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26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 16:54

La guerre de 1870 fut un terrible désastre pour la France.

Bismarck avait savamment préparé son coup pendant qu'en France Edmond le Bœuf Sinistre de la guerre et maréchal de France affirmait : « il ne manque pas un bouton de guêtre à nos soldats ». Ce « le Bœuf » aurait mieux fait de s'appeler « l'âne ». Ce qui fait immanquablement penser à celui (Paul Reynaud) qui déclarait en septembre 1939 : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » ! On peut d'ailleurs trouver un certain nombre d'analogies entre la guerre de 1870 et celle de 1940. Dans les deux cas, ce fut la France qui déclara la guerre, en 1870 sans avoir les moyens de la faire et en 1939 sans la faire, il fallut attendre le bon vouloir des nazis en mai 1940 pour que notre déclaration de guerre se transforme en guerre !

petit rappel des faits :

*1864 : la Prusse, s'allie à l'Autriche et fait la guerre au Danemark, ce qui fut appelé « la guerre des Duchés ». Pauvre Danemark, 2 armées ennemies pour le prix d'une !

Trois Duchés furent la dépouille que se partagèrent les vainqueurs, au traité de Vienne le 30 octobre 1864. La Prusse y avait gagné une extension territoriale et un excellent entraînement à la guerre pour ses troupes.

*1866. Exploitant un différent sur les Duchés annexés, la Prusse déclara la guerre à l'Autriche. Cette guerre commencée le 23 juin était quasiment terminée le 3 juillet lors de la cuisante défaite autrichienne à Sadowa (lieu situé en Bohême dans l'actuelle République Tchèque). Le nouveau royaume d'Italie s'était allié à la Prusse, et malgré la défaite de l'armée italienne commandée par Alfonso La Marmora, le 24 juin 1866, l'Italie récupéra la Vénétie que l'Autriche occupait encore. Quand à la Prusse, outre de nouvelles extensions, un nouvel entraînement à la guerre pour son armée, elle prenait à l'Autriche le premier rôle sur l'espace germanique.

*1867, la Prusse parvint à organiser une « confédération des États d'Allemagne du Nord » dont elle prenait le contrôle

*1870, Bismarck, qui cherchait la guerre, provoquait la France ; c'est la fameuse dépêche d'Ems du 14 juillet 1870, qui rendait compte d'une entrevue entre le roi de Prusse et l'Ambassadeur de France à Berlin et que Bismarck avait falsifiée.

*Dès le 19 juillet, la France déclarait la guerre à la Prusse et mobilisait 900.000 soldats, pendant que les Prussiens en alignaient 1.200.000, en outre mieux armés, mieux entraînés et mieux commandés. En prime, la déclaration de guerre à l'initiative de la France, permettait à la Prusse de présenter la France comme l'agresseur et la Prusse comme l'agressée !

*Le premier affrontement entre les 2 armées eut lieu dès le 4 août 1870 à Wissenbourg (dans le Bas-Rhin). Le 2 septembre Napoléon III avec une armée de 80.000 hommes était contraint de capituler à Sedan et abdiquait de son titre d'Empereur le 4 septembre ce qui entraînait la proclamation de la troisième République française.

*Dès le 18 septembre, la ville de Paris était assiégée

*le 28 septembre 1870, Strasbourg capitulait

*le 27 octobre Bazaine capitulait à Metz avec 173.000 soldats et 1700 pièces d'artillerie.

*La première assemblée législative de la troisième République réunie à Bordeaux, parvient à créer une nouvelle armée appelée armée de l'est, en confie le commandement au général Bourbaki et lui demande de secourir Belfort assiégée par les Prussiens.

*Malgré des combats du 15 au 17 janvier 1871, Bourbaki ne parvient pas à déloger les Prussiens qui en outre envoient une nouvelle armée pour prendre les Français en tenaille.

*Le 26 janvier Bourbaki confie le commandement de l'armée au général Clinchant, puis tente de se suicider.

