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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 18:48

Au fil des siècles, il y eut de nombreuses alliances matrimoniales entre la Cour de France et les autres Cours d'Europe, spécialement avec la Maison de Savoie, l'Autriche et l'Espagne.

On trouvera en annexe, un tableau récapitulatif qui permet de situer les liens familiaux qui relient les « Autrichiennes » qui furent reines ou impératrice de France. En voici les principales :

Eléonore d'Autriche :

Elle naquit le 15 novembre 1498 à Louvain, aujourd'hui en Belgique flamande mais à l'époque dans les Pays-Bas autrichiens. Elle est la petite fille de Maximilien empereur romain germanique et la fille de Philippe le Beau archiduc d'Autriche et de Jeanne la folle reine de Castille.

Dans la fratrie d'Eléonore : Elisabeth qui devint reine de Suède et du Danemark, Marie, qui fut reine de Hongrie et de Bohème, Catherine reine du Portugal, Charles Quint empereur du Saint Empire de 1519 à 1558, et Ferdinand 1er qui succéda à Charles Quint comme empereur jusqu'en 1564.

Eléonore fut d'abord mariée à Manuel roi du Portugal le 16 juillet 1518, mais devint veuve au décès de son mari, emporté par la peste, le 13 décembre 1521.

Charles Quint la remaria à François 1er roi de France début juillet 1530. Elle fut donc reine de France jusqu'au décès de François 1er le 31 mars 1547.

Éléonore, sœur de Charles Quint, à l'époque notre principal ennemi, fut mal acceptée en France.

A la mort de François 1er, elle partit pour Bruxelles d'abord puis l'Espagne où elle mourut le 18 février 1558. Charles Quint la fit inhumer à l'Escurial. De François 1er elle n'eut pas de descendance. Elle fut tout de même reine de France presque 17 ans.

Elisabeth d'Autriche :

Elle naquit à Vienne le 5 juillet 1554, fille de l'empereur Maximilien II et de Marie d'Espagne.

Elle fut mariée le 26 novembre 1570 avec Charles IX fils d'Henri II et de Catherine de Médicis. Le mariage fut célébré dans l'église de Mézières (Ardennes), aujourd'hui Notre-Dame d'Espérance et sacrée reine de France à Saint Denis le 25 mars 1571.

De Charles IX, décédé le 30 mai 1574, Elisabeth eut une fille : Marie-Elisabeth née le 27 octobre 1572 et décédée le 2 avril 1578. Ce décès fit composer une complainte à Elisabeth.

Après le décès de Charles IX, Elisabeth repartit à Vienne en décembre 1575 et mourut le 22 janvier 1592 dans un monastère de Clarisses qu'elle avait fondé.

Anne d'Autriche :

Anne d'Autriche naquit à Valladolid (Espagne) le 22 septembre 1601. Elle est la fille de Philippe III de Habsbourg roi d'Espagne (les Habsbourgs ont régné sur l'Espagne au XVI et XVIIe siècles) et de Marguerite d'Autriche elle-même fille de l'Archiduc d'Autriche Charles II et petite-fille de l'empereur Ferdinand 1er.

Par accord entre les Cours, en 1625eut lieu un double mariage : Anne d'Autriche avec le futur Louis XIII et Élisabeth la sœur de Louis XIII avec Philippe IV d'Espagne le frère d'Anne d'Autriche.

« L'échange des princesses » se fit le 9 novembre 1615 à la frontière franco-espagnole (exactement dans l'île des Faisans, sur la Bidassoa). Le mariage de Louis et d'Anne eut lieu à Bordeaux le 21 novembre 1615 tandis qu’en Espagne, Élisabeth épousait Philippe IV.

A la Cour de France, Anne d'Autriche eut des relations difficiles d'une part avec sa belle-mère (Marie de Médicis, épouse d'Henri IV roi de France et petite-fille de l'empereur Ferdinand 1er) et d'autre part avec le Cardinal de Richelieu.

C'est à l'occasion du mariage en 1625 entre Henriette autre sœur de Louis XIII et Charles 1er d'Angleterre qu'eut lieu la rencontre entre Anne d'Autriche et le duc de Buckingham, ce qui alimenta l'imagination d'Alexandre Dumas et de quelques autres.

Avec Louis XIII, Anne d'Autriche eut 2 enfants : Louis né le 5 septembre 1638 (futur Louis XIV, le roi-soleil) et Philippe né le 21 septembre 1640.

Par Louis, Anne d'Autriche est l'ancêtre de Louis XV, Louis XVI, Louis XVII, Louis XVIII et Charles X et par Philippe elle est l'ancêtre du roi Louis-Philippe, des ducs de Chartres et des ducs d'Orléans (souvent les mêmes) ainsi que l'ancêtre de Marie-Antoinette, de Marie-Louise et de plusieurs empereurs de la maison d'Autriche...

