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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 09:49

Le comte de Savoie Amédée VI (le comte Verd) fit deux testaments :

*Le premier daté du 3 janvier 1366 (c'est-à-dire avant d'aller guerroyer en Orient pour libérer son cousin Jean V Paléologue empereur byzantin) nommait Bonne de Bourbon comme Régente des Etats de Savoie et comme tutrice du futur Amédée VII. Bonne de Bourbon, épouse du comte Verd avait de nombreux liens avec la Cour de France (voir la fiche N°194)

*Le second daté du 27 février 1383 de San Stefano près de Campobasso (ville du sud de l'Italie dans la région Molise) accordait à Bonne de Bourbon la gouvernance des Etats de Savoie à vie. Amédée VI n'hésita pas à confier des missions militaires à son fils mais pour l'administration et la diplomatie, il indiquait nettement qu'il faisait plus confiance à son épouse qui avait d'ailleurs de grandes qualités d'administratrice.

C'est 2 jours plus tard (le 1er mars) que Amédée VI quittait la vie emporté par la peste. Son fils Amédée VII (le comte Rouge) avait 23 ans.

Un conseil de régence se réunit à Chambéry et approuva le testament du comte Verd et un accord pour une cogestion fut conclut entre Bonne de Bourbon et son fils le 18 juillet 1383.

Ensuite, à la mort du comte Rouge le 1er novembre 1391, il y eut un conflit entre Bonne de Bourbon, mère du défunt et grand-mère du successeur (le futur Amédée VIII) qui avait 8 ans et Bonne de Berry, épouse du défunt et mère du successeur. C'est-à-dire un conflit entre la belle-mère et sa belle-fille. Le comte Rouge pour sa part avait fait juste avant sa mort un testament confiant la Régence à sa mère et non à sa femme.

BONNE de BERRY : Naquit en 1365. Elle est la fille de Jean de France duc de Berry et de Jeanne d'Armagnac. Elle avait épousé Amédée VII (le comte Rouge) le 18 janvier 1377.

Jean de France duc de Berry était un des fils de Jean le Bon roi de France, il était par conséquent le frère de Charles V roi de France, l'oncle de Charles VI roi de France... Jean le Bon (grand-père de Bonne de Berry) s'était marié avec Bonne de Luxembourg sœur de Charles IV empereur germanique. On voit que Bonne de Berry avait grandement autant de relations, spécialement avec la Cour de France, que Bonne de Bourbon. Il y avait d'ailleurs des liens familiaux communs ainsi par exemple : -Charles V roi de France était l'oncle de Bonne de Berry et le beau-frère de Bonne de Bourbon.

-Jeanne de Bourbon était la sœur de Bonne de Bourbon et la tante de Bonne de Berry.

-Charles VI roi de France était le cousin de Bonne de Berry (par son père) et le neveu de Bonne de Bourbon (par sa mère)

-De même, Bonne de Berry était la descendante au cinquième degré de Philippe le Hardi roi de France tandis que Bonne de Bourbon en descendait au troisième degré....

Le conflit n'était pas seulement un conflit belle-mère/belle-fille : trop classique. Il y avait derrière les intérêts du duc de Bourbon d'une part et ceux du duc de Berry frère du roi de France et du duc de Bourgogne d'autre part. Et on était encore en plein dans la guerre de Cent Ans, ce qui se passait en Savoie n'intéressait pas que les Savoyards.

C'est dans ce contexte qu'il faut replacer les rumeurs d'empoisonnement qui circulèrent dès la mort du comte Rouge (voir note N°196), l'arrestation et la torture du médecin (Jean de Grandville qui avait soigné le comte et qui avait été recruté par Bonne de Bourbon), par le clan du duc de Berry et « naturellement » les accusations furent portées par le torturé contre Bonne de Bourbon et un de ses proches, ainsi que l'exécution sauvage de l'apothicaire (Pierre de Lompnès)! Faute d'oser s'en prendre directement à Bonne de Bourbon, on s'en prit à son entourage et on répandit généreusement les aveux extorqués sous la torture. Ce genre de pratiques n'était pas nouveau et ne l'est toujours pas !

Aujourd'hui, il est admis que la blessure du comte Rouge se referma trop rapidement et qu'il mourut du tétanos. Jean de Grandville ne fut pas exécuté tout de suite après ses « aveux ». Où se réfugia-t-il ? Facile à deviner : chez le duc de Bourbon (au château de Montbrison où il ne survécut pas longtemps).

Chacune des deux Bonne avait ses partisans, on aurait pu en venir aux armes mais des « Etats généraux » furent réunis à Chambéry et le 27 avril 1393 ils donnèrent la Régence à Bonne de Bourbon et obtinrent le 8 mai de la même année, sous la pression du roi de France, un traité de réconciliation entre les deux Bonne. Il faut dire que ces Etats généraux étaient composés de locaux et que Bonne de Bourbon, Régente depuis le premier testament du comte Verd en 1366, tenait ses gens en main.

Mais dépitée de voir sa belle-mère triompher, Bonne de Berry s'exila et se remaria en décembre 1393. Elle était enceinte au moment de la mort du comte Rouge ; elle accoucha d'une petite Jeanne le 26 juillet 1392 soit, à quelques jours près, 9 mois après la mort du comte Rouge.

Bonne de Bourbon avait triomphé, mais le camp adverse était trop fort, le triomphe fut de courte durée. Le 2 novembre 1393, le duc de Bourgogne (frère du duc de Berry et du roi de France) émancipa le futur Amédée VIII (il avait 10 ans), et déclara la Régence terminée. Bonne de Bourbon s'exila à Macon où elle mourut le 19 janvier 1403.

Ainsi, la querelle des Bonne ne fut pas une bonne querelle car les deux à peu d'intervalle durent renoncer au pouvoir.

Au lieu de se combattre elles auraient mieux fait de s'entendre comme des sœurs, au moins on aurait pu les appeler (au choix) : les Bonne sœurs ou les sœurs Bonne (trop tentant!)

J.D. 25 octobre 2014

références :

fiche N°194 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/09/les-regentes-de-la-maison-de-savoie-n-194.html

fiche N°196 : http://jean.delisle.over-blog.com/la-mort-cu-comte-rouge-n-196.html

Le comte Verd, portrait publié en 1827 par Jean Frezet dans "Histoire de la Maison de Savoie"

Le comte Verd, portrait publié en 1827 par Jean Frezet dans "Histoire de la Maison de Savoie"

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