*Clinchant ne sachant pas mieux que Bourbaki comment s'en sortir et ne voulant pas tomber aux mains des Prussiens, rencontre le 1er février 1871 le général Herzog commandant en chef des armées suisses à Verrières, commune suisse frontalière située dans le canton de Neuchatel, district de Val de Travers, en fait, à une dizaine de kms à l'est de Pontarlier. Grâce à un accord connu sous le nom de « convention des Verrières », l'armée française, en piteux état, se livre aux Suisses : 87.847 soldats dont 2467 officiers, 11.800 chevaux, 285 canons et 1158 voitures.

*Mais les Suisses qui avaient proclamé leur neutralité dans le conflit, ne voulant pas mécontenter les Prussiens et surtout le terrible Bismarck, désarment les Français à leur passage de frontière et les traitent comme prisonniers de guerre.

*En fait, beaucoup furent dirigés vers des établissements hospitaliers et soignés et les Suisses sauvèrent la vie de beaucoup de nos soldats.

*Pendant ce temps là, en France, l'empire allemand avait été proclamé dans la galerie des glaces à Versailles le 18 janvier 1871, un armistice le 28 janvier (sauf pour le front de l'est) et des préliminaires de paix furent ratifiés le 2 mars 1871.

*Les Français prisonniers des Suisses furent rapatriés entre le 13 et le 24 mars 1871. Mais au préalable, les Suisses avaient réclamé à la République française, le remboursement des frais de garde ! Ce qui fut fait en août 1872 par le versement à la Suisse de 12 millions de francs (suisses).

Cet épisode semble oublié, mais il n'empêche que les Suisses peuvent se vanter d'avoir fait prisonniers 87.847 soldats français soit tout ce qu'il restait de l'armée de l'est.

Un tableau peint en 1881 par Édouard Castres, représente le passage de la frontière par cette armée. Ce tableau est exposé au musée de Lucerne, on en trouvera une reproduction en illustration.

J.D. 26 juillet 2016

l'armée française franchissant la frontière suisse, photo du tableau : J.P. Neri

l'armée française franchissant la frontière suisse, photo du tableau : J.P. Neri

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 18:58

Nous vivons sous le régime de la cinquième République. Les deux premières Républiques françaises sont nées d'une Révolution (1789 et 1848), les deux suivantes sont issues d'une guerre (1870 et 1940) enfin l'actuelle a eu pour principale cause la guerre d'Algérie et le putsch d'Alger en 1958.

Nous pouvons donc constater que toutes nos Républiques ont été accouchées par des événements violents. Certains (Mélenchon, Montebourg....) réclament une sixième République. Compte tenu du passé, une nouvelle République peut-elle voir le jour hors d'un contexte violent ? N'ayant pas appris à lire dans le marc de café je ne saurais le dire, mais difficile de ne pas se poser la question.

Avant de passer à un rappel sur l'histoire de nos cinq Républiques, voici d'abord un petit rappel plus général

*La République la plus ancienne et la plus durable :

C'est la République romaine qui est la plus ancienne et qui dura le plus longtemps (-509/-27) soit 482 années. Tous les historiens sont d'accords sur la date de -509 pour la création de la République romaine (voir sur mon blog la note N°40 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-republiques-romaines-72828692.html), ils sont également d'accord pour dire que de fait, la République prit fin lorsque le Sénat décerna à Octave (petit-fils de Julia sœur de Jules César) tous les titres (dont celui d'Auguste) et lui concéda tous les pouvoirs, ce qui en fit le premier empereur de l'histoire romaine. Mais cet Auguste était un malin qui ne proclama jamais la fin de la République mais qui au contraire tenta d'affirmer la poursuite de cette République en maintenant un Sénat (transformé en assemblée de lèche-bottes) et en se faisant régulièrement réélire consul. Voir Suétone (auteur latin né vers l'an 70 au premier siècle de notre ère) « Vies des douze Césars », livre II en XXVI. Né le 23 septembre -63, Auguste obtint son premier consulat le 19 août -43, tous les pouvoirs en -27 et il est décédé le 19 août 14. Il y aura donc 2.000 ans en août prochain, cela méritait bien un petit rappel sur cet Octave devenu Auguste !

*La première République française :

L'abolition de la royauté proclamée par la Convention le 21 septembre 1792 signe le début de la première République française, et le Sénatus-Consulte du 28 Floréal an XII (18 mai 1804) sur le premier empire correspond à la fin de cette République qui aura duré officiellement moins de 12 ans.

