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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 19:15

En 1949, la France fit parvenir une série de cadeaux venant des provinces françaises, à chacun des États des États-Unis en reconnaissance de l'intervention américaine durant les deux guerres mondiales.

Première guerre mondiale :

C'est en effet le 6 avril 1917 que le président américain Woodrow Wilson déclara la guerre à l'Empire allemand. On remarque curieusement les initiales de ce Président (W.W.) comme dans World War 1 (première guerre mondiale, en abrégé WW1)

A partir de juin 1917, 2 millions de soldats américains, répartis dans 42 divisions, débarquèrent sur le sol français, renversant le rapport de force avec l'Empire allemand et permettant la victoire ; d'autant que 2 autres millions de soldats se préparaient à renforcer les effectifs américains, ce qui conduisit les Allemands à capituler en novembre 1918.

Sur la terre française, les Américains eurent 127.500 tués et 205.700 blessés en 1917/1918.

Seconde guerre mondiale :

Les États-Unis entrèrent dans cette guerre après l'attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Ils mobilisèrent 10 millions de soldats. L'intervention américaine commença sous la présidence de Franklin Roosevelt (élu Président en 1932, 1936 et 1940, à ne pas confondre avec Théodore Roosevelt Président en 1901, réélu en 1904), et se termina sous celle d'Harry Truman.

Pour ce qui concerne le front contre l'Allemagne nazie, rappelons principalement : le débarquement en AFN en novembre 1942, celui de Sicile en juillet 1943, celui de Normandie le 6 juin 1944 et enfin celui de Provence le 15 août 1944.

Les cadeaux :

L'envoi de ces cadeaux aux États-Unis en 1949 est rappelé par le mensuel de Caroline du Nord « Our State » d'avril 2016 qui consacre à l'événement un grand article et plusieurs photos. Voir illustration

Le wagon destiné à la Caroline du Nord arriva en gare de Raleigh (capitale de l’État de Caroline du Nord) le 8 février 1949 en présence de personnalités françaises (dont le nom n'est pas précisé), de vétérans américains de la première guerre mondiale, d'un vétéran de la guerre de sécession (Civil War pour les Américains de 1861 à 1865) nommé R.V. Collie qui avait fêté ses 105 ans le 6 février 1949, du Gouverneur de la Caroline du Nord (Kerr Scott), de militaires de Fort Bragg (en Caroline du Nord)…

Le wagon contenait plus de 52.000 cadeaux rangés dans des caisses en bois. Parmi ces cadeaux : 2 vases confectionnés dans les tranchées de Verdun avec des bases d'obus de 75 et donnés par un rescapé de cette bataille nommé Paul Laval de Paris, un drapeau français qui avait flotté sur la tour Eiffel le 8 mai 1945, une soierie donnée par un habitant de Lyon, des portraits d'Abraham Lincoln, de Napoléon, de Marie-Antoinette …

Le wagon lui-même avait servi durant la guerre de 14 pour véhiculer 40 hommes et 8 chevaux. Ce wagon qui fut restauré dans les années 1960, figure depuis 1981 dans le musée des transports de Spencer (ville presque au centre de la Caroline du Nord). Beaucoup de wagons arrivés dans d'autres Etats ont été détruits par le temps ou le vandalisme, celui de Caroline est donc un témoignage rare.

La liste détaillée de l'envoi est conservée au musée d'histoire de la ville de Raleigh.

J.D. 5 mai 2016

photo publiée dans "Our State" d'avril 2016

photo publiée dans "Our State" d'avril 2016

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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 19:02

Du 5 au 7 janvier 1917, une conférence entre les Alliés se tint à Rome.

Voici les principaux participants à cette réunion :

*Pour la Russie : le général Palizine

*Pour l'Italie : Sidney Sonnino ministre des Affaires étrangères, le général Luigi Cadorna chef d'Etat-Major italien

*Pour la Grande-Bretagne : Lloyd George premier ministre, William Robertson chef d'Etat-Major britannique, le général Milne, Sir Francis Eliott ministre de Grande-Bretagne à Athènes et Maurice Hankey secrétaire du Cabinet de guerre ;

*Pour la France : Aristide Briand président du Conseil, le général Lyautey alors ministre de la guerre, le général Sarrail alors commandant du front d'Orient, Albert Thomas ministre de l'armement, Philippe Berthelot représentant le ministère des Affaires étrangères et Camille Barrère ambassadeur de France à Rome.

