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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 15:57

En 1078, les Turcs musulmans seldjoukides de Malik Shah 1er, s'emparèrent de Jérusalem, que les Arabes musulmans avaient conquise en 638 (6 ans après la mort de Mahomet). Mais les Arabes avaient toujours laissé aux chrétiens le libre accès aux « lieux saints », tandis que les Turcs, en prenant la ville de Jérusalem, massacrèrent la population, en grande partie musulmane, (au nom de Dieu, cela va de soi) et interdirent l'accès de la ville aux chrétiens.

La même année, les Turcs s'emparèrent de Nicée (aujourd'hui Iznik), ville située près de la mer de Marmara, sur la rive sud et presqu'en face de Constantinople. C'était une grave menace pour l'empire byzantin chrétien ou empire romain d'orient. L'empereur byzantin Alexis 1er Commène fit appel aux Européens.

En 1095, le pape Urbain II convoqua un concile à Clermont (qui ne deviendra Clermont-Ferrand par fusion qu'en 1630) et le 27 novembre 1095, le pape lança un appel à la croisade en vue de retrouver le libre accès aux lieux saints (en outre le saint Sépulcre avait été détruit par les musulmans en 1009) et aussi pour défendre l'empire byzantin. L'appel du pape fut repris par de nombreux prédicateurs dont le plus célèbre est Pierre l'Hermite. Ils prêchaient la croisade parce que « Deus lo volt » (Dieu le veut).

Des groupes se constituèrent un peu dans toute l'Europe et convergèrent vers Jérusalem. Cela fut appelé la première croisade, en fait il y en eut plusieurs dans la même. Chemin faisant certains groupes se livrèrent à des pillages et même à des massacres notamment de communautés juives, toujours au nom de Dieu !

A Paris, le 8 novembre 1793, Manon Roland sur l'échafaud s'écria : « Ô liberté que de crimes on commet en ton nom ! » Mais ce n'est rien dans l'histoire de l'espèce humaine au regard de tous les massacres qui se firent et qui se font encore au nom de Dieu !

Enfin, le 15 juillet 1099, la ville de Jérusalem était prise et un royaume chrétien de Jérusalem se constitua. Godefroy de Bouillon (duc de Basse-Lotharingie, et descendant de Charlemagne), un des principaux chefs de la croisade, ne voulant pas d'un titre de roi, c'est son frère , Baudoin, qui le devint. On sait qu'il y eut conquêtes et reconquêtes successives. Jérusalem fut reprise par Saladin le 2 octobre 1187 et Saint Jean d'Acre, dernier bastion chrétien en terre sainte, retomba entre les mains des musulmans le 18 mai 1291. Cela mit fin à l'ère des croisades.

Sans entrer dans l'histoire des neuf croisades (et même 10, puisqu'il y eut en 1239 une croisade qui ne fut pas numérotée, comme elle se situe entre la sixième et la septième, on pourrait l'appeler la six bis), voici quelle fut la participation des Comtes de Savoie aux croisades, avec comme principale source Samuel Guichenon dans « Histoire généalogique de la royale Maison de Savoie », texte de 1660 :

*Humbert II dit Le Renforcé fut le sixième comte de Savoie de 1094 à son décès en 1103. Il participa à la première croisade.

*Amédée III septième comte de Savoie de 1103 à son décès en 1148, participa d'abord en mai 1104 à une expédition génoise pour libérer Saint Jean d'Acre, puis à la seconde croisade qui eut lieu de 1147 à 1149. Amédée III mourut à Chypre le 30 août 1148. Selon Guichenon, c'est à la suite de cette seconde croisade, que la Maison de Savoie, remplaça dans son blason, l'aigle par la croix blanche qui était le symbole des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem.

*Thomas 1er neuvième comte de Savoie de 1189 à son décès en 1233. Participa avec de nombreux membres de la noblesse savoyarde à la quatrième croisade qui se déroula de 1202 à 1204 et qui fut prêchée par le pape Innocent III. L'objectif était Jérusalem, mais la croisade fut détournée de son objectif initial au profit des Vénitiens, au temps du doge Enrico Dandolo, et au lieu de prendre Jérusalem, les croisés s'emparèrent de Constantinople, ville chrétienne, capitale de l'empire byzantin, les 12/13 avril 1204. Ils pillèrent la ville durant 3 jours, détruisant un important patrimoine de l'humanité (écrits et sculptures antiques...) sans oublier des massacres et établirent un empire latin de Constantinople. On trouve encore des traces de ce pillage par exemple à Venise avec les lions à l'entrée de l'arsenal ou avec les 4 chevaux de bronze qui se trouvent sur la balustrade au dessus du portail central de la basilique Saint Marc (il s'agit de copies, les originaux étant conservés à l'abri dans la galerie de Saint Marc). Les Byzantins reprirent la ville en 1261, ce qui mit fin à cet empire latin.

Parmi les membres de la noblesse savoyarde, il y avait Pierre de Seyssel, marquis d'Aix. Il rapporta à Aix un morceau de la Sainte Croix. Il s'agissait de la croix qu'Hélène la mère de l'empereur Constantin avait retrouvée à Jérusalem en 326, en faisant effectuer des fouilles dans la grotte du tombeau du Christ au dessus de laquelle l'empereur Hadrien avait fait élever un temple dédié à Vénus.