La fin de la royauté :

Tout a commencé avec l'ouverture des États-Généraux à Versailles le 5 mai 1789. La noblesse et le clergé voulaient conserver leurs privilèges, le Tiers-Etat ne le voulait pas. Des membres du clergé d'abord puis de la noblesse rejoignirent le Tiers-Etat.

Le 9 juillet 1789, les délégués aux Etats-Généraux prirent le nom « d'Assemblée Nationale Constituante ». A partir de ce moment, la royauté de droit divin, la royauté au pouvoir absolue était terminée. Ce qu'il restait de royauté était mal en point.

Le 1er octobre 1791, l'Assemblée Constituante se transforma en « Assemblée législative »

C'est le 21 septembre 1792 que la « Convention » succéda à « l'Assemblée législative». Ce jour là, l'abbé Grégoire avait déclaré : « Les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre physique ; les cours sont l'atelier du crime, le foyer de la corruption ; l'histoire des rois est le martyrologe des nations » !

En 3 années, l'Assemblée (Constituante puis législative) avait aboli les privilèges, voté la constitution civile du clergé, annexé les biens du clergé en biens nationaux, adopté le calendrier « révolutionnaire », adopté (le 26 août 1789) la Déclaration des Droits de l'Homme, créé les assignats, voté une Constitution le 3 septembre 1791 (qui conservait encore la royauté mais le « roi de France » était devenu « le roi des Français »), fait arrêter le roi le 10 août 1792 (après la prise des Tuileries), mobilisé la nation contre l'ennemi extérieur (victoire de Valmy : 20 septembre 1792) ….

On voit donc que la royauté n'existait plus, de fait, avant le 21 septembre 1792.

la fin de la première République :

le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention laissa la place au Directoire, lequel fut remplacé par le Consulat après le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). A partir de ce moment le pouvoir était, de fait, passé entre les mains de Bonaparte. Mais officiellement la République ne disparut qu'avec la proclamation de l'Empire le 18 mai 1804 (même si le couronnement n'eut lieu que le 2 décembre 1804). La première République française correspond donc « officiellement » aux périodes de la Convention, du Directoire et du Consulat. Mais sur les monnaies « impériales » il y eut d'abord écrit : « République française, Napoléon empereur » il fallut attendre 1808 pour voir l'inscription : « Empire français Napoléon empereur ».

*La seconde République :

Après Napoléon 1er il y avait eu le retour des rois : Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe. Ce dernier abdiqua le 24 février 1848 après 3 journées révolutionnaires.

Le jour même, la Chambre des députés était envahie par la foule. Un gouvernement provisoire était nommé qui décréta la liberté de réunion, le rétablissement du suffrage universel, l'ouverture « d'ateliers nationaux » pour occuper les chômeurs et la suppression de l'esclavage. L'esclavage avait déjà été aboli par la première République le 4 février 1794, puis rétabli sous le premier empire (à une époque où les autres pays possédant des colonies -Espagne et Angleterre principalement- n'avaient pas encore aboli l'esclavage).

Le 23 avril 1848 une assemblée constituante était élue au suffrage « universel » (avec des guillemets car les femmes n'avaient pas le droit de vote ). Une constitution était adoptée en novembre 1848. Celle-ci prévoyait une assemblée législative unique élue pour 3 ans et un exécutif élu au suffrage universel direct pour 4 ans.
Le 20 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte était élu Président de la seconde République française avec 74,2% des voix (le reste était dispersé entre plusieurs autres candida
ts)

Le 13 mai 1849 était désignée l'Assemblée législative : Le parti de l'ordre (Bonapartistes) obtenait 500 sièges, les montagnards 180 et les républicains modérés 75. Cela fit dire à Thiers « qu'on avait une République sans républicains ».

A noter qu'un Sénat avait été prévu sous la première République par la Constitution de l'an VIII (13 décembre 1799). Le Sénat avait été maintenu par le premier empire mais avait disparu avec la Restauration.