L'objet premier de cette conférence était d'harmoniser les positions des Alliés sur le comportement à adopter vis-à-vis de la Grèce, puis se greffa une réponse commune à apporter à Woodrow Wilson président des Etats-Unis

La Grèce :

La situation en Grèce était à ce moment là particulièrement confuse. Voir la fiche N°162 intitulée « Les Roumaines », http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/les-roumaines-n-162.html

A Athènes, le roi régnait encore et avait Spyridon Lambros comme premier ministre tandis qu'à Thessalonique, Eleuthère Venizelos l'ex premier ministre du roi, avait formé un nouveau gouvernement contre celui du roi et ce sous la protection des forces alliées, d'abord Français et Anglais renforcés de Russes et d'Italiens.

Fin novembre 1916, les partisans du roi (Constantin 1er, appelé aussi quelquefois Constantin XII par ceux qui le voient comme continuateur de l'Empire romain d'Orient ou Empire byzantin) menaçèrent les délégations de l'entente à Athènes. Des unités de marins Français et Anglais débarquèrent. Ils furent attaqués par la population grecque le 1er décembre 1916 ce qui est souvent connu sous le nom de « vêpres grecques » par analogie avec les « vêpres siciliennes » (massacre de Français en Sicile les 30 et 31 mars 1282 aux cris de : « Morta Alla Francia, Italia Aviva » d'où serait dérivé le mot MAFIA) . Il y eut à Athènes, 69 morts et 160 blessés parmi les marins français, tandis que les Anglais perdaient une quarantaine de marins. L'amiral français Dartige demanda à la marine de tirer sur Athènes. Quatorze obus furent tirés ce qui mit fin au combat mais des partisans de Venizelos à Athènes furent massacrés par les partisans du roi.

Voilà ce que décida sur ce sujet la conférence de Rome comme le rapporte Georges Suarez dans « Briand » tome IV édité en avril 1940, chapitre III :

« Restaient à régler, en ce qui concerne la Grèce, les garanties politiques et militaires à imposer au roi pour assurer la sécurité de l'armée d'Orient. En outre, devait être fixé un programme de réparations et de cérémonies expiatoires pour l'offense faite aux alliés le 1er décembre 1916. Au point de vue militaire, on décida l'envoi de deux divisions françaises de renfort qui traverseraient l'Italie et s'embarqueraient à Tarente pour gagner au plus tôt la Grèce. Au point de vue politique, toutes les mesures formulées dans l'ultimatum du 31 décembre devaient être exécutées dans le plus bref délai. Les troupes constantiniennes devaient être désarmées et maintenues dans le Péloponèse. Les vénizelistes arrêtés devaient être relâchés et dédommagés. Les excuses officielles du gouvernement grec pour les événements du Zappeion devaient être formulées au cours d'une prise d'armes : les troupes de la garnison d'Athènes conduites par leur chef, défileraient devant les détachements alliés et inclineraient leurs drapeaux devant ceux de l'Entente. Quarante-huit heures étaient accordées au roi pour accepter ces conditions. »

Le roi accepta l'ultimatum (livraison de batteries de canons aux forces alliées) le 9 janvier, la cérémonie expiatoire eut lieu le 29 janvier. Les soldats grecs conduits par le prince André défilèrent sur la place du Zappeion et inclinèrent leurs drapeaux devant les drapeaux alliés.

Finalement suite à un nouvel ultimatum des Alliés le 11 juin 1917, le roi Constantin abdiqua, Venizelos redevint premier ministre de tous les Grecs et la Grèce entra en guerre aux côtés des Alliés le 2 juillet 1917.

Woodrow Wilson :

Il fut réélu président des Etats-Unis le 7 novembre 1916. Les nécessités de la campagne électorale américaine lui avaient fait mettre de côté ses démarches diplomatiques pour une médiation en Europe.

Les Allemands l'avaient finalement devancé. Le 12 décembre 1916 le chancelier allemand Bethmann-Hollweg avait, du haut de la tribune du Reichstag, lancé un appel à la paix.

L'empereur d'Autriche François-Joseph 1er était décédé le 21 novembre 1916 après quasiment 68 ans de règne et son successeur (Charles) manifestait, dès le 22 novembre, des sentiments plus pacifistes qui firent craindre aux Allemands que les Autrichiens négocient une paix séparée.

Le 5 novembre 1916, l'empire allemand et l'empire d'Autriche avaient reconstitué un Etat polonais avec monarchie héréditaire et constitutionnelle. Guillaume II avait espéré que cela inciterait de nombreux Polonais à s'engager dans l'armée allemande, mais ce ne fut pas le cas.

Les Allemands avaient peut-être aussi commencé à comprendre qu'avec leurs immenses empires coloniaux, Français et Anglais tiendraient plus longtemps qu'eux.

