait fait (il s'agit de Jésus), beaucoup de Juifs venus auprès de Marie, crurent en lui. Toutefois quelques-uns d'entre eux allèrent trouver les Pharisiens et leur racontèrent ce qu'avait fait Jésus. Grands prêtres et Pharisiens réunirent alors un conseil : Que faisons-nous ? Dirent-ils ; cet homme accomplit beaucoup de signes. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui et les Romains viendront et détruiront notre Lieu saint (le temple de Jérusalem) et notre nation. L'un d'entre eux, Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année là leur dit : Vous n'y entendez rien. Vous ne voyez pas qu'il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas toute entière. Il ne dit pas cela de lui-même ; mais en qualité de grand prêtre il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation...A dater de ce jour ils furent résolus de le tuer ».

Ils excitèrent la foule, Jésus fut arrêté conduit d'abord devant Caïphe le grand prêtre, mais la Judée était occupée par les Romains et seuls ceux-ci pouvaient prononcer une condamnation à mort. Jésus fut donc envoyé devant Ponce Pilate dont Mathieu nous dit qu'il était « gouverneur ». Il l'était depuis l'an 26. Dans toute la littérature qui s'est ensuite développée Pilate est appelé soit « gouverneur », soit « procurateur ».

En 1961 une inscription fut retrouvée à Césarée (ville située sur la côte au nord de l'actuel Etat d'Israël et qui fut capitale de la province romaine de Judée Samarie. C'est là que résidait Pilate, mais pour la Pâque juive il était venu à Jérusalem et résidait alors dans la citadelle romaine nommée l'Antonia). Sur cette inscription Pilate est qualifiée de « praefectus » c'est-à-dire de Préfet.

Mais qu'il fut préfet, gouverneur ou procurateur, il représentait l'autorité romaine dans cette province. Il était lui même soumis à l'autorité du légat de Syrie qui à l'époque était Lucius Vitellius qui fut 3 fois consul et dont le fils sera empereur d'avril à décembre 69).

Pilate fut convaincu de l'innocence de Jésus mais devant la fureur de la foule, il s'en lava les mains et le condamna. C'est ce que nous disent les textes des Evangiles.

Vers la fin de l'année 36 ou au début de 37, Vitellius renvoya Ponce Pilate à Rome pour rendre compte à Tibère de ses activités. Mais le temps que Pilate arrive à Rome, Tibère, de sinistre mémoire, est mort et remplacé par Caligula d'aussi sinistre mémoire.

Historiquement après l'arrivée de Pilate à Rome, on perd complètement sa trace.
A défaut de savoir ce qu'il est devenu, il existe une légende que l'on retrouve (exactement la même) dans deux lieux différents : d'une part à Lucerne en Suisse et d'autre part à Vienne dans l'actuel département de l'
Isère.

Selon cette légende Ponce Pilate aurait été exilé, pour les uns à Lucerne, pour les autres à Vienne, y aurait exercé une activité quelques années, puis pris de remords (pour la mort de Jésus) se serait suicidé. Toujours selon les mêmes croyances, il aurait donné son nom au Mont Pilatus qui domine Lucerne ainsi qu'au Mont Pilat (dans la Loire) à l'ouest de Vienne.

En ce qui concerne Vienne, entre le treizième et le dix-neuvième siècle, il y a de très nombreux textes, spécialement des récits de voyageurs, qui rapportent cette légende. Les uns présentent le temple d'Auguste et de Livie comme ayant été le prétoire où Ponce Pilate rendait la justice durant son séjour à Vienne et d'autres le monument appelé « l'aiguille »comme étant le tombeau de Pilate. On sait maintenant que cette « aiguille » décorait le terre-plein central du cirque romain de Vienne.

J.D. 26 octobre 2014

dessin du tombeau d'Opimius selon Albanis Beaumont en 1802

dessin du tombeau d'Opimius selon Albanis Beaumont en 1802

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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 09:49

Le comte de Savoie Amédée VI (le comte Verd) fit deux testaments :

*Le premier daté du 3 janvier 1366 (c'est-à-dire avant d'aller guerroyer en Orient pour libérer son cousin Jean V Paléologue empereur byzantin) nommait Bonne de Bourbon comme Régente des Etats de Savoie et comme tutrice du futur Amédée VII. Bonne de Bourbon, épouse du comte Verd avait de nombreux liens avec la Cour de France (voir la fiche N°194)

*Le second daté du 27 février 1383 de San Stefano près de Campobasso (ville du sud de l'Italie dans la région Molise) accordait à Bonne de Bourbon la gouvernance des Etats de Savoie à vie. Amédée VI n'hésita pas à confier des missions militaires à son fils mais pour l'administration et la diplomatie, il indiquait nettement qu'il faisait plus confiance à son épouse qui avait d'ailleurs de grandes qualités d'administratrice.

C'est 2 jours plus tard (le 1er mars) que Amédée VI quittait la vie emporté par la peste. Son fils Amédée VII (le comte Rouge) avait 23 ans.

Un conseil de régence se réunit à Chambéry et approuva le testament du comte Verd et un accord pour une cogestion fut conclut entre Bonne de Bourbon et son fils le 18 juillet 1383.

Ensuite, à la mort du comte Rouge le 1er novembre 1391, il y eut un conflit entre Bonne de Bourbon, mère du défunt et grand-mère du successeur (le futur Amédée VIII) qui avait 8 ans et Bonne de Berry, épouse du défunt et mère du successeur. C'est-à-dire un conflit entre la belle-mère et sa belle-fille. Le comte Rouge pour sa part avait fait juste avant sa mort un testament confiant la Régence à sa mère et non à sa femme.

BONNE de BERRY : Naquit en 1365. Elle est la fille de Jean de France duc de Berry et de Jeanne d'Armagnac. Elle avait épousé Amédée VII (le comte Rouge) le 18 janvier 1377.

Jean de France duc de Berry était un des fils de Jean le Bon roi de France, il était par conséquent le frère de Charles V roi de France, l'oncle de Charles VI roi de France... Jean le Bon (grand-père de Bonne de Berry) s'était marié avec Bonne de Luxembourg sœur de Charles IV empereur germanique. On voit que Bonne de Berry avait grandement autant de relations, spécialement avec la Cour de France, que Bonne de Bourbon. Il y avait d'ailleurs des liens familiaux communs ainsi par exemple : -Charles V roi de France était l'oncle de Bonne de Berry et le beau-frère de Bonne de Bourbon.

-Jeanne de Bourbon était la sœur de Bonne de Bourbon et la tante de Bonne de Berry.

-Charles VI roi de France était le cousin de Bonne de Berry (par son père) et le neveu de Bonne de Bourbon (par sa mère)

-De même, Bonne de Berry était la descendante au cinquième degré de Philippe le Hardi roi de France tandis que Bonne de Bourbon en descendait au troisième degré....

Le conflit n'était pas seulement un conflit belle-mère/belle-fille : trop classique. Il y avait derrière les intérêts du duc de Bourbon d'une part et ceux du duc de Berry frère du roi de France et du duc de Bourgogne d'autre part. Et on était encore en plein dans la guerre de Cent Ans, ce qui se passait en Savoie n'intéressait pas que les Savoyards.

C'est dans ce contexte qu'il faut replacer les rumeurs d'empoisonnement qui circulèrent dès la mort du comte Rouge (voir note N°196), l'arrestation et la torture du médecin (Jean de Grandville qui avait soigné le comte et qui avait été recruté par Bonne de Bourbon), par le clan du duc de Berry et « naturellement » les accusations furent portées par le torturé contre Bonne de Bourbon et un de ses proches, ainsi que l'exécution sauvage de l'apothicaire (Pierre de Lompnès)! Faute d'oser s'en prendre directement à Bonne de Bourbon, on s'en prit à son entourage et on répandit généreusement les aveux extorqués sous la torture. Ce genre de pratiques n'était pas nouveau et ne l'est toujours pas !

