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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 13:47

I) Le sujet :

L'année 1794 est la dernière année de la Terreur et de la Révolution qui s'arrêtent, de fait, après l'exécution de Maximilien Robespierre et de 22 de ses fidèles dont son frère (Augustin), Saint-Just (Louis-Antoine), Couthon (Georges), Hanriot (François) …le 28 juillet 1794.

Le tribunal révolutionnaire décida que Philippe-François Le Bas qui s'était suicidé au moment de l'arrestation, devait être mis dans la charrette avec les autres condamnés pour être conduit à la guillotine !

Voici le jugement d'Alphonse de Lamartine sur cette année 1794 dans « Histoire des Girondins » (publiée en 1847) au chapitre XVI du livre cinquante-deuxième :

II Le texte de Lamartine :

« L'année 1794 s'inaugurait ainsi dans le sang. La guillotine semblait être la seule institution de la France. Danton et Saint-Just avaient fait proclamer la suspension de la Constitution et le gouvernement révolutionnaire (par décret du 10 octobre 1793, la Constitution du 3 septembre 1791 avait été suspendue et le gouvernement avait été proclamé révolutionnaire).

La loi, c'était le Comité de salut public.

L'administration, c'était l'arbitraire des commissaires de la Convention.

La justice, c'était le soupçon ou la vengeance.

La garantie, c'était la délation.

Le gouvernement, c'était l'échafaud.

La Convention ne pouvait cesser un moment de frapper sans être frappée elle-même.

La France, fusillée à Toulon, mitraillée à Lyon, noyée à Nantes, guillotinée à Paris, emprisonnée, dénoncée, séquestrée, terrifiée partout, ressemblait à une nation conquise et ravagée par une de ces grandes invasions de peuples qui balayaient les vieilles civilisations à la chute de l'empire romain, apportant d'autres dieux, d'autres maîtres, d'autres lois, d'autres mœurs à l'Europe. C'était l'invasion de l'idée nouvelle à laquelle la résistance avait mis le feu et le fer à la main. La Convention n'était plus un gouvernement, mais un camp. La République n'était plus une société, mais un massacre de vaincus sur un champ de carnage. La fureur des idées est plus implacable que la fureur des hommes, car les hommes ont un cœur, et les idées n'en ont pas. Les systèmes sont des forces brutales, qui ne plaignent pas même ce qu'elles écrasent. Comme les boulets sur les champs de bataille, ils frappent sans choix, sans justice, et renversent le but qu'on leur a assigné. La Révolution démentait ses doctrines par ses tyrannies. Elle souillait son droit par ses violences. Elle déshonorait le combat par les exécutions. Ainsi s'ensanglantent les causes les plus pures. Nous ne le disons pas pour excuser le peuple, mais pour le plaindre. Rien n'est plus beau que de voir briller une idée nouvelle sur l'horizon de l'intelligence humaine ; rien n'est si légitime que de lui faire combattre et vaincre les préjugés, les habitudes, les institutions vicieuses qui lui résistent. Rien n'est si horrible que de la voir martyriser ses ennemis. Le combat alors se change en supplices, le libérateur en oppresseur et l'apôtre en bourreau. Tel était, involontairement chez quelques-uns, théoriquement chez d'autres, le rôle des membres de la Montagne et du Comité de salut public. Leurs théories protestaient, mais leur entraînement les emportait. Ils laissaient aller les vengeances du peuple, les fureurs de l'anarchie, les cruautés des proconsuls, jusqu'aux spoliations et aux assassinats de Rome dégénérée. Le parti de la Commune (il s'agit de la commune de Paris), composé d'Hébert, de Chaumette, de Momoro, de Ronsin, de Vincent et des plus effrénés démagogues, dépassait, entraînait la Convention. »

III La question :

Ce tableau de la Révolution est assez noir et ne correspond pas à ce qu'on apprend à l'école, tout au moins de mon temps (j'ai 76 ans). Mais il me semble que c'est Lamartine qui a raison.

Cela pose la question suivante : Comment la Révolution qui prônait des principes humanistes de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité, a-t-elle pu être l'occasion de tant de massacres, d'arbitraire et d'horreurs ?