Il avait fallu l'assassinat de Concino Concini (conseiller de Marie de Médicis) le 24 avril 1617 pour que Louis XIII devienne réellement roi.

Marie de Médicis mourut le 3 juillet 1642, Richelieu le 4 décembre 1642 et Louis XIII le 24 mai 1643. Le futur Louis XIV avait 5 ans. Anne d'Autriche fut régente et gouverna avec l'aide de Mazarin. Louis XIV fut majeur le 5 septembre 1651, mais Anne d'Autriche resta dans le conseil du roi jusqu'en 1661.

Elle mourut au Val de grâce, suite à un cancer du sein, le 20 janvier 1666.

Marie-Thérèse d'Autriche :

Elle naquit à Madrid le 10 septembre 1638. Elle est la fille de Philippe IV d'Espagne et d’Élisabeth de France, sœur de Louis XIII et par conséquent tante de Louis XIV. Avec Philippe IV d'Espagne, Élisabeth de France eut 9 enfants dont 1 seul parvint à l'âge adulte : Il s'agit de Marie-Thérèse d'Autriche. Il faut dire qu'à force de mariages entre cousins, la consanguinité devenait élevée.

Cette Marie-Thérèse épousa Louis XIV le 9 juin 1660 en l'église Saint Jean-Baptiste de Saint Jean de Luz à la frontière franco-espagnole.

Anne d'Autriche était doublement belle-sœur avec Élisabeth de France et doublement tante avec Marie-Thérèse.

Quant à Élisabeth de France qui était la tante de Louis XIV, elle devint sa belle-mère suite au mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse.

Avec Louis XIV, Marie-Thérèse eut 6 enfants et fut l'arrière grand-mère de Louis XV.

Durant une absence de Louis XIV pour cause de guerre contre la Hollande, Marie-Thérèse assura la régence du royaume de France de 12 juin 1672 au 13 août de la même année.

Elle mourut à Versailles le 30 juillet 1683.

Marie-Antoinette :

Elle naquit à Vienne le 2 novembre 1755. Elle est la fille de François 1er empereur (1708/1765) et de Marie-Thérèse d'Autriche (1717/1780) ; à ne pas confondre avec l'épouse de Louis XIV.

Elle fut mariée à Versailles le 16 mai 1770 avec le dauphin qui devint Louis XVI après la mort de Louis XV le 10 mai 1774. Le soir du mariage un feu d'artifice se termina tragiquement avec officiellement 131 morts mais probablement plus.

Elle fut probablement la bonne personne mais pas au bon endroit et surtout pas au bon moment. Elle dut faire face à l'hostilité d'une partie de la noblesse puis de la partie révolutionnaire de la population.

Elle fut d'abord surnommée « l'Autrichienne » puis « Madame déficit » puis « Madame veto », traitée de putain et de tout, caricaturée avec des dessins obscènes etc et finalement guillotinée le 16 octobre 1793. Voir les fiches N° 253 à 258 sur ce blog.

Avec Louis XVI elle eut 4 enfants dont seulement une fille (Marie-Thérèse) survécut à la Révolution.

Elle avait non seulement des empereurs (du Saint Empire) dans sa parenté directe (son père et son frère furent empereurs) mais elle comptait également dans ses ancêtres Louis XIII, Anne d'Autriche, Henri IV et sa grand-mère paternelle était une nièce de Louis XIV. Sa sœur, Marie Caroline d'Autriche, fut la grand-mère de Marie-Louise et la belle-mère de Louis-Philippe. Marie-Antoinette fut donc la grand tante de Marie-Louise.

C'est à la suite de la défaite des Ottomans à la bataille du Kahlenberg (près de Vienne) le 12 septembre 1683, que les boulangers viennois créèrent une pâtisserie en forme de croissant. Marie-Antoinette aurait introduit la mode du croissant en France d'où découlerait le terme de « viennoiseries ».

Quelques décennies plus tôt elle aurait probablement été considérée comme une reine faisant honneur à la Cour et à la France.

Marie-Louise :

Elle naquit à Vienne le 12 décembre 1791 de l'empereur François II et de Marie-Thérèse de Bourbon Siciles (nièce de Marie-Antoinette). Dans le cadre des grandes tractations internationales, elle fut mariée à Napoléon 1er.

Leur première rencontre eut lieu à Compiègne le 27 mars 1810, le mariage civil fut célébré au château de Saint Cloud le 1er avril 1810 et le mariage religieux le lendemain dans le salon carré du Louvre où ils furent unis par le cardinal Fesch, oncle maternel de Napoléon. Un mariage par procuration avait eu lieu à Vienne le 11 mars 1810. En épousant Napoléon elle devint impératrice des Français et reine d'Italie. Il y avait moins de 17 ans que sa grand tante avait été guillotinée place de la Révolution (ex place Louis XV et future place de la Concorde)

Le roi de Rome naquit le 20 mars 1811 sous le nom de Napoléon François Charles Joseph Bonaparte.

Marie-Louise fut nommée régente le 30 mars 1813.