Aujourd'hui, il est admis que la blessure du comte Rouge se referma trop rapidement et qu'il mourut du tétanos. Jean de Grandville ne fut pas exécuté tout de suite après ses « aveux ». Où se réfugia-t-il ? Facile à deviner : chez le duc de Bourbon (au château de Montbrison où il ne survécut pas longtemps).

Chacune des deux Bonne avait ses partisans, on aurait pu en venir aux armes mais des « Etats généraux » furent réunis à Chambéry et le 27 avril 1393 ils donnèrent la Régence à Bonne de Bourbon et obtinrent le 8 mai de la même année, sous la pression du roi de France, un traité de réconciliation entre les deux Bonne. Il faut dire que ces Etats généraux étaient composés de locaux et que Bonne de Bourbon, Régente depuis le premier testament du comte Verd en 1366, tenait ses gens en main.

Mais dépitée de voir sa belle-mère triompher, Bonne de Berry s'exila et se remaria en décembre 1393. Elle était enceinte au moment de la mort du comte Rouge ; elle accoucha d'une petite Jeanne le 26 juillet 1392 soit, à quelques jours près, 9 mois après la mort du comte Rouge.

Bonne de Bourbon avait triomphé, mais le camp adverse était trop fort, le triomphe fut de courte durée. Le 2 novembre 1393, le duc de Bourgogne (frère du duc de Berry et du roi de France) émancipa le futur Amédée VIII (il avait 10 ans), et déclara la Régence terminée. Bonne de Bourbon s'exila à Macon où elle mourut le 19 janvier 1403.

Ainsi, la querelle des Bonne ne fut pas une bonne querelle car les deux à peu d'intervalle durent renoncer au pouvoir.

Au lieu de se combattre elles auraient mieux fait de s'entendre comme des sœurs, au moins on aurait pu les appeler (au choix) : les Bonne sœurs ou les sœurs Bonne (trop tentant!)

J.D. 25 octobre 2014

références :

fiche N°194 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/09/les-regentes-de-la-maison-de-savoie-n-194.html

fiche N°196 : http://jean.delisle.over-blog.com/la-mort-cu-comte-rouge-n-196.html

Le comte Verd, portrait publié en 1827 par Jean Frezet dans "Histoire de la Maison de Savoie"

Le comte Verd, portrait publié en 1827 par Jean Frezet dans "Histoire de la Maison de Savoie"

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 17:56

En 1365, Charles IV empereur germanique passa en Savoie, en route vers Avignon où il allait pour se faire couronner « roi d'Arles » par le pape Urbain V. Le couronnement eut lieu le 4 juin 1365 dans l'église Saint Trophyme d'Arles.

LE ROYAUME D'ARLES :

Au début du cinquième siècle de notre ère, les Romains avaient laissé les Burgondes (originaires de l'Europe de l'est) s'installer dans une partie de la Gaule (région de la Savoie principalement) pour s'en faire des alliés contre les Huns (c'était les autres contre les Huns en précisant que la bataille des « champs catalauniques » où Attila fut vaincu par Aetius n'est pas située dans l'Ain mais dans l'autre c'est à dire près de Troyes dans l'Aube, ce qui n'en fait pas pour autant la guerre de Troie).

A partir de là s'étendit rapidement un royaume des Burgondes sur une grande partie du sud-est de la France mais pour relativement peu de temps car les Burgondes furent vaincus par les Francs au cours de plusieurs batailles entre 523 et 534.

Les Carolingiens firent l'unité de la France et même au-delà puisque le célèbre Charlemagne avait fixé sa capitale à Aix-la-Chapelle (Aachen pour les Allemands).

L'unité fut aussi brève puisque les petits-fils de Charlemagne se partagèrent son empire au traité de Verdun en 843. Toute la région sud-est se retrouva dans la « Lotharingie » en région tampon entre la « Francie occidentale » (future région francophone) et la « Francie orientale » (future région germanophone)

De rivalités en batailles et en divisions naquirent d'abord une Bourgogne transjurane et une Bourgogne cisjurane ou de Provence puis un royaume d'Arles en l'an 933 qui correspondait grosso-modo à l'ancienne Gaule narbonnaise.

La Savoie après avoir été allobroge, romaine, burgonde, franque, bourguignogne, s'était retrouvée dans le royaume d'Arles.

Se succédèrent comme rois d'Arles : Rodolphe II de 933 à 937, Conrad le Pacifique de 937 à 993 et Rodolphe III dit le Fainéant qui mourut le 6 septembre 1032. Sans descendant, en 1026, il avait institué Conrad II empereur germanique comme son héritier. Ce Conrad avait été confirmé roi d'Arles, le 2 février 1033 à Payerne (commune suisse du canton de Vaud) par une assemblée de notables et couronné roi d'Arles le 1er août 1034 à Genève par une assemblée d'évêques.

De son côté la France avait récupéré l'ancienne Bourgogne « transjurane » et voulait s'étendre. C'est pour se prémunir contre les visées d'extensions françaises que Conrad II Empereur germanique et roi d'Arles donna, en 1034, un titre de comte au Mauriennais Humbert et que commença l'histoire de la dynastie de la Maison de Savoie.

Amédée VI, le comte Verd avait obtenu, par décision du 17 mai 1361, de l'empereur Charles IV que la Savoie soit directement rattachée à l'autorité de l'empire et non plus par l'intermédiaire de ce royaume d'Arles.

C'est ainsi que la Savoie se retrouva directement vassale du Saint Empire romain germanique et le resta jusqu'à ce que les ducs de Savoie reçoivent un titre de roi suite aux traités d'Utrecht en 1713.

CHARLES IV A CHAMBERY :

A l'annonce de la venue de l'Empereur, le comte Verd s'était porté au devant de Charles IV, l'avait rejoint à Morat (en Suisse dans le canton de Fribourg) et l'avait accompagné par Payerne, Lausanne, Genève, Rumilly, jusqu'à Chambéry pour y faire une entrée triomphale le 11 mai 1365.

Le 13 mai 1365 eut lieu sur la place du château une cérémonie mémorable durant laquelle l'empereur, entouré des « princes-électeurs » (voir liste sur fiche N°167) investit le comte Verd d'un titre de « vicaire impérial » ce qui donnait à Amédée VI autorité sur de nombreux évêques dont ceux de Genève, Lausanne, Sion, Grenoble, Lyon, Turin etc

Il en coûta 100.000 écus d'or à Amédée VI ! Charles IV vendait titres et fonctions. Joseph Henri Costa de Beauregard écrit en 1816 (dans « mémoires historiques sur la Maison royale de Savoie ») que Charles IV avait « acheté en gros son empire pour le revendre en détail ».

La cérémonie fut suivie d'un grand banquet, puis le comte Verd accompagna l'empereur jusqu'en Avignon par Grenoble, Saint Marcellin, Valence … Ils arrivèrent en Avignon le 22 mai 1365.

Le 2 juin, d'Avignon, l'empereur autorisait la fondation à Genève d'une Université sous la protection des comtes de Savoie.

Cette décision associée au Vicariat livrait de fait Genève à la Maison de Savoie. Les souverains de Savoie successifs étendirent leur domination sur la Suisse sur un territoire qui correspond grosso-modo à la Suisse francophone d'aujourd'hui mais sans Genève

Les grandes manœuvres diplomatiques autant que militaires permirent à la Savoie de s'auto-proclamer un moment protectrice de Genève. Mais les Savoyards ne purent aller plus loin et leurs tentatives pour s'emparer de Genève se terminèrent par la lamentable (pour les Savoyards) nuit de l'escalade en décembre 1602, événement que les Suisses, légitimement, sont fiers de fêter régulièrement. Sur cette nuit de l'escalade, voir "Genève" sur la note N°56. Selon plusieurs sources, si les souverains savoyards avaient annexé Genève ils en auraient probablement fait leur capitale et quand on voit les investissements prestigieux qu'ils firent à Turin, les Genevois ont peut-être fait le mauvais choix mais on ne réécrit pas l'histoire ! Et en définitive ce sont les Genevois qui en 1816 ont récupéré 24 communes savoyardes qui font depuis partie du canton de Genève (voir liste sur note N° 142).

