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28 septembre 2019 6 28 /09 /septembre /2019 18:27

Un doge à Versailles N°579

 

Lorsque Louis XIV devint roi, la France venait de s'agrandir suite à la guerre de Trente Ans (voir note 575), mais nos frontières étaient mal défendues et nous n'avions pas ou peu de marine militaire; Hollandais et Anglais régnaient sur la mer.

Louis XIV eut la chance d'avoir de grands serviteurs de l’État, mais « à bon chat, bons rats » : Colbert (1619/1683), Vauban (1633/1707), Louvois (1641/1691), de grands généraux : Turenne (1611/1675), Condé (1621/1686), un grand amiral : Abraham Duquesne (1610/1688)…

Les frontières furent fortifiées de tous les côtés par plus de cent citadelles, des ports de guerre furent lancés: Toulon, Dunkerque, Le Havre, Rochefort… et dès 1681, la marine de guerre française disposait de plus de cent vaisseaux de ligne dont plusieurs portaient cent canons et de 60.000 matelots.

En 1680, Colbert présentait au roi Bernard Renau d'Eliçagaray (1652/1719) surnommé « le petit Renaud ». Celui-ci proposa à Louis XIV la construction de « galiotes à bombes » (appelées plus tard « bombardes »). Voici le récit qu'en fait Voltaire dans « le siècle de Louis XIV » au chapitre XIV :

« il osa proposer dans le conseil de bombarder Alger avec une flotte (pour obtenir la libération des esclaves chrétiens détenus à Alger) On n'avait pas idée que les mortiers à bombes pussent n'être pas posés sur un terrain solide…. Renaud fit construire cinq vaisseaux (au Havre et à Dunkerque) plus petits que les vaisseaux ordinaires, mais plus forts de bois, sans ponts, avec un faux tillac à fond de cale, sur lequel on maçonna des creux où l'on mit les mortiers. Il partit avec cet équipage sous les ordres du vieux Duquesne…. Duquesne et les Algériens furent étonnés de l'effet des bombes (28 octobre 1681). une partie de la ville fut écrasée et consumée….Alger ; deux fois bombardée, envoya des députés lui demander pardon (à Louis XIV) et recevoir la paix : ils rendirent tous les esclaves chrétiens, et payèrent encore de l'argent, ce qui est la plus grande punition des corsaires. Tunis, Tripoli firent les mêmes soumissions…. » et voici le récit de Voltaire sur la libération des esclaves :

« Damfreville, capitaine de vaisseau, vint délivrer dans Alger tous les esclaves chrétiens au nom du roi de France, il se trouva parmi eux beaucoup d'Anglais qui, étant déjà à bord, soutinrent à Damfreville que c'était en considération du roi d'Angleterre qu'ils étaient mis en liberté. Alors le capitaine français fit appeler les Algériens, et remettant les Anglais à terre : Ces gens-ci dit-il, prétendent n'être délivrés qu'au nom de leur roi ; le mien ne prend pas la liberté de leur offrir sa protection, je vous les remets ; c'est à vous à montrer ce que vous devez au roi d'Angleterre. Tous les Anglais furent remis au fer. »

La République de Gênes avait fourni de la poudre et des bombes aux Algériens et fabriquait des galères pour l'Espagne qui à ce moment là était en guerre contre la France. Louis XIV envoya un ultimatum aux Génois qui le refusèrent, voici le récit de Voltaire :

« Quatorze gros vaisseaux, vingt galères, dix galiotes à bombes, plusieurs frégates sortent du port de Toulon… Le vieux Duquesne commandait les vaisseaux, le duc de Mortemar les galères… On arrive devant Gênes : les dix galiotes y jettent quatorze mille bombes (17 mars 1684) et réduisent en cendres une partie de ces édifices de marbre qui ont fait donner à la ville le nom de Gênes la superbe. Quatre mille soldats débarqués s'avancent jusqu'aux portes, et brûlent le faubourg de Saint Pierre d'Arêne. Alors il fallut s'humilier pour prévenir une ruine totale (22 février 1685). Le roi exigea que le doge de Gênes et quatre principaux sénateurs vinssent implorer sa clémence dans son palais de Versailles… Imperiale Lescaro, doge de Gênes, avec les sénateurs Lomellino, Garibaldi, Durazzo et Salvago, vinrent à Versailles faire tout ce que le roi exigeait d'eux... ».

On trouvera en illustration une statue d'Abraham Duquesne à Concarneau (Finistère), emprunt au net. Duquesne eut le titre de « lieutenant général des armées de mer » à partir de 1667. Il remporta de nombreuses batailles navales spécialement dans les années 1675/1676 autour de la Sicile : bataille de Stromboli 11 février 1675, bataille d'Agosta 12 août 1675, bataille de Milazzo 8 janvier 1676, seconde bataille d'Agosta le 22 avril 1676 où l'amiral hollandais Ruyter fut mortellement blessé.

J.D. 28 septembre 2019

Abraham Duquesne à Concarneau

Abraham Duquesne à Concarneau

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