Le 2 décembre 1851, avait lieu le coup d'Etat de Napoléon qui entraînait la dissolution de l'assemblée législative. Un plébiscite fut organisé les 21 et 22 décembre 1851 pour confier à Napoléon le soin d'élaborer une nouvelle constitution. Il y eut 7.439.000 OUI pour 647.000 NON

Une Constitution était adoptée le 14 janvier 1852, elle prévoyait 3 assemblées : un Sénat (coucou le revoilà), un conseil d'Etat et une assemblée législative. Napoléon était désigné par la Constitution comme étant président de la République pour 10 ans

Le 7 novembre 1852 un sénatus-consulte transformait la République en empire héréditaire au profit du président qui devenait l'empereur Napoléon III. Ce Sénatus-consulte était approuvé le 21 novembre 1852 par 7.824.000 OUI contre 253.000 NON

Le second empire devenait effectif le 2 décembre 1852 et la seconde République avait cessé de vivre après moins de 5 années d'existence et n'avait eu qu'un seul président.

*La troisième République :

naissance :

Napoléon III abdiqua le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite de Sedan. Mais cette abdication ne mit pas fin pour autant à la guerre. Dès le 19 septembre 1870, Paris était complètement assiégé. Le siège dura jusqu'à l'armistice du 28 janvier 1871. Les Parisiens affamés mangèrent du chat, du rat et même les éléphants du jardin des plantes.

Sur le plan politique, dès le 4 septembre la foule avait envahi la chambre des députés et un gouvernement provisoire avait été constitué. Devant l'avancée des ennemis, une partie de ce gouvernement était parti à Tours avant de s'installer à Bordeaux où le Parlement siégea du 12 février au 11 mars 1871 (le Parlement reviendra à Bordeaux en septembre 1914 et en juin 1940). Le 12 février 1871, le Parlement avait élu Adolphe Thiers chef de l'exécutif. Il sera dit de ce Parlement qu'il comportait 3 sortes de Républicains : « des légitimistes, des orléanistes et des bonapartistes ». Les 2 premières catégories étaient des royalistes mais c'est leur division qui permit la restauration de la République.

Pendant que Paris était assiégé, Léon Gambetta qui avait été nommé ministre dans le gouvernement provisoire s'évada de Paris en ballon. Il constitua de nouveaux corps d'armées pour poursuivre la guerre mais la France était en retard de plusieurs guerres et n'avait pas tiré les leçons de la guerre de la Prusse contre le Danemark en 1864 et contre l'Autriche en 1866. Il fallut s'incliner, ce fut le traité de Francfort le 10 mai 1871, la perte de l'Alsace et de la Lorraine, la proclamation de l'empire allemand...

De retour à Paris en mars 1871 et constatant une situation insurrectionnelle, Thiers transféra le gouvernement à Versailles. La Commune de Paris fut proclamée le 28 mars 1871. Après avoir été assiégés par les Prussiens, les Parisiens furent assiégés par les... Français. Thiers organisa contre la Commune une répression féroce. Il confia la direction de l'armée de reconquête à Mac-Mahon. Les derniers combats se terminèrent le 28 mai. La Commune n'aura duré que 2 mois. Parmi les communards appelés aussi fédérés, il y eut probablement 35.000 morts. 7.500 furent condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie (dont Louise Michel). Mac-Mahon avait été vaincu par les Prussiens, il fut vainqueur des Parisiens ! La chanson « Le temps des cerises » (dont les paroles furent écrites en 1866) fut assimilée à la Commune. Les Prussiens ne durent pas être mécontents de voir les Français s'entre-tuer. Sur la francophobie des Prussiens à l'époque, voir « la terreur prussienne » d'Alexandre Dumas ou la note que j'ai faite sur ce livre : http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-terreur-prussienne-114461627.html

Le 24 mai 1873, Mac-Mahon avait remplacé Thiers comme chef de l'exécutif. Le 18 novembre 1873, il reçut pour 7 ans les fonctions de Président de la République.

Il fallut attendre le 30 janvier 1875 pour que le Parlement adopte par 353 voix contre 352 une « constitution » prévoyant la désignation d'un Président de la République élu pour 7 ans par les deux chambres (Sénat et Chambre des députés).

La naissance de la troisième République se fit donc dans la douleur, après une guerre perdue, l'occupation et l'amputation du territoire et une répression sanglante à l'intérieur.