LA SUITE :

Les évêques concernés furieux de se retrouver sous la coupe du comte de Savoie multiplièrent les démarches tant auprès du Pape que de l'Empereur. Leurs démarches furent suivies d'effet puisque le 13 septembre 1366 Charles IV révoquait le vicariat impérial qu'il avait donné au comte Verd. Dans la foulée, l'université de Genève ne fut pas fondée tout au moins pas par la Savoie ni à la même époque puisque c'est Calvin en définitive qui fonda l'Université de Genève en 1559.

Nota : au quatorzième siècle on écrivait « verd » et non « vert » d'où sont restés : verdure, verdâtre, verdoyant, reverdir...Le surnom de Verd ayant été donné au comte Amédée VI et étant devenu son nom, il me parait qu'il y a lieu de lui conserver son orthographe d'origine. Il semble que je sois le seul de cet avis, mais comme le dit Victor Hugo : « s'il n'en reste qu'un... ». Personne ne m'en fera procès, encore que, par les temps qui courent, on se retrouve vite sur le mur des cons du syndicat de la magistrature !

J.D. 23 octobre 2014

références note N°56 : http://jean.delisle.over-blog.com/article-savoie-et-maison-de-savoie-99226231.html

références : note N°142 : http://jean.delisle.over-blog.com/2013/12/geneve-et-la-savoie-n-142.html

note N°167 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/12/marguerite-d-autriche-duchesse-de-savoie-n-167.html

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 16:34

*Amédée VII est né le 24 février 1360 à Chambéry. Il est le fils d'Amédée VI (le comte Verd) et de Bonne de Bourbon (voir fiche N°194 consacrée aux Régentes).
Il fut marié le 18 janvier 1377 à Paris dans l'hôtel Saint-Pol avec Bonne de Berry fille du duc Jean de Berry, fils de Jean le Bon roi de France et frère du roi de France Charles V . Mais Bonne de Berry n'avait que 10 ans au moment du mariage et ce n'est qu'en mars 1381 qu'elle vint rejoindre son époux en Savoie d'abord au château de Pont d'A
in.

*Lorsque Amédée VI s'absentait, il confiait la Régence du comté à son épouse Bonne de Bourbon et la direction des armées savoyardes à son fils dès que cela fut possible.

*Amédée VII fit ses premières armes en 1378 contre le sire de Beaujeu en Maconnais

*A l'automne 1382, Charles VI, le nouveau roi de France, fit appel à l'aide de la Savoie contre les Anglais qui avaient effectué un nouveau débarquement à Dunkerque (on était en plein dans la guerre de Cent Ans). C'est Amédée VII à la tête de « sept cents lances » qui rejoignit les troupes françaises à Arras. Au moment du départ, Amédée VII apprit la mort de son père et c'est vêtu de noir qu'il arriva dans le nord de la France où les dames le surnommèrent : « le comte noir ».

*Les Savoyards et Amédée VII se battirent comme des lions aux côtés des Français et les Anglais, cette fois là, durent rembarquer. Admiratif devant le courage d'Amédée, le roi de France (Charles VI) déclara que le rouge, couleur du feu, irait mieux que le noir à Amédée qui s'habilla en rouge et fut surnommé « le comte Rouge ».

*Amédée VII fit aussi la guerre en Suisse contre les Valaisans qui s'étaient révoltés suite à la nomination d'un évêque issu de la Maison de Savoie en remplacement d'un autre évêque qui avait été défenestré. En juillet 1384 la ville de Sion fut prise par les troupes savoyardes, pillée et incendiée. En 1388 ce furent les troupes savoyardes commandées par Rodolphe de Gruyère qui furent massacrées par les Valaisans. Il fallut 3 années au comte Rouge pour reprendre complètement le Valais. Toujours en 1388, le comte Rouge avait annexé Nice et sa région à la Maison de Savoie. C'est le 28 septembre 1388 qu'Amédée avait fait une entrée triomphale à Nice. C'est en 1526 que cette acquisition de la Maison de Savoie prit le nom de « comté de Nice »

*Avec Bonne de Berry, Amédée VII eut 3 enfants : Amédée né le 4 septembre 1483, futur Amédée VIII, ainsi que 2 filles (Bonne et Jeanne). Avec une maîtresse originaire de Bourg-en-Bresse (Françoise Arnaud), Amédée eut également 2 enfants : Humbert dit Humbert le Bâtard et une fille (Jeanne)

LA MORT DU COMTE ROUGE :

En octobre 1391, la Cour de Savoie était à Ripaille. Entre le 9 et le 11 octobre Amédée VII qui chassait dans les forêts de la région de Thonon eut un grave accident. Son cheval heurta une racine et se renversa sur Amédée qui subit une blessure au tibia droit.

Amédée fut soigné par un médecin nommé Jean de Grandville qui avait été recruté à la Cour de Savoie par Bonne de Bourbon mère d'Amédée VII. Les remèdes appliqués par Grandville et préparés par l'apothicaire (pharmacien) Pierre de Lompnes furent sans effet et Amédée VII décéda dans la nuit du 1 au 2 novembre 1391. Le comte Rouge fut inhumé à Hautecombe.

Très vite le bruit se répandit et la nouvelle ne fit qu'enfler qu'il avait été empoisonné.

Le médecin, Jean de Grandville, fut mis à la torture et sous l'effet des traitements avoua tout ce que les tortionnaires voulaient lui faire avouer. Il accusa Bonne de Bourbon et Othon III de Grandson seigneur d'Aubonne (en Suisse dans le canton de Vaud).

Quant à l'apothicaire voilà le traitement qui lui fut réservé. J'en prends le récit dans le livre consacré à Amédée VI et Amédée VII publié en 1957 chez Albin Michel et

œuvre de Marie-José (fille du roi des Belges Albert 1er et dernière reine d'Italie en 1946, décédée en 2001 elle fut inhumée à Hautecombe où elle rejoignit son mari Humbert II dernier roi d'Italie).

Voici ce récit :

« Au mois de juillet 1393, Pierre de Lompnes fut décapité, puis écartelé sur la place de Chambéry, devant les représentants des communes vaudoises, et entouré de soldats qui faisaient grand vacarme avec leurs armes pour couvrir la voix dudit Pierre. Son corps fut coupé en morceaux, salés et mis dans des barils, puis envoyés dans les villes de Moudon, d'Avigliana, et d'Ivrée, en Piémont. La tête fut transportée à Bourg-en-Bresse, et attachée, tournée de face, à une des portes de la ville. Vision terrifiante et injuste châtiment ».

Alors que le 3 avril 1395, à Bourg-en-Bresse, le pauvre Pierre de Lompnes était reconnu innocent !

Quant à Othon de Grandson qui avait été accusé sous la torture par le médecin Grandville, il s'était d'abord enfui en Angleterre. Il rentra en France en 1396 (il avait 60 ans) et fut alors provoqué en duel par l'un de ses ennemis (Gérard d'Estavayer). Le duel eut lieu à Bourg-en-Bresse le 7 août 1397 et Othon de Grandson fut tué.

Sympa les mœurs du Moyen-Age !

Bien sûr si l'on compare avec les guerres, massacres, attentats et génocides de toutes sortes du XXe siècle, il n'y a pas photo ! Et si l'on se tourne au temps de Néron, d'Attila et de beaucoup d'autres ce n'est pas mieux.
Triste cons
tat

J.D. 22 octobre 2014

Le comte Rouge, illustration de Samuel Guichenon en 1660 dans "Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie"

Le comte Rouge, illustration de Samuel Guichenon en 1660 dans "Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie"

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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 16:44

Le 5 septembre 1929, à l'occasion de la dixième Assemblée de la Société des Nations à Genève, Aristide Briand commençait à parler d'Union Européenne. L'idée n'était pas neuve, d'autres l'avaient émise bien avant, comme Victor Hugo qui en 1869 à Lausanne s'était déclaré partisan d'une « République européenne fédérale ».