C'est une question universelle dans l'espace et dans le temps.

On peut en effet poser à l'infini des questions du genre :

*Comment les religions chrétiennes, qui ont pour sixième commandement « tu ne tueras point », ont-elles pu bénir toutes les armées du monde partant en guerres ou laisser l'inquisition envoyer tant d'innocents au bûcher ?

*Comment l'islam qui se prétend être une religion d'amour et de tolérance a-t-il pu enfanter le GIA, Al Quaïda, l'Etat Islamique ou Boko-Haram et pourquoi aujourd'hui, sur la terre, tous les exciseurs, les amputeurs, les lapideurs, les égorgeurs...sont musulmans ?

*Comment le communisme qui voulait l'internationale du genre humain a-t-il pu générer le stalinisme ?

*Comment au vingtième siècle, les Allemands, qui étaient à la pointe de l'intelligence humaine dans beaucoup de domaines, ont-ils pu accepter le nazisme ?

Etc, etc

A ce genre de questions, chacun peut apporter les réponses qui lui conviennent, mais pour ce qui concerne spécifiquement la Révolution, voici quelques informations complémentaires.

IV La Révolution :

*Pour beaucoup d'auteurs, la Révolution commence à l'occasion de la réunion des Etats Généraux à Versailles à partir du 5 mai 1789. La convocation a été voulue par Louis XVI pour faire cautionner des mesures à priori impopulaires notamment dans le domaine fiscal pour équilibrer le budget (déjà!).

*La dernière réunion des Etats Généraux remontait au 27 octobre 1614 suite à la proclamation de la majorité de Louis XIII. Les Etats Généraux étaient composés de 3 ordres : la noblesse, le clergé et le tiers état. Jusqu'en 1614 le vote se faisait par ordre. Noblesse et clergé disposant de 2 voix, contre une au Tiers-Etat, pouvaient conserver leurs privilèges.

*Aux Etats-Généraux de 1789, la noblesse eut 270 représentants, le clergé 291 et le tiers état 578, ce qui assurait la majorité à cet ordre en nombre de représentants.

Les représentants du tiers-état soutenus par le bas-clergé et quelques nobles demandèrent le vote par tête et non par ordre.

*Le 17 juin 1789, les Etats Généraux se proclamèrent Assemblée nationale. Le 20 juin suite au « serment du jeu de paume » cette assemblée se fixa pour tâche de rédiger une constitution. L'Assemblée nationale prit alors le nom d'Assemblée constituante.
*Louis XVI voulut mettre fin à ces Etats généraux le 23 juin. C'est là que Mirabeau aurait répondu : « Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n'en sortirons qu'à la force des baïonne
ttes ».

*L'assemblée constituante rédigea une première constitution qui fut promulguée le 3 novembre 1789 et qui comportait en préambule la « déclaration des droits de l'homme et du citoyen ». Une constitution, qui se voulait définitive, fut adoptée le 3 septembre 1791 et acceptée par Louis XVI le 13 septembre de la même année.

*Ayant terminé l'achèvement de la Constitution, l'assemblée décida de se dissoudre et de faire place à une assemblée législative. Il aurait été plus simple de décider que l'Assemblée constituante devenait Assemblée législative et que les auteurs de la Constitution la fassent appliquer.

*Avant de se séparer, les Constituants décidèrent que ceux qui avaient été membres de la Constituante ne pourraient siéger à la législative ! C'était éliminer les principaux meneurs de la nouvelle assemblée ! Et c'est là, de mon point de vue, une des principales causes du dérapage de la Révolution.

*Ces meneurs s'imposèrent dans les clubs, dans la presse qu'ils contrôlaient et surtout dans la « commune de Paris » qui avait vu le jour après la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et qui s'était proclamée commune insurrectionnelle de Paris en août 1792.

*Cette commune de Paris imposa ses diktats à l'Assemblée législative d'abord puis à la Convention Nationale qui succéda à la législative à compter du 21 septembre 1792.

*Pour imposer sa loi à la représentation nationale, la commune de Paris mobilisa le peuple à plusieurs reprises. Encouragé, le peuple, appuyé par les « fédérés » (surtout ceux venus de Marseille) se livra à des massacres répétés : aux Tuileries le 10 août 1792, dans toutes les prisons parisiennes début septembre 1792, etc....