Œuvre :

La troisième République fut celle des partis et de toutes les combinaisons. Les gouvernements successifs tombaient comme des mouches, mais on prenait les mêmes à d'autres postes et c'était reparti pour un tour. En caricaturant on peut dire que ce fut le changement perpétuel dans la continuité. On peut citer comme exemple Poincaré qui fut 1 fois Président de la République, 3 fois président du Conseil des ministres (2 fois avant de devenir président de la République et une fois après) et qui fut 7 fois ministre ou Aristide Briand qui en 30 ans de carrière politique fut 10 fois président du Conseil et 22 fois ministre. Le changement c'est maintenant aurait pu être la devise de la troisième République.

Dans sa longue carrière, la troisième République vit :

un certain nombre d'affaires :

-affaire Dreyfus de 1894 à 1906

-affaire Arthur Raffolovitch de 1900 à 1914

-affaire des fiches en 1904,

-affaire Stavisky en février 1934

de scandales :

-des décorations (il y eut une affaire en 1887 et une autre en 1926)

-de Panama en février 1889

des assassinats :

-Sadi Carnot Président de la République poignardé à Lyon le 24 juin 1894 (décédé le lendemain) alors qu'il était venu pour une exposition internationale qui se tenait « quai des Enfoirés » (cela ne s'invente pas!)

-Gaston Calmette directeur du Figaro assassiné à Paris le 16 mars 1914

-Jean Jaurès assassiné le 31 juillet 1914 à Paris

-Louis Barthou ministre des Affaires étrangères assassiné à Marseille le 9 octobre 1934, en même temps que le roi de Yougoslavie venu en visite en France

A l'actif de la troisième , il faut mettre :

-la scolarisation avec la loi du 17 juin 1881 qui mit les écoles à la charges des communes et de l'Etat et la loi du 29 mars 1882 qui rendit l'école obligatoire de 6 ans à 13 ans

-des lois de 1881 à 1901 sur la liberté de la presse, des syndicats, des associations

-la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat

-l'expansion coloniale

-la politique étrangère qui permit à la France de renouer des alliances alors qu'en 1870 elle se retrouva isolée face à la Prusse

-la conduite de la guerre de 14

-le progrès dans beaucoup de domaines : automobile, aviation, médecine ...

-etc

fin :

Après la guerre de 14, les responsables politiques français n'avaient plus qu'un mot à la bouche : fermeté (vis-à-vis du vaincu c'est-à-dire de l'Allemagne) et ce furent le désastreux traité de Versailles et la non moins désastreuse occupation de la Ruhr. Alors que dans la décennie 1930, ce ne fut qu'imprévoyance et lâcheté vis-à-vis des dictatures, Mussolini, Franco et surtout d'Hitler et dont le dernier acte fut le vote des pleins pouvoirs donnés à Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy par 569 voix POUR et 80 CONTRE, par un parlement issu du front populaire de 1936 ! Mais la troisième République avait bien commencé avec l'approbation d'une majorité royaliste !

Dans ce bas monde il ne faut vraiment s'étonner de rien !

En tout, 14 Présidents de la République se succédèrent sous la troisième République.

*La quatrième République :

-Pendant que la France était occupée, le 3 juin 1943 à Alger, par accord entre les généraux De Gaulle et Giraud était créé à Alger un « Comité français de libération nationale ».
-Un an plus tard (le 3 juin 1944) ce comité prenait le nom de « Gouvernement provisoire de la République français
e ».

-Le 25 août 1944, Paris ayant été libéré par la division Leclerc et les FFI, le gouvernement provisoire quitta Alger le 31 août pour Paris.

-Le 22 octobre 1944, les Alliés reconnaissaient la légitimité de ce gouvernement.

-Le 13 novembre 1945, Charles De Gaulle était officialisé Président du Conseil, mais parvenant difficilement à s'entendre avec les partis, il démissionna le 20 janvier 1946. Le gouvernement provisoire avait cependant donné le droit de vote aux femmes, procédé à la nationalisation des houillères et d'un certain nombre d'entreprises, créé les comités d'entreprises, la sécurité sociale...

