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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 17:56

En 1365, Charles IV empereur germanique passa en Savoie, en route vers Avignon où il allait pour se faire couronner « roi d'Arles » par le pape Urbain V. Le couronnement eut lieu le 4 juin 1365 dans l'église Saint Trophyme d'Arles.

LE ROYAUME D'ARLES :

Au début du cinquième siècle de notre ère, les Romains avaient laissé les Burgondes (originaires de l'Europe de l'est) s'installer dans une partie de la Gaule (région de la Savoie principalement) pour s'en faire des alliés contre les Huns (c'était les autres contre les Huns en précisant que la bataille des « champs catalauniques » où Attila fut vaincu par Aetius n'est pas située dans l'Ain mais dans l'autre c'est à dire près de Troyes dans l'Aube, ce qui n'en fait pas pour autant la guerre de Troie).

A partir de là s'étendit rapidement un royaume des Burgondes sur une grande partie du sud-est de la France mais pour relativement peu de temps car les Burgondes furent vaincus par les Francs au cours de plusieurs batailles entre 523 et 534.

Les Carolingiens firent l'unité de la France et même au-delà puisque le célèbre Charlemagne avait fixé sa capitale à Aix-la-Chapelle (Aachen pour les Allemands).

L'unité fut aussi brève puisque les petits-fils de Charlemagne se partagèrent son empire au traité de Verdun en 843. Toute la région sud-est se retrouva dans la « Lotharingie » en région tampon entre la « Francie occidentale » (future région francophone) et la « Francie orientale » (future région germanophone)

De rivalités en batailles et en divisions naquirent d'abord une Bourgogne transjurane et une Bourgogne cisjurane ou de Provence puis un royaume d'Arles en l'an 933 qui correspondait grosso-modo à l'ancienne Gaule narbonnaise.

La Savoie après avoir été allobroge, romaine, burgonde, franque, bourguignogne, s'était retrouvée dans le royaume d'Arles.

Se succédèrent comme rois d'Arles : Rodolphe II de 933 à 937, Conrad le Pacifique de 937 à 993 et Rodolphe III dit le Fainéant qui mourut le 6 septembre 1032. Sans descendant, en 1026, il avait institué Conrad II empereur germanique comme son héritier. Ce Conrad avait été confirmé roi d'Arles, le 2 février 1033 à Payerne (commune suisse du canton de Vaud) par une assemblée de notables et couronné roi d'Arles le 1er août 1034 à Genève par une assemblée d'évêques.

De son côté la France avait récupéré l'ancienne Bourgogne « transjurane » et voulait s'étendre. C'est pour se prémunir contre les visées d'extensions françaises que Conrad II Empereur germanique et roi d'Arles donna, en 1034, un titre de comte au Mauriennais Humbert et que commença l'histoire de la dynastie de la Maison de Savoie.

Amédée VI, le comte Verd avait obtenu, par décision du 17 mai 1361, de l'empereur Charles IV que la Savoie soit directement rattachée à l'autorité de l'empire et non plus par l'intermédiaire de ce royaume d'Arles.

C'est ainsi que la Savoie se retrouva directement vassale du Saint Empire romain germanique et le resta jusqu'à ce que les ducs de Savoie reçoivent un titre de roi suite aux traités d'Utrecht en 1713.

CHARLES IV A CHAMBERY :

A l'annonce de la venue de l'Empereur, le comte Verd s'était porté au devant de Charles IV, l'avait rejoint à Morat (en Suisse dans le canton de Fribourg) et l'avait accompagné par Payerne, Lausanne, Genève, Rumilly, jusqu'à Chambéry pour y faire une entrée triomphale le 11 mai 1365.

Le 13 mai 1365 eut lieu sur la place du château une cérémonie mémorable durant laquelle l'empereur, entouré des « princes-électeurs » (voir liste sur fiche N°167) investit le comte Verd d'un titre de « vicaire impérial » ce qui donnait à Amédée VI autorité sur de nombreux évêques dont ceux de Genève, Lausanne, Sion, Grenoble, Lyon, Turin etc

Il en coûta 100.000 écus d'or à Amédée VI ! Charles IV vendait titres et fonctions. Joseph Henri Costa de Beauregard écrit en 1816 (dans « mémoires historiques sur la Maison royale de Savoie ») que Charles IV avait « acheté en gros son empire pour le revendre en détail ».

La cérémonie fut suivie d'un grand banquet, puis le comte Verd accompagna l'empereur jusqu'en Avignon par Grenoble, Saint Marcellin, Valence … Ils arrivèrent en Avignon le 22 mai 1365.

Le 2 juin, d'Avignon, l'empereur autorisait la fondation à Genève d'une Université sous la protection des comtes de Savoie.

Cette décision associée au Vicariat livrait de fait Genève à la Maison de Savoie. Les souverains de Savoie successifs étendirent leur domination sur la Suisse sur un territoire qui correspond grosso-modo à la Suisse francophone d'aujourd'hui mais sans Genève

Les grandes manœuvres diplomatiques autant que militaires permirent à la Savoie de s'auto-proclamer un moment protectrice de Genève. Mais les Savoyards ne purent aller plus loin et leurs tentatives pour s'emparer de Genève se terminèrent par la lamentable (pour les Savoyards) nuit de l'escalade en décembre 1602, événement que les Suisses, légitimement, sont fiers de fêter régulièrement. Sur cette nuit de l'escalade, voir "Genève" sur la note N°56. Selon plusieurs sources, si les souverains savoyards avaient annexé Genève ils en auraient probablement fait leur capitale et quand on voit les investissements prestigieux qu'ils firent à Turin, les Genevois ont peut-être fait le mauvais choix mais on ne réécrit pas l'histoire ! Et en définitive ce sont les Genevois qui en 1816 ont récupéré 24 communes savoyardes qui font depuis partie du canton de Genève (voir liste sur note N° 142).

LA SUITE :

Les évêques concernés furieux de se retrouver sous la coupe du comte de Savoie multiplièrent les démarches tant auprès du Pape que de l'Empereur. Leurs démarches furent suivies d'effet puisque le 13 septembre 1366 Charles IV révoquait le vicariat impérial qu'il avait donné au comte Verd. Dans la foulée, l'université de Genève ne fut pas fondée tout au moins pas par la Savoie ni à la même époque puisque c'est Calvin en définitive qui fonda l'Université de Genève en 1559.

Nota : au quatorzième siècle on écrivait « verd » et non « vert » d'où sont restés : verdure, verdâtre, verdoyant, reverdir...Le surnom de Verd ayant été donné au comte Amédée VI et étant devenu son nom, il me parait qu'il y a lieu de lui conserver son orthographe d'origine. Il semble que je sois le seul de cet avis, mais comme le dit Victor Hugo : « s'il n'en reste qu'un... ». Personne ne m'en fera procès, encore que, par les temps qui courent, on se retrouve vite sur le mur des cons du syndicat de la magistrature !

J.D. 23 octobre 2014

références note N°56 : http://jean.delisle.over-blog.com/article-savoie-et-maison-de-savoie-99226231.html

références : note N°142 : http://jean.delisle.over-blog.com/2013/12/geneve-et-la-savoie-n-142.html

note N°167 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/12/marguerite-d-autriche-duchesse-de-savoie-n-167.html

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

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