Après la première abdication de Napoléon le 6 avril 1814, Marie-Louise repartit en Autriche le 23 avril 1814, emmenant son fils. Elle vint ensuite en cure à Aix-les-Bains du 17 juillet au 8 septembre 2014. Napoléon souhaitait qu'elle le rejoigne à l'île d'Elbe, mais la Cour d'Autriche veillait au grain et envoya à Aix le comte Niepperg qui devint l'amant de Marie-Louise et lui fit 4 enfants : une fille née le 1er mai 1817, un fils né le 8 août 1819 et 2 autres décédés peu après leur naissance. Faute d'être mariée, elle ne pouvaient reconnaître ses enfants, ils furent appelés Montenuovo.

Marie-Louise resta encore en Autriche durant les 100 jours.

Le roi de Rome devint l'empereur Napoléon II du 7 au 22 juin 1815. Son grand-père empereur d'Autriche lui donna le titre de duc de Reichstadt le 22 juillet 1818.

Entre-temps, le 1er octobre 1814, le Congrès de Vienne avait donné à Marie-Louise le titre de duchesse de Parme, de Plaisance et de Guastalla. Elle s'installa à Parme à compter du 7 mars 1816 et transforma son prénom en Maria-Luigia. Elle gouverna son duché avec l'aide de son amant (le comte Niepperg). La Cour d'Autriche refusa que le fils qu'elle avait eu avec Napoléon puisse la suivre à Parme. Il resta à Vienne et mourut de tuberculose le 22 juillet 1832.

Après la mort de Napoléon à Sainte Hélène le 5 mai 1821, Marie-Louise put se marier avec Niepperg le 8 août 1821.

Après la mort de Niepperg le 22 février 1829, elle se remaria avec le comte de Bombelles le 17 février 1834.

Marie-Louise décéda le 17 décembre 1847 et fut inhumée dans la crypte des Capucins à Vienne. A Parme, il y a encore un musée consacré à Marie-Louise.

Marie-Amélie :

Elle naquit à Caserte (en Campanie – région de Naples) le 26 avril 1782 de Ferdinand 1er des Deux-Siciles et de Marie-Caroline sœur de Marie-Antoinette. Marie-Amélie se trouve donc être la tante de Marie-Louise et la nièce de Marie-Antoinette.

En ce qui concerne le père de Marie-Amélie, on trouve le même sous l'appellation de Ferdinand III roi de Sicile (insulaire), de Ferdinand IV roi de Sicile (péninsulaire) et de Ferdinand 1er roi des Deux-Siciles.

Marie-Amélie épousa le 25 novembre 1809 à Palerme Louis-Philippe d'Orléans qui avait à l'époque le titre de duc de Chartres. Il récupéra en 1814 le titre de duc d'Orléans puis celui de roi des Français, sous le nom de Louis-Philippe 1er, après la révolution de juillet 1830 qui renversa Charles X. Marie-Amélie fut donc duchesse puis reine des Français, la dernière. Ils eurent 10 enfants.

Louis-Philippe fut lui-même renversé par la révolution de février 1848 (voir la fiche N°258)

Louis-Philippe et Marie-Amélie s'exilèrent en Angleterre.

Elle donna son nom à une station thermale des Pyrénées Orientales (Amélie-les-Bains).

Décédée le 24 mars 1866, elle est inhumée ainsi que Louis-Philippe dans la chapelle royale de Dreux.

Synthèse :

L'énumération ci-dessus montre l'importance et la complexité des liens entre toutes les Cours d'Europe et ce durant des siècles. Cela n'empêcha jamais les guerres !

Pour que les humains arrêtent de s'étriper il en faudrait beaucoup plus que des mariages et le drame est que le « beaucoup plus » on ne l'a pas encore trouvé !

Après la première guerre mondiale, la création de la Société des Nations suscita beaucoup d'espoir. Les humains purent croire qu'on allait remplacer les guerres par des procédures d'arbitrage international pour résoudre les conflits. Hélas on a vu le résultat !

Aristide Briand qui fut l'une des principales figures de la SDN comprit à la fin de sa vie qu'il fallait interdire la fabrication des armements ; car tant que des humains fabriqueront des armes, d'autres s'en serviront. Emporté par la mort en mars 1932, il n'eut pas le temps de faire aboutir son idée de faire interdire la fabrication des armes. Il est d'ailleurs probable qu'il n'y serait pas parvenu ou que cela n'aurait rien empêché.

En 1929, dans « malaise dans la civilisation », Sigmund Freud met en avant la dualité de l'instinct de vie et de l'instinct de mort. Si sa thèse devait se révéler juste ce ne serait pas très réjouissant.

J.D. 2 novembre 2015

Marie-Antoinette en 1783 par Elisabeth Vigée Le Brun, au Louvre

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l'échange des princesses dans l'île des Faisans par Raphaël en 1622, au Louvre

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ascendance de Marie-Antoinette

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