-Le 5 mai 1946, les électeurs eurent à choisir entre un système parlementaire avec une seule assemblée ayant des pouvoirs élargis ou 2 assemblées. Les 2 assemblées l'emportèrent avec 10.584.000 voix contre 9.454.000

-Le 2 juin 1946 était élue une assemblée constitutive

-Le 13 octobre 1946 la nouvelle constitution était adoptée par 9.263.000 voix contre 8.144.000 (il y eut 31 % d'abstentions)

-Le 10 novembre 1946 eurent lieu des élections législatives et le 16 janvier 1947 Vincent Auriol était élu premier président de la quatrième République.

-Le 22 janvier 1947, début du gouvernement Ramadier (socialiste), ce gouvernement comprenait des socialistes, des communistes et des MRP (droite)

-le 5 mai 1947, Ramadier renvoya les communistes de son gouvernement

-le 10 mai 1947, la France reçut un prêt de 250 millions de dollars

Cette quatrième République dut faire face à la nécessaire reconstruction, à la relance de l'économie, à la concentration des populations dans les villes et aussi au début des révoltes dans les colonies :

-massacre à Sétif en Algérie le 8 mai 1945 de 130 européens avec en riposte le massacre de 1500 musulmans selon les chiffres officiels (mais beaucoup plus selon les Algériens)

-massacre à Madagascar en mars 1946 (80.000 victimes?)

-début de la guerre d'Indochine été 1946

-début de la guerre d'Algérie le 1er novembre 1954

Avec un régime parlementaire qui avait les mêmes défauts que sous la troisième République.

-Le 23 décembre 1953, René Coty était élu pour remplacer Vincent Auriol (au treizième tour de scrutin!)

-Le 13 mai 1958, les généraux prenaient le pouvoir en Algérie. René Coty faisait alors appel à De Gaulle qui recevait le 1er juin 1958 l'investiture de l'Assemblée nationale par 329 voix Pour et 224 Contre avec pouvoirs spéciaux pour mettre fin au putsch en Algérie et réformer la constitution.

-le 28 septembre, une nouvelle constitution était adoptée avec en métropole 17.666.828 OUI contre 4.767.180 NON

-le 5 octobre 1958 cette constitution était publiée au Journal Officiel. La quatrième République avait cessé d'exister

*La cinquième République :

Plus les événements sont proches mieux ils sont connus, je n'insisterais donc pas sauf à rappeler rapidement une succession de faits :

-fin de la guerre d'Algérie et indépendance en 1962

-événements de mai 1968 et échec du référendum sur la régionalisation du 27 avril 1969 (rejeté par 52 % des votants) et démission immédiate de De Gaulle

-succession assurée par Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy puis Hollande, le tout sur fond de mondialisation dont les effets se font de plus en plus sentir et avec des institutions européennes qui lentement mais sûrement ont pris plus de pouvoir au détriment des pouvoirs nationaux.

-insistons seulement sur 2 points :

-Au départ de la cinquième République (donc à partir de 1958) le Président de la République était élu par un collège de grands électeurs, jusqu'à une révision de 1962 qui a institué l'élection du Président au suffrage universel. Cette révision fut adoptée le 28 octobre 1962 par 13.150.516 électeurs (77% des votants). Or on était dans le septennat, système qui avait été adopté dans la constitution de 1875 (troisième République) dans celle de 1946 (quatrième République) et 1958 (cinquième République)

-Par accord entre Chirac et Jospin, le mandat présidentiel fut ramené à 5 ans et couplé à l'élection législative, ce qui fut sanctionné par un référendum le 24 septembre 2000. Référendum où il y eut 69,3% d'abstentions ! Il y eut 7.407.697 OUI pour 2.710.651 NON. Compte tenu du taux d'abstention, la réforme fut adoptée par 23 % du corps électoral. Il devrait y avoir un minimum de votants obligatoires pour qu'un texte passe, car cette réforme, on le voit aujourd'hui modifie complètement l'esprit de la cinquième République.

J.D. 16 juin 2014

P.S. La récapitulation thématique des notes de ce blog ainsi que la récapitulation des illustrations se trouvent sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 10:36

« La terreur prussienne » est le titre d'un roman politique, œuvre d'Alexandre Dumas publiée en 1867. A ma connaissance, la dernière impression de ce livre a été effectuée en novembre 2012 par les éditions l'Harmattan.

