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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 16:05

C'est le 14 février 1956 que s'ouvrait à Moscou le XXe congrès du PCUS (Parti communiste de l'Union Soviétique).

C'est dans la nuit du 24 au 25 février 1956 que Nikita Khrouchtchev présenta aux 1436 délégués soviétiques un rapport secret sur « le culte de la personnalité ». Cette présentation fut faite à huis clos, c'est-à-dire en l'absence de journalistes et même en l'absence des délégations étrangères, c'est-à-dire des « partis-frères » pour employer la terminologie communiste alors en vigueur.

Dans ce rapport, Nikita Khrouchtchev dénonçait les grandes purges staliniennes, les déportations massives, les aveux obtenus sous la torture suivis d'exécutions, la façon dont Staline s'attribuait tous les mérites, entretenait le culte de sa personnalité, écartait tous ceux qui pouvaient lui faire de l'ombre ou le contester etc. Selon Khrouchtchev, c'est après le XVIIe congrès, tenu du 26 janvier au 10 février 1934, que commença la terreur stalinienne. Il explique, parmi beaucoup d'autres exemples, que sur les 1966 délégués soviétiques présents à ce congrès de 1934, 1108 furent arrêtés sous l'accusation « de crimes contre-révolutionnaires » après le congrès et exécutés, que sur les 139 membres élus à ce congrès au comité central, 98 furent arrêtés et fusillés. Il semble en fait que des déportations massives commencèrent dès 1930. Malgré son caractère secret, ce rapport parvenait en Occident quelques semaines plus tard. Il se répandait sous le nom de « rapport Khrouchtchev sur les crimes de Staline ». Khrouchtchev en remettait une couche sur Staline lors du XXIIe congrès du parti communiste tenu en octobre 1961. Tout cela est donc connu. Encore que certains partis communistes occidentaux n'ont toujours pas fait la critique du comportement de leurs dirigeants à l'époque stalinienne. En France par exemple, Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch qui ont passé plusieurs années en URSS ne pouvaient ignorer ces faits. Pourquoi n'ont-ils rien dit ?

Ce qui est moins connu, c'est que durant sa dernière année de vie, Lénine tenta d'alerter les communistes soviétiques sur le caractère de Staline.

Lénine est décédé le 21 janvier 1924. Lors d'un attentat le 30 août 1918, il avait reçu 3 balles dont l'une ne put être extraite par les chirurgiens. Devant la réduction de ses capacités de travail, il abandonna une partie de ses responsabilités et Staline fut élu le 3 avril 1922 « Secrétaire général du parti communiste de l'URSS ». Lentement mais sûrement, Staline s'empara alors de tous les pouvoirs. Pour expliquer l'amplification des répressions de masse après le congrès de 1934, voici ce que dit Khrouchtchev en 1956 : »Staline avait cessé, à un point toujours plus grand, de tenir compte des membres du Comité central du Parti et même des membres du Bureau politique. Staline pensait que, désormais, il pouvait décider seul de toutes choses et que des figurants étaient les seuls gens dont il ait encore besoin; il traitait tous les autres de telle sorte qu'ils ne pouvaient plus que lui obéir et l'encenser ».

Cependant, Lénine qui suivait encore l'évolution de la Révolution, tenta de prévenir les communistes soviétiques sur le caractère de Staline. Dans un document daté du 25 décembre 1922, et connu sous le nom de « testament de Lénine », voici ce qu'il écrivait : « le camarade Staline, en devenant secrétaire général, a concentré dans ses mains un pouvoir immense, et je ne suis pas convaincu qu'il puisse toujours en user avec suffisamment de prudence. D'autre part, le camarade Trotski, comme l'a déjà démontré sa lutte contre le Comité central, à propos de la question du commissariat du Peuple aux voies de communication, ne se distingue pas seulement par les capacités les plus éminentes. Personnellement, il est certes l'homme le plus capable du Comité central actuel, mais il est excessivement porté à l'assurance et entraîné outre mesure par le côté administratif des choses ».