Mais c'était la première fois qu'un responsable politique de haut niveau s'engageait dans cette voie. Voici un extrait de la déclaration de Briand :

« Je pense qu'entre les peuples qui sont géographiquement groupés, comme les peuples d'Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral. Ces peuples doivent avoir la possibilité d'entrer en contact, de discuter de leurs intérêts communs, de prendre des résolutions communes. Ils doivent en un mot, établir entre eux un lien de solidarité qui leur permette de faire face, au moment voulu, à des circonstances graves, si elles venaient à naître.

C'est ce lien, messieurs, que je voudrais m'efforcer de créer.

Évidemment, l'association agira surtout dans le domaine économique : c'est la nécessité la plus pressante. Je crois qu'on peut, en ce domaine, obtenir des succès. Mais je suis sûr aussi qu'au point de vue politique ou au point de vue social, le lien fédéral, sans toucher à la souveraineté d'aucune des nations qui pourraient faire partie d'une telle association, peut être bienfaisant. Et je me propose pendant la durée de cette session, de prier ceux de mes collègues qui représentent ici des nations européennes de vouloir bien, officieusement, envisager cette suggestion et la proposer à l'étude de leurs gouvernements, pour dégager plus tard , pendant la prochaine assemblée peut-être, les possibilités de réalisation que je crois discerner. »

Quatre jours plus tard, c'est-à-dire le 9 septembre 1929, Aristide Briand invitait à déjeuner l'ensemble des délégués européens présents à Genève. Un communiqué fut diffusé à la suite de ce déjeuner. En voici le texte :

« Au cours d'une réunion à laquelle il avait invité les ministres des affaires étrangères et premiers délégués des 27 nations européennes participant à l'Assemblée de la Société des Nations, M. Briand a développé les idées relatives à l'organisation de l'Europe qu'il avait esquissées devant l'Assemblée. Après un échange de vues, les délégués présents ont déclaré à l'unanimité prendre acte de l'initiative du président du Conseil français tendant à instituer, entre les nations européennes, un lien de solidarité et la considérer avec sympathie. Tous se sont engagés à saisir leur gouvernement de la question et à la mettre à l'étude. Ils ont chargé le président du Conseil français de rédiger, à l'adresse des gouvernements européens représentés à la Sociétés des Nations, un mémorandum et d'instituer une consultation sur cette question. Sur les réponses, le président du Conseil français est prié de préparer un rapport résumant les avis formulés. Ce rapport sera discuté dans une nouvelle réunion qui aura lieu à Genève, au cours de la onzième Assemblée de la Société des Nations. »

En France, Aristide Briand reçut le soutien, semble-t-il actif, d'Edouard Herriot. L'accueil à l'étranger fut très divers. La presse anglaise se trouva très majoritairement hostile au projet arguant que la Grande Bretagne avait mieux à faire avec son empire colonial. En Allemagne la « Gazette de Voss » déclarait qu'à la base d'une union durable des peuples européens il fallait d'abord organiser l'entente franco-allemande .

Le premier mai 1930, le mémorandum d'Aristide Briand était prêt et fut adressé à 27 Etats européens le 17 mai. Les 27 étaient ceux des pays d'Europe qui faisaient partie de la Société des Nations.

La création d'une union européenne était présentée comme une « union morale », une « entente régionale » dans le cadre de la Société des Nations. Il était proposé :

*la création d'une « Conférence européenne » et d'un « organe exécutif permanent » siégeant tous deux à Genève avec une présidence par roulement entre les nations adhérentes avec en outre un secrétariat permanent. Le mémorandum affirmait que « c'était sur le plan de la souveraineté absolue et de l'entière indépendance politique de chaque Etat que devait être réalisée l'entente entre les nations européennes ».

Entre le 25 juin et le 4 août 1930, les différents gouvernements firent parvenir leur position à Aristide Briand. Personne n'était contre ; chacun voulait conserver son indépendance mais espérait la poursuite de discussions pour avancer ses propres pions et revendications.

Le 13 septembre 1930, le débat repris au sein de la S.D.N sur ce projet « d'union européenne » et le 17 septembre était créée une « commission d'étude ». Cette commission fonctionna et eut quelques résultats sur le plan économique et notamment deux conférences du blé qui se tinrent à Rome en 1931.

Mais le 21 mars 1931, se répandit le bruit de tractations secrètes entre l'Allemagne et l'Autriche pour la fusion des 2 pays. Cela occupa toutes les discussions et toutes les réunions. Puis le 8 janvier 1932 Briand démissionnait pour raisons de santé. Il décéda le 7 mars. Le Parlement français décida qu'il avait bien mérité de la patrie et vota des obsèques nationales. Ce fut Edouard Herriot qui prononça l'éloge funèbre de Briand qui avait été 24 fois ministre et 11 fois président du Conseil.

Avec la disparition de Briand disparut aussi le projet d'Union européenne et ce d'autant que quelques mois plus tard les nazis arrivaient au pouvoir en Allemagne.

Une union économique pouvait-elle se faire sans union politique ? C'est probablement bien là tout le problème.

Il a peut-être fallu ce projet d'entre les 2 guerres pour permettre la résurrection de l'idée européenne ensuite. Mais l'on perçoit bien le double mouvement actuel centrifuge/centripète : pendant que les grosses têtes de Bruxelles rêvent d'une Union complète à l'américaine, tout au moins on peut le penser, les peuples revendiquent plus d'indépendance et de souveraineté et se séparent comme dans l'ex Tchécoslovaquie ou l'ex Yougoslavie alors que d'autres manifestent pour demander leur autonomie (Ecosse, Catalogne, Pays basque...) pour ne citer que le cas des pays de l'Union européenne (voir l'Ukraine, le Kurdistan, le Sud-Soudan etc)

J.D. 16 septembre 2014

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11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 16:20

Au cours des 9 siècles d'histoire de la dynastie de Savoie, des comtes de Savoie aux rois d'Italie, en passant par les ducs de Savoie et les rois de Sardaigne, il y eut souvent vacance du pouvoir soit parce que le souverain était parti en guerre ou en croisade, ou soit parce qu'à la suite d'un décès, le successeur était trop jeune pour gouverner. Dans ces cas, ce sont les femmes qui ont assuré la continuité du pouvoir. En voici quelques exemples :

*Adélaïde de Suse :

Elle naquit à Turin en 1020. Elle est la fille du marquis de Suse (Susa dans le Piémont italien) et de Berthe de Toscane. Elle épousa d'abord Hermann IV de Souabe dont elle eut deux enfants.

Veuve, elle se remaria vers 1045 avec Othon 1er troisième comte de Savoie à qui elle apporta en dot Suse (Susa), Ivrée (Ivrea) , Pignerol (Pinerolo)... Ce furent les premiers domaines de la dynastie Savoie du côté italien des Alpes.

Avec Othon, Adélaïde eut 4 enfants :

*Pierre (1048/1078),

*Amédée (1050/1094),

*Berthe (1051/1087 qui épousa en 1066 Henri de Franconie, qui était alors roi de Germanie et de Bourgogne, et qui deviendra empereur du Saint Empire romain germanique en 1084, (ce qui fit d'Adélaïde de Suse la belle-mère d'Henri IV, empereur germanique de 1084 à 1105, et la grand-mère d'Henri V empereur de 1111 à 1125)

*Adélaïde de Savoie, appelée aussi Adélaïde de Turin (1052/1079)

A la mort d'Othon le 19 mars 1060, l'aîné de ses fils (Pierre) n'avait que 12 ans ; ce fut Adélaïde de Suse qui assura la régence et qui semble avoir conservé le pouvoir, de fait, longtemps sous le règne de Pierre 1er (quatrième comte de Savoie) et d'Amédée II (cinquième comte de Savoie). En 1064, elle avait fondé le monastère de Sainte Marie à Pinerolo. En 1070 elle s'empara d'Asti dont les habitants s'étaient soulevés contre son autorité et elle incendia la ville.