*En ajoutant les rivalités entre clubs et les luttes pour le pouvoir entre les individus, la Révolution devint sanguinaire. Les Girondins eurent la peau des royalistes, les Jacobins eurent celle des Girondins d'abord, puis des Cordeliers ensuite. Enfin ceux qui se sentaient menacés (dont Barras, Tallien, Fouché...) , craignant pour leur propre vie, prirent les devants et éliminèrent les principaux chefs des Jacobins.

*De tous les personnages de la Révolution, certains furent assassinés comme Marat ou Lepelletier de Saint-Fargeau , d'autres se suicidèrent pour échapper à la guillotine (dont Jean-Marie Roland mari de Manon Roland qui fut l'âme des Girondins), le plus grand nombre fut guillotiné. Deux Girondins (Buzot et Pétion) qui s'étaient réfugiés dans les bois pour ne pas être arrêtés furent même mangés par des loups en juin 1794.

*Seuls, (pour l'essentiel) ceux qui parvinrent à fuir à l'étranger comme La Fayette, Dumouriez ou Talleyrand (qui, prudent, resta en Angleterre de septembre 1792 à septembre 1796), échappèrent à la mort.

J.D. 9 octobre 2015

N.B. La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

et la récapitulation des illustrations sur la fiche N°219 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/01/illustrations-jointes-aux-notes-du-blog-n-219.html

Elisabeth de France, sœur de Louis XVI, guillotinée le 10 mai 1794, portrait de 1782 par Elisabeth Louise Vigée Lebrun

Elisabeth de France, sœur de Louis XVI, guillotinée le 10 mai 1794, portrait de 1782 par Elisabeth Louise Vigée Lebrun

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 18:58

Nous vivons sous le régime de la cinquième République. Les deux premières Républiques françaises sont nées d'une Révolution (1789 et 1848), les deux suivantes sont issues d'une guerre (1870 et 1940) enfin l'actuelle a eu pour principale cause la guerre d'Algérie et le putsch d'Alger en 1958.

Nous pouvons donc constater que toutes nos Républiques ont été accouchées par des événements violents. Certains (Mélenchon, Montebourg....) réclament une sixième République. Compte tenu du passé, une nouvelle République peut-elle voir le jour hors d'un contexte violent ? N'ayant pas appris à lire dans le marc de café je ne saurais le dire, mais difficile de ne pas se poser la question.

Avant de passer à un rappel sur l'histoire de nos cinq Républiques, voici d'abord un petit rappel plus général

*La République la plus ancienne et la plus durable :

C'est la République romaine qui est la plus ancienne et qui dura le plus longtemps (-509/-27) soit 482 années. Tous les historiens sont d'accords sur la date de -509 pour la création de la République romaine (voir sur mon blog la note N°40 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-republiques-romaines-72828692.html), ils sont également d'accord pour dire que de fait, la République prit fin lorsque le Sénat décerna à Octave (petit-fils de Julia sœur de Jules César) tous les titres (dont celui d'Auguste) et lui concéda tous les pouvoirs, ce qui en fit le premier empereur de l'histoire romaine. Mais cet Auguste était un malin qui ne proclama jamais la fin de la République mais qui au contraire tenta d'affirmer la poursuite de cette République en maintenant un Sénat (transformé en assemblée de lèche-bottes) et en se faisant régulièrement réélire consul. Voir Suétone (auteur latin né vers l'an 70 au premier siècle de notre ère) « Vies des douze Césars », livre II en XXVI. Né le 23 septembre -63, Auguste obtint son premier consulat le 19 août -43, tous les pouvoirs en -27 et il est décédé le 19 août 14. Il y aura donc 2.000 ans en août prochain, cela méritait bien un petit rappel sur cet Octave devenu Auguste !

*La première République française :

L'abolition de la royauté proclamée par la Convention le 21 septembre 1792 signe le début de la première République française, et le Sénatus-Consulte du 28 Floréal an XII (18 mai 1804) sur le premier empire correspond à la fin de cette République qui aura duré officiellement moins de 12 ans.