L'appel du chancelier allemand avait été transmis aux Alliés. Lors d'une réunion tenue à Londres le 26 décembre 1916, ceux-ci répondirent négativement à la proposition allemande. Au point où en étaient les choses, ils ne concevaient plus la fin de la guerre autrement que par une victoire. Le nouvel empereur d'Autriche fit lui aussi des avancées vers la France et l'Angleterre mais reçut la même réponse que les Allemands.

Une autre attitude des Alliés, en cette fin d'année 1916, aurait-elle modifié les événements des années 1930/1940 ? Qui peut répondre ? Mais il n'est pas interdit de se poser la question.

C'est le 20 décembre 1916 que le Président Wilson lança à tous les belligérants son appel à la paix. Les Allemands répondirent les premiers et voici la réponse élaborée à Rome par les Alliés et qui fut transmise le 10 janvier 1917 aux Etats-Unis et telle qu'elle est rapportée par Suarez (livre cité, même tome, même chapitre) ; cette réponse détaille les conditions exigées par les Alliés pour aboutir à la paix :

«1°) Restauration de la Belgique, de la Serbie et du Monténégro avec les dédommagements qui leur sont dus ; évacuation des territoires français, russes et roumains occupés par les puissances centrales avec de justes réparations.

2°) Respect du droit des nationalités, comportant la restitution des provinces ou des territoires autrefois arrachés aux Alliés par la force ou contre le vœu des populations ; Alsace-Lorraine, etc... ; libération des Italiens, des Slaves, des Roumains, des Tchécoslovaques de la domination étrangère, affranchissement des populations soumises à la sanglante tyrannie des Turcs ; rejet de l'empire ottoman en Asie ;

3°) Réorganisation de l'Europe, c'est-à-dire établissement d'un régime qui assurerait aux petits Etats comme aux grands la peine sécurité et la liberté de développement économique et qui permettrait, par des conventions appropriées de garantir les frontières terrestres et maritimes contre les attaques injustifiées ».

Une telle réponse n'était pas faite pour ouvrir des négociations. Elle est cependant intéressante à méditer sur bien des points. Elle est le reflet du sentiment des participants à la conférence de Rome en janvier 1917 et compte-tenu qu'il leur fallut concilier leurs différents points de vue.

Le 30 janvier 1917, le gouvernement allemand notifiait officiellement aux Etats-Unis la reprise de la guerre sous-marine à outrance. On connaît la suite.

J.D. 16 mars 2014

La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76 intitulée : « blog, liste des articles » références : http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

Les Peaux-Rouges dans la première guerre mondiale, photos "Le Miroir" du 26 août 1917;

Les Peaux-Rouges dans la première guerre mondiale, photos "Le Miroir" du 26 août 1917;

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 18:48

Le 5 février 1916 Sharp, ambassadeur des Etats-Unis en France, avait invité Aristide Briand à dîner en compagnie du colonel américain House. Ce colonel était un ami personnel du Président Wilson et il avait été envoyé faire le tour des capitales européennes en guerre à une époque où Wilson pensait encore que sa médiation permettrait d'arrêter la guerre.

1-Le contexte :

Woodrow Wilson (Thomas Woodrow Wilson 1856/1924) fut président des Etats-Unis du 4 mars 1913 au 4 mars 1921. Il avait été élu en 1912 au titre du parti démocrate, quoique n'ayant pas obtenu 50 % des suffrages exprimés, mais les voix républicaines s'étaient partagées entre 2 candidats.

Le 4 août 1914, les Etats-Unis avaient proclamé leur neutralité dans la guerre qui venait d'éclater en Europe.

L'empire allemand avait commencé une guerre « sous-marine » pour isoler l'Angleterre tandis que l'Angleterre pratiquait le blocus de l'Allemagne. Le 7 mai 1915, un sous-marin allemand torpillait un transatlantique britannique le Lusitania, au large de l'Irlande. Ce qui fit environ 1200 victimes dont plus de 100 passagers de nationalité américaine. Les Etats-Unis protestèrent auprès de Berlin. Le gouvernement allemand présenta des excuses. En fait, en 1972 (près de 60 ans plus tard) l'amirauté britannique reconnaissait que le Lusitania en plus des passagers transportait des armes et des munitions.

Le 7 novembre 1916, Woodrow Wilson était réélu président des Etat-Unis. Il avait fait sa campagne sur le thème « nous ne sommes pas en guerre grâce à moi ».

La guerre sous-marine allemande se poursuivit, d'autres navires transportant des passagers furent coulés comme le Sussex le 24 mars 1916.