Adélaïde de Suse mourut le 19 décembre 1091 à Canischio (Piémont). Elle fut inhumée en la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Turin. Une statue la représente dans la cathédrale de Suse.

En 1077, elle avait autorisé le passage des Alpes à l'empereur Henri IV se rendant à Canossa (en Emilie-Romagne) pour rencontrer le Pape Grégoire VII. Elle l'avait même accompagné jusqu'à Canossa.

*Bonne de Bourbon :

Elle naquit en juin 1340 et décéda à Macon le 19 janvier 1403. Elle est la fille de Pierre 1er duc de Bourbon et d'Isabelle de Valois. Par sa mère , Bonne de Bourbon est l'arrière petite fille de Philippe III le Hardi roi de France de 1270 à 1285 et l'arrière arrière petite fille de Louis IX (Saint Louis) roi de France de 1226 à 1270. Isabelle de Valois fut la nièce de Philippe IV le Bel roi de France de 1245 à 1285 et la cousine de Louis X roi de France de 1314 à 1316, de Philippe V roi de France de 1316 à 1322 et de Charles IV roi de France de 1322 à 1328.

Jeanne de Bourbon, sœur de Bonne, fut mariée à Charles V qui fut roi de France de 1364 à 1380. Ce qui fit de Bonne de Bourbon la belle-sœur de ce roi de France et la tante de Charles VI qui fut roi de France de 1380 à 1422.

Suite à une guerre qui mit en cause le comte de Genève, les Dauphinois, le royaume de France de Jean le Bon et le comté de Savoie, il y eut un traité dit traité de Paris du 5 janvier 1355. Ce traité impliquait :

*l'alliance de la Maison de Savoie avec la France contre l'Angleterre (on était en pleine guerre de 100 ans)

*des rectifications de frontières par échange de territoire entre Dauphiné et Savoie

*et le mariage du comte de Savoie Amédée VI dit le « comte Verd » (avec un « d » selon l'orthographe en usage au temps du comte) avec Bonne de Bourbon

Le mariage fut célébré par procuration à Paris les premiers jours d'octobre 1355 et c'est le 22 octobre que Bonne de Bourbon, nouvelle comtesse de Savoie, arrivait dans ses Etats.

Le comte Verd fut souvent absent pour guerroyer, notamment lorsqu'il partit combattre les Turcs et les Bulgares pour porter secours à l'empereur de Byzance. Il confia durant ses absences la Régence de ses Etats à Bonne de Bourbon.

Avec le comte Verd, Bonne eut 4 enfants dont 3 survécurent. Lors du décès du comte Verd à Capoue en Italie le 1er mars 1383, son fils Amédée né le 7 février 1360 avait 23 ans. Mais Bonne avait pris l'habitude du pouvoir et son fils devenu Amédée VII (dit le comte Rouge) dut le partager avec sa mère.

Un accord de régence pour le partage du pouvoir entre la mère (Bonne de Bourbon) et son fils (Amédée VII) fut signé en bonne et due forme à Chambéry le 18 juillet 1383.

Elle conserva la Régence à la mort d'Amédée VII le 1er novembre 1391, son petit-fils fils Amédée VIII n'avait que 8 ans. Mais Bonne de Bourbon entra en conflit avec Bonne de Berry, épouse du défunt et mère du successeur mineur

*Yolande de France :

née à Tours le 23 septembre 1434, elle est la fille de Marie d'Anjou et de Charles VII roi de France et par conséquent la sœur de Louis XI.

En 1452, elle fut mariée avec Amédée IX le bienheureux, troisième duc de Savoie. Ils eurent 11 enfants dont 7 survécurent. Amédée IX mourut le 30 mars 1472. Officiellement Yolande assura la régence du duché durant les 3 dernières années de vie d'Amédée, mais en fait cet Amédée plus tourné vers la religion que le pouvoir laissa sa femme gérer en grande partie le duché. Parmi les enfants de Yolande, deux furent duc de Savoie : Philibert né en 1465 et duc de 1472 à 1482 et Charles né en 1468 et duc de 1482 à 1490. A la mort d'Amédée, Philibert n'avait que 7 ans, Yolande poursuivit la régence

Le 27 juin 1476, Yolande fut enlevée par les soldats de Charles-le-Téméraire duc de Bourgogne et enfermée dans le château de Rouvre (dans l'actuelle Côte d'Or). Elle fut délivrée fin septembre 1476 par une armée envoyée par Louis XI. Selon les chroniqueurs de l'époque les retrouvailles de Yolande et de son frère furent très chaleureuses et ils se jugèrent d'être toujours bon frère et bonne sœur.

Yolande décéda à Chambéry le 23 août 1478. Elle fut inhumée en la cathédrale St Eusèbe à Verceil (Vercelli en Piémont).

Elle avait fait construire une tour en annexe de la Sainte Chapelle de Chambéry, tour qui porte aujourd'hui son nom. Voir la fiche N° 114 http://jean.delisle.over-blog.com/le-carillon-de-chambéry-n-114

*Blanche de Montferrat :

Blanche de Montferrat (Bianca di Monferrato) est née en 1472 à Casale Monferrato (dans le Piémont) et décédée à Turin le 30 mars 1519. Elle est inhumée à Carignano près de Turin dans l'église des Augustins. Elle est la fille de Guillaume VIII de Montferrat et d'Elizabetta Maria Sforza.

Elle se maria le 1er avril 1485 à Charles 1er, cinquième Duc de Savoie décédé le 13 mars 1490.

Blanche de Monferrat se retrouva veuve avec 2 enfants :

Yolande Louise née en 1487, décédée en 1499

Charles Jean Amédée né en 1489 et décédé le 16 avril 1496. A la mort de son père, ce fils hérita du titre de duc de Savoie sous le nom de Charles II, mais il avait 1 an et décéda à l'âge de 7 ans, c'est donc Blanche de Monferrat qui assura la régence. A la mort de ce Charles II, c'est un frère d'Amédée IX (donc oncle par alliance de Blanche de Monferrat) qui devint duc sous le nom de Philippe II dit Sans Terre.

Durant le temps de sa régence, Blanche de Montferrat autorisa le passage des armées de Charles VIII roi de France en route vers l'Italie. Elle fit aussi ouvrir la première imprimerie à Chambéry.

*Christine de France :

Christine de France ou Chrestienne de France naquit à Paris le 10 février 1606 et décéda à Turin le 27 décembre 1663. Elle est la fille de Henri IV roi de France et de Marie de Médicis. Parmi ses frères et sœurs : Louis qui devint Louis XIII roi de France, Elisabeth reine d'Espagne et Henriette reine d'Angleterre.

Le 10 février 1619, en la chapelle du Louvre à Paris, elle épousa Victor-Amédée 1er douzième duc de Savoie dont elle eut 7 enfants ; deux furent ducs de Savoie :

*François-Hyacinthe né le 14 septembre 1632, duc de Savoie à la mort de son père le 7 octobre 1637, décédé le 4 octobre 1638

*Charles-Emmanuel II né le 10 juin 1634, duc de Savoie à la mort de son frère en 1638 (il avait 4 ans)

Christine, surnommée « Madame Royale », assura la régence pour ses 2 fils successivement et conserva de fait le pouvoir jusqu'à sa mort le 27 décembre 1663.