Le 4 janvier 1923, Lénine ajoutait : « Staline est trop brutal, et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général. C'est pourquoi, je propose aux camarades de réfléchir au moyen de déplacer Staline de ce poste et de nommer à sa place un homme qui, sous tous les rapports, se distingue du camarade Staline par une supériorité, c'est-à-dire qu'il soit plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionné envers les camarades, moins capricieux, etc »

Lorsque Lénine écrivit ces avertissements, il faut dire que Staline dans sa folie avait commencer à s'en prendre à Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa, l'épouse de Lénine. Dans une lettre datée du 23 décembre 1922, adressée à Kamenev (un des membres du Comité central), la femme de Lénine écrivait : « Je m'adresse à vous et à Grégory comme à de vieux camarades de Vladimir Ilitch (Lénine)et vous supplie de me protéger contre les ingérences brutales dans ma vie privée, de viles invectives et de basses menaces. Je n'ai aucun doute quant à ce que sera la décision unanime de la Commission de contrôle, de laquelle Staline a jugé bon de me menacer... ».

Comme Staline poursuivit son harcèlement, Lénine lui adressa le 5 mars 1923, la lettre suivante : « Vous vous êtes permis d'appeler cavalièrement ma femme au téléphone et de la réprimander de façon grossière. En dépit du fait qu'elle vous ait dit qu'elle acceptait d'oublier les propos qui avaient été échangés , elle a néanmoins mis Zinoviev et Kamenev au courant . Je n'ai pas l'intention d'oublier si facilement ce qui a été fait contre moi, et il est inutile que j'insiste sur le fait que je considère comme dirigé contre moi ce qui a été fait contre ma femme. Par conséquent, je vous demande d'examiner attentivement si vous êtes d'accord pour vous rétracter et vous excuser ou si vous préférez que nos relations soient rompues ».

Au moment de ces faits, Staline avait suffisamment pris de pouvoir, il parvint à empêcher la diffusion des avertissements de Lénine.

Quant à Léon Trotski, il avait été un des pionniers de la Révolution russe avec Lénine, fondateur de la Pravda en 1912, de l'Armée rouge en février 1918 etc. Il s'opposait à Staline. Celui-ci parvint à le faire exclure du gouvernement en 1924, du parti communiste en 1927, à le faire expulser d'URSS en 1929 et comme ce n'était pas suffisant, à le faire assassiner au Mexique le 21 août 1940.

On connait la suite et notamment les 2 pactes germano-soviétiques du 23 août 1939, dont l'un resta longtemps secret. Dans ce pacte secret, Hitler et Staline se partageaient l'Europe. Huit jours après la signature, les Allemands envahissaient la Pologne suivis par les Soviétiques et les 2 compères se partageaient la Pologne, puis avec l'alliance d'Hitler, Staline put envahir l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Finlande tandis qu'Hitler avec l'alliance de Staline envahissait le Danemark, la Norvège puis la Hollande, la Belgique, et la France. Puis « un matin en se rasant » (selon l'expression maintenant consacrée) Hitler dut se demander pourquoi partager l'Europe à deux ? Et ce fut l'invasion de l'URSS le 22 juin 1941 où les Allemands furent vaincus par l'Armée rouge et le général Hiver, comme l'avait été Napoléon après son invasion de la Russie le 24 juin 1812 et comme l'avait été avant eux le roi de Suède Charles XII en 1708.

On peut trouver le rapport intégral de Khrouchtchev dans « Le rapport Khrouchtchev et son histoire » de Branko Lazitch éditions du Seuil 1976. Sur la terreur stalinienne, le document de base reste encore : « L'Archipel du goulag » d'Alexandre Soljenitsyne en 1973.

J.D. 21 septembre 2012

 

timbre soviétique pour le soixantième anniversaire de la mort de Lénine

timbre soviétique pour le soixantième anniversaire de la mort de Lénine

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