En même temps, si les Etats-unis n'étaient pas entrés en guerre, ils avaient commencé à livrer armement et munitions aux pays de l'Entente. Des américains d'origine germanique sabotèrent des stocks d'armes ou de munitions destinés à l'Europe en guerre contre l'Allemagne. Cela acheva d'exaspérer l'opinion publique américaine. Le président Wilson lui-même désespérant de parvenir à stopper la guerre par la médiation pencha pour l'entrée en guerre des Etat-Unis.

Le 3 février 1917, il annonça la rupture des relations diplomatiques avec l'Allemagne. Le 6 avril le Congrès votait la guerre, le 18 mai était institué le service militaire obligatoire aux USA.

Le 13 juin 1917, le général Pershing et son Etat-Major débarquaient à Boulogne-sur-Mer et c'est le 26 juin à Saint Nazaire qu'arrivait la première division d'infanterie américaine.

Près de 2 millions d'Américains arrivèrent de juin 1917 à l'armistice, renversant le rapport des forces avec l'Allemagne. Dans le même temps les alliés de l'Allemagne à l'est (Bulgarie, Autriche, Empire ottoman) cédaient du terrain partout. L'Allemagne dut capituler et ce fut la fin de la guerre.

En janvier 1918, le président Wilson avait fait devant le Congrès américain un discours en 14 points sur les conditions de la paix. Ce discours servit de base aux traités d'après guerre. Dans les 14 points, le président Wilson préconisait la création d'un organisme d'arbitrage international et après la guerre, Wilson employa toute son énergie pour la création de cet organisme qui vit le jour sous le nom de Société des Nations (S.D.N. Ancêtre de l'ONU). Pour cette action, le président américain reçut le prix Nobel de la paix en 1919.

Paradoxalement, les Etats-Unis n'adhérèrent pas à la S.D.N.

2-le dîner du 5 février 1916 :

Le compte-rendu de cette rencontre fut fait par Georges Suarez dans « Briand » tome III (publié en mars 1939) chapitre XI. En rappelant que Suarez fut le premier auteur à avoir accès à toutes les archives d'Aristide Briand qui étaient conservées par sa nièce. Suarez fut en outre l'auteur d'une biographie sur Clemenceau et connu les archives de Poincaré. Il est probablement l'auteur qui eut la connaissance la plus complète des événements de ce temps tout au moins pour la France. Voici ce compte-rendu :

« Après le dîner, le président du Conseil et le messager américain se retirèrent dans un salon pour parler librement. House rappela les deux visites qu'il avait faites en Europe à la veille de la guerre. Et il posa la question :

-Pouvait-on à ce moment là éviter la catastrophe ?

Briand émit un doute : J'ai été invité, vers cette époque, aux régates de Kiel. Je me suis souvent demandé si je n'ai pas eu tort de décliner l'invitation. Ma visite aurait-elle pu modifier les sentiments de Guillaume II ? C'est peu probable, mais le doute subsiste.

House aborda ensuite un sujet qui lui était cher. Il compara les régimes qui gouvernent les peuples en guerre et conclut que dans les périodes exceptionnelles une autocratie a l'avantage sur la démocratie.

-Mais vous-même, fit Briand vous êtes en démocratie.

-Oui, mais aucun monarque du vieux continent n'est aussi puissant que notre président pendant la durée limitée de ses fonctions. Et House cita comme exemple les difficultés et les lenteurs qu'il rencontrait en Angleterre et en France pour arracher à l'administration des décisions et des conclusions. Aux Etats-Unis et en Allemagne nous obtiendrons des résultats plus définitifs dans l'espace d'un jour qu'en un mois en Angleterre ou en France.

Quand ils abordèrent l'examen de la situation d'ensemble, House entendit avec stupéfaction Briand qui disait :

Si l'Allemagne n'avait pas déclaré la guerre en 1914, elle eût réalisé pacifiquement la conquête du monde. La France qui était assez riche pour s'offrir ce luxe, se laissait aller à la paresse et à l'indifférence. L'Allemagne qui ne pêche pas par manque d'initiative eût finalement dominé Britanniques et Français.

La conversation en resta là. House, dans ces contacts, évitait d'effleurer les raisons précises de sa mission et de dévoiler son plan. Il voulait d'abord créer l'atmosphère. Il y était parvenu et il en eut la preuve quelques jours plus tard. Dans un article de l'Homme enchaîné, Clemenceau avait vivement attaqué le président Wilson. Sur les instructions de Berthelot l'article fut censuré .