Deux de ses beaux-frères (le cardinal Maurice de Savoie et Thomas-François prince de Carignan et ancêtre au sixième degré de Charles-Albert qui fut roi de Sardaigne) contestèrent la régence et se liguèrent contre Christine. Appuyés par l'Espagne et les Milanais, ils lui firent la guerre. Ils s'emparèrent de Turin le 27 janvier 1639 et Maurice de Savoie fit de Nice sa capitale d'août 1639 à 1642.

Christine s'était réfugiée avec ses enfants, d'abord à Suse puis à Chambéry, et put rentrer à Turin en novembre 1640 après la reconquête de la ville par les troupes françaises et un traité de paix imposé par Richelieu le 14 juin 1642.

Christine de France fut inhumée dans l'église Sainte Christine du couvent des Carmélites de Turin.

Voir la note N°155 : Sonnet à Christine de France Duchesse de Savoie http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/sonnet-a-christine-de-france-duchesse-de-savoie-n-155.html

*Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours :

Elle naquit à Paris le 11 avril 1644 et mourut à Turin le 15 mars 1724. Elle est la fille de Charles-Amédée de Savoie duc de Genève, de Nemours et d'Aumale et d'Elisabeth de Bourbon (petite fille d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées).

Elle se maria le 10 mai 1665 avec Charles-Emmanuel II quatorzième duc de Savoie. Ce Charles-Emmanuel II est le petit-fils d'Henri IV et de Marie de Médicis par sa mère Christine de France ; Marie-Jeanne est l'arrière petite-fille d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées par sa mère.

Marie-Françoise sœur de Jeanne-Baptiste fut reine du Portugal et Jeanne-Baptiste fut l'arrière-grand-mère de Louis XV roi de France et de Louis 1er roi d'Espagne.

Avec Charles-Emmanuel II, Jeanne-Baptiste eut un fils (Victor-Amédée) né le 14 mai 1666. A la mort de Charles-Emmanuel II le 12 juin 1675, son fils n'avait que 9 ans, Jeanne-Baptiste assura la régence. Elle se faisait aussi appeler « Madame Royale », elle voulut conserver le pouvoir même après la majorité de son fils qui la chassa du pouvoir en 1684.

A Turin, le Palazzo Madama doit son nom aux deux « Madame Royale ».

Le corps de Jeanne-Baptiste fut inhumé en la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Turin et son cœur en l'église Sainte Christine au couvent des Carmélites de Turin.

Petite conclusion :

Dans la récapitulation ci-dessus, j'ai insisté sur les liens familiaux pour montrer la complexité des relations entre les Cours d'Europe.

On ne peut pas dire que la situation fut meilleure ni pire au temps des Régentes qu'au temps des Souverains en titre.

Dans l'histoire des Sociétés humaines, il n'y a pas besoin d'ouvrir beaucoup de livres d'histoire pour trouver des chefs d'Etats masculins (rois, empereurs, dictateurs, présidents...) qui furent des nullités absolues et firent grand tort à leurs sujets ou concitoyens. D'ailleurs, il y en a encore, suivez mon regard !

De même si l'on cherche dans notre mémoire à citer des noms à classer dans la catégorie « monstres de l'histoire », viendront probablement des noms comme Tibère, Caligula, Néron ou Hitler, Staline, Pol Pot.... mais aucun nom féminin !

Pour que les femmes accédant au pouvoir fassent pire que beaucoup d'hommes, il faudrait vraiment qu'elles le fassent exprès !

J.D. 11 septembre 2014 dernière mise à jour le 21 octobre 2014

P.S. La récapitulation thématique des notes de ce blog ainsi que la récapitulation des illustrations, se trouvent sur la fiche N°76 :http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

Ascendance de Victor-Amédée II

Ascendance de Victor-Amédée II

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30 août 2014 6 30 /08 /août /2014 15:35

Le 6 avril 1927, pour le dixième anniversaire de l'entrée en guerre des Etats-Unis, Aristide Briand, alors Ministre des Affaires Etrangères, adressa un message au peuple américain. Dans ce message, Aristide Briand proposait aux Américains un engagement mutuel à mettre la guerre hors la loi entre la France et les Etats-Unis.

L'idée de remplacer la guerre par l'arbitrage et le droit pour résoudre les conflits faisait son chemin. Cette idée était à la base de la création de la « Société des Nations », mais aussi des accords de Locarno de 1925.

Diverses initiatives avaient été prises dans ce sens (voir la fiche N°192 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/08/a-geneve-le-10-septembre-1926-n-192.html). L'opposition à la guerre remplissait régulièrement l'ordre du jour des congrès socialistes (voir la fiche N°8 http://jean.delisle.over-blog.com/article-clara-zetkin-58616039.html).

Le premier traité d'amitié entre la France et les Etats-Unis datait du 6 février 1778. Il était question de renouveler en 1928, une convention du 10 février 1908, à l'occasion du cent-cinquantième anniversaire du premier traité.

Le 28 décembre 1927, Frank B. Kellogg secrétaire d'Etat américain (aux Affaires étrangères) avait adressé à Paul Claudel (alors ambassadeur de France à Washington) une lettre qui était une réponse à la proposition de Briand du 6 avril 1927 et dans laquelle Kellogg proposait d'étendre à tous les pays la possibilité de signer une déclaration par laquelle « toutes les puissances renonceraient à la guerre en tant qu'instrument de politique nationale ». Sur cette proposition, il y eut de nombreuses discussions et de nombreux travaux qui aboutirent au texte suivant :

Préambule :

Ayant le sentiment profond du devoir solennel qui leur incombe de contribuer au bien de l'humanité ; persuadés que le moment est venu de renoncer franchement à la guerre en tant qu'instrument de politique nationale, afin de perpétuer les relations pacifiques et amicales qui existent actuellement entre leurs peuples ; convaincus que tous changements dans leurs relations réciproques ne doivent être recherchés que par des moyens pacifiques et être réalisés dans l'ordre et dans la paix, et que toute puissance signataire qui chercherait désormais à servir ses intérêts nationaux en recourant à la guerre devrait être privée des avantages résultant du présent traité ; espérant que, encouragés par leur exemple, toutes les autres nations du monde se joindront à ces efforts humanitaires et, en adhérant au présent traité dès qu'il entrera en vigueur, mettront leurs peuples à même de bénéficier de ses stipulations, unissant ainsi les nations civilisées du monde dans une renonciation commune à la guerre en tant qu'instrument de leur politique nationale, ont décidé de conclure un traité.
Cl
auses :

Article premier : Les hautes parties contractantes déclarent solennellement, au nom de leurs peuples respectifs, qu'elles condamnent le recours à la guerre pour le règlement des controverses internationales et y renoncent en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles.

Article 2 : Les hautes parties contractantes reconnaissent que le règlement ou la solution de tous les différents ou conflits, de quelque nature ou quelque origine qu'ils puissent être, qui pourront surgir entre elles ne devra jamais être cherché que par des moyens pacifiques.

Article 3 : Le présent traité sera ratifié par les hautes parties contractantes conformément aux exigences de leurs Constitutions respectives, et il prendra effet entre elles dès que les divers instruments de ratification auront été déposés.

Ce traité, lorsqu'il aura été mis en vigueur ainsi qu'il est prescrit au paragraphe précédent, restera ouvert aussi longtemps qu'il sera nécessaire pour l'adhésion de toutes les autres puissances du monde. Chaque instrument établissant l'adhésion d'une puissance sera déposé à...et le traité deviendra, immédiatement après ce dépôt, effectif entre la puissance donnant ainsi son adhésion et les autres parties contractantes. »

Le pacte fut signé dans l'après-midi du 27 août 1928 dans le salon de l'horloge du Quai d'Orsay. Il fut d'abord appelé « traité de Paris », mais l'appellation « pacte Briand-Kellogg » l'emporta ensuite. Ce pacte fut d'abord signé le 27 août 1928 par les représentants des pays suivants :

Afrique du Sud (Stéphane Smit)

Allemagne (Gustav Stresemann)

Australie (John Mac Lachlan)

Belgique (Paul Hymans)

Canada (Mackenzie King)

Etat libre d'Irlande (Thomas Coograve)

Etats-unis (Frank B. Kellogg)

France (Aristide Briand)

Grande-Bretagne, Irlande du Nord et Indes (lord William Cushendun)

Italie (comte Manzoni)

Japon (comte Yasuya Uchida)

Nouvelle-Zélande (James Parr)

Pologne (August Zaleski)

Tchécoslovaquie (Edvard Bénès)

Les Etats-Unis prirent l'initiative d'adresser ce pacte à 49 pays qui étaient absents le 27 août. La plupart y compris l'URSS envoyèrent leur adhésion à ce pacte. Au total 63 pays y adhérèrent. C'est à Washington que furent adressées les notifications officielles des Etats et c'est le 14 juillet 1929 que le pacte fut considéré comme entré en application.

