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La vision de Dante N°673

La vision de Dante N° 673

 

« La vision de Dante » est le titre d’un long poème (740 vers) de Victor Hugo daté du 24 février 1853 et intégré dans La légende des siècles.

Ce poème commence ainsi :

« Dante m’est apparu. Voici ce qu’il m’a dit... »

 

et se termine par :

« Et, comme je fuyais, dans la nuée ardente

Une face apparut et me cria : Mon Dante,

prends ce pape qui fit le mal et non le bien,

Mets-le dans ton enfer, je le mets dans le mien »

 

L’action du poème se déroule en 1853 :

« Dans l’an cinquante-trois du siècle dix-neuvième »

 

Dante dans son tombeau voit apparaître un ange

« Et je vis apparaître un ange surprenant…

Il portait sur sa tête ingénue et superbe

Ce mot des cieux, ce mot qui contient tout le verbe :

Justice. On le pouvait voir distinctement... »

 

L’ange appelle tous ceux qui furent victimes de l’injustice à se manifester :

« Et l’archange cria : Trépassés ! Trépassés !

Levez-vous, accourez, venez, comparaissez !

Voici l’instant où l’aigle aura peur des colombes.

O victimes ! Sortez des nuits, sortez des tombes... »

 

Ils arrivent innombrables

« Quels sont vos meurtriers, et vos bourreaux ? Dit l’ange

Et d’une seule voix ils dirent : les soldats »

 

L’ange alors convoque les soldats

« C’étaient des millions d’hommes bardés de fer »…

« Ce n’est pas nous, ce sont nos capitaines.

Nous dûmes obéir à leur ordre inhumain ;

Nous n’étions que le glaive, eux, ils étaient la main.

C’est sur eux, non sur nous, que le crime retombe... »

 

Les capitaines accusent les juges, ceux-ci les princes, qui se défaussent sur le pape et le dit pape sur dieu ! Pratique personne n’est coupable ; cela me rappelle l’affaire « du sang contaminé » en avril 1991 lorsque la ministre de la santé (Georgina Dufoix) se déclara « responsable mais pas coupable » !

La tirade sur les juges vaut son pesant de moutarde ou plus probablement s’agissant d’un rêve de Dante, son pesant de pizze ! En voici un extrait :

« Vous êtes, dit l’esprit, les juges de la terre.

De vous tous qui teniez le livre de la loi

pas un ne me connaît, mais je vous connais, moi.

Écoutez. Vous avez trahi le droit auguste,

Absous les scélérats, condamné l’homme juste.

Et lié l’innocence aux pieds du crime heureux…. »

 

Le portrait d’un des princes dans le poème semble prémonitoire :

« le dernier qui venait, horrible au milieu d’eux,

Était à chaque marche encombré de squelettes

Et de cadavres froids aux bouches violettes,

Et le plancher rougi fumait, de sang baigné ;

le char qui le portait dans l’ombre était traîné

par un hibou tenant dans sa griffe une hache.

Un être aux yeux de loup, homme par la moustache…. »

 

Sur Dante, voir la fiche N°146 http://jean.delisle.over-blog.com/2013/12/dante-n-146.html

sur Victor Hugo la fiche N° 631 http://jean.delisle.over-blog.com/2020/05/les-chouans-et-les-vendeens-balzac-dumas-hugo-n-631.html

le pape dont il est question dans ce poème est Pie IX, mais, la longueur des notes étant limitée sur ce blog depuis 4 ou 5 ans, ce sera l’objet de la prochaine fiche.

En illustration, un portrait de Victor Hugo par Léon Bonnat, daté 1879, emprunt au net.

J.D. 15 novembre 2020

 

 

 

La vision de Dante N°673
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