Ce ne fut que le 7 février, que House dévoila à Briand le désir du président Wilson d'offrir sa médiation. Il insista sur les faiblesses inhérentes au régime démocratique, qui mettaient les Alliés en état d'infériorité vis-à-vis des Allemands et sur les inconvénients incalculables que pourrait engendrer une paix séparée.

Nous sommes capables, nous, Américains, de veiller sur nos propres intérêts et de la façon qui nous plaît, mais nous sommes inquiets de l'avenir des gouvernements démocratiques. Le moment ne parut pas opportun à Briand pour engager des pourparlers de paix. House résuma sa tactique en quelques mots.

-Attendons, fit-il ; si ce printemps ou cet été vous remportiez des succès, nous n'aurons pas à intervenir. Si vous situation empire ou reste stationnaire, nous pourrons entrer dans le jeu. »

3-commentaires :

Clemenceau fut président du Conseil du 16 novembre 1917 au 18 janvier 1920. Il termina donc la guerre et déploya beaucoup d'énergie, ce qui lui valut d'être surnommé « le Père la Victoire ». Mais il tira la couverture à lui et effaça les mérites dans la guerre du président de la République (Poincaré) et d'Aristide Briand qui avait été président du Conseil de 1909 à 1911 puis 2 mois en 1913 et du 29 octobre 1915 au 17 mars 1917. Il avait obtenu l'investiture devant les Chambres le 3 novembre 1915 par 515 voix sur... 515 ; fait probablement unique dans l'histoire des 5 Républiques françaises

Briand fut à l'origine de l'allongement du service militaire et de l'augmentation des crédits de la défense à l'approche de la guerre. Il était président du Conseil lors de la bataille de Verdun et lors de la bataille de la Marne, il est à l'origine de l'organisation de l'armée d'Orient et de l'unité de commandement sur le front entre les Alliés. C'est beaucoup.

Mais Clemenceau avait la haine tenace. Ce n'est pas sans raison qu'il avait été surnommé « le Tigre ». Il avait fait chuter le gouvernement Briand en 1913, il le poursuivit de sa vindicte ensuite. Clemenceau portait mal son nom car il était ni sot ni clément !

Clemenceau avait créé son propre quotidien qui avait commencé à paraître sous le titre de « l'Homme libre » le 6 mai 1913. Suspendu par la censure militaire le 29 septembre 1914, il reparut le 8 octobre 1914 sous le titre : « l'Homme enchaîné », titre qu'il conserva tout le temps de la guerre et cela inspira probablement le couple Maréchal lorsqu'ils firent paraître un hebdomadaire satirique à partir du 5 juillet 1916 sous le titre : »le Canard enchaîné ».

Briand renvoya l'ascenseur à Clemenceau et fit campagne contre la candidature de Clemenceau à la Présidence de la République en janvier 1920 et ce fut Paul Deschanel qui fut élu Président de la République, en remplacement de Poincaré qui ne se représentait pas.

Dans l'échange de propos le 5 février 1916 entre Briand et House, on méditera House expliquant qu'il lui faut un mois en France ou en Angleterre pour obtenir ce qu'il obtient en un jour en Allemagne ou aux Etats-Unis ! (voir la fiche N°135 sur la Constitution américainehttp://jean.delisle.over-blog.com/2013/11/la-constitution-américaine-n-135.html)

Le jugement de Briand sur l'Allemagne qui aurait dominé l'Europe sans la guerre de 14 est aussi intéressant. Guillaume 1er (1797/1888) avait été roi de Prusse à compter de 1861 puis proclamé empereur d'Allemagne le 18 janvier 1871 dans la galerie des glaces à Versailles et fortement aidé de Bismarck, il avait porté haut la puissance de l'Empire allemand et ce dans tous les domaines. Guillaume II ruina tout. Voir sur mon blog la fiche N°55 : « la fin des 4 empires » (références : http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-fin-des-4-empires-97643758.html

Aujourd'hui, il me paraîtrait inapproprié de dire que l'Allemagne domine à nouveau l'Europe, il me semble plutôt qu'elle la porte à bout de bras.

J.D. 28 février 2014

Réception du Président Wilson et de son épouse à Paris le 14 décembre 1918, photos publiées dans "Le Miroir" du 29 décembre 1918

Réception du Président Wilson et de son épouse à Paris le 14 décembre 1918, photos publiées dans "Le Miroir" du 29 décembre 1918

à Saint Nazaire, en front de mer à la hauteur du Bd Wilson, monument en mémoire du débarquement américain de 1917, photos J.D. 21 juin 2015

à Saint Nazaire, en front de mer à la hauteur du Bd Wilson, monument en mémoire du débarquement américain de 1917, photos J.D. 21 juin 2015

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