La fin de la royauté :

Tout a commencé avec l'ouverture des États-Généraux à Versailles le 5 mai 1789. La noblesse et le clergé voulaient conserver leurs privilèges, le Tiers-Etat ne le voulait pas. Des membres du clergé d'abord puis de la noblesse rejoignirent le Tiers-Etat.

Le 9 juillet 1789, les délégués aux Etats-Généraux prirent le nom « d'Assemblée Nationale Constituante ». A partir de ce moment, la royauté de droit divin, la royauté au pouvoir absolue était terminée. Ce qu'il restait de royauté était mal en point.

Le 1er octobre 1791, l'Assemblée Constituante se transforma en « Assemblée législative »

C'est le 21 septembre 1792 que la « Convention » succéda à « l'Assemblée législative». Ce jour là, l'abbé Grégoire avait déclaré : « Les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre physique ; les cours sont l'atelier du crime, le foyer de la corruption ; l'histoire des rois est le martyrologe des nations » !

En 3 années, l'Assemblée (Constituante puis législative) avait aboli les privilèges, voté la constitution civile du clergé, annexé les biens du clergé en biens nationaux, adopté le calendrier « révolutionnaire », adopté (le 26 août 1789) la Déclaration des Droits de l'Homme, créé les assignats, voté une Constitution le 3 septembre 1791 (qui conservait encore la royauté mais le « roi de France » était devenu « le roi des Français »), fait arrêter le roi le 10 août 1792 (après la prise des Tuileries), mobilisé la nation contre l'ennemi extérieur (victoire de Valmy : 20 septembre 1792) ….

On voit donc que la royauté n'existait plus, de fait, avant le 21 septembre 1792.

la fin de la première République :

le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention laissa la place au Directoire, lequel fut remplacé par le Consulat après le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). A partir de ce moment le pouvoir était, de fait, passé entre les mains de Bonaparte. Mais officiellement la République ne disparut qu'avec la proclamation de l'Empire le 18 mai 1804 (même si le couronnement n'eut lieu que le 2 décembre 1804). La première République française correspond donc « officiellement » aux périodes de la Convention, du Directoire et du Consulat. Mais sur les monnaies « impériales » il y eut d'abord écrit : « République française, Napoléon empereur » il fallut attendre 1808 pour voir l'inscription : « Empire français Napoléon empereur ».

*La seconde République :

Après Napoléon 1er il y avait eu le retour des rois : Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe. Ce dernier abdiqua le 24 février 1848 après 3 journées révolutionnaires.

Le jour même, la Chambre des députés était envahie par la foule. Un gouvernement provisoire était nommé qui décréta la liberté de réunion, le rétablissement du suffrage universel, l'ouverture « d'ateliers nationaux » pour occuper les chômeurs et la suppression de l'esclavage. L'esclavage avait déjà été aboli par la première République le 4 février 1794, puis rétabli sous le premier empire (à une époque où les autres pays possédant des colonies -Espagne et Angleterre principalement- n'avaient pas encore aboli l'esclavage).

Le 23 avril 1848 une assemblée constituante était élue au suffrage « universel » (avec des guillemets car les femmes n'avaient pas le droit de vote ). Une constitution était adoptée en novembre 1848. Celle-ci prévoyait une assemblée législative unique élue pour 3 ans et un exécutif élu au suffrage universel direct pour 4 ans.
Le 20 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte était élu Président de la seconde République française avec 74,2% des voix (le reste était dispersé entre plusieurs autres candida
ts)

Le 13 mai 1849 était désignée l'Assemblée législative : Le parti de l'ordre (Bonapartistes) obtenait 500 sièges, les montagnards 180 et les républicains modérés 75. Cela fit dire à Thiers « qu'on avait une République sans républicains ».

A noter qu'un Sénat avait été prévu sous la première République par la Constitution de l'an VIII (13 décembre 1799). Le Sénat avait été maintenu par le premier empire mais avait disparu avec la Restauration.