A Paris la signature avait été précédée d'un seul discours, celui de Briand qui révéla qu'il devait à l'obligeance de Kellogg d'avoir choisi Paris pour la signature du traité, lequel Kellogg avait souhaité en outre, comme symbole, que la signature ait lieu le plus près possible de la place de la Concorde !

Aristide Briand fut surnommé : « l'apôtre de la paix ». Il prit en effet une part très active à la S.D.N. , au traité de Locarno, au rapprochement franco-allemand, au pacte Briand-Kellogg.... Sur ces dernières années de vie, il tenta d'imposer l'idée d'une union européenne pour consolider la paix, mais la « grande faucheuse » ne lui laissa pas le temps de pousser son projet.

Mettre la guerre hors la loi était une idée généreuse et on peut même dire rationnelle tellement les guerres font du ravage. Ce fut aussi le but de la S.D.N. puis de l'ONU. Malheureusement les guerres n'arrêtèrent pas. Le Japon fut le premier pays à rompre le pacte anti-guerres puis tous les autres ensuite ! Et c'est 10 ans après la mise-hors-la-loi de la guerre qu'eut lieu la plus grande boucherie de tous les temps !

En 1930, Sigmund Freud publiait un ouvrage dont le titre français est : « malaise dans la civilisation ». Dans cet écrit Freud met en parallèle l'instinct de vie et l'instinct de mort. Il faut croire que l'instinct de mort l'emporte toujours sur celui de la vie.

Depuis quelques décennies, on assiste cependant à quelque chose de nouveau. Pour l'essentiel, dans l'histoire des sociétés humaines, les guerres étaient le fait d'Etats-nations constitués. Maintenant on constate que les attentats, les opérations de guerre sont surtout menés par des groupes qui échappent aux Etats et qui n'en sont que plus dangereux.

J.D. 30 août 2014

Aristide Briand signant le pacte, publié par Suarez

Aristide Briand signant le pacte, publié par Suarez

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 11:24

Le 10 septembre 1926 (douzième anniversaire de la première bataille de la Marne qui se déroula du 6 au 12 septembre 1914), une délégation allemande conduite par Gustav Stresemann, ministre des Affaires étrangères de la République de Weimar, faisait une entrée triomphale dans la salle des séances de la Société Des Nations (S.D.N.) à Genève.

Voilà ce que décrit Georges Suarez dans « Briand » tome VI (édité en 1952) chapitre II :

« Les délégués allemands reçurent, en débarquant à Genève, un accueil indescriptible. Il faut se replacer dans l'atmosphère de cette époque, où seules étaient visibles les apparences créées et exploitées par les traités de Locarno....(voir la fiche N°187 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/07/deux-discours-remarquables-le-30-novembre-1925-n-187.html)

Une foule immense avait envahi les voies d'accès , les tribunes, les couloirs de la S.D.N. Dans la salle, les délégués debout acclamaient les représentants de l'Allemagne...

Le président donna la parole à Stresemann qui, aux applaudissements frénétiques de l'assistance, monta à la tribune et prononça un fort beau discours.... ».

Ce fut Aristide Briand qui répondit au discours de Stresemann. Voici des extraits du discours de Briand :

« N'est-ce-pas un spectacle émouvant, particulièrement édifiant et réconfortant, que, quelques années à peine après la plus effroyable guerre qui ait jamais bouleversé le monde, alors que les champs de bataille sont encore presque humides de sang, les peuples, les mêmes peuples qui se sont heurtés si rudement se rencontrent dans cette Assemblée pacifique et s'affirment mutuellement leur volonté commune de collaborer à l’œuvre de paix universelle ?

Quelle espérance pour les peuples ! Et comme je connais des mères qui, après cette journée, reposeront leurs yeux sur leurs enfants sans sentir leur cœur se serrer d'angoisse !

Messieurs, la paix, pour l'Allemagne et pour la France, cela veut dire : c'en est fini de la série des rencontres douloureuses et sanglantes dont toutes les pages de l'histoire sont tachées ; c'en est fini des longs voiles de deuil sur des souffrances qui ne s'apaiseront jamais ; plus de guerres, plus de solutions brutales et sanglantes à nos différents ! Certes, ils n'ont pas disparu, mais, désormais, c'est le juge qui dira le droit. Comme les individus qui s'en vont régler leurs difficultés devant le magistrat, nous aussi, nous réglerons les nôtres par des procédures pacifiques.
Arrière les fusils, les mitrailleuses les canons ! Place à la conciliation, à l'arbitrage, à la pai
x ! »

La dernière phrase, qui fut célèbre à l'époque, déchaîna à l'assemblée de la S.D.N. à Genève une véritable tempête d'applaudissements. Suarez reproduit le commentaire qu'en fit une biographe de l'époque : Mme Antonino Vallentin :

« Les bras de l'homme s'étaient levés, une vision d'Apocalypse semblait passer devant ses yeux. Le public haletait, les mains s'agrippaient au parapet des tribunes, des larmes coulaient sur de durs visages ».

Interrompu par les applaudissements, Briand reprit un très long discours dont voici de nouveaux extraits :

« Il faut bien le dire, si l'Europe retrouve son équilibre économique, son équilibre moral, si les peuples ont conscience qu'ils sont en sécurité, ils pourront secouer de leurs épaules les lourds fardeaux qu'imposent les inquiétudes de la guerre ; ils pourront collaborer à l'amélioration de leur situation respective ; il se créera enfin un esprit européen....

L'Arbitrage ! Ce mot a maintenant tout son prestige et toute sa force ; les traités d'arbitrage se multiplient ; de peuple à peuple, on se promet de ne plus se battre, de recourir à des juges. La paix chemine à travers toutes ces entreprises, et c'est l'esprit de la Société des Nations qui les anime...

Avec elle, la Paix ! Sans elle, tous les risques de guerre et de sang dont les peuples n'ont que trop pâti...

Je me félicite d'avoir pu assister à cet événement. Il tiendra, j'en suis sûr, une grande place dans l'histoire. A nous de nous employer pour qu'aucune imprudence des uns ou des autres ne vienne compromettre les espérances des peuples ».

Suarez fait ce commentaire :

« Les derniers mots se perdirent dans une ovation délirante. Ce jour là, pour la première fois, se forma une véritable mystique de la S.D.N. Elle n'était pas sans grandeur ni sans sincérité. Mais elle allait donner à ce Parlement qui avait surtout besoin de raison, l'inspiration fanatique d'une nouvelle religion. Tant que Briand sera là, pour contenir les fougueux élans que son éloquence déchaînait, les dangers de ce prosélytisme seront réduits. Quand il disparaîtra, personne ne sera de taille pour les conjurer. »

Il faut tenir compte que Suarez écrit ces lignes en 1952, donc après la seconde guerre mondiale. Mais cela amène néanmoins à s'interroger sur la S.D.N. ancêtre de l'ONU. Comment en effet a-t-on pu passer d'un état d'euphorie, de coopération internationale des années 1920 (accords de Locarno, fonctionnement de la SDN, pacte Briand-Kellogg), à la catastrophe qui a suivi : arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne (c'est le 30 janvier 1933 que le Président Hindenburg appela Hitler comme Chancelier), guerre d'Espagne commencée en juillet 1936, invasion de la Chine par le Japon commencée en août 1928, conquêtes coloniales italiennes des années 30, guerre entre la Bolivie et le Paraguay en 1932, alliance Rome/Berlin en octobre 1936, annexion de l'Autriche en mars 1938, invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939 , pactes germano-soviétiques d'août 1939, seconde guerre mondiale... et en si peu de temps ?