Pour retrouver le contexte de ce roman, on peut se reporter sur mon blog à la note sur la fin des 4 empires dont voici la référence :

http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-fin-des-4-empires-97643758.html

Alexandre Dumas a effectué un séjour en Prusse à partir d'avril 1866. La Prusse de Guillaume 1er et de Bismarck avait vaincu le Danemark en 1864, fut vainqueur de l'Autriche en 1866. Alexandre Dumas comprit que la France allait être la prochaine proie, la prochaine victime de la Prusse. Il publia ce livre pour alerter l'opinion publique française ainsi que les autorités; Napoléon III était empereur. Mais personne ne prit au sérieux l'avertissement de Dumas, préférant la politique de l'autruche. L'on connait la suite : défaite de Sedan le 2 septembre 1870 et abdication de Napoléon III le 4 septembre. A ce moment là, Alexandre Dumas était malade, en prévision d'une invasion de Paris par l'armée prussienne, sa fille Marie l'envoya à Dieppe où Dumas mourut le 5 décembre 1870. Le 6, les troupes prussiennes entraient à Dieppe. Dramatique !

Au cours de son voyage en Prusse, Alexandre Dumas nota une haine profonde des Prussiens contre les Français, ainsi, il écrit (au chapitre 1) : »Quiconque n'a pas voyagé en Prusse, ne peut se faire une idée de la haine que les Prussiens professent à notre égard. C'est une espèce de monomamie qui trouble les esprits les plus limpides. On ne devient ministre populaire à Berlin qu'à la condition qu'on laissera entrevoir qu'un jour ou l'autre on déclarera la guerre à la France. On est orateur qu'à la condition que, chaque fois que l'on monte à la tribune, on décochera quelques-unes de ces fines épigrammes ou de ces spirituelles équivoques que manient si légèrement les Allemands du Nord. On est poète enfin qu'à la condition que l'on aura fait ou que l'on fera contre la France quelque iambe intitulé Le Rhin, Leipzig ou Waterloo. Cette haine contre la France, haine profonde, invétérée, indestructible, est inhérente au sol, on la sent flotter dans l'air... »

Le 6 juin 1866, au cours d'une visite à Auxerre, Napoléon III avait déclaré : « C'est qu'il savait, comme la majorité du peuple français, que ses intérêts étaient les miens, et que je détestais comme lui ces traités de 1815 dont on veut faire aujourd'hui l'unique base de notre politique extérieure... ». « Il » dans la phrase ci-avant, c'est le peuple du département de l'Yonne dont parlait Napoléon III, ce département avait massivement voté pour Napoléon en 1848. Cette phrase de Napoléon III reproduite dans toute la presse prussienne indiquait clairement que Napoléon III remettait en cause l'équilibre européen issu du traité de Vienne dans le contexte de la chute de Napoléon 1er. Cela servit de prétexte à Bismarck pour convaincre le roi Guillaume 1er de la nécessité de la guerre. Il déclare en effet au roi (dans le texte de Dumas, au chapitre III) : « Eh bien, Sire, le discours de sa Majesté Napoléon III, c'est la guerre, la guerre non seulement contre l'Autriche, mais contre la France. » On ne peut comprendre les événements de l'époque sans s'attarder comme le fait Alexandre Dumas sur le caractère de Bismarck, qui fut l'homme fort de l'Europe de la seconde moitié du XIXe siècle. Voici ce qu'écrit Dumas (au chapitre III) : « En 1866, Bismarck est arrivé à son double but : gouverner sans budget, insulter la représentation nationale, persécuter la presse, violer tous les traités, pourvu que l'on reste maître sur le champ de bataille. C'est là, aux yeux des libéraux prussiens, le gouvernement qui mérite leurs suffrages et même leurs flatteries ». Dans le même chapitre, Dumas écrit encore : « Il n'y a qu'un air qu'on respire librement en Prusse. C'est l'air des forteresses et des prisons! ». Devant la représentation nationale, Bismarck avait affirmé : « La force prime le droit . »

