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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 07:36

Portrait d’un condottiere N°695

 

Les capitaines d’armée qui mettaient leur science de la guerre au service d’une souveraineté furent appelés « condottieri » en Italie. Ils ralliaient le plus offrant, n’hésitant pas à combattre un jour ce qu’il défendaient la veille ! Voici le portrait d’un digne représentant de l’espèce !

John Hawkwood naquit en Angleterre en 1323, fit ses armes contre la France dans le cadre de la guerre de Cent Ans, se distingua par le saccage de la Provence puis passa en Italie en 1362 et commença par combattre le comte de Savoie (Amédée VI) pour le compte du marquis de Saluces (Saluzzo dans le Piémont ; de quoi en écrire un conte !) ; passa au service du pape en 1373, massacra en 1377 les populations de Cesena puis de Faenza (en Emilie-Romagne) ; fut nommé ambassadeur auprès du pape par le roi d’Angleterre Richard II, se mit au service de Padoue contre Vérone en 1397, au service de Florence contre Milan en 1390 puis mourut le 17 mars 1394. D’abord inhumé à Santa Maria del Fiore, il fut transféré en Angleterre à la demande des Anglais. A Santa Maria del Fiore ne subsiste qu’un portrait équestre de Hawkwood peint en 1436 par Paolo Uccello (1397/1475).

Le massacre des populations de Cesena et Faenza entraîna le dicton suivant en Italie : « Inglese italianato è un diavolo incarnato » (un Anglais italianisé est un diable incarné).

Dans « Une année à Florence », texte publié en 1851, voici ce qu’écrit Alexandre Dumas sur Hawkwood :

« Jean Hawkwood était assez peu respectueux envers les gens de sa religion et d’avance sentait son hérétique d’une lieue. Un jour, deux frères convers étant allés lui faire une visite dans son château de Montecchio : Dieu vous donne la paix lui dit un des deux moines. Le diable t’enlève ton aumône lui répondit Hawkwood. Pourquoi nous faites-vous un si cruel souhait ? Demanda alors le pauvre frère tout ébouriffé d’une pareille réflexion. Eh ! Pardieu ! Répondit Hawkwood, ne savez-vous donc pas que je vis de la guerre ? Et que la paix que vous me souhaitez me ferait mourir de faim.

Un autre jour, ayant abandonné le sac de Faenza à ses gens, il entra dans un couvent au moment où deux de ses plus braves officiers, se disputant une pauvre religieuse agenouillée au pied d’un crucifix, venaient de mettre l’épée à la main pour savoir celui des deux auquel elle appartiendrait. Hawkwood n’essaya pas de leur faire entendre raison ; il savait bien que c’était chose inutile avec les gens à qui il avait affaire. Il alla droit à la religieuse et la poignarda. Le moyen fut efficace, et à l’aspect du cadavre, les deux capitaines remirent leur épée au fourreau….

Ainsi Paul Uccello...le planta bravement sur son cheval de bataille, à qui, au grand désappointement des savants, il fit lever à la fois le pied droit de devant et le pied droit de derrière. Pendant trois siècles et demi en effet, les savants discutèrent sur l’impossibilité de cette allure, qui dirent-ils dans tout le genre animal n’appartient qu’à l’ours. Ce ne fut qu’il y a quelques années, qu’un membre du Jockey-Club s’écria en apercevant la fresque de Paolo : Tiens ! Il marche l’amble !

Cette exclamation mit les savants d’accord. »

On trouvera en illustration le tableau d’Uccello montrant Hawkwood à Santa Maria del Fiore.

J.D. 16 mai 2021

 

Hawkwood à Santa Maria del Fiore

Hawkwood à Santa Maria del Fiore

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