Arrivé à Aix, probablement en 1205, ce morceau supposé de la vraie croix fut placé dans un reliquaire et vénéré dans une église qui se trouvait sur l'actuelle place Maurice Mollard. Cette église appelée de Sainte Marie avait pris la place d'un monument romain. L'église changea de nom pour s'appeler église Sainte Croix à partir de 1205. La présence de la relique amena à Aix de nombreux pèlerinages dont le plus célèbre reste celui de Saint François-de-Sales en 1594.

Officiellement la relique de la Sainte Croix fut remise le 29 ventôse an II (19 mars 1794) avec tous les objets de piété au directoire du district révolutionnaire de Chambéry (voir sur mon blog la note intitulée « La Révolution française et la Savoie») http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-revolution-francaise-et-la-savoie-109795056.html). Dans « L'Histoire d'Aix-les-Bains », Jules de Mouxy de Loche explique en 1898, que la relique de la croix avait été cachée par la famille Despine et restituée par un baron Despine à l'église d'Aix après le rétablissement du culte. Monseigneur Bigex évêque de Chambéry en reconnut l'authenticité lors d'une visite qu'il fit à Aix le 1er mai 1826 (voir dans la réédition du livre de Jules de Mouxy de Loche de 1978 chez Laffitte Reprints à Marseille, tome 1 pages 551 et suivantes). L'église Sainte Croix fut démolie au début du XXe siècle après l'inauguration de la nouvelle église Notre Dame. Des vitraux, statues et reliques furent transportés dans la nouvelle église, mais on ne parla plus de la sainte Croix, il semble que les reliques n'aient plus le vent en poupe.

La fin des croisades ne mit pas fin pour autant aux guerres entre Orient et Occident, entre monde musulman et monde chrétien. On peut penser que cela se situe dans un cadre historique plus vaste, dans une lutte millénaire entre Orient et Occident allant de la guerre de Troie à la situation actuelle et passant par les guerres médiques, les guerres puniques, les croisades etc. Quant aux musulmans, depuis le tout début du huitième siècle, c'est-à-dire depuis treize siècles, ils ont l'idée fixe d'envahir l'Europe pour l'islamiser (l'invasion musulmane de l'Europe par l'Espagne commença dès l'an 711). La Maison de Savoie prit amplement sa part dans la défense de l'Europe chrétienne :

*Amédée V, quatorzième comte de Savoie de 1285 à 1323. En 1315, sa flotte délivra Rhodes assiégée par les Ottomans. C'est à la suite de cette expédition que F.E.R.T. (Fortitudo ejus Rhodum tenuit : son courage a sauvé Rhodes) devint la devise de la Maison de Savoie (voir Alexandre Dumas « La Royale Maison de Savoie », éditions La Fontaine de Siloé 1998, tome 1 page 8).

*Amédée VI dit le Comte Verd (avec un « d » selon l'orthographe en usage au temps du Comte), dix-septième comte de Savoie de 1343 à son décès en 1383. En 1366, le Comte Verd alla porté secours à son cousin l'empereur byzantin Jean V Paléologue qui avait été attaqué par les Turcs et les Bulgares et qui était retenu prisonnier en Bulgarie. La victoire d'Amédée VI sur les Turcs à Gallipoli avait assuré provisoirement la survie de l'empire byzantin. Après avoir vaincu les Turcs, le comte Verd envahit la Bulgarie, s'empara de plusieurs villes et assiégea Varna. Le roi de Bulgarie accepta alors de libérer Jean V Paléologue qui put reprendre son trône à Constantinople. Les Bulgares durent regretter leur alliance avec les Turcs car en 1396, ils furent envahis par les Ottomans et ne retrouvèrent leur indépendance qu'en 1878 soit 5 siècles plus tard.

*En 1396, Humbert le Bâtard (fils d'Amédée VII, le comte Rouge, et de Françoise Arnaud de Bourg-en-Bresse) participe avec 70 chevaliers savoyards à une croisade organisée par Sigismond roi de Hongrie. Ils furent fait prisonniers à Nicopolis (dans l'actuelle Bulgarie) par le sultan Bajazet. Ils ne furent libérés contre rançon qu'en 1402 et parce que Bajazet avait lui-même été vaincu par Tamerlan (venu d'Ouzbékistan et qui avait sa capitale à Samarcande).

*Emmanuel-Philibert dit Tête de Fer, dixième duc de Savoie de 1553 à 1580. En 1571, trois galères de la flotte d'Emmanuel-Philibert, parties de Nice et commandées par l'amiral André Provana de Leyni, participèrent à la bataille navale de Lépante le 7 octobre 1571, bataille au cours de laquelle les Ottomans perdirent 240 navires et 30.000 hommes.

*Prince Eugène de Savoie-Carignan, petit fils de Charles-Emmanuel onzième duc de Savoie. Le prince Eugène s'était mis au service de la Maison d'Autriche. Il fut nommé Feld-maréchal en 1687 puis Feld-maréchal général en 1693. Il fut principalement chargé d'arrêter l'invasion musulmane de l'Europe par l'Est. Il infligea aux armées ottomanes de terribles défaites au terme de victoires à Zenta en Serbie le 11 septembre 1697, à Petrovaradin en Serbie le 5 août 1716, à Timisoara en Roumanie en août 1716 ou à Belgrade en Serbie, le 22 août 1717.

J.D. 8 octobre 2012, mise à jour le 11 novembre 2014

 

Liens entre l'empire byzantin et la Maison de Savoie au quatorzième siècle

Liens entre l'empire byzantin et la Maison de Savoie au quatorzième siècle

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