Dumas explique, au chapitre IV, pourquoi le peuple prussien soutint Bismarck, et cela peut expliquer les événements des années 1930, ce qui est prémonitoire chez Dumas, ou, tout au moins on peut le penser : « Les jeunes diplomates se répétaient cette question que l'Allemagne se fait depuis trois siècles : Ist es der Man ? (est-ce donc là l'homme?). Pour que cette question adressée par la jeune diplomatie à M. Bismarck soit compréhensible, nous devons dire à nos lecteurs que l'Allemagne attend un libérateur comme les Juifs attendent le Messie. Ce libérateur elle l'appelle, et, chaque fois que sa chaîne lui pèse trop, elle s'écrie : Wo bleibt der Mann? (Où donc est l'homme?). Or, on prétend qu'aujourd'hui en Allemagne, un quatrième parti s'apprête à surgir, qui, jusqu'à présent, s'est tapi dans l'ombre, mais terrible, si l'on en croit les poètes blonds de l'Allemagne. Ecoutez ce que dit Haine à ce sujet : « Le tonnerre est à la vérité, en Allemagne, allemand aussi; il n'est pas très leste et vient en roulant un peu lentement; mais il viendra. Et, quand vous entendrez un craquement, comme jamais craquement ne s'est fait entendre encore dans l'histoire du monde, sachez que le tonnerre allemand aura enfin touché le but. A ce bruit, les aigles tomberont morts du haut des airs. Et les lions, dans les déserts les plus reculés de l'Afrique, baisseront la queue et se glisseront dans les antres royaux. On exécutera alors en Allemagne un drame auprès duquel la Révolution française ne sera qu'une innocente idylle ». Si la prophétie s'était bornée à avoir Henri Haine pour prophète, je n'en parlerais même pas. Haine était un rêveur. Mais voici ce que dit de son côté Ludwig B... (il s'agit probablement de Beethoven) « A vrai dire, l'Allemagne n'a rien accompli depuis trois siècles... Son jour viendra, et, pour l'éveiller, il faudra peu de chose : un mouvement de bonne humeur, un sourire du fort, une rosée du ciel, un dégel, un fou de plus, un fou de moins, un rien enfin, la cloche d'un mulet suffit pour faire tomber l'avalanche. Alors la France, qui ne s'étonne pas de peu, cette France qui tout d'un coup a accompli en trois jours l'œuvre de trois siècles et a cessé de s'émerveiller de ses propres œuvres, regardera avec stupeur le peuple allemand, et ce grand étonnement ne sera pas de la surprise, ce sera de l'admiration. »

Dans son roman, Alexandre Dumas décrit l'invasion et l'annexion par les Prussiens du royaume de Hanovre en juin 1866, puis l'invasion en juillet 1866, de la ville libre de Francfort-sur-le-Main où la soldatesque prussienne se comporta de manière particulièrement brutale et odieuse.

Hélas, cet épisode des années 1860/1870, ne servit même pas de leçon. Dans les années 1930, l'opinion publique et les dirigeants préférèrent à nouveau la politique de l'autruche. Quand le 30 septembre 1938, Edouard Daladier (président du conseil français) et Neville Chamberlain (premier ministre du Royaume Uni) rentrèrent de Munich après avoir bradé la Tchécoslovaquie à Hitler, ils furent accueillis en héros par l'opinion publique tant française qu'anglaise : ils avaient sauvé la paix !

Le 7 novembre 1938, commentant ces accords de Munich, Winston Churchill déclara : « Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ». Malheureusement pour des millions d'êtres humains, Winston Churchill ne fut nommé premier ministre britannique que le 10 mai 1940, le jour de l'invasion allemande.

Jamais 2 sans 3. Il est à craindre qu'une nouvelle fois en face de l'invasion islamique de l'Europe, tant l'opinion publique que les dirigeants ne préfèrent encore la politique de l'autruche. Le réveil sera douloureux.

J.D. 17 janvier 2013

couverture du livre de Dumas édition de novembre 2012

couverture du livre de Dumas édition de novembre 2012

L'Alsace et la Lorraine, sculpture à Nancy place Maginot, photo J.D. 29 mai 2015

L'Alsace et la Lorraine, sculpture à Nancy place Maginot, photo J.D. 29 mai 2015

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