Nota : à Genève, la S.D.N. s'installa d'abord dans le palais Wilson quai Wilson. C'est là que fut reçue la délégation allemande en septembre 1926. Ce fut le siège de la S.D.N. jusqu'au transfert en 1936 au Palais des Nations dans le parc de l'Ariana jusqu'à la fin de la S.D.N. en 1946.

Depuis 1998, le palais Wilson accueille le Haut Commissariat des Nations-Unies aux droits de l'homme et depuis 1966, le palais des Nations est devenu le siège européen de l'ONU avec un certain nombre d'agences spécifiques comme : l'AIEA (agence internationale de l'énergie atomique) , la FAO (agence pour l'alimentation et l'agriculture), l'UNESCO etc

La Société des Nations :

Dès le XIXe siècle, l'idée fit son chemin qu'il fallait remplacer les guerres par le droit et l'arbitrage pour régler les conflits entre Nations. Ainsi, un « Bureau international de la Paix » avait été créé à Berne en 1892 et des « conférences internationales de la paix » s'étaient tenues à La Haye de 1899 à 1907.

Cette idée fut reprise par Woodrow Wilson président des Etats-Unis le 8 janvier 1918 dans un discours devant le Congrès américain où il définissait en 14 points les conditions qui devaient être remplies pour terminer la guerre. Voici le point 14 :

« une association générale des Nations doit être constituée sous des alliances spécifiques ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands Etats ».

Après l'armistice de novembre 1918, il y eut la conférence de Paris préparant le traité de Versailles.

C'est à l'hôtel Crillon à Paris que fut rédigé du 3 février au 11 avril 1919 le « pacte » de la Société des Nations. Et la création de cette Société des Nations fut intégrée dans le traité de Versailles.

La première réunion de la S.D.N. eut lieu à Londres le 10 janvier 1920. Elle ratifia le traité de Versailles. Le pacte prévoyait essentiellement deux grandes choses :

*la création d'une « cour permanente internationale de justice » qui fut effectivement créée à La Haye en 1922

*des procédures d'arbitrage pour régler les conflits.

C'est à partir du 1er novembre 1920 que la S.D.N. siégea à Genève

organisation :

*45 pays avaient adhéré à la Société des Nations à ses débuts, mais cela ne comprenait pas les Etats-Unis malgré qu'ils furent à l'origine de cette institution. Les Etats-Unis ne ratifièrent pas le traité de Versailles et le Sénat américain émit le 19 novembre 1919 un vote négatif à l'adhésion à la S.D.N.

La Russie n'adhéra que le 18 septembre 1934 pour en être exclue le 14 décembre 1939 suite à l'invasion de la Pologne. L'Allemagne fut admise en 1926, mais avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler en 1933, l'Allemagne quittait la Société des Nations. Le Japon condamné par la S.D.N. pour l'invasion de la Chine quittait la S.D.N. en 1933 et l'Italie en 1937. Au maximum la S.D.N. compta 60 membres fin 1934, début 1935.

L'organisation de la S.D.N. comprenait (outre la Cour de La Haye):

*Une Assemblée Générale qui réunissait des représentants de tous les pays membres, avec à la tête de l'Assemblée générale un président

*Un Conseil avec des membres permanents et des non permanents. Il y eut, à l'origine, 4 membres permanents (la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et le Japon). En 1926, l'Allemagne devint le cinquième membre permanent. Il y eut également 4 membres non permanents élus pour 3 ans (les premiers membres élus pour 3 ans furent la Grèce, la Belgique, le Brésil et l'Espagne) puis on passa à 6 membres non permanents en 1922 puis à 9 en 1926. Le Conseil se réunissait 5 fois par an.

*Il y avait enfin un secrétariat général avec un Secrétaire Général.
En outre, la S.D.N s'adjoignit un certain nombre d'agences spécialisées (un bureau central de l'opium, une commission pour les réfugiés, une commission pour l'esclavage, un comité sanitaire, l'organisation internationale du travail
...).

Elle confia également à quelques pays (Royaume-uni, France, Belgique, Nouvelle-Zélande, Australie et Japon) un mandat de gestion sur des territoires, essentiellement anciens territoires de l'ex empire ottoman ou anciennes colonies allemandes.

La S.D.N. elle-même administra la Sarre jusqu'à ce qu'un référendum, en 1935, donne 90% de la population favorable au rattachement à l'Allemagne. La Sarre fut alors rendue à l'Allemagne, c'est-à-dire à l'époque au troisième Reich.

C'est lors de la conférence de Yalta (en Crimée) tenue en février 1945, que fut décidée la création de l'ONU en remplacement de la SDN. Tous les biens de la SDN furent dévolus à l'ONU et des agences de la SDN continuèrent à fonctionner dans le cadre de l'ONU.

Bilan

Si l'on veut voir le verre à moitié plein, la S.D.N permit de régler certains conflits tels :

-celui des îles Aland (entre la Suède et la Finlande)

-celui entre Albanie et Yougoslavie

-entre Autriche et Hongrie

-entre la Grèce et la Bulgarie

-entre Allemagne et Pologne (pour la Haute-Silésie)

-entre l'Irak et la Turquie

-entre la Colombie et le Pérou

etc

En outre les agences spécialisées permirent une coopération internationale dans la lutte contre l'esclavage, l'analphabétisme, la drogue, les épidémies, l'amélioration du droit du travail etc.

Si l'on préfère le verre à moitié vide, la SDN n'empêcha pas la guerre d'Espagne, l'invasion de la Chine par le Japon, le réarmement de l'Allemagne et la seconde guerre mondiale avec tout son cortège d'invasions, d'occupations et d'horreurs... Ce qui fait conclure à l'échec de la SDN par beaucoup d'auteurs.

La S.D.N prenait des résolutions, la Cour de La Haye rendait des jugements, mais il n'y avait pas de forces internationales pour faire appliquer les décisions. En outre, des pays comme les Etats-Unis n'adhérèrent pas pour ne pas être liés par les décisions de la SDN ; d'autres comme l'Allemagne, l'Italie, le Japon quittèrent la SDN quand ils voulurent avoir les mains libres ou furent exclus comme l'URSS en 1939.

Les artisans de la paix et de la coopération des années 1920 disparurent : Gustav Stresemann, l'Allemand, décédé le 3 octobre 1929, Aristide Briand le 7 mars 1932 et Frank Kellogg l'américain le 21 décembre 1937 (il avait 81 ans).

Ces personnages auraient été aux responsabilités 10 ans de plus, est-ce que cela aurait empêché la seconde guerre mondiale ? Qui peut répondre ?

Mussolini déclara à propos de la SDN : « La SDN est très efficace quand les moineaux crient, mais plus du tout quand les aigles attaquent ». Ce fut probablement le principal problème.

L'ONU a repris l'esprit et les missions de la SDN mais avec les mêmes problèmes. Il est bien évident que l'ONU ne se comporte pas avec la Chine, la Russie ou les Etats-Unis comme avec la Serbie ou l'Irak !

Dans « Les animaux malades de la peste », Jean de La Fontaine (1621/1695) tire la conclusion suivante :

« Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

Cela était vrai dans l'Antiquité, au XVIIe siècle et cela l'est toujours !

J.D. 29 août 2014

le palais des Nations à Genève, photo Yann Forget

le palais des Nations à Genève, photo Yann Forget

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