Le 2 décembre 1851, avait lieu le coup d'Etat de Napoléon qui entraînait la dissolution de l'assemblée législative. Un plébiscite fut organisé les 21 et 22 décembre 1851 pour confier à Napoléon le soin d'élaborer une nouvelle constitution. Il y eut 7.439.000 OUI pour 647.000 NON

Une Constitution était adoptée le 14 janvier 1852, elle prévoyait 3 assemblées : un Sénat (coucou le revoilà), un conseil d'Etat et une assemblée législative. Napoléon était désigné par la Constitution comme étant président de la République pour 10 ans

Le 7 novembre 1852 un sénatus-consulte transformait la République en empire héréditaire au profit du président qui devenait l'empereur Napoléon III. Ce Sénatus-consulte était approuvé le 21 novembre 1852 par 7.824.000 OUI contre 253.000 NON

Le second empire devenait effectif le 2 décembre 1852 et la seconde République avait cessé de vivre après moins de 5 années d'existence et n'avait eu qu'un seul président.

*La troisième République :

naissance :

Napoléon III abdiqua le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite de Sedan. Mais cette abdication ne mit pas fin pour autant à la guerre. Dès le 19 septembre 1870, Paris était complètement assiégé. Le siège dura jusqu'à l'armistice du 28 janvier 1871. Les Parisiens affamés mangèrent du chat, du rat et même les éléphants du jardin des plantes.

Sur le plan politique, dès le 4 septembre la foule avait envahi la chambre des députés et un gouvernement provisoire avait été constitué. Devant l'avancée des ennemis, une partie de ce gouvernement était parti à Tours avant de s'installer à Bordeaux où le Parlement siégea du 12 février au 11 mars 1871 (le Parlement reviendra à Bordeaux en septembre 1914 et en juin 1940). Le 12 février 1871, le Parlement avait élu Adolphe Thiers chef de l'exécutif. Il sera dit de ce Parlement qu'il comportait 3 sortes de Républicains : « des légitimistes, des orléanistes et des bonapartistes ». Les 2 premières catégories étaient des royalistes mais c'est leur division qui permit la restauration de la République.

Pendant que Paris était assiégé, Léon Gambetta qui avait été nommé ministre dans le gouvernement provisoire s'évada de Paris en ballon. Il constitua de nouveaux corps d'armées pour poursuivre la guerre mais la France était en retard de plusieurs guerres et n'avait pas tiré les leçons de la guerre de la Prusse contre le Danemark en 1864 et contre l'Autriche en 1866. Il fallut s'incliner, ce fut le traité de Francfort le 10 mai 1871, la perte de l'Alsace et de la Lorraine, la proclamation de l'empire allemand...

De retour à Paris en mars 1871 et constatant une situation insurrectionnelle, Thiers transféra le gouvernement à Versailles. La Commune de Paris fut proclamée le 28 mars 1871. Après avoir été assiégés par les Prussiens, les Parisiens furent assiégés par les... Français. Thiers organisa contre la Commune une répression féroce. Il confia la direction de l'armée de reconquête à Mac-Mahon. Les derniers combats se terminèrent le 28 mai. La Commune n'aura duré que 2 mois. Parmi les communards appelés aussi fédérés, il y eut probablement 35.000 morts. 7.500 furent condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie (dont Louise Michel). Mac-Mahon avait été vaincu par les Prussiens, il fut vainqueur des Parisiens ! La chanson « Le temps des cerises » (dont les paroles furent écrites en 1866) fut assimilée à la Commune. Les Prussiens ne durent pas être mécontents de voir les Français s'entre-tuer. Sur la francophobie des Prussiens à l'époque, voir « la terreur prussienne » d'Alexandre Dumas ou la note que j'ai faite sur ce livre : http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-terreur-prussienne-114461627.html

Le 24 mai 1873, Mac-Mahon avait remplacé Thiers comme chef de l'exécutif. Le 18 novembre 1873, il reçut pour 7 ans les fonctions de Président de la République.

Il fallut attendre le 30 janvier 1875 pour que le Parlement adopte par 353 voix contre 352 une « constitution » prévoyant la désignation d'un Président de la République élu pour 7 ans par les deux chambres (Sénat et Chambre des députés).

La naissance de la troisième République se fit donc dans la douleur, après une guerre perdue, l'occupation et l'amputation du territoire et une répression sanglante à l'intérieur.

