Le Front populaire N°807
Aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, la gauche unie dans le Front Populaire obtenait 5.690.168 voix et 386 élus contre 4.105.435 voix et 224 élus à la droite ; en rappelant qu’en 1936, en France les femmes n’avaient pas encore le droit de vote et que la majorité électorale était à 21 ans.
Léon Blum, leader de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière, ancêtre du parti socialiste) devenait président du Conseil. Il prenait ses fonctions le 4 juin.
Dès le 7 juin les « accords Matignon » entre l’État, le patronat et les syndicats octroyaient une hausse générale des salaires de 10 %, reconnaissaient les syndicats et prévoyaient l’élaboration de conventions collectives par branche. Puis une loi, adoptée par le Parlement et publiée au J.O. du 21 juin instituait la semaine de 40 heures de travail hebdomadaire et accordait 2 semaines de congés payés après un an de présence chez un employeur (et une semaine après six mois d’ancienneté).
Un décret de Napoléon III du 9 novembre 1853 avait déjà accordé 2 semaines de congés payés aux fonctionnaires de l’État. D’autres secteurs d’activité avaient timidement emboîté le pas mais il fallut attendre 1936 pour voir la généralisation des congés payés.
Ainsi, le gouvernement et les assemblées n’avaient mis que 17 jours pour accoucher des lois sociales !
Les salariés français étaient très contents : ils gagnaient plus, travaillaient moins et avaient des congés payés. Mais, ils ne voulaient pas voir, que de l’autre côté du Rhin, les Allemands, eux, travaillaient plus !!!
Ils ne se souvinrent pas non plus que le franc dût être dévalué de 35 % dès le 1er octobre 1936 puis le 30 juin 1937, le 4 mai 1938, le 12 novembre 1938 et encore le 29 février 1940. Et la belle augmentation de salaire des accords Matignon fut bouffée x fois par l’inflation !
*Quant à la politique étrangère du gouvernement issu du front populaire, quelle catastrophe :
*refus d’aider les Républicains espagnols alors qu’Hitler et Mussolini soutenaient Franco sans vergogne !
*participation aux J.O. de Berlin de 1936 (cérémonie d’ouverture le 1er août 1936) alors que le premier camp de concentration (celui de Dachau) avait été ouvert dès 1933 et que toutes les lois anti-juives avaient été votées en 1935. En France un seul député vota contre la participation à ces J.O. (Pierre Mendès-France alors député de l’Eure).
*conférence de Munich en septembre 1938, où Édouard Dalladier et son compère Neville Chamberlain livrèrent la Tchécoslovaquie à Hitler. Et ce après avoir avalé la remilitarisation de l’Allemagne (dont de la Rhénanie à compter du 7 mars 1936), l’annexion de l’Autriche…
*déclaration de guerre à l’Allemagne nazie dès le 3 septembre 1939, mobilisation de 5 millions de soldats qui restèrent derrière la ligne Maginot ainsi que les renforts anglais, en attendant le bon vouloir des Allemands, le 10 mai 1940, pour que notre déclaration de guerre se transforme en guerre.
*vote le 10 juillet 1940 à Vichy des pleins pouvoirs à Pétain par le parlement issu de 36, en se rappelant qu’à cette date (du 10 juillet 1940) Staline était encore l’allié d’Hitler !
Et avec un pareil bilan, il y a encore des nostalgiques du front populaire de 1936 !
Enfin pour mémoire, rappelons qu’en vertu des 2 pactes germano-soviétiques signés au Kremlin dans la nuit du 23 au 24 août 1939 ; l’URSS envahissait la moitié de la Pologne le 17 septembre 1939, l’Estonie le 18 octobre 1939, la Lettonie le 29 octobre 1939, la Lituanie le 3 novembre 1939, la Finlande le 30 novembre 1939 et la Roumanie le 28 juin 1940 !
On trouvera en illustration la plaque sur la façade d'un immeuble rue de Boigne à Chambéry qui rappelle que la capitulation allemande fut signée à Reims le 7 mai 1945 (à Reims où l'on peut visiter un musée de la capitulation).
J.D. 8 mai 2025