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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 16:41

 

*Après six siècles de présence romaine, le latin était d'abord resté la langue en usage en Savoie comme d'ailleurs dans le reste de la Gaule.

Puis sous l'influence des apports des envahisseurs et de l'évolution au fil des siècles, des dialectes ou patois s'étaient développés un peu partout aussi bien en Savoie qu'en Gaule. Mais le latin était resté la langue des actes officiels.

*C'est l'ordonnance de « Villers-Cotterêts » (dans l'Aisne) publiée entre le 10 et le 25 août 1539, par François 1er (1494/1547, roi de 1515 à 1547) qui imposa le français (langue d'Oïl) comme langue obligatoire pour tous les actes légaux et notariés ainsi que la transcription des actes de baptêmes sur des registres.

*En 1539, la Savoie avait fait l'objet d'une première annexion par la France (occupation de 1536 à 1559). L'obligation d'utiliser la langue française s'imposa et perdura.

*Lorsque les souverains de la dynastie savoyarde récupérèrent leurs territoires suite aux traités de Cateau-Cambrésis (dans le Nord) des 2 et 3 avril 1559, ils décidèrent de transférer leur capitale de Chambéry à Turin. Cela fut effectif 3 ans plus tard et s'accompagna de deux mesures importantes :

*la création d'un Sénat en Savoie dès 1559

*l’Édit de Rivoli du 22 septembre 1561 du duc de Savoie Emmanuel-Philibert (1528/1580) qui confirmait l'usage du français dans le Duché de Savoie et le Val d'Aoste et la langue italienne, en fait le Toscan (Dante, Pétrarque et Boccace étaient passés par là) pour le Piémont et le comté de Nice. Le Val d'Aoste avait fait partie des premiers territoires possédés par la dynastie Savoie dès le onzième siècle, voir la note N°97 http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-vallee-d-aoste-et-la-francophonie-n-97-116363513.html.

*L'usage du français fut confirmé par un décret du 2 thermidor An II (20 juillet 1794), (la Savoie avait à nouveau été annexée par la France, de 1792 à 1815).

*Lorsque en avril 1860, les habitants de la Savoie eurent à se prononcer sur la réunion à la France, la communauté de langue joua probablement beaucoup, outre la proximité géographique.

 

Antoine Favre, Claude Favre… et Vaugelas

1- Antoine Favre : Il naquit à Bourg-en-Bresse le 5 octobre 1557, fils d'un avocat fiscal de la Bresse. A l'époque la Bresse appartenait aux souverains de Savoie.

Après des études brillantes à Meximieux (en Bresse), à Paris puis à Turin où il obtint un doctorat de droit en 1579, il fit une carrière de juriste renommé, de diplomate et d'écrivain. Dans sa carrière, signalons :

-sa nomination comme membre du Sénat de Savoie en 1587 (il avait juste 30 ans)

-la création en 1607 par Antoine Favre, François de Sales (pas encore Saint François) et Honoré d'Urfé de l'Académie Florimontane à Annecy qui fut la première Académie de langue française ; elle dura peu mais fut réactivée en 1851.

-sa nomination au poste de Président du Sénat de Savoie en 1608

-sa nomination comme Commandant général du Duché en 1610

etc

Comme écrivain on lui doit surtout, mais pas que, des ouvrages de droit dont un code de droit auquel il donna son nom (Codex Fabrianus) en 1606

*En 1581, il épousa Benoite Favre dame de Vaugelas fille d'un Claude Favre de Meximieux. Ils eurent 8 enfants dont un Claude Favre de Vaugelas. Ainsi Antoine Favre eut à la fois son beau-père et son fils qui s'appelèrent « Claude Favre » et le dit Claude Favre eut à la fois son père et son grand-père maternel qui s'appelèrent Favre.

*Antoine Favre mourut à Chambéry le 28 février 1624. Une statue en bronze qui le représente, œuvre du sculpteur Alphonse Gumery, fut inaugurée le 15 août 1865 à Chambéry place du palais de Justice. Elle est encadrée par deux autres statues figurant la Science et la Jurisprudence.

 

2-Claude Favre de Vaugelas : Il naquit à Meximieux (en Bresse) au clos Vaugelas le 6 janvier 1585 sous le règne du duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er.

Après des études à Annecy, il devint chambellan de Gaston d'Orléans, un des fils d'Henri IV et de Marie de Médicis.

Sa grande maîtrise de la langue française le fit entrer à l'Académie française lors de la création de cette institution le 27 novembre 1634. Claude Favre participa à la rédaction du dictionnaire de l'Académie française.

Il écrivit, lui aussi, et spécialement un ouvrage intitulé « Remarques sur la langue française », édité en 1647, qui fut réputé en son temps.

Il termina sa vie comme gouverneur des enfants d'un Thomas de Savoie et mourut à Paris le 26 février 1650.

Ainsi les Favre comme les frères De Maistre (voir note N° 362 http://jean.delisle.over-blog.com/2017/03/les-freres-de-maistre-n-362.html) qui étaient des sujets « savoyards » participèrent grandement par leur savoir et leurs écrits à la réputation de la langue française. Mais cela illustre aussi la symbiose qui existait, de fait, entre France et partie savoyarde des États de Savoie.

*Le 2 octobre 1865, la ville de Paris donna le nom de Vaugelas à une rue du quinzième arrondissement. On trouve également une école Vaugelas à Annecy, un collège Vaugelas à Meximieux et un lycée Vaugelas à Chambéry (que fréquentèrent mes 3 enfants).

On trouvera en illustration Antoine Favre et les statues qui l'encadrent à Chambéry devant le palais de justice.

J.D. 21 avril 2017

 

 

 

 

 

Antoine Favre, la science et la jurisprudence, photos J.D. 20 avril 2017
Antoine Favre, la science et la jurisprudence, photos J.D. 20 avril 2017
Antoine Favre, la science et la jurisprudence, photos J.D. 20 avril 2017

Antoine Favre, la science et la jurisprudence, photos J.D. 20 avril 2017

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