Œuvre :

La troisième République fut celle des partis et de toutes les combinaisons. Les gouvernements successifs tombaient comme des mouches, mais on prenait les mêmes à d'autres postes et c'était reparti pour un tour. En caricaturant on peut dire que ce fut le changement perpétuel dans la continuité. On peut citer comme exemple Poincaré qui fut 1 fois Président de la République, 3 fois président du Conseil des ministres (2 fois avant de devenir président de la République et une fois après) et qui fut 7 fois ministre ou Aristide Briand qui en 30 ans de carrière politique fut 10 fois président du Conseil et 22 fois ministre. Le changement c'est maintenant aurait pu être la devise de la troisième République.

Dans sa longue carrière, la troisième République vit :

un certain nombre d'affaires :

-affaire Dreyfus de 1894 à 1906

-affaire Arthur Raffolovitch de 1900 à 1914

-affaire des fiches en 1904,

-affaire Stavisky en février 1934

de scandales :

-des décorations (il y eut une affaire en 1887 et une autre en 1926)

-de Panama en février 1889

des assassinats :

-Sadi Carnot Président de la République poignardé à Lyon le 24 juin 1894 (décédé le lendemain) alors qu'il était venu pour une exposition internationale qui se tenait « quai des Enfoirés » (cela ne s'invente pas!)

-Gaston Calmette directeur du Figaro assassiné à Paris le 16 mars 1914

-Jean Jaurès assassiné le 31 juillet 1914 à Paris

-Louis Barthou ministre des Affaires étrangères assassiné à Marseille le 9 octobre 1934, en même temps que le roi de Yougoslavie venu en visite en France

A l'actif de la troisième , il faut mettre :

-la scolarisation avec la loi du 17 juin 1881 qui mit les écoles à la charges des communes et de l'Etat et la loi du 29 mars 1882 qui rendit l'école obligatoire de 6 ans à 13 ans

-des lois de 1881 à 1901 sur la liberté de la presse, des syndicats, des associations

-la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat

-l'expansion coloniale

-la politique étrangère qui permit à la France de renouer des alliances alors qu'en 1870 elle se retrouva isolée face à la Prusse

-la conduite de la guerre de 14

-le progrès dans beaucoup de domaines : automobile, aviation, médecine ...

-etc

fin :

Après la guerre de 14, les responsables politiques français n'avaient plus qu'un mot à la bouche : fermeté (vis-à-vis du vaincu c'est-à-dire de l'Allemagne) et ce furent le désastreux traité de Versailles et la non moins désastreuse occupation de la Ruhr. Alors que dans la décennie 1930, ce ne fut qu'imprévoyance et lâcheté vis-à-vis des dictatures, Mussolini, Franco et surtout d'Hitler et dont le dernier acte fut le vote des pleins pouvoirs donnés à Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy par 569 voix POUR et 80 CONTRE, par un parlement issu du front populaire de 1936 ! Mais la troisième République avait bien commencé avec l'approbation d'une majorité royaliste !

Dans ce bas monde il ne faut vraiment s'étonner de rien !

En tout, 14 Présidents de la République se succédèrent sous la troisième République.

*La quatrième République :

-Pendant que la France était occupée, le 3 juin 1943 à Alger, par accord entre les généraux De Gaulle et Giraud était créé à Alger un « Comité français de libération nationale ».
-Un an plus tard (le 3 juin 1944) ce comité prenait le nom de « Gouvernement provisoire de la République français
e ».

-Le 25 août 1944, Paris ayant été libéré par la division Leclerc et les FFI, le gouvernement provisoire quitta Alger le 31 août pour Paris.

-Le 22 octobre 1944, les Alliés reconnaissaient la légitimité de ce gouvernement.

-Le 13 novembre 1945, Charles De Gaulle était officialisé Président du Conseil, mais parvenant difficilement à s'entendre avec les partis, il démissionna le 20 janvier 1946. Le gouvernement provisoire avait cependant donné le droit de vote aux femmes, procédé à la nationalisation des houillères et d'un certain nombre d'entreprises, créé les comités d'entreprises, la sécurité sociale...

