Le 21 octobre
*658 délégués des communes de Savoie (ce qui correspond aux actuels départements de la Savoie et de la Haute-Savoie plus 24 communes savoyardes qui furent cédées à la Suisse après la chute de Napoléon) se réunirent dans la cathédrale de Chambéry le 21 octobre 1792.
*583 de ces délégués soit 88,6% votèrent pour le rattachement à la France et ils s'auto-proclamèrent « Assemblée Nationale des Allobroges ».
*Le 27 novembre 1792, suite à une plaidoirie de l'abbé Grégoire (député à la Constituante, l'abbé Grégoire fut l'un des premiers membres du clergé à rejoindre le Tiers-état, il prit une part active à l'abolition de l'esclavage et à la déclaration des droits de l'homme), la Convention « accepta l'offre des Allobroges » et par décret du 28 novembre, la Savoie était rattachée à la France en constituant le département du Mont Blanc (84ème département français à l'époque) avec Chambéy comme chef-lieu. Ce département fut divisé en 7 districts, 83 cantons et 652 communes. Les districts furent : Chambéry, Annecy, Thonon, Carouge, Cluses, Moutiers, Saint Jean de Maurienne. La partie nord de ce département (Bonneville, Carouge, Cluses, Thonon plus le pays de Gex) fut rattachée le 25 août 1798 au nouveau département du Léman constitué suite à l'annexion de la République de Genève par la France. La république indépendante de Genève instituée en 1535 ne fut officiellement rattachée à la Suisse qu'à compter du 31 décembre 1815.
*En faisant demander le rattachement par les Savoyards eux-mêmes, la France de la Convention s'était donnée le beau rôle.
*Du 21 octobre au 28 novembre 1792, l'Assemblée Nationale des Allobroges vota :
-la suppression des droits souverains de la Maison de Savoie
-la suppression de la noblesse
-la suppression des redevances féodales
-la suppression de la dîme (due au clergé)
-la suppression des biens du clergé et des biens des émigrés.
*Les principales personnalités de cette assemblée des Allobroges furent François-Amédée Doppet et Philibert Simond (qui termina guillotiné à Paris en avril 1794). L'historien genevois Paul Guichonnet dans son « Histoire de l'annexion de la Savoie à la France » (La Fontaine de Siloé 2003), écrit joliment (page 35) : « Les notables de l'Assemblée nationale des Allobroges font, en une seule semaine d'octobre 1792, absorber à leurs compatriotes un comprimé de toute la législation révolutionnaire née en France depuis 1789 ».
Pendant que ces événements se déroulaient en Savoie, dans le midi, le général Anselme, appuyé en mer par l'amiral Truguet, s'emparait du comté de Nice le 29 septembre 1792. Pinto chef d'Etat-Major et les 2 commandants de forts qui défendaient Nice, n'offrirent aucune résistance, comme l'avait fait Lazary en Savoie. Les Piémontais avaient abandonné à Nice, sans coup férir, 100 canons de bronze, une frégate, une corvette et leurs magasins de provisions. De retour en Piémont, Lazary et Pinto furent destitués et les commandants des forts de Nice emprisonnés. Victor-Amédée III avait été trahi par ses militaires.
Fort de la victoire à Nice, l'amiral Truguet voulut s'emparer de la Sardaigne, mais la résistance de la population fit échouer l'opération.
Victor-Amédée III voulut reconquérir les territoires perdus et 3 corps de l'armée piémontaise envahirent la Savoie le 14 août 1793 par la Maurienne, la Tarentaise et le Faucigny, tandis que Victor-Amédée III (il avait 67 ans) prenait lui-même le commandement de l'armée chargée de libérer Nice. Les combats durèrent plusieurs mois, mais les Piémontais furent repoussés partout; en Savoie par Kellermann et à Nice par Masséna. L'Autriche qui devait soutenir l'offensive et les Anglais l'aider ne fournirent que des contingents limités et qui manifestement avaient l'ordre de ne pas faire de zèle. Trahi par ses militaires en 1792, Victor-Amédée III le fut par ses alliés en 1793.