-Le 5 mai 1946, les électeurs eurent à choisir entre un système parlementaire avec une seule assemblée ayant des pouvoirs élargis ou 2 assemblées. Les 2 assemblées l'emportèrent avec 10.584.000 voix contre 9.454.000

-Le 2 juin 1946 était élue une assemblée constitutive

-Le 13 octobre 1946 la nouvelle constitution était adoptée par 9.263.000 voix contre 8.144.000 (il y eut 31 % d'abstentions)

-Le 10 novembre 1946 eurent lieu des élections législatives et le 16 janvier 1947 Vincent Auriol était élu premier président de la quatrième République.

-Le 22 janvier 1947, début du gouvernement Ramadier (socialiste), ce gouvernement comprenait des socialistes, des communistes et des MRP (droite)

-le 5 mai 1947, Ramadier renvoya les communistes de son gouvernement

-le 10 mai 1947, la France reçut un prêt de 250 millions de dollars

Cette quatrième République dut faire face à la nécessaire reconstruction, à la relance de l'économie, à la concentration des populations dans les villes et aussi au début des révoltes dans les colonies :

-massacre à Sétif en Algérie le 8 mai 1945 de 130 européens avec en riposte le massacre de 1500 musulmans selon les chiffres officiels (mais beaucoup plus selon les Algériens)

-massacre à Madagascar en mars 1946 (80.000 victimes?)

-début de la guerre d'Indochine été 1946

-début de la guerre d'Algérie le 1er novembre 1954

Avec un régime parlementaire qui avait les mêmes défauts que sous la troisième République.

-Le 23 décembre 1953, René Coty était élu pour remplacer Vincent Auriol (au treizième tour de scrutin!)

-Le 13 mai 1958, les généraux prenaient le pouvoir en Algérie. René Coty faisait alors appel à De Gaulle qui recevait le 1er juin 1958 l'investiture de l'Assemblée nationale par 329 voix Pour et 224 Contre avec pouvoirs spéciaux pour mettre fin au putsch en Algérie et réformer la constitution.

-le 28 septembre, une nouvelle constitution était adoptée avec en métropole 17.666.828 OUI contre 4.767.180 NON

-le 5 octobre 1958 cette constitution était publiée au Journal Officiel. La quatrième République avait cessé d'exister

*La cinquième République :

Plus les événements sont proches mieux ils sont connus, je n'insisterais donc pas sauf à rappeler rapidement une succession de faits :

-fin de la guerre d'Algérie et indépendance en 1962

-événements de mai 1968 et échec du référendum sur la régionalisation du 27 avril 1969 (rejeté par 52 % des votants) et démission immédiate de De Gaulle

-succession assurée par Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy puis Hollande, le tout sur fond de mondialisation dont les effets se font de plus en plus sentir et avec des institutions européennes qui lentement mais sûrement ont pris plus de pouvoir au détriment des pouvoirs nationaux.

-insistons seulement sur 2 points :

-Au départ de la cinquième République (donc à partir de 1958) le Président de la République était élu par un collège de grands électeurs, jusqu'à une révision de 1962 qui a institué l'élection du Président au suffrage universel. Cette révision fut adoptée le 28 octobre 1962 par 13.150.516 électeurs (77% des votants). Or on était dans le septennat, système qui avait été adopté dans la constitution de 1875 (troisième République) dans celle de 1946 (quatrième République) et 1958 (cinquième République)

-Par accord entre Chirac et Jospin, le mandat présidentiel fut ramené à 5 ans et couplé à l'élection législative, ce qui fut sanctionné par un référendum le 24 septembre 2000. Référendum où il y eut 69,3% d'abstentions ! Il y eut 7.407.697 OUI pour 2.710.651 NON. Compte tenu du taux d'abstention, la réforme fut adoptée par 23 % du corps électoral. Il devrait y avoir un minimum de votants obligatoires pour qu'un texte passe, car cette réforme, on le voit aujourd'hui modifie complètement l'esprit de la cinquième République.

J.D. 16 juin 2014

P.S. La récapitulation thématique des notes de ce blog ainsi que la récapitulation des illustrations se trouvent sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

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